Chapitre deux
"-Où est encore passé cet abruti?!!"
Chuuya recoiffa d'une main sa tignasse rousse tout en regardant autour de lui, l'air passablement énervé. Il avait rendez-vous à 14h30, et l'horloge sur le bâtiment au-dessus de lui indiquait 14h54. Dazai avait plus de vingt minutes de retard.
En réalité, le jeune garçon était très tolérant sur les retards, étant lui-même un spécialiste. Mais voilà, le retardataire en question était son partenaire. Et tout ce que faisait Dazai était insupportable, stupide et égoïste. D'ailleurs, il faisait certainement exprès de le faire attendre pour le faire enrager.
Chuuya grimaça. Il était en train de perdre du temps. Il commençait à se demander s'il ne valait pas mieux planter là l'autre abruti et retourner à la base quand il remarqua un pont à sa gauche.
Jusque-là, c'était plutôt normal, les ponts n'apparaissent pas par magie et celui-ci ne faisait pas exception. Non, le problème c'était une personne sur ce pont qui se penchait un peu trop sur le rebord pour sa santé physique.
Chuuya soupira bruyamment et partit à toute vitesse en direction du type qui ne se souciait visiblement pas de la diminution soudaine de son espérance de vie.
Il fendit la foule de passants à une vitesse assez impressionnante pour quelqu'un de sa taille et se retrouva bientôt sur le pont, à quelques mètres de l'autre garçon.
L'autre garçon qui bascula.
Chuuya le rattrapa d'une main et le hissa sans difficulté jusqu'à un endroit un peu plus sécurisé que le fleuve. Là où toute personne normalement constituée aurait remercié le rouquin, le type décida juste de s'appuyer contre la rambarde sans un mot. Sa longue veste noire glissa légèrement sur ses épaules et il la remit en place d'un geste brusque.
Le type avait le même âge que Chuuya, mais faisait bien une à deux têtes de plus que lui. Ses bras, son cou et une partie de sa tête était recouverts de bandages et ses cheveux bruns encadraient son visage.
Il décida finalement d'accorder un minimum d'attention à son sauveur et le toisa avec des yeux -enfin un œil- pleins de reproches.
"-Me regarde pas avec cet air d'abruti! s'écria Chuuya. On a du boulot, et pas question de devoir le faire tout seul parce que mon partenaire a eu la brillante idée d'aller piquer une tête dans le fleuve!
-Du boulot? répéta Dazai en se grattant la tête d'un air perplexe.
-C'est pas toi qui m'as envoyé un message en me disant qu'on avait une mission ultra-urgente et que je devais arriver pile à l'heure?
-Ah oui!"
Dazai releva le visage avec un air ahuri qui donnait envie au rouquin de lui coller des baffes.
"-Oui quoi?! répliqua-t-il en contenant tant bien que mal ses pulsions meurtrières.
-Oui on a du boulot!
-ET C'EST QUOI CE BOULOT?!!explosa Chuuya."
Le brun resta très calme face à la colère du jeune garçon qui de toutes façons devenait fou de rage dès que son partenaire était dans les alentours. Il se contenta de sourire d'un rictus que Chuuya qualifia intérieurement de stupide et répondit:
"-J'ai oublié."
Puis, sans tenir compte des hurlements furieux et peu virils du rouquin, il se retourna et se mit à observer l'eau qui coulait en-dessous de lui comme si c'était la chose la plus passionnante qu'il ai jamais vu. Ce qui n'était définitivement pas le cas, et qui acheva d'énerver un Chuuya déjà bien remonté.
"-Oi Dazai! s'écria-t-il. Réponds ou cette fois-ci c'est moi qui te balances dans le fleuve!
-Je réfléchis, génie, soupira Dazai. Et tes braillements ne m'aident pas.
-Tu réfléchis à quoi exactement? À comment faire en sorte d'être, je sais pas, moins insupportable?
-À un plan pour notre mission. Il faut bien qu'un de nous deux s'en charge et comme je suis le cerveau du groupe...
-Je croyais que tu avais "oublié" la mission en question!
-Bien sûr que non, marmonna Dazai en se retournant enfin. J'ai vraiment la tête de quelqu'un qui oublie son boulot?"
Chuuya retint in extremis le "oui" qui lui brûlait les lèvres et se contenta de demander:
"-Et je peux enfin savoir de quoi il s'agit?
-Oh, pas grand chose, répondit Dazai en haussant les épaules, juste un petit groupe qui pioche dans nos stocks pour se faire du fric.
-C'est tout? Tu n'avais pas parlé d'une mission ultra-urgente et de la plus haute importance?
-Si, sourit Dazai de son habituel air supérieur-si-exaspérant-que-quelqu'un-le-tape-par-pitié, je voulais voir ta vitesse de réaction."
Chuuya n'avait même plus la force de s'énerver et se contenta de soupirer:
"-C'est loin?
-Non, on devrait avoir fini en une petite demi-heure.
-Alors arrête de me faire poireauter et on y va!
-Tu es trop stressé Chuu-chuu, c'est ça qui a dû stopper ta croissance!"
Dazai se mit à rire quand Chuuya lui balança à la tête à peu près tout ce qui lui passait sous la main et s'enfuit sous une pluie d'insultes et de projectiles improvisés.
Une journée somme toute assez banale pour le duo le plus redouté de la pègre.
"-Arrête de me laisser faire tout le boulot!"
Dazai s'arrêta et se retourna pour voir Chuuya, les bras croisés, une moue renfrognée sur son visage. Il soupira et fit face à son partenaire. Ils étaient arrivés au quart d'heure je-te-reproche-tous-les-malheurs-du-monde-causés-par-ta-simple-existence.
Clairement le meilleur moment de la journée.
Il détailla rapidement le rouquin. Ses cheveux tombant le long de sa nuque étaient en partie couverts d'un chapeau que Dazai exécrait -sérieux, comment quelqu'un pouvait-il avoir un aussi mauvais goût?- et des mèches folles mangeaient son visage.
Il le fixa droit dans les yeux et Chuuya soutint son regard. C'était l'un des rares à pouvoir le faire, tant Dazai pouvait se révéler déstabilisant.
"-Réponds quand je te parle, enfoiré!"
Un sourire narquois apparut sur le visage du jeune prodige. Il avait soudain très, très envie de faire enrager son partenaire.
"-Mais, Chuuyaaaaa~ Tu es tellement beau quand tu te bats, ça me donne envie de te regarder! susurra-t-il d'un air innocent."
Son visage angélique disparut quand il éclata de rire en voyant le rouquin réussir l'exploit de rougir, s'étouffer, vociférer et envoyer des coups de pieds aléatoires en même temps.
"-Arrête de te foutre de moi!! hurla le jeune garçon qui était devenu rouge de colère.
-Ce n'est pas de ma faute, tes réactions sont juste trop drôles, rétorqua le brun en esquivant une attaque qui aurait dû lui arracher la tête.
-Pas ta faute mon cul! Pourquoi, de toutes les personnes sur cette planète, il a fallu que ce soit toi mon partenaire?!!
-Là-dessus, je suis d'accord avec toi, répondit Dazai en fronçant les sourcils.
-Rien que l'idée même que tu partages mon opinion me donne la nausée, marmonna Chuuya en arrêtant enfin de se servir de sa chaussure comme d'une arme de destruction massive."
Dazai haussa les épaules et lui tourna le dos, mettant fin à leur discussion. Il ignora les grognements de mécontentement de son partenaire et repartit en direction de la base. Il s'était suffisamment amusé pour la journée.
"-Comment s'est passée la mission?
-Hmm...?"
Chuuya ôta son chapeau de son visage pour voir celui de Kouyou penché sur lui. Il se releva précipitamment.
"-A-Ane-san! Je n'étais pas...
-... en train de faire une sieste en pleine rue? Tu en avais pourtant l'air, remarqua la jeune femme en souriant."
Elle replia son ombrelle puis s'assit avec précautions sur le banc sur lequel Chuuya dormait quelques minutes plus tôt.
"-Alors?"
Le rouquin la fixa quelques secondes d'un air hagard, le temps que ses neurones se reconnectent. La mission. Dazai.
"-Je ne veux plus jamais travailler avec lui! s'exclama-t-il.
-Oui, je sais. Je pense que l'intégralité de la ville est au courant. Peut-être même du pays, rétorqua Kouyou. Mais ce n'est pas ce que je voulais savoir...
-Il me laisse faire tout le boulot, passe son temps à essayer de se suicider et en plus il est insupportable! s'écria Chuuya sans écouter la jeune femme.
-Chuuya...
-Et puis, depuis le temps, comment ça se fait qu'il n'ai toujours pas réussi à mourir? Il s'en tire toujours! C'est pas humain ça!
-Chuuya!
-En plus il compte toujours sur les autres pour sauver sa peau! Il est incapable de faire quoique ce soit tout seul!
-CHUUYA!"
Le jeune garçon s'arrêta, coupé net dans sa diatribe anti-Dazai.
"-La. Mission.
-Ah... euh... oui, je... On s'en est occupé, balbutia le rouquin.
-Bien. Ce n'était pas si difficile, non?
-Mais...!
-Je sais! le coupa Kouyou, qui craignait de le relancer. Je sais, tu ne veux plus de lui comme partenaire. Mais ce n'est pas moi qui décide."
Chuuya baissa la tête d'un air si contrit que la jeune femme dû se retenir d'éclater de rire. Cela aurait beaucoup nuit à son image. Elle se releva élégamment.
"-Je pense que nous devrions y aller. À moins que tu ne souhaites à nouveau faire profiter tout le quartier de tes ronflements?"
Le jeune garçon rougit furieusement et secoua énergiquement la tête. Kouyou soupira et l'attira vers elle, remettant de l'ordre dans sa tignasse et lissant les plis de son sweat-shirt.
"-Ane-san, arrête!
-Et que je te laisse marcher à côté de moi avec une tenue aussi peu soignée? Hors de question.
-Je peux le faire tout seul!
-Ah oui? Tu n'as pourtant pas été très efficace jusqu'à présent."
Chuuya finit par abandonner et laissa la jeune femme arranger sa tenue, le visage coloré d'un joli rouge écarlate. Kouyou finit par s'écarter, ignorant le soupir de soulagement du rouquin.
"-C'est bon, nous pouvons y aller."
"-Tu peux entrer."
Dazai poussa la porte qui lui faisait face. Mori lui tournait le dos, agenouillé devant une mallette posée à même le sol. Il semblait complètement absorbé par le contenu.
"-C'est fait? lui demanda-t-il."
Puis, sans attendre de réponse, il se tourna vers lui, une robe dans chaque main.
"-Tu préfères la bleue ou la rose?
-Oui, répondit simplement Dazai. La bleue, ajouta-t-il après une seconde d'hésitation.
-J'aurais plutôt dit l'autre, maugréa Mori. Peut-être que je devrais demander conseil à Kouyou, elle s'y connaît en fashion...
-Boss.
-Hmm...?
-Pourquoi vous nous envoyez ensemble sur ce genre de petites missions, Chuuya et moi? Un seul d'entre nous suffit largement pour s'en charger.
-Il faut bien que vous appreniez à vous supporter, répondit Mori en haussant les épaules. Comment ça s'est passé, d'ailleurs?
-Il a essayé de me tuer trois fois, se contenta de signaler le jeune garçon.
-C'est vrai que la bleue serait assortie à ses yeux... remarqua le docteur. Mais peut-être que la rose les ferait plus ressortir... Mais la couleur est plus pastel, les couleurs vives ou foncées lui vont mieux."
Dazai ne répondit rien, regardant son boss souffrir devant ce dilemme cornélien.
"-Tu disais laquelle, déjà?
-La bleue.
-Très bien, si elle n'aime pas je te considérais comme responsable direct, trancha finalement Mori."
Il rangea la robe rose dans la mallette devant lui, la referma, puis se releva en époussetant ses vêtements.
"-Et que voulais-tu me dire? demanda-t-il.
-C'est à propos de Chuuya, répondit Dazai en hésitant. À propos de son pouvoir, pour être plus précis. Il y aurait potentiellement des risques que la Corruption s'active toute seule.
-Potentiellement? souligna Mori.
-Disons qu'il est possible que cela soit presque arrivé, grimaça le jeune garçon.
-Combien de fois?"
La grimace de Dazai s'accentua encore plus.
"-Pas plus de trois fois, avoua-t-il finalement.
-Et je suppose que tout cela a pu être évité grâce à ton intervention?"
Le jeune garçon ne répondit pas, tout à coup subjugué par le tapis sous ses pieds.
"-Je dois donc comprendre, continua Mori en élevant la voix, que nous avons dans l'enceinte de la mafia une bombe à retardement qui pourrais bien détruire toute la ville."
Dazai se contenta de fixer un fauteuil d'un air songeur, l'air de dire: "oui, c'est un bon résumé".
"-Tu aurais une idée de la manière à employer afin de s'occuper de ce problème?
-C'est simple."
Dazai avait relevé la tête et regardait désormais Mori droit dans les yeux.
"-Quelque soit la raison qui vous pousse à nous faire accomplir toutes nos missions ensemble, il va falloir continuer de la sorte.
-En résumé, que vous restiez toujours ensemble.
-Il suffit que je l'effleure pour annuler son pouvoir, mais pour cela j'ai besoin d'être à proximité.
-Je vois. Je dois avouer que je ne m'attendais pas à une telle proposition venant de toi.
-Je préférerais me couper un bras plutôt que de devoir supporter la compagnie de ce gnome à longueur de journée, mais c'est la seule idée qui me vienne à l'esprit et qui nous permettrait de garder Chuuya et sa capacité."
Mori hocha la tête. C'était assez rudimentaire et ne tiendrai pas sur le long terme, mais plus que suffisant le temps d'avoir un aperçu de la situation.
"Très bien, conclut-il."
Une ébauche de sourire lui fendit le visage.
"-Je te laisse lui annoncer toi-même la bonne nouvelle."
Étrangement, une espèce de soulagement apparut l'espace d'un instant sur le visage de Dazai.
Mais il se recomposa rapidement et son expression redevint aussi sombre que d'habitude.
Il ne prit même pas la peine de saluer son boss et repartit d'un pas rapide. Mori ne s'en formalisa pas: il y avait plus important. Comme présenter à sa chère Élise une nouvelle robe d'une jolie couleur bleue.
Chuuya soupira en poussant la porte de sa chambre. Kouyou lui avait fait la morale sur l'importance de la tenue et de l'image que l'on montrait aux autres, et si on combinait cela avec le début d'après-midi désastreux en compagnie de trouduc number one, il avait eu une longue journée.
Il n'avait plus qu'une envie: aller prendre une douche puis s'installer confortablement avec un verre de vin pour profiter d'un peu de tranquillité.
Tous ses espoirs furent réduits à néant quand il tomba nez à nez avec un certain suicidaire, installé sur son lit et feuilletant un magazine.
Chuuya se frotta les yeux, se disant qu'il était en train d'halluciner.
Il dû cependant se rendre à l'évidence lorsque l'hallucination lui fit un sourire rayonnant et se mit à lui parler.
"-Salut Chuu-chuu! Ton lit est super confortable, dommage qu'il soit au moins vingt fois trop petit pour moi.
-Qu'est-ce tu fous là?! Dégage d'ici!"
Dazai se gratta la tête d'un air faussement embêté.
"-Je suis perdu, je dois te dire pourquoi je suis là ou sortir directement?
-Va te faire foutre!
-Il faut savoir, je t'explique, je sors ou je vais me faire foutre?"
Chuuya montra la porte du doigt. Les yeux de Dazai se mirent à pétiller de malice, ce qui était généralement très mauvais signe.
"-Mauvaise réponse, rétorqua le brun d'un air faussement détaché.
-Quoooi??!! Aux dernières nouvelles, tu es dans ma chambre et c'est moi qui décides si...
-Plus maintenant, le coupa Dazai qui se retenait visiblement de rire devant la mine indignée du rouquin.
-Hein?
-Désormais, c'est aussi ma chambre!"
Chuuya soupira bruyamment en se tenant l'arête du nez.
"-Dazai, si c'est une blague..., commença-t-il, mais le brun l'interrompit en lui tendant une feuille sous les yeux.
-Ordre du boss, on a la même chambre, énonça-t-il d'un air joyeux."
Chuuya parcourut la feuille du regard, l'air absent. Ça ressemblait effectivement à l'écriture du boss, mais cet abruti de Dazai aurait très bien pu l'imiter.
Mais pourquoi faire? Après tout, ils se détestaient mutuellement.
"-C'est hors de question. Maintenant tu sors d'ici.
-Dommage mais c'est pas possible!
-Mais pourquoi on devrait être dans la même chambre?!"
Dazai ne put s'empêcher de pouffer de rire devant l'air sincèrement désespéré de son partenaire.
"-Probablement pour qu'on s'entende mieux, suggéra-t-il ironiquement."
Chuuya se laissa tomber sur une chaise, une expression abattue sur le visage, comme si on venait de lui annoncer la mort de toute sa famille écrasée par une Smart.
Non, il avait même l'air plus horrifié.
"-C'est le pire jour de ma vie, annonça-t-il d'une voix blanche.
-N'exagère pas, Chuu-chuu! fut Dazai d'une voix exagérément innocente. Ce n'est pas si terrible!
-Pas si terrible?! répéta le rouquin. Je suis condamné à me retrouver vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec le pire connard que cet Univers ai créé mais c'est pas si terrible?! C'est moi qui vais finir par me suicider, à ce train-là!
-Si tu veux, je suis toujours partant pour un double suic..."
Dazai n'acheva pas sa phrase, son partenaire s'étant levé pour le pourchasser, ayant visiblement l'intention de l'assommer à l'aide de la chaise sur lequel il était assis quelques instants plus tôt.
Le brun finit par échapper à la furie meurtrière de Chuuya en s'enfermant dans la salle de bain.
"-Calme-toi, Chuu-chuu!"
Des grognements furieux et indescriptibles lui répondirent, suivis de coups répétés contre la porte. Apparemment, il avait l'intention de forcer l'ouverture en tapant avec sa chaise comme un demeuré.
Dazai s'assit tranquillement dans la douche. Il ne pourrait sortir que si Chuuya parvenait à défoncer la porte ou se calmait enfin. Dans tous les cas, ça allait prendre un certain temps.
Quand Dazai ouvrit les yeux, la pièce était sombre et silencieuse. Il se releva en grimaçant -dormir à moitié affalé par terre n'était vraiment pas considéré comme agréable par ses muscles- et alluma son portable. Il était deux heures du matin.
Il déverrouilla prudemment la porte et jeta un coup d'œil de l'autre côté.
"-Chuuya? chuchota-t-il, prêt à se remettre en sécurité."
Seul un ronflement sonore lui répondit. Le danger semblait écarté pour l'instant.
Il activa la fonction lampe-torche de son portable et balaya la pièce du faisceau lumineux à la recherche du rouquin. Il finit par le trouver, encore habillé, à moitié affalé sur son lit, son chapeau écrasé sous son bras.
Le sourire de Dazai fit trois fois le tour de sa tête. Il venait de tomber sur une mine d'or en matière de dossiers et de photos compromettantes.
Activant le flash de son appareil, il mitrailla son pauvre partenaire endormi sous chaque angle.
Une petite centaine de photos plus tard, il s'estima satisfait et se préparait à aller continuer sa sieste quand il se rappela que le chapeau qu'il exécrait tant était en ce moment-même martyrisé par son propriétaire, et bien qu'il aurait été ravi de voir ce couvre-chef brûler dans les flammes de l'Enfer, Chuuya ne lui pardonnerait probablement jamais la destruction de ce symbole qui faisait sa fierté -et lui permettait de grappiller quelques centimètres-.
Il marmonna quelque chose comme quoi il était "vraiment beaucoup trop gentil" et approcha sa main du bras du rouquin. Il s'arrêta brusquement à quelques centimètres de son poignet, ses yeux fixés sur la marque rouge qui dépassait de sa manche.
Bien qu'elle soit petite et décolorée, il n'y avait aucun doute. Il s'agissait bien de la marque de Corruption.
Sans réfléchir, Dazai attrapa le bras de Chuuya, là où se trouvait le symbole. Son pouvoir, Déchéance d'un Homme, s'activa immédiatement et la marque se résorba sans un bruit.
Le brun observa la peau de son partenaire encore quelques instants, mais ne voyant rien réapparaître, il se contenta de soupirer en dégageant le chapeau.
"Allons bon, pensa-t-il, si elle s'active même de nuit, maintenant...".
Cela devenait vraiment problématique, et il devait se dépêcher d'en trouver la source. Il reposa le couvre-chef et le manteau de Chuuya sur une table, et dans un élan de bonté il alla jusqu'à soulever les jambes du rouquin pour l'allonger normalement.
Ceci étant fait, il s'installa dans un fauteuil en face du lit, histoire de pouvoir surveiller son partenaire, et laissa tomber sa tête en arrière de lassitude.
Il l'avait échappé belle: il aurait suffit d'une inattention de sa part pour que le pouvoir de Chuuya s'active et fasse des dégâts conséquents. Ce qui voulait dire qu'il allait devoir redoubler de vigilance, que ce soit pour repousser la Corruption ou éviter que Mori s'investisse trop dans l'affaire.
Il étouffa un bâillement. Dire qu'il détestait se fatiguer et préférait de loin aller tester de nouvelles méthodes de suicide, mais il ne pouvait pas faire autrement.
Il était absolument hors de question qu'il laisse qui que ce soit faire du mal à son partenaire.
Tandis que Dazai sombrait dans un sommeil sans rêves, une petite tâche rouge, dissimulée par son collier, pulsait sur le cou de Chuuya au rythme de sa respiration.
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Salutations! J'espère que ce chapitre vous a plu!
100 vues en un chapitre mais what mais wtf mais je décède!
Trop de pression pour mon petit cœur.
Merci d'avoir lu!
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