Chapitre 4

Je me réveille alors que les rayons du soleil me chatouillent la peau. Je traîne quelques secondes dans mon lit mais la porte s'ouvre soudainement. Enzo entre dans la pièce et me découvre brusquement.

— Aller, debout jeune fille ! s'exclame-t-il en tapant dans ses mains.

J'émets un grognement. Moi qui pensais enfin avoir le droit aux grasses matinées, j'ai l'impression d'entendre mon père me crier dessus pour que je me lève.

— Si tu ne te lèves pas maintenant je t'expulse du lit et je ne rigole pas, menace-t-il.

— Impossible, vous avez besoin de moi, marmonné-je dans mon coussin.

Il joint ses gestes à sa parole, puisqu'en moins de trois secondes, je me retrouve propulsée en dehors du lit. Je m'écrase lourdement par terre en jurant.

Je lui lance un regard noir en me relevant et il quitte la chambre pour me laisser m'habiller. J'enfile un débardeur noir avec un short de la même couleur, me coiffe rapidement et rejoins Enzo qui m'attend dehors pour aller manger.




Cela fait à peu près deux mois que je suis arrivée à Phandrès. Je me suis plutôt bien adaptée. À part Erwan, tous les autres semblent m'apprécier.

Je me suis faite à la vie ici, à la nature, la pluie, les étoiles. J'aime toujours les observer pendant des heures et me laisser tremper par la pluie. J'adore sentir la nature si près de moi.

J'ai aussi appris à me battre. Au début, je me faisais massacrer, mais maintenant, il faut dire que je me débrouille plutôt bien. J'ai même réussi à mettre Isack à terre ! Tout le monde s'était moqué de lui pendant des semaines après ça.

La porte s'ouvre soudainement, interrompant ce drôle de souvenir.

— Pourquoi tu souris ? demande Isack en venant s'asseoir sur mon lit.

— Oh je me souvenais juste de la fois où je t'ai misérablement mis à terre.

— Tu es cruelle Victoire.

Je pars dans un fou rire et, sans prévenir, il bondit sur moi.

Il m'immobilise sur le lit en bloquant mes poignets à l'aide de ses mains. Sa bouche s'approche de mon oreille et je peux sentir son souffle chaud contre ma peau.

— D'ailleurs je n'ai pas pris ma revanche, chuchote-t-il.

Je frissonne et dévie de son regard brûlant posé sur moi. Un malaise s'installe dans la pièce et il se redresse rapidement, se rendant compte de la gênance de la situation.

— Euh désolé...

La porte s'ouvre brusquement sur une Laurie toute enthousiaste. Quand elle aperçoit Isack son sourire se transforme en un regard coquin.

— Je ferais mieux de repasser plus tard...

— Non ! Je m'en allais justement, déclare Isack en se levant prêt à quitter la pièce.

Une fois partie, Laurie se jette à côté de moi.

— Raconte moi tout !

— Tout quoi ? je demande innocemment.

— Roh mais arrête de faire l'idiote ! Qu'est-ce que je viens d'interrompre ?

— Rien.

Et au fond c'est vrai, bien que ce n'est pas ce qui paraît il ne s'est absolument rien passé, les choses ont juste pris une tournure extrêmement gênante et je suis certaine que ce n'était pas voulu.

— Bref, pourquoi tu me cherchais ?

Elle me lance un regard blasé, peu satisfaite.

— Andrew veut nous voir, déclare-t-elle.

— Ah bon, c'est important ?

— Je ne sais pas, il m'a seulement prévenu qu'il te cherchait, il voulait nous parler et il m'a dit de le rejoindre dans son bureau une fois que je t'aurais trouvée.

— Ok, allons-y.

Elle passe son bras sous le mien et nous nous rendons au bureau d'Andrew.

Quand nous entrons, la petite pièce est déjà pleine. Je reconnais Erwan, Enzo et Isack, ce dernier détourne immédiatement le regard quand mes yeux se posent sur lui. Andrew est assis derrière son bureau et les chaises en face de celui-ci sont vides, tout le monde est debout. Cela a l'air plus sérieux que je ne l'avais pensé.

Andrew croise ses mains devant lui et se racle la gorge.

— Bon, maintenant que tout le monde est là, nous pouvons commencer. Si je vous ai appelé aujourd'hui, c'est parce que je dois prendre une décision importante. Vous allez avoir une nouvelle mission et je vous ai choisi car je sais que vous prenez les missions que je vous confie très à cœur, même parfois un peu trop, n'est-ce pas Enzo ? Enfin, Victoire, tu vas participer à ta première mission, je pense que tu as désormais les capacités pour partir avec les autres. Isack, Enzo, Dylan, Gabriel et Erwan, vous irez avec elle. Laurie et Julien s'occuperont de préparer les armes et Julie et Émile, vous rempliraient les sacs de provisions. Pour le reste, vous allez partir à la recherche de survivants dans le deuxième secteur, au bout de deux jours un groupe numéro 2 vous relaiera. Je vous rappelle que la forêt est pleine de danger, alors je vous demande d'être vigilant, ne baissez jamais votre garde.

— On le sait déjà.

Tous les regards se tournent en provenance de la voix.

Erwan bien sûr.

— Ça ne fait pas de mal de le redire.

Tout le monde quitte finalement la pièce et, alors que je m'apprête à faire de même, Andrew m'interpelle.

— Victoire !

— Oui ?

— Reste deux petites secondes.

Il me fait signe de m'asseoir et j'obtempère.

— Tu vas participer à ta première mission à l'extérieur alors tu dois redoubler de vigilance car les autres sauront quoi faire s'il arrive quelque chose, ils ont déjà fait face à ce genre de situation, mais si tu venais à te perdre...

— Ne vous en faites pas, je serais prudente.

Après cette altercation je rejoins directement rejoint ma chambre. Nous partons demain matin selon Andrew.

En vérité je ne sais pas vraiment si je suis prête. Cela fait des mois que je m'entraîne, mais je ne suis pas sûre de parvenir à mettre en application tous les mois de pratique une fois face au danger.

Qu'est-ce que je raconte, je me suis engagée, mon devoir est de me battre en faveur d'Andrew.


La journée est passée assez rapidement et il fait déjà nuit. Quelques personnes ont organisé une soirée jeux pour relâcher la pression avant notre départ demain. Laurie m'a invitée à se joindre à eux et j'ai accepté.

Nous nous retrouvons dans le grand hall de l'immeuble. Nous décidons de faire un jeu pour en apprendre un peu plus les uns sur les autres, même si la plupart se connaissent déjà. Chacun écrit trois questions sur un morceau de papier et les dépose dans un bol au centre de la table.

Julie pioche un papier et le déplie :

— Quel âge as-tu ? Moi dix-huit.

— Dix-neuf, répond Isack.

— Dix-huit, dit Laurie.

— Dix-huit aussi, déclare Enzo.

— Dix-huit, je réponds à mon tour.

— Et toi Erwan ? demande Laurie.

— Vous connaissez déjà mon âge et tout ce que vous devez savoir sur moi, alors je ne vais pas répondre à vos questions débiles.

— Victoire ne sait pas, rétorque-t-elle.

Il hausse négligemment les épaules. Je suis au moins soulagée de voir que ce n'est pas qu'avec moi qu'il se comporte ainsi. En plus, j'ai cru comprendre qu'il était plutôt proche de Laurie.

— Ben pourquoi t'es là alors ? reprend-t-elle.

— Pure politesse, dit-il.

— Laisse-le en savoir plus sur la vie de Victoire, peut-être que la petite nouvelle lui a tapé dans l'œil ! s'exclame Enzo.

Erwan lui ordonne "gentiment" de se taire tout en lui lançant un regard noir.

— Bref, taisez-vous ! intervient Julie.

Cette fois c'est à Enzo de piocher.

— As-tu des frères et sœurs ? Non.

— Je ne sais pas, dit Julie.

— Non, répond Laurie.

— Une sœur, affirme Isack alors que son regard s'assombrit.

Je suis certaine qu'il est arrivé quelque chose à sa sœur, mais je me demande quoi. Il faudra que j'essaie de lui en parler, enfin quand tout sera rentré dans l'ordre car, pour l'instant, la situation est encore quelque peu étrange entre nous. Nous n'avons pas encore eu l'occasion de se parler depuis notre dernière "altercation", et j'avoue que ça m'arrange un peu. Je n'ai pas du tout envie de parler de cette situation très embarrassante.

— Victoire, à toi ! s'exclame Julie, me sortant brusquement de mes pensées.

— Euh... Un frère, enfin je ne sais pas pour combien de temps...

12/10/19

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