Segment 27 : Mardi 2 août



Ce matin, mardi 2 août, 8h heure locale, 17h heure de Paris, appel d'urgence, police de San Francisco. Un appel pour le commandant Franck Appleton. Il n'est pas encore arrivé : un boss, c'est rarement là avant 9h. "Qu'à cela ne tienne : débrouillez-vous pour qu'il rappelle ce même numéro dans les plus brefs délais... ou plutôt qu'il rapplique en vitesse, Carmel Castle, il connaît... de la part d'Hector Vacherin... il comprendra".

Une demi heure plus tard, Franck est là. Hector l'accueille sur le perron. Ils traversent la salle à manger luxueuse, le salon somptueux, le boudoir cosy, et ils arrivent devant la porte dérobée.


Quand ils entrent, je suis encore assoupi dans le lit de Stacy : sous-vêtements de soie, slip ultra slim, jambières au-dessus des chaussettes, malgré mon âge !

Ils me réveillent à grands coups d'eau glacée. De la veille, j'ai seulement le souvenir du déjeuner. Dylan, Hector, Stacy de Valera... nous mangeons, avec Francine dans sa tablette, posée face à nous. Et puis, au moment du café, juste avant l'arrivée du notaire, une féroce envie de dormir.

Pas de doute, ils m'ont collé un somnifère dans le Champagne. D'ailleurs, ma bouche est encore pâteuse. De l'après-midi, de la soirée, de la nuit, pas le moindre souvenir.

Un trou noir, béant.


Me voilà dans de sales draps, avec le cadavre de Stacy de Valera qui se balance au-dessus de moi, suspendue par une jambe à une poutre du plafond. Sa robe de chambre, retournée, la découvre : soutien gorge à balconnets, bas résille et porte-jarretelles. La nuit lui a été fatale. Certaines gymnastiques ne sont plus de son âge...

La mort a rendu toutes ses rides, avec des bourrelets, au pantin désarticulé qui git tête en bas, mâchoires ouvertes, dentier à terre, à côté de ses talons pointus.


"I see" dit Franck. "Un accident, treuil défectueux" reprend Hector. "Sure" fait Frank. "Ben tiens ! " ajoute Hector, en montrant le panneau de commandes dont les plombs ont fondu. "Nevertheless...", fait Franck en me désignant du menton. Hector approuve : "Evidemment..."

Franck m'explique : je suis déjà en liberté conditionnelle. Sans caution, il va devoir m'incarcérer, et comme j'ai pas un rond... Je suis suspecté de meurtre, quand même. Et pas n'importe qui : Stacy de Valera !

Pour une fois que je n'y suis pour rien !


Pendant que la police scientifique fait son travail, avec le médecin légiste et les employés de la morgue qui s'affairent, Franck a pris Hector à part dans le salon Cosy, où Dylan les a rejoints, après avoir passé la nuit au motel. Chubby, tout sautillant, se frotte contre lui. Hector fait les présentations : "Dylan, son petit-fils, désormais légataire universel".

Et puis il me désigne, avec mes poignets entravés par des menottes : "Tu vas pouvoir essayer de prendre sa déposition"...


Dylan, installé à l'écart, relance son KAAD. Francine réapparaît pimpante, comme toujours.

Ils demeurent face à face, en silence, quelques longues minutes.

Francine tente de tousser, d'attirer son attention, d'entamer une conversation.

Dylan demeure silencieux.

Chubby saute sur ses genoux.

Quand il aperçoit Francine sur l'écran, il montre les dents, son poil se hérisse, il gronde, prêt à mordre.

Soudain, Patapouf à son tour apparaît à l'écran. Les deux bêtes, babines retroussées, aboient frénétiquement et se ruent l'une contre l'autre. Si elles avaient été dans la même pièce, il y aurait eu un carnage.

Dylan avance l'index.

– Non, pas ça ! hurle Francine.

– Ben tiens, j'vais m'gêner, répond Dylan en appuyant sur KILL.


Il confirme trois fois, et Francine Dupontet, dans l'indifférence générale, rejoint enfin Stacy de Valera.


KILL KILL KILL.



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