31 - ange gardien

Zayn PDV

Avec Jack, nous fumions une énième cigarette sur un banc d'un des parcs près de chez nous. Nous n'habitons pas très loin l'un de l'autre, c'est pourquoi il m'arrive de le conduire et de le ramener des cours ou inversement. Nous ne sommes pas les meilleurs amis du monde non plus, mais nous nous entendons bien. Je dirais qu'il doit être le seul bon et véritable ami que j'ai, que tout les autres c'est de la foutaise, du bibelot, de l'hypocrisie, une question de popularité, une question de notoriété, de la superficialité, une question d'apparence. Je n'ai pas vraiment d'autres amis que lui, c'est en déprimant, en tout cas dans le cadre scolaire.

Parce qu'en dehors du lycée, en dehors de Jack, j'ai quand même d'autres amis. Mais je me mure de plus en plus dans une solitude grandissante et envahissante depuis que Livy est entrée dans ma vie. C'est fou, parce que cela ne fait que le troisième jour que je la connais mais elle me change déjà. Je ne fais que penser à elle et je n'arrive pas à faire autre chose d'autre. Elle est entrée dans ma boîte crânienne de je-ne-sais-quelle-manière et depuis je n'arrive plus à l'en sortir. Elle est là et je pars couramment ailleurs, dans mes pensées et je lâche littéralement le monde humanoïde.

Mais le plus pire, je dirais dans toute cette histoire n'est pas vraiment le fait qu'elle soit entrée dans mon crâne. Ni même le fait qu'elle ne veuille pas en sortir. Non, le plus pire je dirais c'est que je ne la connais que depuis trois malheureux jours et j'ai l'impression –de plus en plus- de la connaître depuis bien plus longtemps que trois malheureux jours. J'ai presque l'impression que je la connais depuis bien plus longtemps que Sacha, tellement plus longtemps que lui que s'en est indescriptible. Enfin, je n'arrive vraiment pas à mettre de mots sur tout cela. Sur cette « relation » que j'entretiens avec cette... Humaine ou peu importe ce qu'elle pourrait bien être ; elle reste d'une beauté diluvienne. Enfin, si elle était une sirène, je me ferais sûrement la malle parce que je n'ai pas envie de finir noyer et coulant dans les tréfonds de la mer, coulant dans les abysses et me faire bouffer tout cru.

-Zayn ? M'appela soudainement Jack.

Je tourne la tête vers le brun en fronçant les sourcils. Je crois qu'il n'avait jamais prit un ton aussi sérieux, officiel et formel avec moi. Jamais, sinon je m'en souviendrais. Sa voix était devenue plus dure, plus rauque, plus sévère. J'avais presque l'impression qu'on jouait un rôle de « père et fils » et que j'étais le gosse qui avait une énorme bêtise et qu'il était le père qui engueulerait son fils comme de la merde ou en se retenant un peu et en restant raisonnable. Je ne sais pas du tout quel camp il prendra en tant que père, mais c'est clair que je ne le vois pas père de famille d'ici peu. Il est encore... Jeune et il a « toute » la vie devant lui avant de devoir élever un enfant. Puis, même si je suis sûr qu'il fera un père formidable, ce n'est pas pour le moment. Dans 10 ou 20 ans peut-être, mais pas au jour d'aujourd'hui.

-Ouais ? Répondis-je machinalement, comme toujours.

Jack ne m'avait jamais parut si sérieux depuis que je le connais, c'est-à-dire depuis le bac à sable. Même si on se connaît depuis cette époque lointaine et révolue, nous ne nous connaissons pas non plus comme les meilleurs amis du monde, comme doivent sûrement se connaître Sacha et Livy. Et voilà putain ! Elle revient encore dans ma tête ! Je pense une seule seconde à autre chose mais elle revient presque directement à la charge, comme si elle s'était décidée à ne jamais me lâcher, comme si elle et mes pensées s'étaient donné le mot pour me faire chier le plus possible. Je n'arrive vraiment pas à y croire, sérieusement ! Ce n'est pas possible. Ne vais-je donc jamais avoir la paix ? Pas même dans ma tête ? Je secoue légèrement négativement la tête et revient à la « discussion » que Jack avait entamé quelques minutes plut tôt.

-Zayn... Euh... Je ne sais pas vraiment comment aborder le sujet..., commence-t-il. C'est tellement complexe, je veux dire... Non que tu sois trop con pour comprendre mais je ne suis pas sûr de pouvoir te l'expliquer très clairement, enfin, comme il se doit, termina-t-il avec un timbre de voix plus aigüe que d'habitude.

Son timbre de voix me met la puce à l'oreille et je tourne totalement la tête pour encrer mon regard dans le sien. Il y a quelques heures –voire des minutes- j'avais en face de moi un adolescent fumeur qui s'en foutait un peu de tout, qui ne réfléchissait presque jamais avant d'agir et qui s'emporterait sûrement pour un rien. J'avais un adolescent qui faisait son dur à cuir, en cachant les quelques blessures du passé et du présent qu'il avait sur le cœur et qu'il cachait sous une couverture parce qu'il estimait qu'il n'avait pas le temps ni la force de les panser.

Il y a quelques minutes seulement –lorsqu'il avait son prit son air le plus sérieux- j'avais l'impression d'avoir un adulte devant moi. Un bon vieux adulte que la vie à déraciner, pelotonner à gauche et à droite et avait finit par le foutre dans une routine lassante et avait fait enfiler un costume grisonnant et étroit pour un cœur dépendant de liberté. Maintenant, j'avais l'impression d'avoir un petit enfant en face de moi. Un petit enfant perdu au milieu de la foule un jour de fête, qui est apeuré, qui ne sait plus où se trouve ces parents et qui manque de se pisser dessus.

Le contraste que j'ai entre tous ces « Jack » me fout mal et me déstabilise tant que même si je suis assis, j'ai besoin de me retenir. Même si je suis en train de me dévêtir de tout ce qui me pèse et que je libère mes poumons avec de la nicotine, j'ai quand même besoin de prendre appuie. Je manque de m'étouffer avec la bouffée de nicotine que j'avais gardée inconsciemment dans la bouche. Je tousse un peu et lorsque Jack lève la main pour me taper de le dos, je l'en empêche parce qu'en réalité, ça ne fait rien du tout ; même ça empire le cas de la personne qui s'étouffe. L'inquiétude et la peur se lisent sur les traits de son visage et le déforme légèrement.

-Ca va ? Me demande-t-il avec le visage toujours déformé par la peur et l'inquiétude.

J'opine du chef et lui fait signe qu'il peut commencer ces explications concernant la « chose compliquée, enfin plutôt dure à expliquer mais encore facile à comprendre ». Jack commence à se mordre nerveusement la lèvre inférieure et la langue sûrement aussi parce qu'il fait quelques grimaces de douleur. Je devine bien qu'à force de se mordre ainsi, il a un goût d'hémoglobine dans la bouche mais ça n'a aucunement l'air de le déranger –pas le moins du monde même. Je suppose qu'il ne sait pas par où commencer mais comme je ne sais pas ce dont il aimerait me parler, je ne peux l'aider là-dessus. Je crois que lorsqu'il m'avait demandé si j'allais bien, il se posait lui-même la question et cela ne m'étonnerait pas parce que le sujet qu'il aimerait bien aborder à l'air extrêmement sérieux puisqu'il revêtit à nouveau son masque le plus sérieux –encore plus que le précédent, si bien que cela commence sérieusement à me faire peur.

-Tu es sûr que tu veux me le dire ? Tu n'es pas obligé, tu sais ? Si tu n'es pas prêt à me dire cette chose si compliquée et simple en même temps, tu n'es pas obligé. Je saurais attendre que tu me dises en quoi consiste cette chose qui te fout dans un état pareil, s'enquis-je pour tenter de calmer l'atmosphère qui était devenue pesante.

-Oui, j'en suis sûr, parce que je dois le faire. Je ne suis pas censé le faire parce que c'est normalement interdit, mais je dois quand même le faire. Je n'ai pas vraiment le choix de toute manière..., riposta-t-il à ma tentative vaine de le calmer en changeant de sujet.

Je ne vois vraiment où il veut en venir. J'ai presque l'impression de voir de la sueur perlé sur son front. Et sur sa nuque aussi. Il a l'air d'être en nage, en sueur. J'ai presque l'impression qu'il transpire de partout, de tous ces pores tellement que ce sujet à l'air d'être... Sérieux. Trop sérieux, même beaucoup trop sérieux pour lui. Il y-a-t-il vraiment quelque chose grave avec des conséquences et des répercussions énormes, envahissantes, irréversibles à ce point pour qu'il soit ainsi ? Je déglutis difficilement et je commence de mon côté aussi à prendre panique. Cette discussion prend une tournure décisive mais je n'aime pas. Elle ne me convient pas mais au point où nous en sommes il n'y a, malheureusement, pas de retour en arrière.

-Je ne vois ce que tu veux dire, dis-je pour qu'il dise enfin ce qu'il essaye de me dire depuis sûrement une bonne vingtaine ou trentaine de minute.

-Je n'ai pas été mise par hasard dans ta vie. Sinon, pourquoi crois-tu que je serais la personne en qui tu as le plus confiance ? Sinon, pourquoi crois-tu que je serais ton plus proche ami ? Sinon, pourquoi crois-tu que je serais encore là alors qu'hormis ta famille, tout le monde t'a laissé tomber ou reste avec toi parce que ça fait bien de traîner avec Zayn Malik ? Commence-t-il. Non, je n'ai pas été mis par hasard dans ta vie. J'ai mon rôle à jouer dedans et ce depuis le début, depuis ta naissance mais, normalement je ne suis pas censé te le dire, c'est censé rester un secret mais je ne peux pas supporter ça plus longtemps. Puis l'autre con a été le lui dire, alors à mon tour, je suis obligé de le faire, jura-t-il en grognant sur « l'autre con ». En faite, dans ce monde, nous avons tous un rôle que nous devons remplir à la lettre. Puis tu meurs si tu as échoué, ou tu meurs parce que tu as justement trop bien réussit. Enfin bref, là n'est pas la question surtout que la mort ne te regarde pas vraiment étant donné que tu es immortel, continue-t-il en disant plus rapidement que la lumière sa dernière phrase. Revenons au sujet principal, tu veux bien ? Me questionna-t-il sans vouloir de réponse en réalité. Je ne suis pas un humain et je sais que tu ne l'es pas non plus. Je sais très bien que tu es un demi-dieu parce que je suis censé te protéger. Zayn, je suis un ange. Je suis ton ange gardien, s'enquit-il en passant ensuite sa langue sur sa lèvre supérieure. Normalement, les anges ne sont pas censés le dire à leur Dieu, Déesse, Demi-dieu ou Demi-déesse qu'il les protège. C'est censé rester secret, pour que cela ne paraisse pas suspect. Normalement, l'identité des anges est censée est restée secrète, tout comme le fait que nous existons pour protéger le royaume des Dieux et ses habitants peu importe où ils sont ou vont, me confia-t-il. Mais Sacha Firewin a dérogé à la règle et à annoncer à sa déesse qu'il était un ange et non un humain mais en plus qu'il était son ange gardien. Je le sais parce que les anges partagent un lien qui est impossible à expliquer. C'est un peu comme si tous les anges savaient ce qui se passait dans la tête de tous les autres anges. Une sorte de télépathie générale et crois-moi, ce n'est pas génial d'avoir la voix de Sacha qui braille dans sa tête toute la journée, se plaignit-il en faisant la moue. Tu te demandes sûrement qui est la Déesse de Sacha, je me doute ? Je ne voulais pas te dire qu'elle n'était pas une humaine, mais je crois que maintenant, au point où nous sommes il n'y a plus rien à faire. Sacha savait déjà que tu es un demi-dieu parce qu'il est un ange et Livy McDonayh savait que tu es un demi-dieu parce qu'elle est elle-même une déesse et son ange gardien, avoua-t-il en me foutant littéralement sur le cul. Je savais tout cela d'eux avant même que je ne les connaisse, parce qu'entre ange, il n'y a pas de secrets. Tu ne te souviens sûrement pas de la première fois que tu m'as vu malgré ton énorme mémoire, parce que j'ai simplement toujours été là. J'étais même là avant ta naissance alors que je suis quand même être plus jeune, rajouta-t-il en riant un peu. Je sais tout sur tout, tout le temps simplement parce que je suis un ange et que je peux tout me procurer facilement. J'entends tes pensées la plupart du temps, et je ressens à peu près tout ce que tu ressens parce que je suis ton ange gardien. Un lien si fort unit Sacha et Livy, parce qu'ils ont le même lien que nous partageons ; la connaissance des ressentis, de la pensée, des émotions, des sentiments de l'autre jusqu'à même savoir ce qu'il voit et où il se trouve, expliqua-t-il. Zayn, je suis un ange et Sacha l'est aussi. Puis, Livy n'est pas une humaine mais une déesse, répéta-t-il en concluant son monologue.

Jack souffla et commença à haleter sûrement parce que cela avait été dur et éprouvant pour lui de me dire tout cela. Il posa sa sur son cœur –ou l'endroit où il devait normalement. J'essaye tant bien que mal d'emmagasiner toutes les informations que Jack vient de m'apporter sur un plateau d'argent. Je n'arrive vraiment pas à y croire. Je suis littéralement sur le cul, perdu, paumé, à la masse. Je ne sais même plus où me mettre ou ce que c'est d'avoir des pensées qui ne font pas énormément de bruits. Je prends une taffe de ma cigarette parce que là j'en ai vraiment besoin mais je doute qu'une bouffée de nicotine calmera mes pensées, calmera la pression que je ressens, m'apaisera et libérera ma trachée et mes bronches. J'expire une volute blanchâtre et épaisse dans l'air. Putain, je suis vraiment accro à cette connerie !

Je n'arrive toujours pas à réaliser que Jack soit mon ange gardien, que Livy soit une déesse, que Sacha soit l'ange gardien de Livy. Je ne sais pas si j'arriverais à survivre à cette journée.

***

Musique ; Ellie Goulding - Army

NDA ; Ce chapitre fait plus de 2000 mots donc le premier qui me dit qu'il est court ou trop petit, je lui fais manger le sol.

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