Je me recroquevillais sur moi-même et écoutais les hurlements des personnes se trouvant dans la rue. De la cave dans laquelle j'étais, je pouvais, à travers la lucarne, voir le giclement du sang des passants sur le sol. Il ferait bientôt nuit et l'on pourra voir le soleil rougeâtre se coucher à l'horizon.

Quelques gravats commençaient à tomber non loin de moi, signe qu'il y avait de la violence en haut. J'entendais le bruit sourd de l'acier fendre l'air et le bruit des os des victimes se briser sous la lame. Je ne voyais désormais plus rien à cause de la poussière que les pierres dégageaient à leurs chutes et cela m'horrifiait d'autant plus. Plus le temps passait et moins j'avais l'espoir de sortir vivante d'ici. Combien de temps c'était écoulé depuis que ces monstres avaient envahis notre village ? Je n'en savais rien mais j'étais coincée sous un gros gravats lorsque j'entendis des bruits de pas se diriger en dehors de la ville. 

C'est à ce moment précis que je pris conscience de l'horreur qui nous frappait. Je pleurais désormais à chaude larmes lorsque je repensai à ma famille qui étais sûrement morte à l'heure qu'il est. Je repensai à ma jeune sœur qui avait à peine 8 ans. Pourquoi était-ce moi que l'on avait sauvés et pas elle ? Elle méritait cent fois plus la vie que moi. Regardant le monde avec ses grands yeux bleus, elle avait ce sourire toujours accroché à son visage. Lorsqu'elle entrait dans une pièce, elle apportait du bonheur dans le cœur de chaque personne qui s'y trouvait. Elle ne pouvait mourir. C'était privée la terre d'un ange unique.

Malgré la faible luminosité du matin, je pouvais apercevoir une ombre se dessiner entre les divers gravats. Lorsque j'entendis un soupire humain, je repris espoir et demanda faiblement :

<<-Est ce qu'il y a quelqu'un ? >>

Très vite, je regrettais mes paroles. C'était le même rugissement de bête que j'avais entendu la veille. Entre les divers gravats coulait un liquide un peu translucide qui ressemblait à de la bave. Mes membres étaient paralysés. Je n'avais aucune chance de sortir d'ici, j'étais coincée entre ce mur et cette bête qui n'étais sûrement pas là pour parlementer. Fixant mon regard sur l'emplacement d'où s'écoulait le liquide, je vis quelque chose de plus imposant s'approcher du petit trou. Les pierres volèrent en éclats et je pus distinguer un visage couvert de poil où l'on pouvait voir une lueur ténébreuse parcourir son regard. J'eu à peine le temps de cligner des yeux que déjà son imposante mâchoire était entrain de déchiqueter la chaire de mon épaule. Ma vue se brouillait de larmes. Je ne voyais plus rien. Bizarrement, je ne criais pas. Tout semblait superflu face à la douleur qui m'étais infligée.

Mourir, c'était donc cela ? Je ne savais pas ce que c'était, personne ne peut véritablement le savoir et en parler. Comme si je m'endormais, mes membres se firent plus léger. Je m'endormais simplement pour un repos éternel.