30 - planer
Livy PDV
Avec Sacha, nous sommes assit sur un banc à fumer un joint de cannabis, en dehors du lycée. Nous sommes passés par l'infirmerie pour faire croire que nous étions tous les deux malade et nous nous sommes échappés. Nous faisons –en quelque sorte- l'école buissonnière et c'est franchement excitant au point que je me suis laissée tenter par le joint que mon meilleur ami s'était allumé et dont il avait déjà prit deux taffes avant de me le tendre pour que j'y goûte à mon tour. Je crois bien que je suis littéralement entrain de planer. Je me sens légère et ma vue tourne un peu. Il y a quelques tâches de différentes couleurs qui viennent parsemer ma vue et je sens la terre tournée.
Sacha est sûrement complètement défoncé et je doute que je sois dans un meilleur état que lui. Je me demande encore pourquoi est-ce que je l'ai suivie. C'est vrai, pourquoi ? Parce que c'est mon meilleur ami ou parce que je n'avais pas envie de risquer de voir Zayn Malik alors que je lui ai révélé que je savais qu'il était un demi-dieu ? Je ne sais pas si la solution est la première alternative ou la seconde, mais pour le moment, je m'en fous un peu parce que ce n'est pas vraiment cela qui compte. Non, ce qui compte c'est que je sois avec mon meilleur ami –avec qui je me suis réconciliée- et que nous planons avec du cannabis quelque part en ville.
-C'est drôle, hein, le chant des oiseaux..., commente Sacha complètement défoncé en tirant une nouvelle taffe de son joint.
Je tourne doucement la tête vers lui parce que comme j'ai déjà la tête qui tourne se serait vraiment ma vaine de complexifier mon cas. Je le regarde en levant les sourcils. Je ne vois pas où il veut en venir. Tout compte, il est plus défoncé que moi. Beaucoup plus défoncé même. Je le regarde bizarrement puisqu'il tourne la tête vers moi et lève aussi les sourcils. Je détourne le regard alors qu'il allait ouvrir la bouche. Il a vraiment prit des mauvaises habitudes depuis qu'il est arrivé à Bradford et je devrais sûrement essayer de le faire sortir de ces « habitudes » mais je crois que pour le moment, j'ai besoin moi aussi de sombrer un peu avant de me relever et de le prendre avec moi.
-Ben oui que c'est drôle ! S'écrie-t-il en riant comme un mongole. C'est drôle parce qu'ils ont tous des chants différents. Ils se font la guerre pour des conneries, pour des simples grains. En soit le chant des oiseaux, c'est comme les humains, ça essaye de faire le plus fort possible mais en réalité ça n'a rien dans le « pantalon », explique-t-il en mimant les guillemets avec ces doigts.
Je rigole à sa comparaison entre des oiseaux, le chant de ceux-ci, les humains et la détermination des humains à montrer qui en a le plus dans le pantalon –comme le dit l'expression. Elle est étonnement drôle et surtout dans l'ordre de l'absurde. Mais je dois avouer que je n'ai même pas suivie la moitié du cheminement de sa pensée et que je n'en ai même pas compris les trois quarts mais je n'arrive pas à m'empêcher de trouver cela drôle. Sûrement l'effet du cannabis sur moi. Heureusement que nous ne sommes pas allés en cours ainsi, sinon ça aurait fait un carnage.
-Je me demandais..., reprit Sacha, me coupant encore une fois de mes pensées et qui est vraiment bavard lorsqu'il est défoncé. Zayn est vraiment un demi-dieu ou tu as dis cela comme ça, toute à l'heure ? S'enquiert-il en me coupant le souffle.
C'était la question que je redoutais le plus. J'ai vraiment merdé sur le coup, parce que maintenant Sacha me pose la question mais je suis sûre que Zayn doit se la poser aussi. Il doit sûrement se demander comment est-ce que je pourrais être au courant d'une telle chose. Si je dis la vérité à Sacha, il va me regarder d'un mauvais œil et pour repartir sur des bonnes bases ce n'est pas vraiment l'idéal. Mais si je lui mens, je détruis d'avance notre amitié. Je ne sais pas ce que je pourrais faire. Je suis complètement perdue, franchement, je ne sais pas ce que je pourrais répondre à mon meilleur ami.
-Zayn... Zayn est..., commençais-je, hésitante comme jamais.
-Un demi-dieu ? Me coupe Sacha.
-Oui, Zayn est un demi-dieu, finissais-je par avouer. Mais ça n'a pas vraiment d'importance en soit, me défendis-je le plus que je le pouvais.
Sacha tira une nouvelle latte de son joint en me regardant fixement puis me tendit le cylindre pour que je puisse prendre une taffe à mon tour. Je le pris entre mes doigts de ma dextre et le tournait sur lui-même pour l'examiner sous toutes les coutures. J'avais toujours le regard de mon meilleur ami posé sur moi tandis que j'apportais enfin le cylindre à mes lèvres pour en tirer une taffe. Je le lui tendis et il le repris en tirant presque directement à nouveau dessus. Il est beaucoup plus dépendant que moi et cela se voit. Le cylindre est presque entièrement consumé mais je crois que mon meilleur ami voudra le fumer entièrement avant de l'écraser sur le sol.
-Il est quoi pour toi ? Demanda soudainement Sacha.
J'étais prise au dépourvue, ne sachant pas non plus où il voulait en venir exactement. Qu'était-il pour moi ? Mais qui déjà ? Je suppose qu'il parle du métis mais je n'en ai aucune certitude. Face à mon absence de réponse, il tourne la tête et je vois bien dans ses prunelles qu'il parlait bien de l'anglo-pakistanais. Alors si on continue sur la lancée d'une discussion tournant autour de ce demi-dieu tellement narcissique qu'il se prend pour plus qu'il ne l'est, qui se prend pour plus qu'un dieu. Qui il était pour moi ? Dans quel sens, déjà ? Parce que je ne vois vraiment où il veut en venir exactement. Il y a tellement de possibilités que toutes les énumérées prendraient toute la journée au moins.
-Dans quel sens ? Questionnais-je dans l'espoir d'une réponse qui ne soit pas celle que je redoute ; c'est-à-dire au niveau du sang des Dieux, mais aussi à mes yeux.
-A tes yeux et aux yeux des Dieux, répondit-il, le visage neutre et la voix maussade.
Il me demande de lui expliquer ce que je redoutais. « Ça tombe bien, tiens ! » ironise ma conscience de merde. J'aimerais bien la baffer celle-là. Je me mords la lèvre inférieure alors que le cannabis que j'ai dans le corps me fait planer encore plus. Je sais que je vais être franche parce que je n'ai pas la force de réfléchir pour inventer quelque chose contournant la vérité ou pour tisser un mensonge. De toute manière, la drogue que j'ai dans l'organisme me fera sûrement oublier ce que j'aurais répondu à Sacha. Autant mieux dire toute la vérité, je crois.
-Aux yeux des Dieux..., commençais-je doucement en réfléchissant quand même aux mots que je vais employer. Aux yeux des Dieux, nous sommes deux ennemis. Nous faisons parties de deux familles rivales depuis toujours, surtout depuis que le père –qui est un Dieu- de Zayn est allé voir si ma mère pouvait satisfaire ses envies. Cet acte à ébranler tout le royaume des Dieux. Ma mère a du choisir entre mon père et le père de Zayn, elle a choisit le mien bien évidemment. Le père de Zayn et mes parents ont été, cependant, expulsés du royaume pour ne pas le mettre encore plus en danger. Voilà un peu toute l'histoire. Donc jamais je n'aurais le droit de m'entendre avec ce métis, jamais. Alors, en ce qui concerne le fait de tomber amoureuse de lui, je n'ai clairement pas intérêt à ce que cela arrive. Voilà aussi pourquoi je suis sûrement la seule fille de ce monde à savoir lui résister, expliquais-je.
-Et à tes yeux, il est quoi ? Demanda-t-il.
-A mes yeux..., entamais-je mon explication en réfléchissant toujours à ce que je vais dire. À mes yeux, il n'est rien... Enfin, je n'en sais trop rien. Je ne sais pas ce qu'il est à mes yeux, avouais-je en réprimant une grimace.
Je me demande comment je fais pour avoir encore des pensées cohérentes alors que je suis complètement défoncée. Puis, Sacha c'est encore pire. Est-ce vraiment vrai que la drogue fait réfléchir les gens sur le sens de la vie, sur la politique, sur ce qui les dérange alors ? Je croyais que c'était une sorte de blague, mais apparemment c'est vrai. Je crois que la drogue, c'est comme la fatigue, tu dis ce que tu penses et tu poses les questions qui te traversent l'esprit parce que tu es tellement ailleurs, tellement fatigué ou défoncé que tu t'en fous un peu tout et que tu ne prends pas quarante heures à prendre les mots avec des pincettes.
-Livy ? S'enquiert Sacha à nouveau.
« Il veut vraiment faire la conversation aujourd'hui celui-là » raille ma conscience de merde. Je me tape le coin supérieur gauche de ma tête pour la faire taire en espérant pour que cela fonctionne. Même sous l'emprise de la drogue, cette conne ne va pas me laisser tranquille ? C'est bien ma vaine d'avoir une conscience aussi endurante, chiante, mégère et envahissante.
-Oui ? Répondis-je en levant les yeux pour regarder le ciel bleu presque sans nuages.
-Savais-tu que je ne suis pas un humain ? Demanda-t-il assez brusquement.
Je manque de m'étouffer avec ma salive. Quoi ? Je crois que j'ai raté bien plus qu'un épisode de ma propre vie, ce n'est pas possible autrement. Je passe ma main dans mes cheveux alors que mes pensées s'affolent dans ma boîte crânienne, que ma gorge s'assèche, que je ne trouve rien à dire à voix haute et que mon visage reste neutre.
-Je suis un Ange. Mais n'importe quel ange non plus. Je suis ton ange gardien, expliqua-t-il. Zayn en a aussi un, c'est Jack Powered, renchérit-il. Je savais déjà que ce métis à la con était un demi-dieu avant même que tu ne le dises. Sinon, comment veux-tu que je sache qu'il ait un ange gardien et qu'en plus c'est cette enflure de Jack ? Je te préviens, méfie-toi de tous les « Jack » que tu peux croiser ici, ce sont tous des connards de première, me mit-il en garde.
Je suis totalement perdue. Je suis complètement défoncée et j'apprends que mon meilleur ami est un ange –qui de plus est mon ange gardien-, qu'il savait déjà que Zayn Malik était un demi-dieu et il sait aussi que l'ange gardien de celui-ci se prénomme Jack Powered. Vu comment il me parle de ce Jack, ça ne m'étonnerait pas qu'ils aient déjà fait connaissance ces deux là.
***
Musique ; Stand By You - Rachel Platten
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