Chapitre 36
Je m'assois avec soulagement à table. Le chemin jusqu'à la grande salle à manger a été un véritable parcours du combattant. Je n'ai cessé de me prendre les pieds dans cette robe.
Tout le monde est là. Les garçons portent des smokings, il faut dire que je ne m'attendais pas à moins. Cela va plutôt bien à Isack mais ça n'a définitivement rien avoir avec Erwan. Ses cheveux sont en bataille, prouvant qu'il n'a voulu faire aucun effort. Enfin, cela n'empêche pas que ça le rend incroyablement sexy.
Un sourire s'étend sur mes lèvres. Son regard capte le mien, comme s'il avait senti que je me moquais de lui et il m'envoie un regard mauvais. Je me détourne sans cesser pour autant de sourire.
Un énorme buffet est installé à table. Il y a de la nourriture pour des mois ici. Comment veulent-ils manger tout cela en une soirée ?
Je retire ma question en voyant Julie se jeter sur chaque plat différent pour en servir une bonne dose dans son assiette débordante. Cette fille est vraiment incroyable. Elle ne cessera jamais de me surprendre.
Nous mangeons dans un boucan qui me rappelle l'Immeuble. J'aurais même pu m'y croire si ce n'était la pièce immense aux couleurs royales et les personnes vêtus toutes plus élégamment les unes que les autres.
À la fin du repas, je décide d'aller me promener rapidement dans la cité, découvrir un peu mieux la ville.
Alors que je m'apprête à quitter la pièce, une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauter. Je me retourne et fait face au garçon de la dernière fois, celui qui m'avait rappelé Romain pendant une seconde.
Merde, il est encore là lui ?
— Où vas-tu, princesse ? interroge-il.
— Me promener.
— C'est risqué pour une fille comme toi de se balader seule le soir
— Que veux-tu dire par une fille comme moi ? je demande agacée.
— En détresse. Je suis ton prince charmant, là pour te protéger, continue-t-il dans un clin d'œil.
— Pas besoin de toi, le prince. Je me charge de l'accompagner, fait une voix derrière moi alors que je sens un torse se glisser contre mon dos.
Je souris en devinant facilement à qui appartient cette voix.
Le garçon semble surpris un instant, mais il reprend contenance rapidement.
— Fais tout de même attention à ne pas te tromper de chambre princesse, on ne sait jamais ce qui peut arriver, lâche-t-il en faisant demi tour.
Je soupire et me retourne vers Erwan.
— Toujours là pour te sauver la mise.
Je ris.
— C'est vrai.
Nous quittons le palais pour nous promener dans les rues étroites de la vieille ville.
— Je peux savoir pourquoi tu te moquais de moi au juste ? reprend-t-il.
— Ç'est juste qu'on te voit pas tous les jours dans ce genre de vêtement.
— Encore heureux.
Je tourne mes yeux vers lui, pleins d'espièglerie.
— Et moi ? J'espère que cette fichu robe me va bien au moins, parce que c'est un enfer pour se déplacer.
— Mouais. Je te préfère quand même en robe courte.
Je pique un fard en envoyant un coup dans son épaule alors qu'il ne réagit pas. Voilà une facette de sa personnalité que je ne connais pas. Plus les jours passent, plus j'ai l'impression d'en apprendre sur lui, sur celui qu'il est.
Un sourire s'étend sur ses lèvres alors que je soupire. Je ne comprendrais jamais ce garçon. Sa personnalité est bien trop complexe pour moi. À moins qu'il soit atteint de bipolarité, ce qui est fort possible.
— T'aimes bien ce village ? demande-t-il au bout de quelques secondes.
— Oui. J'aime surtout les personnes qui y vivent.
— Donc t'aimes les gros lourds qui te draguent ?
Je lève les yeux au ciel en souriant bêtement.
— Non, pas ceux-là.
Nous restons silencieux pendant le reste de la balade. Un silence apaisant, en aucun cas gênant. Vers 21:00, nous retournons au palais. Je lui souhaite une bonne nuit et me dirige vers ma chambre.
J'enlève avec empressement ma robe et me jette sous les draps en fermant les yeux, savourant déjà la nuit qui m'attend.
C'était sans compter sur la lumière restée allumée.
Je me lève avec tout le désespoir du monde et m'avance jusqu'à l'interrupteur. Mais quelqu'un toque à la porte et je me fige sur place. Après quelques secondes, j'ai enfin la présence d'esprit de me jeter dans mon lit, couvrant ma tenue qui se résume à mes sous-vêtements.
La porte s'ouvre alors, sans attendre ma réponse et je suis à la fois surprise et soulagée de voir Isack. L'espace d'un instant, j'ai presque eu peur qu'il s'agisse de l'autre lourd.
Il faut dire que, ces derniers temps, nous nous sommes assez éloignés tous les deux.
Il me sourit chaleureusement en passant une main dans sa nuque.
— Désolé de passer maintenant, je voulais juste te souhaiter bonne nuit. Et aussi, tu avais l'air assez inquiète aujourd'hui, tu n'as pas à l'être.
— C'est quand même moi qui ai convaincu Andrew qu'ils accepteraient de nous aider...
— Et ils le feront, s'ils sont réellement des gens bien comme tu nous le dis, ils nous aideront.
— Isack... Ils pourraient bien être les personnes les plus altruistes monde, qui accepterait de se lancer dans une guerre dans laquelle ils n'ont aucun intérêt ? Qui accepterait de sacrifier son peuple pour un autre qui ne lui appartient pas ? Pour des gens qu'ils ne connaissent même pas ?
— Toi, souffle-t-il.
Je relève des yeux intrigués vers lui.
— Tu viens de te décrire Victoire. Il y a quelques mois tu arrivais à peine ici, tu nous détestais sûrement tous et tu ne savais même pas donner un coup de poing. Regarde-toi aujourd'hui. Tu es prête à t'engager dans une guerre qui ne te concerne même pas.
— Ma famille est là-bas, il est tout à fait normal que...
— Ta famille ne sait même pas qu'ils ont une fille.
Mon cœur se serre soudainement. Me le dire à moi-même, c'est dur. Mais l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre, ça l'est encore plus. Il semble remarquer la dureté de ses mots puisqu'il vient rapidement jusqu'à moi, s'asseyant sur le matelas.
— Désolé... Ce n'est pas ce que je voulais dire.
— Je sais. Je suis vraiment débile d'espérer que tout rentrera dans l'ordre et que je retrouverais ma famille.
— Ne dit pas ça Vic...
Il pose une main sur mon épaule et je relève les yeux vers lui. Il se mord la lèvre dans un signe de regret. Il s'en veut.
— Oublie ça. Je voulais juste te dire que, qu'importe que les Térilanéeins acceptent de se battre à nos côtés ou non. Nous serons tous ensemble, et c'est ce qui compte. Je serais à tes côtés dans cette bataille, nous le serons tous. Nous allons sauver tes proches, nous allons gagner cette guerre, c'est compris ?
Son regard se fait plus dur et je hoche positivement la tête. Il finit par déposer un bisous sur mon front en me souhaitant bonne nuit et s'éclipse de la chambre. Je souffle.
Maintenant, plus personne ne m'empêchera de passer la meilleure nuit de ma vie dans ce lit cinq étoiles.
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