Chapitre 3

Laurie est une fille adorable. Elle est née dans le deuxième secteur, mais ses parents sont morts il y a de nombreuses années. Elle ne m'en a pas dit plus sur les causes de leur mort, ce qui est compréhensible. Elle m'a aussi raconté que les missions consistaient principalement à s'infiltrer à Altalie pour tenter d'en découvrir plus sur les plans de Geoffrey, ce qu'il prévoyait de faire etc. Ensuite, ma nouvelle amie avait quitté ma chambre car elle devait rejoindre une certaine Julie. Elle m'a dit qu'elle me la présenterait quand elle en aurait l'occasion, qu'elle était très gentille et que nous allions bien nous entendre.

Je m'étais ensuite laissée tomber sur mon nouveau lit. Oui, puisque tout était nouveau ici. J'avais dirigé une pensée à ma mère. Avait-elle remarqué que sa fille n'était plus là ? Et Elliot ? Et mon père ?





Debout au beau milieu du réfectoire, j'analyse la pièce avec attention. Alors que je cherche où m'assoir, un des garçons qui m'a – on peut le dire – kidnappée, me fait signe de venir m'asseoir à côté de lui. J'hésite un instant, mais fini par le rejoindre. Il me sourit avant de prendre la parole :

— Je pense qu'on est parti sur de mauvaises bases, désolé. Je m'appele Isack et toi c'est ?

— Victoire, je réponds dans un sourire timide.

Nous continuons à parler tout en mangeant. Les deux autres garçons assis à table se présentent également. Owen est un grand blond aux yeux verts et Raphaël est lui ,aussi, blond. Un blond cassé. Il a de grands yeux marrons et est très charmant.

Je finis mon assiette et me lève afin de retrouver ma chambre. Lorsque j'arrive dans le couloir, j'aperçois Laurie qui discute vivement avec une petite blonde devant la porte de sa chambre.

— Victoire ! s'exclame ma nouvelle amie. Viens, voir ! Je te présente Julie.

Julie me salue chaleureusement en affichant un grand sourire. Nous discutons pendant un long moment jusqu'à ce qu'Isack vienne nous interrompre.

— Je vous l'emprunte quelque temps ! s'exclame-t-il.

J'hoche doucement la tête et le suit. Il descend les marches tout en me posant un tas de questions sur Altalie, comment je vivais là-bas, etc. Je lui parle de mes amis, de Shylay, et même d'Elliot. Je m'ouvre à lui et je finis par lui faire part de mon rêve.

— J'ai toujours rêvé de voir les étoiles, à Altalie on ne les voyait jamais, je n'ai toujours pas compris pourquoi.

— On dirait que c'est ton jour de chance ! D'abord, tu te fais kidnapper par une bande de beau gosse, tu as une chambre rien que pour toi – ouais moi je la partage. Et enfin, tu tombes dans un endroit nommé Phandrès où il est possible de voir les étoiles !

Je m'arrête de marcher. Les étoiles.

— Sérieux ? J'ai trop hâte ! je m'exclame, les yeux brillants.

Il rit à son tour et nous descendons par une trappe camouflée dans le sol qui mène à un sous-sol. Des tatamis sont étalés par terre dans la plus grande partie de la pièce. Il y a aussi toutes sortes de machines de musculation, des barres de traction, des punching-ball, etc. Il m'emmène sur les tatamis et me donne des gants de boxe.

— Allez, montre moi ce que t'as dans le ventre, déclare-t-il.

— Euh mais...

— Je sais que tu ne sais pas te battre, ce qui est normal étant donné que tu vivais à Altalie, mais essaie de me donner un coup au moins.

Ok, Victoire, tu peux le faire. Je prends une grande inspiration et tente d'envoyer mon poing dans son torse. Mais il attrape mon bras et le tord. Forcée de suivre le mouvement je m'étale disgracieusement au sol.

Il m'aide à me relever en riant.

— Ok, c'était vraiment nul ça, se moque-t-il.

Je croise mes bras contre ma poitrine et fais mine de bouder pendant qu'il continue de se marrer.

Après quelques heures d'entraînement, on peut dire que j'arrive à envoyer un coup, par contre pour les contrer, ce n'est pas encore ça...

Je rejoins ma chambre pour me doucher alors que je suis en sueur. Je crois que c'est la première fois de ma vie que je bouge autant. Après la douche, je descends vers le réfectoire pour aller manger. Je m'assois avec Julie et Laurie qui sont en train de discuter.

Je fixe mon assiette, perplexe. Qu'est-ce que c'est que ça ?

— Qu'est ce qu'il y a ? demande Julie. On dirait qu'il y a un insecte dans ton assiette.

— C'est quoi ?

— De la viande rouge. Ou de la viande de bœuf si tu préfères, goûte c'est bon, explique Laurie.

Je prend un morceau à l'aide de ma fourchette et goûte. Mon visage s'illumine aussitôt. Je reprend une bouchée, sous les regards amusés de mes deux amies.

Quand nous finissons de manger, nous montons et nous nous installons dans la chambre de Laurie. Elle est allongée sur son lit et moi sur celui de Julie. Celle-ci nous conte sa journée en faisant de grands gestes des mains. Elle nous raconte ensuite à quel point Enzo l'exaspère. De ce que j'ai compris, ces deux-là sont comme chien et chat.

Je finis par retourner dans ma chambre pour aller me coucher. Je suis crevée et je me doute que demain sera encore plus dur qu'aujourd'hui. Mais alors que je m'allonge enfin dans mon lit, quelqu'un toque à la porte.

Oh non pitié.

Je me lève à contrecœur et vais ouvrir la porte. Isack se tient devant celle-ci tout sourire.

— On va voir les étoiles ?

Les étoiles ! J'avais complètement oublié. Je jette un bref regard à ma tenue. Je porte un jogging gris et un teeshirt blanc, mon pyjama. Tant pis.

Je referme la porte de ma chambre derrière moi et le suis. Nous sortons discrètement du bâtiment et nous nous asseyons sur les grandes marches du perron. Lorsque je lève les yeux vers le ciel, mon cœur rate un battement. C'est magnifique. Je peux reconnaître la constellation d'Orion dont on m'a tant parlé, papa disait que c'était sa constellation préférée. Le ciel est d'un bleu envoûtant, presque noir. Des centaines de petits points blancs viennent déranger cet étendu saphir. J'ai l'impression d'être face à une peinture, une œuvre d'art. Et dans le fond, c'est bien cela, il s'agit de l'œuvre de la nature, et pourtant, Altalie nous en prive. Pourquoi ne pas nous laisser observer tous les soirs ce spectacle ? Cela pourrait pourtant parfaire encore plus l'idée que les gens ont d'Altalie. Et pourtant, cette ville est si imparfaite.

Alors que mes yeux parcourent le ciel, ils s'arrêtent sur un cercle jaunâtre qui nous éclaire. Un astre elle aussi. La lune. Mon regard se pose finalement sur Isack. Il plante ses yeux dans les miens.

— Ça te plaît ? demande-t-il.

J'hoche doucement la tête. Je ne veux pas gâcher les bruits de la nuit, des arbres qui se balancent de gauche à droite au rythme du vent qui souffle, de l'eau du lac à quelques mètres de nous, s'entrechoquant par moment aux rochers. Le bruit des grenouilles, des cigales, de la nature.

Je me sens comme hypnotisée, je me sens bien. J'ai envie que cet instant s'éternise, je ne veux pas affronter mes problèmes, je ne veux pas me battre, je veux juste rester là pour l'éternité. Malheureusement c'est impossible.

— On ferait mieux d'y aller, si on se fait prendre, on est cuits, dit-il en se levant.

Il me tend sa main pour m'aider à me lever. Je l'attrape en le remerciant. Il me laisse devant la porte de ma chambre, me souhaitant une bonne nuit. Quand j'entre enfin, je jette un dernier coup d'œil par la fenêtre, avant de m'effondrer sur mon lit, épuisée.

Je dirige une dernière pensée à mes parents et à Elliot avant de sombrer dans les bras de Morphée.

Bonne année en retard !

02/01/19

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