Chapitre 23
Cela fait trois jours que je suis revenue et toujours aucun signe d'Erwan. Je m'inquiètes vraiment. Et s'il avait été attaqué ? Et s'il avait croisé un de ces hommes bizarres, les terrestres ? Et si pire, il était mort ?
Parfois, je me demande comment j'ai fait pour accepter de le laisser seul. Bon, ce n'est pas comme si j'allais le protéger de quoi que ce soit, mais au moins, je n'aurais pas eu toutes ces pensées extrêmes. S'il était mort, je le serais sans aucun doute aussi.
Bon, il faut peut-être que je me calme.
Ma vie a repris son cours, si on peux dire ça. Il n'y a pas eu d'attaque, pas d'annonce d'Andrew et ni de mission. Le calme règne pour l'instant.
Avec Isack, tout va mieux. Il est beaucoup moins agressif et je passe le plus clair de mon temps avec lui. Depuis notre baiser, il ne s'est plus rien passé. On ri, on se taquine, mais rien de plus. Et je pense que c'est tant mieux.
Il m'a bien fallu voir la vérité en face. Mon cœur qui accélère à son simple contact, tout mon corps en ébullition lorsqu'il m'embrasse, sa douceur étonnante. Je suis amoureuse d'Erwan.
Mon talkie-walkie grésille et je le règle sur la bonne fréquence jusqu'à entendre la voix d'Andrew. Tout le monde se contacte par là. Nous avons pourtant des téléphones, mais notre moyen de communication principal est celui-ci. Andrew dit qu'il est bien plus facile de pirater un téléphone. Les talkie-walkie ont en plus un système de sécurité spéciale crée par un des ingénieurs de l'Immeuble.
— Victoire, dans mon bureau.
— Reçu.
Il a l'air vraiment sérieux. Pas qu'il ne le soit pas d'habitude, mais j'ai l'impression qu'il se passe quelque chose.
Je ferme la porte de ma chambre et marche jusqu'au bureau d'Andrew. Lorsque j'arrive, Théo et Laurie sont présents..
C'était trop beau pour être vrai.
Tout ce temps sans qu'il ne se passe rien, ça devait bien arriver.
— Aujourd'hui, vous aurez une mission tous les trois. Il y a eu un feu en forêt, à quelques kilomètres d'ici. Un village entier a pris feu, il y a sûrement des survivants. Grâce aux combinaisons de combats de l'Immeuble qui résistent au feu, vous allez pouvoir les aider.
Théo et Laurie hochent la tête et quittent déjà le bureau.
C'était le calme avant la tempête.
En temps normal, cette mission m'aurait plutôt plu, surtout que je pourrais venir en aide à des gens. Sauf que là, je risque de rater Erwan – enfin, s'il revient – et je sais que cette pensée est égoïste, mais elle ne peut s'empêcher de naître dans mon esprit.
Nous nous dirigeons vers la salle d'entraînement, beaucoup moins grande que l'ancienne, mais elle fait tout de même l'affaire. Plusieurs personnes sont en train de frapper dans des sacs ou s'échauffent tranquillement.
Théo ouvre la porte où sont stockées toutes les armes ainsi que les combinaisons de combats à l'aide d'une petite clé et nous nous engouffrons à l'intérieur. Julie attrape trois des tenues bleues marines pendues au mur et Théo s'occupe des armes et munitions. Quant à moi, j'ai clairement l'impression de ne servir à rien.
— Vite, dépêchez vous d'enfiler ça, on a pas de temps à perdre, ordonne Laurie.
Je retire mes habits pour me retrouver en sous-vêtement et enfile la tenue de combat. Pas le temps de rechigner. Les autres font de même et Théo nous distribue nos armes. Nous sortons en vitesse, alors que tous les regards se tournent vers nous.
Nous avons emprunté un des blindés de l'Immeuble pour arriver au plus vite. Dans la voiture, nous enfilons chacun des espèces de masques qui permettent apparemment de respirer dans les flammes. Selon Andrew, ce n'est pas très loin. Et effectivement, après quelques minutes déjà, nous arrivons.
Le paysage est désolant. Des dizaines de chalets en bois sont en feu, des enfants pleurent désespérément, à la recherche de leurs parents. Des corps brûlés qui n'ont pas résisté jonchent le sol.
Je n'ai pas le temps de contempler plus longtemps la scène d'horreur, Laurie me secoue vivement en criant mon nom. Elle a remarqué mon trouble. Je me retourne vers elle et sort enfin de ma transe. Il faut agir, vite.
Après avoir sauvé plusieurs personnes, et malheureusement, perdu d'autres, nous sommes finalement parvenus à calmer le feu. En même temps, à trois, ce n'était pas évident. Mais Andrew l'a déjà dit ; l'Immeuble est constamment en danger après la dernière attaque. Il ne pouvait pas se permettre d'envoyer plus de personnes.
Pendant que nous luttions contre les flammes, la pluie est venue faire son travail et nous a été de la plus grande aide. Grâce à elle, des dizaines de vies ont été épargnées.
Les villageois nous ont remercié et nous avons finalement pu repartir. Après dix heures de lutte acharnée.
Maintenant que tout est réglé, je repense automatiquement à Erwan.
Et s'il n'était pas mort du tout et j'ai raté son arrivée ? Merde, ça ne peut pas se passer comme ça ! Je veux être là, je veux croiser son regard quand il rentrera. Cette mission réussite m'a emplie d'une nouvelle dose d'espoir, j'y crois.
Lorsque le blindé se gare au pied de l'Immeuble, je me précipite littéralement à l'intérieur. Je ne prends même pas le temps d'enlever ma combinaison et me précipite au septième étage. J'ouvre la porte de la chambre d'Erwan à la volée.
Et il est là, debout en plein milieu de la chambre en train de parler à Enzo, assis sur son lit. Évidemment, je ne pense pas deux fois et me jette dans ses bras.
La joie qui m'envahit est indescriptible. Je crois que je n'ai jamais été aussi heureuse de ma vie, même pas quand mon père avait finalement accepté de fabriquer la maison de poupée que je lui avais demandé pendant des mois. Et Dieu sait à quel point je l'avais harcelé pour ça.
Au début, Erwan ne réagit pas, surpris. Mais il pose finalement ses bras dans mon dos, me serrant un peu plus contre lui.
— Si vous voulez que je vous laisse la chambre aussi, dites le moi hein, fait Enzo.
— Ta gueule, gâche pas tout pour une fois.
— Oh, tu me blesses Victoire.
Je finis par m'écarter à contrecœur. Si ça ne tenait qu'à moi, je ne l'aurais plus jamais lâché. Mais bon, laissons le respirer au moins.
Il me sourit tendrement, ce sourire que je me suis surprise à imaginer plusieurs fois, il y a un temps de cela.
— Pourquoi tu portes une combinaison de combat ? demande-t-il.
— Eh ! T'es partie en mission sans moi ? C'est injuste ça ! s'exclame Enzo.
Je l'ignore et explique la situation à Erwan. Il me raconte qu'il a trouvé son frère et de le voir aussi heureux me fait littéralement fondre. Après une longue discussion, j'ai finit par les laisser « entre mecs ».
Je suis si soulagée. S'il était arrivé quelque chose à Erwan, je m'en serais voulu pour toujours. Mais j'ai eu raison de croire en lui, je savais qu'il y parviendrait.
Après tout ça, je vais directement prendre une douche et me changer. Ce n'est pas tout mais cette combinaison commence à me donner extrêmement chaud.
En sortant de la douche, la température est vachement redescendue. J'enfile un sweat à capuche jaune et un petit short blanc, puis descend pour aller manger en rabattant la capuche sur ma tête.
Ce soir, le réfectoire est plein à craquer, on dirait bien que tout le monde est affamé. Moi pas, je peux très bien me passer de nourriture pour ce soir. Alors au lieu d'avancer dans le réfectoire, je prends la porte qui mène à l'extérieur de l'Immeuble. Dans le petit jardin, jee m'assois sur l'herbe fraîche et hume la douce odeur de la nature. Le vent froid souffle faiblement, faisant bouger les arbres et les fleurs de droite à gauche. Je ramène mes jambes contre ma poitrine pour me réchauffer et fixe le ciel étoilé.
Ce ciel qui m'a tant fait rêver.
Je sens des gouttes s'écraser sur mes cheveux, et bientôt, la pluie se fait plus forte. Mais je reste plantée là, je suis si bien, comme dans une transe de confort infinie. L'eau coule le long de ma peau et finit par s'écraser doucement dans l'herbe, elle aussi trempée.
Je repense de nouveau à Erwan et Isack. J'essaie de m'en dissuader depuis le début, mais je ne peux plus me voiler la face. C'est évident, j'aime Erwan, peut-être même autant que j'aime Isack.
Désormais, le froid se fait beaucoup moins supportable. Je rentre en claquant des dents et me réfugie vers ma chambre – sans faire attention aux regards bizarres que me lancent les autres qui traînent dans les couloirs – pour un énième bain chaud.
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