14 - petit mot

Livy PDV

Je ne comprendrais sûrement jamais cet homme. Il est complètement hors d'atteinte, complètement opposé à tout ce que j'ai toujours connu, complètement ce que j'ai toujours détesté. Pourtant, malgré tout, Zayn m'attire. Il n'est pas ce que je cherche chez quelqu'un, mais je ne peux m'empêcher d'être attirer par lui, comme pour deux aimants. Je doute que la comparaison soit complètement juste puisqu'on est censé être d'exacts opposés alors que certaines de nos valeurs sont similaires. Il est un demi-dieu et je suis une déesse, nous partageons une origine commune mais nous ne sommes pas pour autant cousins et cousines, et encore moins frères et sœurs.

Je détourne le regard alors que nos yeux s'étaient croisés. J'en avais des frissons qui m'ont parcourus toute l'échine et pour une fois, ce n'était pas vraiment désagréable. Il n'a sûrement rien écouté au cours et a dû fouiller dans l'esprit, dans la mémoire de la professeure de géographie pour savoir ce qu'il devait répondre et donc connaître la question. J'ai vu qu'il avait utilisé son pouvoir. Il y avait un long fil d'un mélange de bleu et de rose qui allait des yeux de l'anglo-pakistanais jusqu'aux yeux de la professeure.

Ce long filament ou deux couleurs se mélangent, s'entrechoquent montrent que la connexion est établie qu'il peut fouiller dans l'esprit et la mémoire de la jeune femme comme à son envie. Je ne peux pas cautionner une telle chose, même si je dois avouer que j'aurais fais la même chose. Enfin, non, je n'aurais pas fais la même chose sinon Zayn aurait vu que j'utilisais mes pouvoirs. Si je peux très bien voir quand les pouvoirs d'un demi-dieu, d'une demi-déesse, d'un dieu ou d'une déesse sont utilisés et sur quoi, c'est de même pour tous les échelons. Je ne me risquerais pas de me faire griller ma « couverture » pour une question à la con sans intérêt par rapport à la canopée.

Zayn ne doit absolument jamais découvrir qui je suis réellement. J'ai changé mon nom de famille pour que personne ne se doute de rien dans le monde des humains, parce qu'il faut l'avouer, toutes les personnes habitants le royaume des Dieux aiment faire des descentes dans le monde des humains ; notamment pour draguer mais aussi pour améliorer les choses, pour rendre quelqu'un de déprimé triste.

Par exemple, un jour, alors que j'étais encore en France, j'ai croisé un ange qui était descendu du ciel pour faire un petit tour et quand il a croisé le regard d'une adolescente qui souriait de plus belle mais dont la vie lui faisait énormément de coups de putes, il lui a sourit et a changé –ainsi- sa vie du tout au tout. Maintenant, elle est l'une des femmes les plus heureuses de la Terre, à ce que je sais encore d'elle ; aux dernières nouvelles. Le sourire d'un ange change tout une vie, surtout quand celui-ci décide à ce qu'elle soit meilleure et c'est magnifique de voir un ange en pleine action. Il y a des plumes qui volent partout, des jets de lumières. Sauf qu'il n'y a que ceux qui viennent du royaume des Dieux, ou qui ont un lien de parenté qui peuvent voir cela ; donc Zayn et moi.

Je reçois un morceau de papier sur mon bureau et je tourne la tête directement vers mon meilleur ami qui me sourit chaleureusement. Il n'est clairement pas décidé de laisser l'anglo-pakistanais s'approcher de moi et cela se voit dans le tréfonds de son regard. Il faut absolument que j'évite d'essayer de lire dans ses pensées, sinon je vais me faire avoir par le demi-dieu le plus narcissique que l'histoire des Dieux ait pu connaître. Je prends le petit bout de papier chiffonné et l'ouvre pour lire ce qui est inscrit d'une écriture rapide, masculine, belle et bâclée quand même.

« Je te le promets, Livy, je ne te laisserais jamais tomber. Et encore moins si c'est pour que tu finisses dans les bras cet imbécile d'anglo-pakistanais qui pète plus haut que son cul et qui se prend pour un Dieu !
-Sacha ».

Je relis plusieurs fois le papier, puis tourne la tête vers mon meilleur ami. Il me sourit de plus belle et je dois avouer qu'il est encore plus adorable ainsi. Il a du recevoir un jour, sûrement à sa naissance, le baiser d'un ange ou d'une fée pour être aussi beau et aussi attachant. Il garde ses valeurs alors qu'il a déjà tout pour lui, les pieds sur terre et de temps à autre, la tête dans l'interstellaire. Je lui souris en retour. Si seulement il pouvait savoir à quel point il a raison. Zayn se prend bien pour un dieu alors qu'il n'est qu'un demi-dieu. Nous sommes tellement différentes. Je suis une déesse mais je me prends pour une humaine, et c'est sûrement mieux ainsi.

Puis, tant que je suis loin de lui, je ne crains rien. Même, je suis littéralement sauvée. Un jour, il saura sûrement qu'il a partagé ma vie et qu'il a voulu me faire la cours mais ce sera trop tard, je me serais déjà volatilisée. Enfin, je l'espère parce que je ne suis pas sûre qu'avec un demi-dieu comme lui, un secret comme celui que je porte serait bien garder. C'est fou comme il ne se doute de rien concernant le fait que je ne suis pas une humaine. Il me prend pour une, et tant mieux aussi, mais il devrait quand même réaliser certaines choses. Il rame comme une merde et cela me fait rire intérieurement, parce que pour une fois « monsieur le demi-dieu qui se prend pour un Dieu » ne sait rien de rien et se retrouve comme un con dans une zone sombre et inconnue.

Tandis que j'allais répondre à Sacha, je vois que le petit bout de papier qu'il avait signé et qui se retrouvait sur mon bureau a disparut. J'ai un moment de stress intense jusqu'à ce que je relève la tête et vois que c'est la professeure de géographie qui a le mot dans ses mains et qui est, justement, en train de le lire. Je me mords la lèvre inférieure jusqu'au sang alors que la personne représentant le corps éducatif de cette classe pour ce cours-ci secoue légèrement négativement la tête ; sûrement désespéré de la puérilité que peuvent avoir certains élèves et la vérité qui s'émerge de ces petits mots.

-Et bien, monsieur Firewin, vous me ferez le plaisir de copier ce mot cent-vingt fois pour demain, pas vrai ? D'ailleurs, vous ferez des excuses à monsieur Malik, en personne, à la fin du cours juste devant moi, pour la peine, s'exclama-t-elle après avoir raclé sa gorge. « Je te le promets, Livy, je ne te laisserais jamais tomber. Et encore moins si c'est pour que tu finisses dans les bras cet imbécile d'anglo-pakistanais qui pète plus haut que son cul et qui se prend pour un Dieu ! », cite-t-elle pour en rajouter encore une couche. Quelle belle preuve d'amour ou d'amitié envers Livy, que c'est touchant, ironise-t-elle. En attendant vous me copierez ça, mais, pas à mon cours ! Conclu-t-elle enfin.

Sacha change de couleur et devient aussi blanc qu'un linge. Il n'a vraiment pas l'habitude de se faire sermonner, tout comme moi. Il a du mal à se faire à cette idée, cela se voit sur son visage. Il bafouille quelques justifications mais madame Jale ne veut strictement rien entendre. Zayn, en attendant, à un sourire qui s'étend jusqu'aux oreilles, heureux que pour une fois ce soit Sacha et non lui qui se fasse engueuler. Puis, il a va sûrement savourer le plaisir immense qu'il ressentira quand mon meilleur ami lui fera ses « excuses » ; ce sera sûrement sans grande conviction qu'il le fera.

Je fais un sourire peiné à Sacha mais il renferme sur lui-même. Il croise les bras sous sa poitrine et se laisse glisser sur sa chaise, s'affalant dessus comme une baleine sur la plage. Il contracte la mâchoire et jette rapidement un regard noir à l'anglo-pakistanais qui a toujours son sourire jusqu'aux oreilles. Il n'a pas encore gagné la guerre non plus, mais il a réussit une partie de la bataille. Je ne sais pas qui a l'avantage entre les deux, mais ils se renvoient souvent la balle comme ça –comme lors d'un match de tennis- et je ne connais pas les scores mais ils ont l'air serré.

Je fais un sourire peiné à mon meilleur ami mais il m'ignore ouvertement tandis que madame Jale inscrit dans son journal de classe la punition –qui date des Romains et qui est largement dépassé, soit dit en passant- mais qui reste tout de même encore efficace à ce que je peux constater vis-à-vis de mon meilleur ami qui rumine sa colère en lui, tout seul, dans son coin. Je lève les yeux au ciel devant les deux attitudes totalement puéril des deux jeunes hommes –mon meilleur ami et l'ennemi de celui-ci. Je vois la professeure déposer le bout de papier sur le bureau de Sacha qui la regarde avec un air noir et blessant. Madame Jale déguerpit assez rapidement, faisant claquer ses talons sur le sol et déhancher son cul bien serré dans sa jupe de tailleur. Je crois que cette journée s'annonce rocambolesque.

Si je suis dans ce monde, c'est bien pour quelque chose. Si je suis ici, c'est que j'ai une mission bien précise à y accomplir. C'est ce que je m'obstine à croire du mieux que je le peux depuis ma naissance.

***

Musique ; Ashes Remain - Here For A Reason

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