酒・5
Attention : Le personnage de Lee Sunhee a été renommé. Elle s'appelle désormais Ko Myunghee. Merci pour votre compréhension.
≡ Chapitre 5 ≡
Voici comment marchait Valencia.
A chaque nouvelle collection, un shooting était programmé pour la communication. Je photographiais toutes les créations de Jitae pour que les magazines et les publicitaires les utilisent.
Valencia m'était fidèle et loyale. Aucun autre photographe que moi n'avait le privilège de prendre en photo les vêtements de la marque.
C'est pour cela que nous étions dans l'atelier de Jitae cet après midi. Le shooting n'aurait pas lieu avant plusieurs semaines mais il fallait commencer à l'organiser. Il ne suffisait pas que je photographie les vêtements, il fallait créer un tableau, une véritable œuvre d'art. Et pour cela, il était nécessaire de réfléchir au fond que j'allais utiliser.
Jitae, bien que plutôt exubérant, avait un vrai sens artistique. Tous les vêtements qu'il confectionnait étaient à couper le souffle. Un vrai génie de la couture.
- Nous avions déjà convenu que la collection de cet été ne comprendrait que des robes, n'est ce pas ? Myunghee demandait confirmation à Jitae.
- Exactement très chère ! Cette collection est influencée par les fleurs. Hana, chérie, peux-tu nous expliquer ce que j'entends par là, s'il te plait ?
La jeune femme se tenait légérement en retrait. Si Jitae ne lui avait pas demandé d'intervenir, je ne l'aurais même pas remarquée.
- Eh bien, Monsieur Jitae a souhaité créer des tenues en rapport avec l'été et ses paysages fleuris. Toutes les créations comportent des fleurs, que ce soit en dentelle, en tissu ou en imprimé, elles donnent un côté rafraîchissant et innocent. L'été est aussi la saison des mariages et des fêtes en plein air, c'est pour cela que trois catégories de robes seront misent en valeur pour cette collection : les robes de soirées, les robes courtes et les robes de mariage.
- Excellent ma chère, je n'aurais pas fait mieux ! Applaudis Jitae.
Hana parut assez fière de la réaction de son maître de stage, elle cacha son sourire en emprisonnant le coin de sa lèvre inférieure entre ses dents. Un geste que j'aurai put aimé d'une autre femme et dans une autre situation. Pourtant, là, je me forçais à ne pas rouler des yeux. Le pire c'est que j'étais bien le seul à trouver cela ennuyeux. Myunghee regardait Hana avec un sourire maternel.
- Jungkook, comment vois-tu le shooting des photos.
Enfin, c'était mon tour d'intervenir. C'était peut-être un peu prétentieux mais je savais que j'étais bon dans mon travail et j'aimais le montrer.
- J'aimerai shooter à l'extérieur cette fois.
- A l'extérieur ? Me demanda Myunghee.
- Oui, je pense que ce serait beaucoup plus naturel qu'un shooting dans nos locaux. La lumière du soleil ira parfaitement avec le thème des fleurs. Je vois bien un style "Aesthetic" dans cette collection.
- Ce n'est pas conventionnel, mais c'est toi le photographe. Déclara-t-elle. Quand penses-tu Jitae ?
- J'aaaadore cette idée.
Et moi j'adorais le fait que Valencia ne me refusait jamais rien. Je voyais déjà les prix que j'allais recevoir pour ces photos.
- Eh bien, je pense que nous pouvons partir sur cette idée. Continua notre chef d'équipe. Sais-tu déjà ce que tu veux comme lieu ?
- Je voudrais voir les modèles avant de me décider. J'ai besoin de savoir quel type de lumière utiliser.
- La collection est encore loin d'être terminée. Me dit Jitae. Mais comme je ne peux jamais rien te refuser, je peux te montrer les quelques robes qui sont déjà prêtes.
- Qu'en penses-tu Jungkook ? Plus tôt nous le savons, plus tôt je pourrais rechercher et réserver les lieux que tu veux.
– 酒 –
Il était quinze heures quand nous sommes tous sortis sur une des terrasses de l'immeuble. Jitae avait pris avec lui toutes les robes qu'il avait terminées jusqu'à présent.
- Comment veux-tu procéder ? Me demanda-t-il.
Cinq robes étaient devant nous, toutes plus magnifiques les unes que les autres et toutes plus différentes les unes que les autres.
- D'abord, il faudrait qu'on regarde les couleurs. Je réfléchissais. Je pense que les modèles les plus colorés seront beaucoup plus en valeur avec la lumière naturelle du soleil. Un peu comme un champ de fleurs.
Cette fois j'étais l'expert, et j'adorais cela. J'adorais les avoir pendus à mes lèvres alors que je leur expliquais ce que j'imaginais.
- Pour les robes comme celle-ci. Dis-je en montrant une robe de soirée digne d'une robe de mariée. Je les vois bien dans un décor luxueux et ancien, un style un peu baroque, les couleurs claires donneront un côté romantique.
Je voyais Myunghee prendre des notes en en hochant la tête, comme pour montrer qu'elle donnait son accord. Hana se tenait à ses côtés prenant elle aussi des notes sur un petit calepin. Un ours se trouvait au bout de son crayon et je me forçais pour ne pas rouler des yeux.
- Certaines robes vont être foncées. M'appris Jitae.
Je réfléchissais une nouvelle fois, les images me venaient en tête comme un tsunami.
- Que penses-tu d'un lieu assez sombre mais avec des végétaux? Demandais-je au couturier.
- Je connais une vieille bibliothèque dans une petite ville en dehors de Busan, je pense que tu aimerais. Me dis Jitae. C'est un lieu avec du bois sombre et des pierres blanches, je pense que ça rentre dans le thème du baroque que tu voulais.
Autant j'avais du mal à supporter le caractère très extravertie de Jitae dans la vraie vie, autant lorsqu'on parlait d'art nous nous entendions à merveille. Et c'est ce qui faisait la réputation de Valencia, deux artistes complètement sur la même longueur d'onde.
- Il faudra voir si nous pouvons rajouter des plantes dans le décor. La touche de vert réchauffera la pièce. Répondis-je en regardant les robes devant moi.
- Tu vois ma chère Hana, ça c'est le travail d'un pro ! Tu ne trouveras pas meilleur photographe de mode que notre petit Jungkook ! S'exclama Jitae.
Mon regard se posa sur la jeune femme, curieux de voir ce qu'elle allait répondre. Pourtant c'est avec les yeux baissés vers le sol que je la vis. Ses mains serrées son petit calepin avec force alors qu'elle répondait un "oui" hésitant.
Je priais pour que Myunghee interprète cela comme de la timidité. Cette situation était assez pénible à vivre comme cela, je n'avais pas besoin qu'elle y mette son grain de sel. Surtout si c'était pour me faire réprimander.
- Je pense que cette robe serait parfaite pour un essayage à la lumière du soleil. Qu'en penses tu Jungkook ?
Je me retournais vers Jitae. Visiblement, il n'avait pas assisté au silence malaisant qu'avait précédé la réponse d'Hana. Il tenait à la main une robe blanche dont le tissu était décoré de plusieurs fleurs. Les couleurs allaient de l'orange au bleu en passant par du rose clair.
- Oui je pense que ce serait pas mal si on shootait ce genre de robe à l'extérieur. Essayons. Dis-je.
- Ok ! Lança Jitae d'un ton enthousiaste. Hana, chérie, peux tu tenir la robe et suivre les instructions de Jungkook pour nous ?
Elle releva la tête, les yeux écarquillés.
- Je ne sais pas si ... Commença-t-elle.
- Oh voyons ma belle, c'est juste pour la tenir le temps que Jungkook teste la lumière, je suis sûre que tu peux le faire. Renchérit Myunghee avec un ton maternel.
En déglutissant, elle s'avança vers la robe que lui tendait Jitae puis, le regard baissé, elle attendit mes instructions.
- Met toi près de cet arbre en pot, face à moi. Je lui indiquais.
Limite à reculons, elle se positionna, mais son regard était encore baissé. Cette situation commençait à m'exaspérer.
Ne voulant pas attirer les regards des autres, je décidais encore une fois de ne rien montrer et de sortir mon téléphone. Je n'avais pas pris mon appareil avec moi, mais mon smartphone dernier cri serait amplement suffisant.
Me mettant un genoux à terre, accroupis, je réglais mon téléphone pour avoir une image nette devant moi.
Il manquait quelque chose. Les rayons du soleil barraient la photo, donnant l'impression que l'image était floue. Avec un léger soupir je me relevais et m'avançais vers Hana. Je mettais mon ressenti de côté, maintenant j'étais le photographe, et attrapait doucement son bras pour la diriger vers un endroit plus ombré.
- Ne me touche pas ! Dit-elle en s'écartant violemment de ma poigne.
J'avais été surpris, beaucoup plus que lorsque cela s'était passé ce matin. Je sentais déjà le regard de Myunghee et Jitae. Ils allaient se méprendre et j'allais être celui qui allait tout prendre.
- Qu'est ce que tu fais bon sang ? On est au travail là, j'ai pas le temps pour tes gamineries, je veux juste que tu te mettes là, à l'ombre.
- Dis-le simplement, je suis assez grande pour me déplacer toute seule. S'écria-t-elle, les joues rouges et les mains serrées contre la robe.
Les deux chignons qui surplombaient sa tête passèrent pile devant mes yeux alors qu'elle se déplaçait là où je lui demandais.
Soufflant d'exaspération, je déplaçais la grande plante derrière elle et m'accroupi en face. Cette fois, l'image était comme je le voulais, je pris ma photo.
- C'est bon, gardons cette idée, l'image me plait. Dis-je à Myunghee d'un ton froid.
Puis je quittais la terrasse.
– 酒 –
L'air frais du balcon m'aidait à apaiser ma colère, mais la cigarette que j'avais directement allumée en passant la porte avait fait la majeure partie du travail. J'étais en colère. Et j'avais besoin de me calmer avant de rentrer dans mon bureau.
J'observais la ville de Busan devant moi, la ville où j'étais né à vrai dire, en essayant d'inspirer profondément pour éradiquer toute la colère que j'avais accumulée.
Ce n'était pas temps de m'être fait remballer par elle qui m'avait gêné, je pouvais respecter de ne pas la toucher si elle ne souhaitait pas. En toute honnêteté, j'en avais aucune envie, j'avais machinalement attrapé son bras comme je l'aurais fait avec n'importe quelle autre personne.
Non, ce qui faisait monter la haine dans mon ventre, c'était le fait que d'autres personnes aient assisté à cela. Je passais pour un mauvais gars, pire, pour un pervers ! J'avais conscience que ma réputation n'était pas aussi blanche que je ne le faisait paraître, mais quand bien même, je n'étais pas un enfoiré ! Tout ce que je faisais avec les femmes était consenti et accepté, je n'aurais jamais osé outrepasser la volonté de quelqu'un.
Les coudes appuyés contre la rambarde, je passais lentement les mains dans mes longs cheveux noirs. Le bout de mes doigts massaient légèrement mon cuir chevelu et je me détendais un peu.
Cependant, l'ouverture fracassante de la porte me fit sursauter. Le coupe soufflé, j'allais me retourner, sûr que Sungwoo se trouvait derrière moi, mort de rire.
Mais non, derrière moi se tenait Myunghee, le visage marqué par la colère et la déception. Je déglutis lorsqu'elle s'avança vers moi, ses yeux crachant des flammes.
J'étais sûr de moi en général. je n'avais pas peur de rentrer en conflit si c'était pour me défendre. Sauf avec Myunghee, elle avait ce côté intimidant quand elle était en colère qui bloquait toutes mes capacités. C'était comme devoir me disputer avec ma mère, dans tous les cas je commençais perdant.
- C'était quoi cette scène toute à l'heure ? Demanda-t-elle. Qu'as-tu encore fait ?
- Rien, je te le jure. Dis-je d'une voix tremblante, les paumes des mains levées devant moi.
- Oh je t'en prie ! Tu ne vas pas me dire qu'elle est dans cet état parce qu'elle en a juste envie. Elle souffla d'exaspération. T'as coucher avec elle ?
Je ne pus retenir le petit rire sarcastique qui avait franchis mes lèvres à la mention d'Hana, du sexe et de moi.
- Pas moyen que je touche une gamine pareille. Commençais-je d'un ton arrogant. Elle est totalement aux antipodes de mon style de femme.
- Désolée j'avais oublié que ton style de fille c'était mon ancienne assistante. Me répondit-elle, les sourcils froncés.
Il avait juste suffi de cette phrase pour qu'une nouvelle fois je sois intimidé devant elle. Le regard baissé, la mâchoire serrée, je me sentais comme un chiot qu'on venait de gronder.
Ne jamais jouer avec Ko Myunghee. Je le savais pourtant.
- Je ne crois pas que tu aies bien compris la dernière fois. Il est capital qu'Hana se sente bien ici. Son école est très réputée aux Etats-Unis et pourrait nous avoir les portes du marché étrangers. Expliqua-t-elle d'un ton autoritaire. Alors que tu l'aimes ou pas, tu me feras le plaisir d'arranger cette situation. C'est clair ?
Je déglutit de nouveau difficilement. Chaque syllabe avait frappé ma tête comme elle aurait pu le faire avec son doigt.
- Oui ... C'est clair. Murmurais-je comme une enfant qui se fait réprimander.
Satisfaite, elle tira légèrement sur le haut son tailleur et se retourna vers la porte laissant sa longue queue de cheval dressée fièrement sur sa tête flotter autour d'elle.
Cette fois j'étais vraiment dans la merde.
– 酒 –
J'avais bien compris que je n'avais pas le choix, c'était à moi de faire le premier pas pour régler cette situation. J'étais le plus mature des deux, il fallait que je le montre.
Au volant de la voiture, je me préparais à mettre en place tout ce que j'avais prévu et répété après ma discussion avec Myunghee. La voiture entra dans le parking souterrain de notre immeuble et lentement je fis glisser ma main vers la manettes qui contrôle les portes du véhicule.
Il fallait que je sois rapide et discret, comme pour piéger un animal sauvage, Hana ne devait se rendre compte de rien. Je garais habilement la voiture dans son emplacement réservé et avant de l'éteindre, j'actionnais la sécurité des portes empêchant Hana d'ouvrir la sienne.
J'avais prévu le coup, je savais qu'à peine la voiture garée elle ouvrirait la portière pour sortir la première.
- Qu'est ce que tu fais ? Me demanda-t-elle, en colère.
- On doit parler. Réponds-je calmement.
- Je n'en ai pas envie, ouvre la portière s'il te plait.
- Non pas tant que tu ne me dis pas ce qu'il se passe.
- Je ne veux pas en parler, maintenant ouvres !
De plus en plus énervé, je me détachais pour pouvoir me tourner complètement vers elle.
- Écoute, je ne veux pas m'énerver contre toi, vraiment. Mais tu dois comprendre que le comportement que tu as eu au travail me met en porte-à-faux. Les gens pensent que je me suis mal comporté avec toi, ils se font des allusions. Et je pense que tu peux comprendre que ça me met mal à l'aise. Lui expliquais-je en essayant de maîtriser le timbre de ma voix. Maintenant, une bonne fois pour toute, dis-moi si tu es dans cet état parce que tu m'as vu torse nu ce matin.
Hana me regardait, ses iris châtains fixaient les miens comme si elle ne comprenait pas.
- What ? Laissait-elle son anglais dire. Tu crois que c'est ça qui me gêne le plus ?
- Ce serait quoi d'autre alors ?
- Tu ne souviens pas de cette nuit ? Demanda-t-elle le regard sur le côté et les joues rouges.
Cette fois, ce fut à moi de prendre un air d'incompréhension. Je ne me souvenais pas de la nuit dernière. Mais si elle l'avait mentionnée c'est que j'avais bel et bien fait quelque chose.
- Je me suis levée pour boire dans la nuit et il y avait du bruit dans ta chambre. Tu gémissais. Je pensais que tu ne te sentais pas bien alors j'ai frappé deux fois, sans que tu me répondes. Les gémissements continuaient alors ... je suis rentrée dans ta chambre.
Les flashbacks de la nuit inondèrent mon cerveau, et je sentais mon visage se décomposer à chaque mot qu'Hana disait.
- Il y avait cette femme et-et sa tête était entre tes jambes et-et ...
Oh seigneur, pourquoi tout ceci m'arrivait à moi. Je me souvenais de tout à présent. Cette magnifique femme et moi étions rentrés, et à peine dans ma chambre elle avait défaits mon patalon et m'avait poussé sur mon lit.
Je me maudissais de penser à ses lèvres sur ma peau et ma virilité contre sa langue, alors qu'il fallait que je règle cette situation.
- Et au bout d'un moment tu as relevé le regard vers moi et tu as dis ....
"Si tu comptes rester planter là, autant que tu l'aides."
Putain, cette fois c'était vraiment ma faute. Enfin pas tellement puisqu'elle était tout de même entrée alors qu'elle n'avait pas le droit.
- Je t'avais dit que ma chambre t'était interdite ! Répondis-je d'une voix forte.
- Excuse-moi mais, c'est tout ce que tu trouves à me dire ? Elle s'exclama. J'essayais juste d'être gentille avec toi alors que tu ne pensais qu'à m'inviter à faire vos trucs dégueulasses.
- Ce ne se serait jamais produit si tu avais respecté cette règle. Grognais-je.
- Tu sais quoi ? Demanda-t-elle subitement. Je n'ai plus envie de te parler. J'ai fait des efforts pour qu'on puisse s'entendre mais tu n'as fait que m'ignorer et être froid avec moi. Je suis juste venue ici pour faire mon stage, rien de plus, je ne suis pas obligée de parler. Dorénavant essayons de s'éviter, ouvre la portière maintenant.
- Très bien faisons comme ça, j'ai pas envie d'avoir une gamine écervelée dans mes pâtes donc ça m'arrange. Pouffais-je. Bonne chance pour les transports en commun !
- J'ai grandi à New-York, je m'en sortirai. Répliqua-t-elle en sortant de la voiture.
Et juste avant de claquer la porte, son regard se figea dans le mien, ses iris beaucoup plus sombres que tout à l'heure.
- Asshole ! M'envoya-t-elle avant de claquer violemment la portière.
Ouaip, cette fois c'était sûr Myunghee allait me tuer.
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