Chapitre n°23
- Je t'ai posé une question, reprit Seonghwa sur un ton agacé qu'il ne chercha pas à dissimuler le moins du monde.
Le simple fait pour lui de voir Mingi, qui lui avait bousillé son après-midi la veille, là devant lui à ne rien dire et le visage presque dissimulé dans sa capuche tel un voleur suffisait à le faire lentement bouillonner.
- Qu'est-ce que tu fais là ? finit par lui répondre le plus jeune, plutôt en lui renvoyant une question qu'en lui accordant une vraie réponse.
Le silence n'eut pas le temps de s'installer que déjà la tension montait aussi en Mingi simplement face à l'attitude de son vis-à-vis, surtout quand ce dernier continua.
- Mais ça ne te regarde pas Mingi, lui dit ce dernier avec un sourire désagréable et en le dévisageant lourdement.
- C'est vrai, je m'en fou de ce que tu fais, je suis venu parler à San, indiqua le plus jeune, dans l'espoir de se débarrasser ainsi de l'étudiant, en faisant comprendre à celui-ci qu'il ne l'intéressait pas le moins du monde.
- Alors si tu avais un don d'attention un peu plus grand et qu'au lieu de t'enterrer dans ta caverne tu avais fait des efforts de sociabilisation, tu saurais que San n'est pas là, dit Seonghwa en faisant mine d'observer ses propres mains avec supériorité avant de continuer, et tu ne serais pas venu déranger le monde à plus de vingt-deux heures passées.
L'annonce frappa désagréablement la raison de Mingi, aussi bien par rapport aux petites remarques sanglantes que pour l'assimilation des diverses informations. Il n'avait aucune idée du fait qu'il était aussi tard et surtout, il avait complètement oublié que San avait en effet prévu de s'absenter le weekend. Il s'était retrouvé l'esprit tellement envahi et préoccupé qu'à la seconde où il avait pensé à son ainé comme solution, il n'avait plus réfléchi à quoique ce soit d'autre.
- C'est bon ? l'info est montée jusqu'à ce qu'il te reste de cerveau ? renchérit Seonghwa en voyant que Mingi ne réagissait plus, il n'est pas là donc tu vas remonter vite fait dans ta tour et moi je vais pouvoir tranquillement retourner à mes affaires.
- Il rentre quand ? l'ignora le plus jeune alors qu'il se tenait toujours contre l'encadrement, sentant son poids lui peser de plus en plus et une tension s'accumuler lentement dans son thorax pour venir l'étouffer.
- Au moins demain soir, donc shuuu, shuuu, tu peux débarrasser le plancher maintenant, lui répondit nonchalamment son ainé qui attendait de toute évidence avec impatience de pouvoir lui fermer la porte dessus.
Examinant les réactions de Mingi, le plus vieux grimaça légèrement quand il entendit la respiration de ce dernier se troubler et qu'il le vit venir s'appuyer les mains sur les yeux d'un mouvement rapide et brusque. Plus il l'observait en cet instant, plus il avait l'impression que le garçon en face de lui était la personne la plus bizarre qu'il lui ait été donné de rencontrer. L'inquiétant même un peu à vrai dire.
- Qu'est-ce que tu lui veux à San ? s'enquit-il alors, aussi bien prêt à remettre Mingi à sa place que par une étrange curiosité mesquine.
- J'ai juste des questions à lui poser, laisse tomber, lui dit alors le plus jeune qui sentait que les intentions de son vis-à-vis n'étaient ni bonnes ni de celles qu'il avait la force d'affronter.
Il laissa alors ses bras retomber lourdement, s'empressant ensuite de prendre une expression sereine qui, par son manque de naturel, lança un frisson désagréable dans tout le dos du plus vieux. Mais ce dernier se contenta d'hausser les épaules et après que Mingi ait entamé un demi-tour pour s'éloigner, il s'empressa de commencer à refermer la porte, se disant que décidément son cadet manquait de lui faire peur parfois.
Mais tandis qu'il était à environ trois centimètres d'avoir clos la porte, des doigts, aux ongles encadrés de traces rouges, se faufilèrent dans la petite ouverture. Il sursauta directement en se reculant d'un pas rapide, maudissant Mingi tant il venait d'avoir la frayeur de sa vie à cause de ce dernier. Il avait l'impression d'être la victime dans un film d'horreur et énervé une bonne fois pour toute, il reprit la poignée pour accélérer la réouverture de la porte de la chambre et incendier sans pitié le plus jeune.
Pourtant, à la seconde même où il eut de nouveau le visage de celui-ci en face de lui, les mots se bloquèrent dans sa gorge. Son cadet avait totalement changé d'aura et d'expression, en affichant une qu'il était incapable de déchiffrer, comme si Mingi était en prise avec des choses qui les dépassaient. Puis sans qu'il ne s'y attende, sur un ton bien trop fort, le plus jeune lui demanda :
- San et toi couchez ensemble n'est-ce pas?
La colère ne fit qu'un tour dans le corps de Seonghwa et celui-ci réagit à toute vitesse à voix beaucoup plus basse.
- Casse-toi, lui cracha-t-il, trouvant que son cadet dépassait cette fois les bornes et déterminé à le virer une bonne fois pour toutes.
- Pourquoi tu ne réponds pas ? enchaina pourtant Mingi en s'avançant, le coupant dans son action en bloquant la porte avec son bras.
- C'est ma vie privée, vire ta main si tu ne veux pas d'autres blessures dessus, pesta Seonghwa en se retenant de son mieux de le repousser, je fais ce que je veux, vraiment de quoi tu te mêles ?
- Comment tu peux embrasser un autre mec ? tu trouves ça normal ? continua pourtant le plus jeune sur un ton mixant une sincérité bien trop dérangeante avec de la curiosité et qui fit encore plus bouillonner le sang de son ainé.
- C'est ça que t'es venu demander à San ? tu te prends pour qui ? on a de comptes à rendre à personne et surtout pas à toi.
- Je demande à San ce que je veux, ça ne te concerne pas, renchérit Mingi en montant sur la défensive alors que sa migraine augmentait proportionnellement.
- Non ça ne me concerne pas sauf si tu demandes à mon mec si lui et moi couchons ensemble, continua Seonghwa, déterminé à lui mettre un stop, et en plus tu donnes ton avis ? nan mais c'est une blague. Vraiment, casse-toi.
Le plus jeune n'apprécia pas du tout la réplique de son ainé. San lui avait bien dit de venir le voir s'il avait des questions et ce n'était surement pas pour l'ignorer et l'envoyer balader. Certes il n'avait aucune idée de comment aborder les choses mais peu importait, il n'avait plus de force et plus le temps passait, plus tout devenait dur pour lui. Alors, arrivant au bout de ce qu'il lui restait d'énergie, plutôt que d'avoir besoin de San, en cet instant, il avait besoin de réponses.
- Pourquoi tu ne réponds pas ? ignora-t-il donc encore une fois totalement le plus vieux, en répétant la même chose qu'avant tandis que sa voix craquait imperceptiblement sur la fin.
- Tire-toi avant que je te vire moi-même.
- C'est parce que tu sais que vous ne devriez pas que tu ne dis rien hein ? parce que ce n'est pas naturel, pas normal, c'est parce que tu-
- Ta gueule Mingi, le coupa ultimement Seonghwa en l'attrapant avec violence par le col et de façon menaçante pour le ramener vers lui à l'intérieur de la chambre, tes avis de merde tu te les gardes pour toi comme tous les curieux et les putains d'homophobes de ton espèce. Des gens comme moi, y'en a des tas, plus normaux que tu ne le seras jamais.
Leurs visages à seulement quelques centimètres l'un de l'autre, il vit soudain celui de Mingi changer de couleur et blêmir en un fragment de seconde. Il remarqua alors les yeux rougis de celui-ci, qui se mirent à cligner à toute vitesse en s'humidifiant.
- C'est faux, c'est totalement faux, tenta de lui cracher à la figure le plus jeune, t'es pas normal, rien de tout ça n'est normal, gémit-il ensuite en venant agripper les poignets de Seonghwa pour que celui-ci le lâche, c'est interdit, c'est sale, ajouta-t-il même tandis que sa voix, devenue étrangement fragile, se brisait subitement en un sanglot profond.
A la seconde même où Mingi se mit à pleurer devant lui, le corps de ce dernier céda et Seonghwa manqua de basculer en avant, entrainé par le poids de son cadet qui s'écroulait sur le sol. Il le lâcha rapidement, l'abandonnant à genoux par terre, à se replier sur lui-même, tandis qu'il le contournait pour fermer la porte sans chercher cette fois à le jeter dehors.
Le plus jeune, n'ayant plus la moindre conscience de ce qui l'entourait, s'était prostré en avant, le front presque collé au sol et ses mains sous son visage comme pour retenir les larmes qui se déversaient de ses yeux tandis que son dos tremblait intensément sous les pleurs qu'il tentait d'empêcher de résonner dans toute la pièce.
Seonghwa de son côté assimilait lentement ce qu'il venait de se passer tout en se massant dramatiquement les tempes. Il soupira ensuite de fatigue en venant cette fois se frotter l'arête du nez. Il était une heure bien trop tardive pour qu'il ait l'énergie qu'il fallait pour gérer une crise identitaire. Et pourtant, il ne pouvait pas le laisser là comme ça. Alors ravalant la colère qui était montée en lui et qui s'y trouvait encore, il s'accroupit pour se mettre au même niveau que son invité non désiré.
- Tu ne dupes plus personne vu ton état pitoyable, lui annonça-t-il, tu fais genre, mais t'es pareil Mingi, s'appliqua-t-il à souligner, ne sachant même pas si son cadet l'entendait bien vu les nombreux couinements qu'il laissait échapper malgré lui.
Il n'eut aucune réaction claire sinon qu'un geignement douloureux qui lui souligna que le plus jeune l'écoutait et qu'il avait en effet visé juste. Puis tandis que Mingi se mettait à pleurer encore plus fort, ce dernier se redressa légèrement pour basculer en arrière contre la porte et laisser ses larmes couler plus agréablement entre ses bras, ses genoux contre le torse. Seonghwa lui ne bougea pas, restant toujours mi-assis mi-levé en face de lui, se disant que décidément, il était toujours au mauvais endroit au mauvais moment avec ce mec.
- Bon, j'ai pas la nuit mais maintenant que ça c'est bon, depuis quand tu le sais ? demanda-t-il, avant d'ajouter après un long silence de la part de Mingi, si tu ne veux pas répondre je vais pas insister, t'as qu'à retourner dans ta chambre et me foutre la paix, puis il se releva en un grognement avant de s'épousseter les jambes par réflexe.
Mais il ne reçut toujours en retour à sa question qu'un hoquet étouffé et des pleurs plus intenses encore, ce qu'il ne pensait même pas possible.
- Il sera mort déshydraté avant d'avoir répondu, se murmura le plus vieux pour lui-même, bon, j'en conclu que plus tu pleures comme un bébé, plus c'est depuis longtemps, énonça-t-il, donc je miserais sur « depuis toujours », exposa ce dernier, ce à quoi il vit les épaules de Mingi trembler encore plus, sans qu'il ne relève le visage ou cherche à le regarder, le tout saupoudré d'un merveilleux déni dis-donc, tu es gâté par la vie décidément, ajouta alors Seonghwa avec ironie sans même chercher à ménager son vis-à-vis.
Puis il attendit quelques instants que son cadet réussisse enfin à se remettre un peu, jusqu'à ce que le séisme qui semblait terrasser le corps de ce dernier depuis plusieurs minutes se calme et que ses reniflements soient le seul bruit qui retentisse dans la chambre de San.
Après quoi, réfléchissant alors cette fois à quels mots utiliser, Seonghwa se passa la main dans les cheveux, réalisant que tout ça l'avait fait suer sans qu'il ne s'en rende compte. Puis il arriva à une double conclusion. Premièrement, Mingi était déjà resté bien assez longtemps et secondement, il n'était ni psy, ni payé pour ça et il ne pourrait rien faire d'autre, surtout pas avec lui dans cet état.
- Déjà que tu avais une tête terrible en arrivant, ça doit être pire maintenant. Je serais toi, je partirais me passer de l'eau sur le visage et me coucher, lui dit-il alors, avec une subtilité lui étant totalement propre.
Mingi ne réagit ainsi pas au pic que lui avait lancé son ainé et au contraire, préféra simplement accueillir son conseil au sujet du lavage de visage qu'il devrait faire. En effet, cela pourrait peut-être l'aider à laver la honte qu'il ressentait en cet instant de s'être écroulé et d'avoir été disséqué si facilement.
- Moi je vais aller me préparer à dormir, je ne souhaite pas avoir le même teint que toi demain. Donc tu pars quand tu veux, il soupira ensuite puis après avoir fait quelques pas pour en effet s'éloigner, il reprit, quand tu veux, mais tu pars, je te laisse juste l'occasion de faire ça avec un peu de la dignité qu'il te reste.
Et sans rien ajouter d'autre cette fois, Seonghwa se retira dans sa propre salle de bain, se stoppant juste avant de fermer la porte après lui.
- Je dirais à San de venir te voir quand il sera rentré, puis sur ces mots, il laissa Mingi seul dans la chambre de son amant.
Le plus jeune prit alors quelques minutes pour retrouver de nouveau une respiration relativement normale puis il releva enfin la tête. Qu'est-ce qu'il venait de faire et qu'est-ce qu'il venait de se passer ? craquer comme ça devant quelqu'un ? devant Seonghwa de surcroit, qui tout autant que lui ne le supportait pas, ne pouvait pas non plus le sentir ? pourtant, étrangement, malgré le comportement de son ainé qui s'était aisément et ouvertement fait plaisir dans certaines des choses qu'il lui avait dites, il se sentait plus léger. Comme si un poids qui pesait sur lui depuis sûrement des années s'était arraché à lui.
Certes, rien n'allait ni dans son cœur ni dans son esprit en cet instant mais la charge fictive qui pesait sur sa conscience venait tout de même de se délester d'une part conséquente. Il savait juste qu'il aurait besoin de temps pour penser mais au moins, il avait justement le sentiment que c'était désormais possible pour lui de « penser ».
Un bon moment s'écoula de nouveau avant qu'il ne regroupe ses ultimes forces pour réussir à se relever. Il manqua cependant de s'écrouler directement sur le sol dès qu'il fut debout, tant son corps lui sembla lourd et ses jambes fragilisées par la douleur et la fatigue accumulée depuis il ne savait même plus quand. Puis aussi lentement qu'il le fallait pour ne pas hurler de douleur à chaque pas et finir étaler sur les marches, il quitta la chambre et remonta enfin à l'étage, prenant toujours tout le temps nécessaire pour avoir le moins possible l'impression constante d'être en train de mourir.
Il arriva en haut au bout d'un temps qui lui sembla infini et tel un robot, il décida de faire fi des sensations de son corps et il se remit en marche, avançant lentement contre le mur gauche. Il longea celui-ci sur les premiers mètres quand soudain son corps décida que c'en était assez et il s'écroula avec lenteur juste à côté de la porte donnant sur la chambre de Yunho.
Il se figea totalement tandis qu'en cet instant, il ressentait quelque chose qu'il n'avait jamais vécu auparavant. Si l'on ignorait la douleur qui lui terrassait les sens, s'il parvenait à s'écouter, il ressentait la nécessité d'avoir quelqu'un avec lui. Son cœur, son âme, tout son être était épris par le besoin d'un contact contre lui, réconfortant et chaleureux. La peur s'immisça alors naturellement dans ses pensées, lui murmurant qu'il ne pouvait pas, qu'il serait rejeté mais le poids de la fatigue et de la douleur qui l'assaillait constamment depuis des heures vint étouffer cette voix.
Ainsi, il frappa légèrement à la porte, conscient pourtant que personne ne lui répondrait. Il n'y eut en effet pas le moindre bruit qui s'éleva depuis l'autre côté mais, comme si cela importait peu, comme s'il avait bien assez foi en son cousin sur la façon dont celui-ci l'accueillerait, il rampa légèrement avant de se redresser le plus possible pour ouvrir quand même la chambre de ce dernier, s'y invitant de lui-même au milieu de la nuit.
Y entrant alors, prostré en avant et soudainement sans plus rien pour l'aider à se soutenir, il dut ralentir encore plus sa vitesse de progression afin d'éviter de s'écrouler sur le sol en un vacarme qui ferait faire un arrêt cardiaque certain à son ainé. Puis après de longues minutes pour simplement atteindre le lit de Yunho, il hésita une dernière fois en voyant la silhouette de celui-ci, paisiblement endormie et simplement éclairée par la lumière de l'extérieur. Il s'assit tout de même sur le bord du matelas, cessant ensuite le moindre mouvement.
Pourtant, cela suffit à attirer l'attention de Yunho, qui malgré son sommeil à la réputation très profond, émergea légèrement des bras de morphée pour tourner la tête vers la silhouette à proximité. Etrangement, celle-ci ne le surpris pas, comme si cela était naturel que quelqu'un se trouve dans sa chambre, sur son lit, en silence et au milieu de la nuit. Il avait le présentiment qu'il s'agissait de Mingi, ce qui se confirma quand un léger faisceau de lumière vint lui révéler le visage de son cousin dans la pénombre.
- Viens, murmura alors Yunho, toujours partiellement endormi en levant légèrement le bras gauche vers son cadet.
Le geste, aussi bien que la voix du plus vieux, firent sursauter Mingi qui lui ne s'attendait pas à ce que son ainé soit réveillé ou même que celui-ci le remarque. Mais, suivant l'appel doux, il osa enfin basculer un peu plus sur le lit et se trainant avec peine, il vint glisser sa tête sur le bras de Yunho. Ce dernier, sentant le poids de Mingi sur lui se rendit soudain compte qu'il se passait quelque chose d'étrange. Il tourna donc la tête vers lui et avant qu'il n'ait le temps de dire quoique ce soit, son cousin vint se lover contre lui, passant son visage dans son cou avant de se mettre soudainement à pleurer en silence.
Yunho rabattit alors par réflexe délicatement ses bras autour de la tête de son cousin, réalisant ainsi que ce dernier portait une capuche et sans s'en formaliser il se tourna sur le côté pour se mettre face à lui, le prenant alors tendrement contre son corps. Mingi ne bougea quant à lui pas tandis que l'étreinte se faisait plus enveloppante. Etrangement, le malaise qui lui brulait la peau n'était rien en comparaison avec l'apaisement qui le traversait depuis la seconde même où il avait perçu l'odeur de Yunho contre son nez.
Puis là, lové dans les bras de son ainé, tout sembla finalement disparaitre autour de lui et son corps le lâcha enfin. Ainsi, tandis que quelques dernières larmes lui coulaient en travers des joues et sur l'arête du nez, il s'écroula net de fatigue. Il n'avait plus besoin de tenir, de résister ou d'être fort, il n'y avait personne pour le juger.
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