Chapitre 14
— Erwan, Cody, Matthew et Gabriel, rejoignez le groupe numéro 33 dans la forêt. Ils ont déjà été localisés, trouvez Thomas et dites-lui que vous avez pour ordre d'utiliser les véhicules blindés. Le reste préparez-vous à riposter, cachez-vous dans le hall. Ils ne doivent pas savoir que nous sommes présents et que nous les attendons.
Tout le monde se sépare au fond du couloir et Andrew semble enfin se rappeler de moi.
— Ah Victoire ! Je vais faire une annonce rapide, tu dois aider à mettre en sécurité les enfants et les plus âgés.
Quoi ? Sérieusement ?
— Pourquoi je ne peux pas me battre moi aussi ? Pourquoi les autres ont des tâches importantes et moi je dois cacher des gosses ?! m'exclamé-je de mauvaise foi.
— Ne dit pas ça Victoire, ta tâche est tout aussi importante, viendra l'heure où toi aussi tu devras te battre alors en attendant prend des forces.
Sur ce, il retourne dans son bureau. Bientôt, sa voix retentit dans tout le bâtiment, mettant tout le monde au courant de ce qui est en train de se passer. Je vois des gens courir dans tous les sens, enclencher des boutons dont j'ignore l'utilité, éteindre des lumières, se cacher. Je me précipite vers l'escalier de secours, mieux vaut ne pas risquer d'emprunter l'ascenseur et qu'une bombe explose, me coinçant à l'intérieur.
Lorsque j'arrive finalement au dernier étage, à bout de souffle, je rassemble toutes les personnes que j'ai pu récupérer dans une chambre, leur ordonnant de rester ici jusqu'à que quelqu'un vienne les chercher. Je ne compte vraiment pas rester là les bras croisés à attendre que quelqu'un ne daigne venir nous chercher ou me sauver une énième fois. Tant pis pour les ordres d'Andrew, je me suis engagée auprès de lui, c'est mon devoir de me battre, tout comme les autres.
Après avoir dévalé à nouveau les escaliers, - j'avoue que la descente était plus facile - je rejoins le hall, bien différent de quand je l'ai quitté un peu plus tôt.
La porte de l'Immeuble est grande ouverte. J'aperçois Isack en train de se battre avec un homme qui a l'air d'avoir le même âge que lui. Je dois avouer qu'il est vachement sexy comme ça...
Stop Victoire, c'est pas vraiment le moment idéal pour avoir des pensées de ce genre.
J'arrive devant la trappe de la salle de combat, entre, et ouvre une porte. Je ne sais par quel miracle celle-ci est ouverte. J'enfile une des nombreuses combinaisons pendues à une barre et m'arme d'un Smith & Wesson. Je le charge. Je ne contrôle pas encore ces trucs là à la perfection alors inutile de trimbaler une grosse arme. Alors que je ressors de la salle, je me prends quelques chose de plein fouet. Je recule de quelque pas, déboussolée.
— Qu'est-ce que tu fais ?
Isack...
Je n'ose pas relever le regard vers lui. Je me sens comme une petite fille prise la main dans le sac en train de faire une bêtise. Je triture nerveusement mes doigts alors qu'il relève mon menton de sa main.
— Je t'ai posé une question.
— J-je... écoute, désolée mais merde ! Je ne suis pas un objet fragile que l'on doit protéger en permanence ! Je suis avec vous ou pas à la fin ? Je me suis engagée, alors pourquoi on ne me laisse pas tenir mes foutus engagements ?!
J'ai lâché ces mots en pointant mon arme contre son torse. Je ne compte rien faire évidemment, j'ai juste oublié que j'ai une arme dans la main et que c'est n'est pas de mon doigt qu'il s'agit.
Il me prend délicatement l'arme des mains et la repose. Je reste immobile.
- Vic, si Andrew tient autant à te protéger c'est parce que tu es la personne la plus susceptible de nous aider avec notre plan contre le premier secteur. Tu vivais là-bas, tu sais bien plus de choses que nous.
Je crois que ça me fait encore plus mal. On ne me protège pas par attachement ou parce qu'on me pense trop faible, on me protège simplement parce qu'on a besoin de moi. Ils ont besoin des informations que moi seule suis-je capable de leur fournir, ils feraient tout ça pour n'importe quelle autre personne dans ma situation.
Ça fait mal.
Je le contourne pour quitter la salle, je l'entend crier mon nom mais je m'en fiche et l'ignore royalement.
Je remonte pour la millième fois les escaliers quand mon talkie-walkie se met à grésiller. Bientôt, j'entends la voix d'Andrew.
— Changement de plan, nous ne pouvons pas rester là, l'Immeuble risque de s'effondrer. Tout le monde doit évacuer, maintenant ! Victoire occupe-toi d'aider les personnes avec qui tu es, les gars, prenez le plus d'armes possible, n'oubliez pas les combinaisons de combat.
— Reçu.
Je range le talkie-walkie et fini de monter les escaliers en courant. Quand j'ouvre la porte, tous se tournent vers moi. Je vois la peur sur les visages enfantins, cette image me brise le cœur.
— Dépêchez-vous, on doit y aller !
Tout le monde sort sauf une petite fille qui pleure dans son coin. Je m'agenouille à sa hauteur.
— Qu'y a-t-il ?
— M-maman, articule-t-elle entre deux sanglots.
Ses yeux pleins d'eau croisent les miens. Je la prends par la main.
— On va trouver ta maman, ne t'inquiètes pas, mais pour l'instant nous devons y aller.
Elle hoche doucement la tête et je me précipite dans le couloir pour retrouver les autres. Nous descendons les escaliers et j'attend le signal d'Andrew, cachée à l'angle du mur.
L'électricité se coupe soudainement, je comprends que c'est à mon tour d'agir. Je fais un signe de la main pour indiquer aux autres de me suivre.
Nous sortons par la grande porte, où il n'y a plus personnes. Les autres se sont sûrement déjà enfoncés dans l'Immeuble pour tout détruire...
Dehors, nous retrouvons Andrew. Il me sourit tristement.
— Je suis fier de toi Victoire, tu as agi calmement et de manière réfléchie. Les voitures vont arriver pour transporter tout le monde, quant à toi, vas retrouver les autres, dit-il en me tendant un fusil à pompe.
Oh merde.
Je fais mine de rien et prends l'arme en souriant.
J'ai eu ce que je voulais alors pourquoi est-ce que mes mains tremblent autant ?
Je m'avance dans la forêt, alors que je me rends compte que je ne sais même pas quel chemin emprunter. Soudain, je sens une main agripper mon poignet. Je me retourne brusquement, prise de panique et croise le regard de Isack.
Je suis soulagée de le voir.
Il me lance un petit sourire et attrape mon arme pour me donner un fusil M16. Je lui rend son sourire.
Ouf, je préfère ça.
Il range le fusil dans son dos, sort un pistolet et commence à courir. Je le suis.
Bientôt nous entendons des tirs qui partent de tous les côtés. Le plus angoissant c'est que nous sommes dans la forêt, les arbres nous empêchent de voir ce qui nous entoure et n'importe qui peut être caché dans ces coins de verdure.
J'entends mon talkie-walkie qui grésille alors je l'attrape rapidement.
— Ici Théo, on vous voit, ne bougez pas on descend.
Il saute d'un arbre accompagné d'une grande brune.
— Où sont-ils ? demande Isack.
— Sur un plateau un peu plus loin, nous avons dû nous replier et nous cacher, ils sont beaucoup trop nombreux pour nous deux.
— Mais on a envoyé du renfort, explique Isack.
— On a dû les rater. Et vu tous les tirs que l'on entend depuis tout à l'heure, je pense qu'eux ne les ont pas rater.
Cette fois c'est la fille qui a parlé.
— Allons-y ! s'exclame-t-elle.
Nous arrivons bientôt vers le plateau, il est facile de reconnaître les nôtres puisqu'ils sont tous vêtus de la combinaison de combat de l'Immeuble. Nous nous séparons pour nous placer chacun à une position différente et j'aperçois alors un homme qui se cache derrière un tronc d'arbre. Il sort rapidement sa tête pour tirer mais il ne m'a toujours pas remarquée, il est juste devant moi.
Je prends une grande inspiration et pointe mon arme vers lui. Je vise, ferme les yeux, et tire.
Quand je rouvre les yeux, l'homme est à terre et se vide lentement de son sang, j'accourt et tire sur deux autres hommes qui se précipitent vers moi, alertés par le bruit.
Bientôt, nous n'entendons plus aucun tir. J'attrape mon talkie-walkie, la voix d'Isack résonne.
— Retrouvons-nous au centre, je pense qu'ils sont tous morts.
J'obéis et avance vers le centre. Nous sommes une dizaine. Je croise alors le regard d'Erwan. Ces yeux ne me lâchent pas, je me détourne, gênée. J'en avais presque oublié la scène dans l'ascenseur...
Le commandant Thomas nous rejoint rapidement et nous partons retrouver les autres.
***
Nous sommes arrivés devant un immeuble beaucoup plus petit que le premier et par conséquent, mieux camouflé, à tel point que je n'ai pu l'apercevoir qu'en arrivant devant celui-ci, autrement, impossible avec tous les arbres autour.
Le nouvel immeuble comporte huit étages tandis que l'autre en comptait dix-sept. Les murs sont délabrés, je crois qu'ils étaient autre fois peint en blanc, aujourd'hui la couleur ressemble plus à un gris bizarre. La nature a envahi les murs, indiquant qu'ils se dressent là depuis déjà de nombreuses années.
Nous entrons finalement, Andrew nous attend dans le hall. En nous apercevant, un grand sourire apparaît sur ses lèvres. Il nous emmène dans le nouveau réfectoire où tous sont présents.
J'aperçois Laurie assise par terre, sûrement car il n'y a plus de place sur les bancs. Je me précipite vers elle et elle me serre dans ses bras. Je m'assois et écoute Andrew.
— Premièrement, je suis heureux de vous voir tous ici, je tiens à vous féliciter pour avoir réussi à garder votre sang froid et agit de la bonne manière. Bon, je pense que vous vous en doutez, l'Immeuble ne résiste plus à leurs attaques, il est déjà beaucoup trop vieux pour ça et les bombes qu'ils ont posées de par et d'autres ont fait exploser beaucoup de pièces importantes et ont causé énormément de dégâts. Par conséquent nous vivrons ici jusqu'à nouvel ordre. Comme vous avez pu le remarquer, cet immeuble est bien plus petit que l'ancien, par conséquent, vous serez deux ou trois par chambre, je vous laisserais le choix pour choisir avec qui vous voulez être, vous pouvez commencer à en parler dès maintenant.
Je jette un coup d'œil à Laurie et elle me regarde en souriant, nous pensons à la même chose. Nous demandons à Julie si elle veut être dans la même chambre que nous et elle répond gentiment qu'elle a déjà prévu d'aller avec d'autres amies.
***
Cette nuit, je ne parviens pas à dormir. Laurie, elle, dort déjà profondément depuis quelques heures. Cette journée a été bouleversante, en moins de 24h toutes nos vies ont complètement changées.
Je quitte mon lit, je n'en peux plus de tourner et me retourner dans tous les sens. J'ouvre la porte de la chambre et tâtonne le mur du couloir à la recherche de l'interrupteur. Je le trouve, allume la lumière et m'avance vers la chambre d'Erwan. J'entre sans toquer.
La lampe de chevet est allumée, il est torse nu, allongé sur son lit, les bras croisés sous la tête et le regard fixé sur le plafond. Quand il m'aperçoit, il se redresse.
— Qu'est-ce que tu fais là ?
— J'arrive pas à dormir...
— Et ?
Je vois qu'il me fait toujours la tête...
Enzo, qui dormait jusqu'à maintenant, se réveille en lançant un coussin à l'autre bout de la pièce.
— Taisez-vous les amoureux, y en a qui dorment.
Je souffle et m'apprête à repartir, mais Erwan me retient.
— Attends...
Il se décale, me laissant une place dans son lit. Je m'allonge dos à lui.
Après quelques secondes je me retourne et fait face à son torse. Nous sommes presque collés l'un à l'autre dans ce si petit lit.
C'est bizarre, il commence à faire vraiment chaud.
Finalement je parviens à m'endormir après quelques pensées pas très saines.
***
Lorsque je me réveille, mon bras est posé contre le torse musclé d'Erwan. Je m'empresse de le retirer en faisant les gros yeux.
— C'est pas un crime de me toucher hein.
Je sursaute en levant les yeux. Il est concentré sur son livre et ne prend même pas la peine de me regarder. Je me lève rapidement.
— Euh... désolée, j-je...
— Calme toi, c'est pas comme si on avait fait autre chose que dormir.
Je m'étouffe presque avec ma propre salive et quitte la chambre après un léger « à plus tard ».
Je retrouve ma chambre. Laurie n'est plus là. Je retire mes vêtements de nuit, qui ont gardé l'odeur de Erwan.
Je me dirige vers ma nouvelle garde robe. Il y a un peu de tout. J'enfile un pull blanc et une jupe à carreaux grise, puis quitte la chambre pour aller prendre mon petit déjeuner.
Dans le couloir, je ressens un pincement au cœur. Il faut dire que j'ai beaucoup de souvenirs. L'Immeuble m'a apporté énormément de choses, comme aux autres. L'avoir vu s'écrouler sans ne rien pouvoir faire m'a brisé le cœur. J'aurais tellement aimé avoir des super pouvoirs et remettre chaque mur à sa place. Ici, je ne sais même pas à quel étage sont les autres, à part Erwan et Enzo.
Alors que j'attend devant l'ascenseur, une porte se referme. Je me retourne en sursautant.
— Hé coucou toi ! Alors comme ça on est au même étage, c'est bon à savoir ça !
— Contente de voir que tu vas mieux Théo, je répond en levant les yeux au ciel.
— Pourquoi ça n'irait pas ? Au contraire, je vais pour le mieux. Prêt à escorter la princesse pour son petit déjeuner !
Je lâche un petit rire et pénètre dans l'ascenseur.
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