Chapitre 13
Cela fait une semaine qu'Isack ne m'a plus approchée. Il me regarde de loin, mais ne vient pas vers moi et c'est tant mieux. Je ne suis pas prête à avoir une discussion avec lui, pas maintenant. Une semaine que les groupes de l'Immeuble sont partis. Je me sens légèrement seule, étant donné qu'Isack ne me parle plus, Laurie passe son temps avec celui-ci – ce qui me paraît étrange puisque habituellement elle reste plutôt avec Erwan. Quant à lui, je sens qu'il fait des efforts, mais c'est sûr qu'il n'est pas h24 avec moi. Quant au reste de mes amis, ils sont tous partis en forêt.
Des cognements se font entendre contre ma porte, me sortant de mes pensées. Mes yeux passent du plafond à celle-ci.
La porte s'ouvre lentement.
Isack.
Je me redresse vivement sur mon lit, m'éloignant le plus possible de lui, alors qu'il n'a même pas encore fait un pas dans la pièce.
— Va-t-en.
— Laisse-moi m'expliquer Victoire...
Je lis la tristesse dans son regard. J'ai l'impression que mon absence dans sa vie lui fait vraiment du mal. Je baisse ma garde et le laisse parler, mais alors qu'il s'apprête à entrer dans ma chambre, je le stoppe.
— Stop. Tu restes à la porte.
— Sérieusement ?
— C'est ça ou rien.
Il souffle et passe une main dans ses cheveux.
— Écoute, je suis vraiment désolé... Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'étais vraiment en colère et je te jure que je regrette vraiment tout ce que j'ai dis ! Si seulement je pouvais revenir dans le temps pour effacer les erreurs que j'ai commises...
Il fait un pas dans la chambre. Je n'y prête pas attention.
— Je n'arrive pas à vivre sans toi Victoire, j'ai besoin de toi dans ma vie. Tu es ma touche d'humour, ma touche de bonheur.
Il fait encore un pas.
— Je ne me pardonnerais jamais de t'avoir fait du mal.
Encore un.
Bientôt, il se retrouve à ma hauteur, sans même que je n'ai eu le temps de dire quoi que ce soit.
— Je suis amoureux de toi.
Il pose ses mains sur ma taille et ses lèvres trouvent les miennes. Je ne sais pas si j'ai envie de ce baiser, si j'ai bien assimilé ce qu'il vient de me dire. Mais cette fois au moins, il ne me force à rien. Son baiser est tendre.
Il se sépare de moi et me lance un sourire avant de quitter la pièce.
Je tourne en boucle cette scène dans ma tête. Pourquoi n'ai-je absolument rien ressenti ? Pourtant, je suis sûre que je l'aime aussi. Peut-être que je suis encore trop déçue pour pouvoir ressentir quelque chose.
Au bout de quelques minutes, je sors à mon tour et me dirige vers l'ascenseur. Erwan est là.
— Salut, dis-je dans un sourire.
Il ne répond pas. Oh non, ne me dites pas que l'ancien Erwan est de retour ! C'était trop beau pour être vrai...
Il tourne la tête et me regarde avec déception.
Le "ding" de l'ascenseur se fait entendre et nous entrons tous les deux. Les portes se ferment.
— Qu'est-ce qu'il y a encore ? demandé-je.
— T'aurais pu fermer la porte avant de rouler une pelle à ce connard.
— C'est lui qui m'a embrassée et en quoi ça te dérange ?
— Ça me dérange que tu m'embrasses moi et après ce fils de pute.
Non mais il se fout de moi là ?
— C'est toi qui m'a embrassée je te signale ! Je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs puisque tu es censé me détester !
— Ferme-la et apprend ce que c'est un vrai bisous.
Il ne me laisse pas le temps de répliquer.
Lorsqu'il prend possession de mes lèvres, j'ai l'impression qu'il me prend toute entière. J'ai le sentiment de lui appartenir, d'être à lui. Comme s'il reprenait son dû.
Son torse écrase ma poitrine, sa langue s'insinue autour de la mienne, ses mains me maintiennent fermement. Heureusement, car toute la tension retenue dans mon corps frêle vient de se vider d'un coup et mes jambes flageolent. Je n'ai aucune envie de lutter, au contraire je savoure ce moment. Son parfum m'enveloppe tandis que sa peau se presse contre la mienne. Il passe une jambe entre mes cuisses pour me posséder davantage. J'étouffe un gémissement de surprise. Je tente de bouger mes bras pour le toucher mais il me maintient fermement en poussant un grognement sexy qui vibre du fond de sa gorge jusqu'au bout de mes lèvres.
Personne ne m'a jamais embrassée avec une telle passion et je n'ai jamais ressenti pareille intensité dans les bras d'un homme. Même pas ce fameux soir avec Isack...
Il a le don de supprimer tout ce qui nous entoure, de me plonger dans un tourbillon de sensations où il n'y a que lui qui s'empare de moi. Je le veux au plus profond de moi. Tout mon corps vibre pour lui, comme s'il avait été fait pour ses bras. La sensuelle et profonde caresse de sa langue sur la mienne, ses mains qui me dominent, son corps ferme qui écrase le mien. Impitoyablement.
Je pousse un gémissement à la fois suppliant et avide. J'en veux plus. Je le réclame. Je le sens se tendre contre moi pendant qu'il resserre son étreinte. Il n'y a que le bruit de nos bouches qui se mêlent l'une à l'autre et de nos souffles saccadés. L'ascenseur peut s'ouvrir à tout moment, ça n'a pas la moindre importance. Le temps se suspend, je suis dans un autre monde, celui d'Erwan...
Lorsqu'il se sépare de moi, mon corps en redemande. Il ne veut pas que ça s'arrête.
Et comme s'il s'y attendait, les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Il descend tout naturellement, sans un regard de plus vers moi, alors que je suis totalement bouleversée par mes émotions.
Comment fait-il pour ne rien montrer bon sang ?
Je quitte à mon tour l'ascenseur après quelques secondes plantée devant les portes.
Je ne saurais jamais expliquer ce qu'Erwan me fait ressentir. C'est si intense, si...
Et puis de l'autre côté il y a Isack, je suis sûre que j'ai des sentiments pour lui aussi. Il est tout le contraire d'Erwa. Je sais qu'avec lui j'aurais une relation paisible, sans accroc. Le point décisif est peut-être celui-ci : je sais qu'Isack m'aime, en revanche je ne sais pas si Erwan a des sentiments ou s'il se joue simplement de moi. Je ne sais même pas si je l'aime, moi.
Je me sens totalement perdue.
Soudain, le talkie-walkie dans ma poche émet un grésillement désagréable. Sous les ordres d'Andrew, nous avons tous été équipés d'un de ces engins et nous devons les avoirs sur nous à tout moment.
Je l'attrape et le règle sur la bonne fréquence, jusqu'à entendre une voix à l'autre bout, une voix masculine que je reconnais de suite.
— Alerte ! Nous avons besoin de renfort...
La voix est interrompue par des tirs.
— Théo ? Où es-tu ?
— Vic ? Content de savoir que tu vas bien...
D'autres tirs se font entendre.
— Donne-moi ça ! fait une voix féminine. Peu importe qui tu es, nous avons besoin de renfort ici, prévient Andrew, nous nous sommes fait attaqués !
— Reçu !
J'éteins le talkie-walkie et le replace dans ma poche avant de courir jusqu'au bureau d'Andrew. J'ouvre la porte en trombe, pas le temps pour les politesses.
Il sursaute et se lève comme s'il avait été pris la main dans le sac.
— Non mais ça va pas ?!
— Désolée, j'articule entre quelques respirations. Il y a urgence ! Un de nos groupes s'est fait attaqué.
— Merde, jure-t-il.
Il tourne en rond dans la salle, comme un lion en cage pendant quelques secondes. J'en ai le tournis rien que de le voir faire. Il finit par attraper un talkie-walkie dans le tiroir de son bureau et l'allume.
— Cody, ramène le groupe de combat à mon bureau, il y a urgence.
Je reste plantée en plein milieu de la pièce pendant qu'il semble chercher quelque chose dans tous les sens, j'ai l'impression qu'il a même oublié ma présence.
Une explosion se fait soudainement entendre. Je sursaute en étouffant un cri alors que mon cœur semble effectuer un saut périlleux dans ma poitrine. Nous pouvons apercevoir de la fumée à l'extérieur, par la petite fenêtre du bureau. La porte s'ouvre en trombe sur un groupe de garçons armés jusqu'aux dents et vêtus d'une combinaison bleue marine. Dont Erwan qui ne pose même pas son regard sur moi.
— Qu'est-ce que c'était ? demande Cody.
— Une explosion, déclare Andrew en fixant la fenêtre. Ils sont là.
Nous nous approchons tous de la fenêtre, curieux, et pouvons apercevoir quelques hommes poser des bombes avant de courir se cacher derrière un rocher ou un arbre.
— Et merde...
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