Chapitre 12
Une voiture noire est finalement venue nous chercher. À cause de la dispute, nous avons été suspendus de notre mission. Je savais qu'Erwan et Isack ne s'appréciaient pas, mais je ne pensais pas que les choses pourraient dégénérer à ce point.
Nous sommes donc revenus à l'Immeuble. Celui-ci semble vide par rapport à d'habitude.
En arrivant, je me précipite vers l'ascenseur pour me réfugier dans ma chambre, mais Andrew m'interpelle.
— Pas si vite Victoire, dans mon bureau.
Je souffle et le suis à contrecœur. Les autres sont déjà dans le petit bureau.
— Bon, que s'est-il passé au juste ? Vous avez perdu la tête ou bien ? On aurait pu se faire repérer à cause de vos conneries ! Vous nous avez tous mis en danger et ce n'est pas la première fois que cela arrive !
Andrew marque une pause, comme pour tenter de se calmer et reprend :
— Pour ces raisons il est préférable que vous restiez ici jusqu'à nouvel ordre. Vous n'aurez plus de missions pour le moment.
Personne n'ose parler. Je trouve injuste que Laurie et moi ayons à subir la colère d'Andrew, mais je me contente de rester silencieuse.
Après son sermon, il nous libère enfin, et cette fois, personne ne peut m'empêcher de m'enfermer dans ma chambre. Enfin, s'était sans compter sur les portes quasiment fermées de l'ascenseur qui s'ouvrent sur Isack.
Manquait plus que ça.
Je n'ai pas du tout aimé la remarque qu'il a faite tout à l'heure, alors je ne lui adresse même pas la parole.
— Tu vas vraiment m'ignorer ? demande-t-il.
— À toi de me le dire.
Il souffle bruyamment.
— Qu'est-ce que t'attends que je fasse au juste ?
— Des excuses, je pense que je les mérites.
— Des excuses pourquoi ? Parce que j'ai dit que t'étais le petit chien d'Erwan ? C'est la stricte vérité, il se comporte comme un connard et toi t'es gentille comme tout avec lui. C'est quoi ton problème Victoire ?
Il a élevé la voix et s'est rapproché de moi. Il continue de s'approcher alors que je recule. Jusqu'à que mon dos heurte la paroi de l'ascenseur.
— Qu'est-ce que tu lui trouves au juste ? Qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? Putain Vic, il n'a rien à t'offrir, pourquoi tu ne vois pas ça ?!
Je ne comprends pas pourquoi il dit ça. Est-ce qu'il est en train de me dire qu'il m'aime à sa façon ?
Il tient sa tête dans ses mains et tourne en rond. Il a l'air d'un fou. Je ne comprends pas ce qui lui arrive, je ne l'ai jamais vu dans un état pareil.
Le bip strident de l'ascenseur indiquant que nous sommes arrivés retentit et les portes s'ouvrent. Je suis si soulagée que j'accourt presque jusqu'à ma chambre, mais Isack me rattrape encore une fois. Cette fois, il me plaque plus violemment contre le mur. Il m'embrasse de force, mais il n'y a plus aucune douceur dans ses gestes. Il est brusque et presque violent.
— Isack arrête !
J'essaie de le repousser, mais il se colle encore plus à moi.
Je ne comprends pas ce qu'il lui prend. Pourquoi se comporte-t-il ainsi soudainement ? On dirait qu'il est vraiment devenu fou !
— Arrête avec ça Victoire. Tu es à moi.
Ok, il me fait vraiment peur là.
Je le pousse de toutes mes forces et il chancelle. J'en profite pour entrer rapidement dans ma chambre et referme la porte derrière moi. Je tourne la clé dans tous les sens, mais la porte ne se ferme pas. Mes mains tremblent et mon coeur bat à tout rompre. J'ai l'impression qu'il va remonter dans ma gorge et en sortir.
La porte se verrouille enfin, juste avant qu'il ne se mette à frapper dessus en m'ordonnant de l'ouvrir. Il hurle mon prénom et je me cache sous ma couette, comme si elle allait me protéger. Je sanglote, j'ai peur. Et s'il parvenait à ouvrir cette porte ? Qu'est-ce qu'il ferait de moi ? Je ne comprends plus rien. Je ne comprends pas ce qui est arrivé à Isack, mais il n'est pas dans son état normal, c'est sûr. Il ne me ferait jamais ça, ou alors je ne le connais pas si bien que je le pensais.
Au bout d'un moment, les coups sur la porte s'arrêtent, mais je n'ose pas sortir pour vérifier. J'ai peur qu'il m'attende dehors. Alors je passe la soirée sous ma couette, à regarder le soleil se coucher par la petite fenêtre de ma chambre.
Je me surprends même à désirer la présence réconfortante d'Erwan...
***
Je ne sais pas comment j'ai réussi à m'endormir hier soir. J'avais tellement peur que je pensais passer la nuit à me rejouer cette scène dans ma tête.
J'ose enfin quitter mon lit. Je regarde l'heure sur ma montre : 06h15.
Je décide de prendre une douche pour me vider la tête. Je retire mes vêtements et entre rapidement dans la cabine. L'eau chaude coule sur moi, détendant chaque parcelle de mon corps. Je me lave les cheveux, après deux jours dans la forêt, ils en ont sacrément besoin.
En sortant de la douche, je me sens nettement mieux. J'enfile un bas de survêtement et un tee-shirt simple, tout en finissant de me brosser les cheveux.
Doucement, je déverrouille la porte de ma chambre. Je quitte celle-ci en regardant de tous les côtés, mais aucune trace d'Isack dans le couloir. Je souffle, soulagée et descend au réfectoire. Celui-ci est quasiment vide.
Je m'assois à une table vide avec mon bol de céréales. Mon regard se plante sur la grande baie vitrée qui me fait face. Je peux voir les magnifiques jardins fleuris de l'Immeuble.
Je sens soudainement une présence dans mon dos et quelqu'un s'assoit à côté de moi. Je m'apprête déjà à hurler, mais je croise le regard d'Erwan. Je suis soulagée.
— T'as l'air soulagée de me voir, tu t'inquiètes pour moi maintenant ?
Ça me fait toujours bizarre qu'il fasse preuve de gentillesse. Je sens qu'il fait de gros efforts pour mettre sa fierté de côté et venir me voir, alors je décide de faire un effort moi aussi.
Je ris doucement.
— Bien sûr, qu'est-ce que je deviendrais sans toi ? plaisanté-je.
Il sourit.
Attendez, il sourit ! Erwan sourit ! Et je dois avouer qu'il est carrément craquant quand il le fait...
Je remarque qu'il a plusieurs hématomes sur le visage, inutile de dire que je sais d'où ça vient.
— Il t'a pas raté...
— Je ne l'ai pas raté non plus.
Je ne peux m'empêcher de lâcher un rire. Qui aurait cru qu'Erwan me ferait rire un jour.
Je n'ai même pas remarqué l'état du visage d'Isack hier. À vrai dire, j'étais bien trop terrorisée pour y faire attention.
— Pourquoi tu t'es levée si tôt aujourd'hui ? Je pensais que t'aimais dormir jusqu'à tard ? demande-t-il.
— Comment tu sais ça toi ? En fait, tu faisais semblant de me détester et tu m'espionnais en cachette !
— Je ne t'ai jamais détestée...
Je repense aux troublantes paroles d'Erwan dans la forêt. Il avait l'air vraiment sincère. Il semblait dépassé par ses émotions. Finalement, cette soirée a été marquée par notre réconciliation. Enfin, si on peut appeler ça comme ça.
— Bon alors, pourquoi t'es réveillée à cette heure ?
Est-ce que je devrais lui dire pour ce qui s'est passé hier avec Isack ? J'ai peur que cela n'aggrave la situation, pourtant je sais qu'Erwan ne me jugera pas. Je pense qu'il peut garder un secret pour moi. C'est vrai que nous ne sommes pas "amis" depuis bien longtemps mais, je sens que je peux lui faire confiance. Je me sens si bien lorsque l'on discute comme ça. Maintenant que nous avons fait la paix tout paraît plus simple avec lui.
— Victoire ?
— Euh... Je ne sais pas si je devrais te le dire...
— Qu'est-ce que tu devrais me dire ?
— Tu me promets de ne pas t'énerver ?
— Ça dépend.
Je souffle.
— Hier, quand je suis remontée dans ma chambre, Isack est monté dans l'ascenseur avec moi... et puis il était super bizarre, on dirait qu'il devenait fou ! Quand je suis sortie de l'ascenseur, il m'a rattrapée, il m'a bloquée contre le mur et... et il essayé de m'embrasser, mais je ne voulais pas. Je lui ai dit d'arrêter mais c'est comme s'il ne m'entendait plus. Je ne comprends pas pourquoi il a réagi comme ça, mais je suis sûre que ce n'était pas voulu !
— Et que s'est-il passé ensuite ?
— J'ai réussi à m'enfermer dans ma chambre et j'ai attendu qu'il parte, je ne suis plus sortie.
Sans même que je ne m'en rende compte, des larmes se sont mises à couler le long de mes joues. Erwan se rapproche de moi pour me prendre dans ses bras. Il ne dit rien et me laisse pleurer contre son torse chaud. Je me sens bien dans ses bras et je suis heureuse qu'il ne me pose pas plus de questions. J'ai tenté d'omettre les détails dans mon récit, car je suis certaine qu'il aurait été lui casser la gueule pour la deuxième fois en moins de 48h.
Je sens les muscles d'Erwan qui se contractent. Je relève la tête, curieuse, et croise le regard d'Isack. Je ne saurais décrire ce que je ressens dans son regard ; de la haine, de la tristesse. De toute façon, je n'ai pas la force d'affronter ses yeux glacés. Je replonge dans le confort des bras d'Erwan.
Comme à chaque fois qu'il démontre de l'affection, je ne veux pas qu'il s'arrête. J'ai besoin du Erwan affectueux, et non celui qui déteste et envoie balader.
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