21 - cauchemar
Livy PDV
Mon cœur bat rapidement dans ma poitrine. Je n'arrive pas à le calmer. Je le sens prêt à se casser de ma cage thoracique en me perforant le corps. Je sens qu'il est sur le point de me lâcher d'une manière ou d'une autre. Je sens que je ne vais pas vivre encore longtemps ainsi. Je ferme les yeux mais rien n'y change, il fait quand même totalement sombre tout autour de moi. Je ne comprends plus rien à ce qui m'arrive au point que je n'arrive même pas à avoir une pensée normale et cohérente. Je n'arrive plus à respirer, me trachée se renferme sur elle-même. Mon cœur n'arrête pas de battre de plus en plus vite et je me demande s'il ne finira pas par exploser parce qu'il aura atteint sa limite.
Je pousse un cri strident lorsque je sens quelque chose de glacial se glisser près de ma gorge. Je sens que je chute ensuite et j'atterris sur une masse dur et inconfortable. Je rouvre les yeux et me rend compte que je suis en train d'haleter sur le sol de ma chambre, juste à droite de mon lit avec une partie seulement de la couverture qui m'a suivie et tout en sueur. Je pourrais carrément nager dans ma transpiration tellement que je suis en sueur. Je prends un peu plus de temps pour reprendre mes esprits et réaliser que l'obscurité totale dans laquelle j'étais précédemment et la sensation glaciale sur ma gorge n'était autre qu'un cauchemar dont je venais d'en ressortir.
Mon cœur bat encore la chamade dans ma poitrine mais c'est moins fort que dans mon cauchemar. La dernière scène repasse en boucle dans ma tête alors que j'en halète encore. Je perçois un murmure dedans, tandis que j'ai l'impression que la sensation glaciale est de retour. Je pose ma main sur ma gorge, et je me rends compte que je la mets de manière à la presser et étouffer quelqu'un si je le voulais –moi en l'occurrence. Je retire immédiatement ma main tandis que le murmure de mon cauchemar devient encore plus perceptible alors que normalement, j'aurais dû l'oublier.
C'est la voix de Sacha dans mon cauchemar. J'arrive maintenant à distinguer son timbre de voix très particulier parce que même s'il est mélodieux à écouter, il a une voix un peu « déraillé » comme si elle avait été cassée. Je l'ai déjà entendu enrhumer et c'est encore pire au niveau du déraillement et du cassement. Sauf que je ne distingue pas encore ce qu'il me dit dans mon cauchemar mais j'en ai déjà des frissons. Sa voix se fait de plus en plus forte dans ma boîte crânienne et j'ai presque l'impression qu'il me murmure ses mots dans le creux de mon oreille. Et maintenant, je les comprends enfin, je sais ce qu'il me disait dans mon cauchemar ; « Livy, va te faire foutre, royalement. En attendant, je vais te faire atteindre la mort suprême avec cette lame sur ta gorge ».
Je manque de m'étouffer avec ma salive tandis que quelqu'un arrive rapidement dans ma chambre, oubliant même de toquer avant de faire son entrée. Je n'avais pas réalisé que tout ce qui venait se passer depuis mon réveil soudain, ne s'était pas passé lentement comme je le croyais, mais très rapidement. J'ai sûrement vécu la situation au ralenti, comme les humains peuvent parfois le sentir après un cauchemar alors que cela arrive constamment aux Dieux et Déesses. Barbara me regarde avec attention, ses cheveux bruns tressés placé sur le côté droit de son visage et dont quelques mèches rebelles en sortent d'un peu partout. Elle a l'air terriblement fatiguée et ne dit toujours rien. Je dois être véritablement pathétique à voir.
-Tu peux retourner te coucher, lui assurais-je lorsque je recouvris ma voix.
Barbara ne semble pas convaincue et pénètre totalement dans la chambre alors qu'elle en avait passé uniquement que la tête et le buste. Elle referme la porte derrière elle, doucement en faisant quelques grimaces à cause du grincement de celle-ci. Elle se rapproche ensuite de moi à petit pas et s'abaisse, se mettant à ma hauteur tandis que je suis toujours le cul sur le sol. Je le regarde droit dans les yeux, mais j'ai honte. J'ai honte de l'avoir réveiller ou d'avoir réduit au moins un minimum sa nuit de sommeil alors qu'elle n'en avait clairement pas besoin après tout ce qu'elle donne pour sa famille et même pour moi alors que je ne suis pas sa fille aux yeux de la loi.
-Qu'est-ce qui ne va pas Livy ? Tu n'avais jamais fais de cauchemar auparavant, ou alors tu te réveillais en silence et n'en parlait pas... Tu sais, tu peux tout me dire..., demande-t-elle, l'inquiétude se lisant sur son visage.
Je ne sais pas comment cela s'est-il passé –je n'en ai pas la moindre idée- mais je me retrouve quelques secondes plus tard dans ses bras avec des lacrymales qui perlent aux coins de mes yeux et qui ne se gênent pas de rouler sur mes joues et d'atterrir dans le coup de celle que je considère comme ma mère d'adoption. Barbara se crispe en premier lieu mais donne une emprise sur moi ensuite, me soutenant alors que tout mon corps tremble sous les pleurs.
-Chut, ma chérie, ce n'est rien..., murmure-t-elle dans mon coup.
-Je suis si désolée..., dis-je la voix tremblante.
-Pourquoi donc ? Tu n'as aucunement raison d'être désoler. C'est humain et puis, si tu as besoin d'aide, tu as bien le droit de demander de l'aide, rétorqua-t-elle intimement convaincue que ses paroles sont justes et vraies.
J'ai vraiment envie de croire Barbara. J'ai envie de croire que si je suis mal, je peux demander de l'aide. Mais même si j'essaye le plus que je le peux, je n'arrive pas. Je n'arrive pas à me convaincre que cette phrase puisse me correspondre, puisse aussi « parler » de moi. Je ne sais pas vraiment quoi ajouter à ses paroles parce que je n'en trouve rien à redire, hormis le fait que je ne suis pas sûre que cela puisse convenir à ma personne, que je sois aussi comprise dedans. Si je lui en fais part, elle va m'engueuler et me faire la morale pendant je ne sais combien de temps et je ne sais clairement pas comment je pourrais faire pour améliorer cela, pour bifurquer sur un tout autre sujet qui me posera moins de problèmes.
-Sacha..., chuchotais-je soudainement.
-C'est lui la cause de ton cauchemar ma chérie ? S'enquiert Barbara comme si elle lisait dans mes pensées.
-Oui... Ces mots de toute à l'heure m'ont fait vraiment mal, expliquais-je tant bien que mal entre deux sanglots.
-Que t'a-t-il dit exactement pour que je puisse t'aider comme il se doit ? Questionna-t-elle.
-Il m'a traité de coincé, d'asociale et que je ferais mieux de changer si je ne veux pas finir... Finir mal. Il m'a traité aussi de bonne sœur. Il m'a dit qu'il en avait marre de moi, que je ferais mieux de traîner avec un autre gars de l'école –Zayn Malik- et... Et que... Je devais le lâcher... parce qu'il n'avait pas besoin de vivre et que... Que malheureusement... Ce n'était pas réciproque, répondis-je alors que les derniers mots furent les plus durs à déblatérer.
-Tu sais quoi Livy ? Tu n'as pas besoin de Sacha pour vivre. Il l'a dit lui-même en plus. Tu es une très belle jeune femme et tu as des qualités inouïes, commença-t-elle en faisant sûrement référence à mes pouvoirs de Déesse. Alors tu vas prouver à Sacha, à partir de maintenant, que tu n'est pas une asociale, que tu es forte, que tu n'es pas une coincée, que tu es bien dans ta peau et surtout, que tu en vaux largement la peine au point qu'il se demande pourquoi il a merdé de cette façon, au point qu'il se demande s'il n'aurait pas raté la chance de sa vie de pouvoir parler avec la meilleure et la plus belle personne qu'il rencontrera dans sa vie. Livy, il ne sait pas tout ce qu'il perd en te perdant. Il ne le sait pas et laisse-lui le temps de se rendre compte de l'erreur qu'il fait et tu verras qu'il retournera vers toi en te suppliant avec des yeux de merlans frits, continua-t-elle sur sa lancée. Puis, lorsqu'il retournera vers toi, donne-toi le temps d'accepter tout cela. Fait-le tourner un peu en bourrique et ne lui pardonne surtout pas immédiatement pour qu'il comprenne bien qu'il n'a surtout pas intérêt à recommencer deux fois. Tu en vaux vraiment la peine ma chérie, vraiment, je te le jure, conclu-t-elle.
-Mais il m'avait fait la promesse, en cours de géographie, de ne jamais me laisser tomber..., s'enquis-je maladroitement.
-C'est une raison de plus pour le faire tourner en bourrique et lui faire comprendre que tu n'as besoin de lui pour vivre. C'est une raison de plus pour lui prouver que ces mots t'ont blessés et qu'il n'est qu'un con de t'avoir parlé ainsi. Prouve-lui que c'est toi la plus forte, Livy et emploie toutes les cartes possibles pour y parvenir et tant pis si tu gaffes, la victoire est plus savoureuse lorsque tu as touché le sol, s'empressa de renchérir Barbara.
La maman de Sacha est définitivement la femme qui réussit le mieux à consoler les gens. Je comprends pourquoi elle est psychologue ainsi que psychiatre dans un cabinet personnel et que de temps à autre, elle se rend dans les prisons ou les hôpitaux psychiatriques. Elle est vraiment la meilleure amie que l'on puisse avoir, même si ce n'est pas biologiquement.
J'ai le moral gonflé à bloc maintenant. Je vais pouvoir enfin faire mes preuves, au lieu de m'effacer.
***
Musique ; Sia - Big Girls Cry
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