minuit passé,
comme un ado
je fais le mur

pieds nus sur la terrasse,
le reflet de la lune
m'éclaire le chemin

pas de retour en arrière,
on doutera demain
j'ai déjà trop pensé

j'entre dans la forêt,
je compte une quinzaine d'arbres
avant de m'arrêter

à genoux,
là où là terre est comme du sable,
j'ai décidé

de mes mains,
pendant que les grillons hurlent,
je creuse la terre

un trou profond de cinq centimètres
juste devant moi;
je sors le carnet de ma poche

il fait froid maintenant,
mais je termine
je pose le carnet dans le trou

il est dans un sachet fermé
hermétique;
aucun asticot ne le mangera

je crache dessus
le recouvre de terre
et décore de quelques cailloux

de toute façon,
je t'enterre,
mais tu n'es pas morte

quand la pluie aura cessé quand les orages se seront tus quand les nuages auront disparus quand le brouillard se sera dissipé quand le soleil aura brûlé tout ça je te le promets

je reviendrai te voir.