initialement posté sur "la galerie de portraits", de allonsbriserleciel (allez lire c'est tout bonnement génial *-*), autoportrait écrit en juin 2017 ;

Au milieu du champ de neige qu'était son visage, ses yeux étaient deux lacs d'eau limpide, ourlés de cils étonnement sombres pour sa blanche carnation. Le soleil de ses cheveux courts illuminait de rayons d'or les ruisseaux de veines bleutés qui circulaient sous sa peau, presque transparente.

La pâleur de ce visage était aléatoirement rompue par les discrètes taches de son, qui parsemaient le nez et les joues comme des fleurs chercheraient à percer la neige à l'orée du printemps. Au dit printemps, faisait écho ses lèvres, roses magnolias étirés en un sourire presque aussi lumineux que le soleil qui auréolait son visage.

Tel était tout son corps, courbes discrètes et vallées arrondies d'un blanc de neige, pâleur éthérée et douceur évanescente, et la danse maladroite de ses mains, et la beauté inesthétique de ses sourires. Telle était-elle, encore recouverte du manteau hivernal de l'enfance qui tardait à fondre, encore toute frémissante du froid glacial de décembre, mais exposant timidement son visage au soleil radieux de l'âge adulte. Telle était cette fille, frileuse il est vrai, s'accrochant à ses vêtements chauds comme à des bouées de sauvetage, refusant de lâcher sa doudoune d'innocence malgré la beauté des paysages printaniers qui s'offraient à elle. Elle était là, au premier jour de tout le reste, vacillante, au bord du gouffre de la vie d'adulte. Elle était là, s'agrippant de toutes ses forces aux derniers bribes de son enfance, s'agrippant de toutes ses forces à la sécurité, la stabilité et la chaleur de ce bon vieux manteau. Ce bon vieux manteau, tissé de souvenirs et d'odeurs, de joies et des pleurs. Ce bon vieux manteau, maintenant trop petit pour elle, mais qu'elle ne pouvait se résoudre à abandonner.

Il faudrait bien qu'un jour, elle laisse tomber ce vieux manteau rapiécé, et que, nue, elle se jette dans le vide.

Un jour. Pas maintenant. Elle avait toute la vie pour grandir.