Chapitre n°21
Ainsi, pendant que Yunho vaquait de nouveau à ses occupations, quoiqu'avec tout de même de l'inquiétude à l'esprit, Mingi lui, était désormais assis sur son lit, en tailleur et les mains posées sur ses pieds.
Depuis le départ de son cousin, il ne s'était levé que pour fermer les volets et rideaux de sa chambre avant de rapidement revenir soulager ses jambes du poids de son corps. Pourtant, il n'avait pas choisi de se rallonger, conscient que de toute façon, peu importait la position dans laquelle il se trouvait, il aurait mal. Alors il restait là, le dos droit et les yeux fermés, concentré sur sa respiration du mieux qu'il le pouvait, bien que celle-ci se bloque par moment à cause des tensions présentes dans son abdomen.
Près de trois heures s'écoulèrent ainsi, lui simplement assis alors qu'au fur et à mesure des minutes, son corps se mis à lui peser et à trembler. Graduellement, la sensation d'avoir un poids sur ses épaules, le tirant vers le bas, à travers le matelas, jusqu'au sol, vint prendre de plus en plus de place au sein de ses sens, si bien qu'il rouvrit les yeux presque paniqué à l'idée de se découvrir enfoncé dans le carrelage.
Son regard se posa alors sur le décor environnant, à la recherche de quelque chose qui l'aiderait à se rattacher à la réalité mais tout ce qui s'imposa devant lui fut de l'ombre et la nuit qui avait déjà commencé à tomber. Une vague d'angoisse vint directement lui attraper la gorge mais avec un peu de raison, il réussit à s'en défaire tout aussi vite. Il n'avait pas peur du noir alors il ne pouvait pas se laisser envahir par ça. C'était hors de question.
Il se laissa donc retomber en arrière sur ses oreillers, couinant de douleur en sentant ses cuisses soudainement lui tirer. Il défit alors ses jambes et les étendant en avant, il cessa de nouveau tout mouvement. Il se tourna ensuite légèrement sur le côté, juste assez pour agripper son téléphone qui gisait sur la table de chevet et qu'il ramena devant son visage en rebasculant sur le dos.
Il déverrouilla le petit appareil et remarqua qu'il avait un message de Yunho, qui lui demandait comment il se sentait. Et même si le petit mot avait été envoyé il y avait de ça déjà plus de deux heures, il décida tout de même de lui répondre. Il pianota donc rapidement sur son clavier, envoyant un simple « ça va, je ne mangerais pas ce soir. Je sortirais de ma chambre quand je me sentirais ». Peut-être que son message était sec, peut-être qu'il devrait faire preuve de plus de fioritures mais il n'en avait ni l'habitude, ni l'envie, ni la force. Tant que ce qu'il disait contenait ce qu'il fallait, c'était tout ce qui importait n'est-ce pas ?
Ainsi, une fois cela fait, il éteignit son téléphone avant de jeter celui-ci il ne savait même pas où sur son lit. Un bruit lui indiqua même qu'il l'avait lancé un peu trop fort et que l'appareil était allé tomber de l'autre côté. Il n'en fit rien et il se contenta de s'allonger en étoile, se concentrant de nouveau sur sa respiration. A vrai dire, il ne savait même pas vraiment ce qu'il était en train de faire, ni pourquoi il avait besoin d'être seul ou de ne voir personne, mais c'était comme ça. Peut-être qu'il n'avait juste plus la conviction, en cet instant, de vouloir soutenir le regard des gens.
Il se souvint soudain du fait que Yunho était au courant pour ses scarifications et son cœur se sera douloureusement. Ils se connaissaient à peine et déjà la perception que son ainé avait de lui était entachée par ça. En tout cas, c'était ce que ses peurs lui disaient tandis que sa raison essayait de le convaincre de l'inverse. Certes son cousin ne pouvait rien comprendre à ce qu'il se passait mais ce dernier ne semblait pas avoir eu de pitié pour lui une seule seconde. Au contraire, les mots que Yunho avait choisi, en pleurant, avaient été d'impuissance et de soutien, comme si le problème était son ainé, incapable de l'aider, et non lui.
Mingi soupira lourdement alors qu'à cette simple pensée, un sanglot lui était monté dans la gorge. A quel moment dans sa vie avait-il gagné le droit à la rédemption ? il souffla de nouveau avec lenteur et profondeur, pour faire baisser l'étrange tension qui était en train de s'accumuler dans son gosier. Il remonta alors ses bras et avec délicatesse, pour ne pas se faire mal au niveau de ses cicatrices ni à sa main blessée, il pressa lentement le bas de ses paumes contre ses yeux. Concentré sur la sensation aussi étrange qu'agréable, il tenta de diriger son esprit sur autre chose. Pourtant rien n'y fit et venant se substituer aux formes abstraites qui fusaient sur ses paupières sous la pression qu'il y exerçait, le visage de Yunho s'imposa à lui.
Par réflexe, il retira ses mains et rouvrit les yeux alors que sa respiration s'accélérait presque de panique. Penser au soutient que son cousin lui apportait n'était pas censé lui amener l'image de celui-ci dans la tête. Remis de sa surprise, Mingi tenta de se détendre de nouveau mais cette fois encore, ses pensées dérivèrent sur l'autre jeune homme. Les yeux clos dans un nouvel espoir de maitriser ce qu'il se passait dans sa tête, il ne visualisa étrangement rien.
En effet, au lieu d'images, ce furent des souvenirs tactiles qui remontèrent à toute vitesse en lui. Ceux de la chaleur des lèvres de Yunho sur son front, du souffle de ce dernier se déposant sur sa peau, de l'humidité presque imperceptible de sa bouche sur lui puis de ses cheveux, d'un noir hypnotisant, qui lui chatouillaient les yeux tandis qu'il était juste penché au-dessus de lui. A la seconde même où il eut l'impression de sentir de nouveau quelques-unes des mèches sombres lui caresser les paupières, il se redressa à toute vitesse, sautant même hors de son lit pour se mettre debout tout aussi rapidement.
Ignorant la douleur qui lui épousa directement le ventre et les jambes, il se mit à tourner en rond, comme s'il essayait d'échapper à ses propres pensées. Il n'avait pas besoin de se prendre la tête avec ce genre de choses et Yunho avait été assez gentil déjà de prendre soin de lui et de s'inquiéter à son égard.
Il continua pourtant de faire le tour de sa chambre durant de très longues minutes, ne s'arrêtant que quand il eut bien trop mal pour qu'être debout sans raison soit supportable. Il se retourna donc vers son lit mais il se ravisa bien vite, jugeant celui-ci du regard comme s'il était à l'origine de ses pensées désagréables.
Il traversa alors une nouvelle fois la pièce et avec une légère difficulté, il finit par réussir à s'asseoir par terre, dans l'angle le plus opposé à l'entrée. Etrangement, il s'y sentait bien, comme rassuré à l'idée que personne ne puisse surgir de derrière lui. Puis les jambes tendues devant lui pour ne pas mettre trop de pression dessus, il se laissa aller contre le mur dans son dos, posant aussi sa tête contre celui-ci. Le visage ainsi relevé vers le haut, il soupira lentement pour désamorcer un peu de la pression qui s'accumulait en lui.
Ces derniers jours avaient été beaucoup trop intenses pour lui et tout aussi bien qu'il fallait qu'il gère les regards toujours pesant, il fallait aussi qu'il suive les cours, rattrape ses mois de retard, se sociabilise, s'intègre à son nouvel environnement et surtout, qu'il arrive à tenir contre les agressions qui étaient devenues une habitude dérangeante.
Il pouvait désormais être quasiment sûr que s'il n'était pas assez méfiant, le trio infernal qui avait tendance à le suivre allait assurément lui tomber dessus. Il avait encore plus réalisé cela quelques heures plus tôt, dans le parc. Il n'était même plus à l'abri une fois en dehors du lycée et même d'autres personnes venaient se joindre à eux. Il grogna à l'idée que le plus simple était d'en parler à quelqu'un qui soit en mesure d'agir mais il avait le sentiment de savoir ce que ça valait. Et puis de toute façon, tant qu'il arrivait à se tenir et à ne pas craquer, tant qu'il continuait à se scarifier, il avait les choses sous contrôle.
Il pesta soudain à voix haute tandis qu'il décidait de changer de champ de pensée. Il n'avait pas envie de réfléchir sur à quel point il avait surement tors, ni à la possibilité de demander de l'aide à une figure d'autorité. Tout allait bien. Et même si la douleur qu'il ressentit violemment en se relevant lui cria l'inverse, il l'ignora simplement pour aller se jeter sur son lit. Il ne savait pas où en était la journée mais il sentait parfaitement la fatigue venir intensément lui peser dessus.
Une fois de nouveau étalé sur le matelas, sur le ventre pour quelques courts instant, il partit à la recherche de son téléphone, qu'il retrouva tout de même rapidement et heureusement, toujours en bonne état. Il le ralluma donc, curieux à vrai dire de savoir quelle heure il était, soupirant longuement quand l'appareil lui indiqua qu'il n'était qu'à peine dix-neuf heures passées. Une notification s'afficha soudain aussi sur le petit écran : un message de son cousin qui disait il ne savait pas quoi, refusant de le lire. Il effaça donc le début de phrase et après avoir passé son appareil en mode avion, il le laissa de nouveau de côté.
Il bascula enfin de nouveau sur le dos, respirant profondément pour la première fois depuis les dernières minutes. Décidément, il n'était pas fait et ne serait jamais fait pour être sur le ventre, surtout pas ces temps-ci. Reprenant lentement son souffle, il ferma aussi les yeux, se demandant ce qu'il valait mieux faire. Est-ce qu'il allait rester encore dans sa chambre à se torturer l'esprit ou alors est-ce qu'il allait faire un effort pour sortir un peu ? la possibilité d'éventuellement croiser Seonghwa s'imposa dans son esprit et il fit son choix en un fragment de secondes. Il était parfaitement bien, seul dans sa chambre, à ne rien avoir à dire ou à expliquer à qui que ce soit.
Ainsi, après s'être rapidement convaincu et sans trop de peine, il opta pour une nuit de sommeil anticipée, conscient que tout ce qu'il pourrait grapiller comme repos serait le bienvenu. Ajoutant à cela que même s'il avait réussi à dormir quelques heures ci-et-là la semaine d'avant, son corps et son âme entière ne demandaient qu'un peu de répit supplémentaire. Alors se disant qu'il avait enfin l'occasion de le leur accorder, il allait essayer d'en profiter comme il se devait.
Il se défit donc de ses vêtements de sports et décidant sciemment d'ignorer l'odeur de chacal qui l'assaillit dès qu'il fut nu, il s'enroula donc son drap, s'y emmitouflant jusqu'à atteindre le milieu de son grand lit. Il ne savait pas vraiment si être ainsi calé allait l'aider à dormir mais il allait essayer et de toute façon, moins il bougeait, moins il avait mal. Alors récupérant ses coussins pour les ramener vers lui, il en installa un sous sa tête et l'autre par-dessus, tentant de reprendre ses bonnes vieilles habitudes, qui jusqu'alors avaient fait leurs preuves.
Puis après avoir regroupé tout l'espoir qu'il avait de passer une bonne nuit et de s'endormir vite, il ferma ses paupières, se concentrant sur sa respiration pour se faire happer par le sommeil.
Pourtant, après deux longues heures sans bouger, il rouvrit les yeux, comme s'il venait à peine de les clore ou simplement de les cligner. Certes, il avait pris l'habitude de ne pas réussir à dormir facilement mais là, il sentait qu'il y avait encore quelque chose de différent. Il se défit donc lentement de son drap, se disant qu'il avait peut-être trop chaud sans en avoir conscience mais quand l'air environnant vint se poser sur sa peau en une morsure fraiche, il s'empressa de se couvrir de nouveau. Non, il ne s'agissait pas de ça.
Il continua alors plusieurs petits tests, sortant un pied ou un bras, bougeant et retournant ses oreillers ou encore et changeant de sens et de positions, mais rien n'y fit. Au contraire, tout ce qu'il réussit fut de réveiller encore plus la douleur dans ses membres, ce pour quoi il se maudit à voix basse. Maintenant, en plus de ne pas réussir à dormir malgré la fatigue qui lui pesait dessus, il avait mal, très mal.
A bout d'options, il récupéra son téléphone et après avoir remis le réseau en route sur le petit appareil et lu le message de son cousin, qui lui souhaitait simplement de bien se reposer, il en rédigea un nouveau pour ce dernier. Il l'y lui demanda s'il possédait une crème pour les bleus ou autres contusions légères et, si c'était le cas, s'il pouvait la lui prêter. Il n'eut même pas le temps de reposer son téléphone qu'une réponse positive arriva, lui demandant aussi s'il voulait qu'il lui apporte tout de suite. Mingi lui envoya donc que oui ça l'arrangerait et seulement quelques courtes minutes plus tard, juste après qu'il ait enfilé un t-shirt ainsi qu'un boxer, il entendit frapper à sa porte.
Il alla donc lentement vers celle-ci, ne se sentant pas d'inviter qui que ce soit à rentrer dans la pièce. Puis une fois l'entrée de la chambre atteinte, il ouvrit sans se presser celle-ci, tombant presque nez-à-nez avec Yunho. Ce dernier lui offrit un grand sourire encourageant avant de lui tendre un petit pot en plastique transparent. Mingi le récupéra puis alors qu'il s'apprêtait déjà à refermer la porte, la voix de Yunho vint le stopper.
- Est-ce que tu voudrais que je t'aide pour la mettre peut-être ? proposa-t-il avec douceur et une pointe d'inquiétude flagrante.
- Ça va, je n'ai pas besoin d'aide, se contenta de répondre le plus jeune en reculant pour couper court à leur échange.
- Attends, s'empressa de l'arrêter de nouveau son ainé, est-ce que tu veux qu'on dorme ensemble cette nuit ?
- Non, répondit cette fois Mingi directement, on ferait même mieux d'arrêter je pense, ajouta-t-il aussi pour appuyer la décision qu'il venait tout juste de prendre.
- C'est toi qui décides, ça va un peu me manquer je t'avoue, réagit Yunho avec tendresse en se permettant de venir lui passer la main dans les cheveux, avec toujours cette douceur qui lui était propre.
Le plus jeune ne le repoussa étrangement pas, fermant même les yeux un court instant sous le toucher surfacique.
- Bonne nuit Mingi, continua-t-il ensuite, j'espère que tu pourras te reposer, je suis à côté si tu as besoin de quoique ce soit.
- Bonne nuit, répondit simplement son cousin en s'éloignant une ultime fois et sans laisser ce coup-ci la possibilité à Yunho de l'intercepter de nouveau.
Il referma donc la porte, soufflant alors de soulagement en secouant la tête. Yunho ne prenait-il pas un peu trop soin de lui ? puis décidant que penser à son cousin était toujours une mauvaise idée, il affirma sa prise sur le petit pot qu'il avait récupéré et après avoir allumé la lumière, qui lui grilla la rétine, il repartit au niveau de son lit. Il se déshabilla de nouveau entièrement et une fois cela fait, il grimpa sur le matelas.
Il prit ensuite une dizaine de minutes pour lire les instructions inscrites sur la pommade et décidant d'ignorer la partie stipulant qu'il n'était pas spécialement conseillé de mettre celle-ci sur des plaies fraiches, il commença son badigeonnage. Il entama les choses tout d'abord avec son ventre, se disant que si ça se trouvait, son épiderme ne retrouverait jamais sa couleur d'origine mais resterait à jamais violet-vert, avant de passer à ses cuisses. Il ralentit alors encore plus la vitesse d'application de la crème, tant à peine effleurer sa peau lui lançait de très désagréables décharges électriques dans tout le corps.
Il lui fallut ainsi plus d'une heure pour ne pas oublier le moindre recoin et même repasser plusieurs fois sur les parcelles les plus douloureuses. Puis une fois qu'il eut fini, content de se sentir plus détendu et réconforté par la sensation de chaleur maintenant présente sur sa peau, il décida qu'il était grand temps de se recoucher. Il partit donc éteindre la lumière et une fois cela fait, satisfait de ne plus sentir de douleur constante trop forte, il s'installa entre ses draps.
Pourtant, malgré tout ce qu'il venait de faire et tous les efforts qu'il fit encore, la nuit s'écoula lentement sans l'emporter avec lui. Neuf longues heures passèrent jusqu'à ce qu'autant agacé que totalement crevé, il reprenne son téléphone pour voir qu'il était désormais huit heures du matin. Il soupira alors lourdement tandis qu'une boule se formait dans sa gorge. Pourquoi fallait-il que ses insomnies se liguent contre lui ce soir-là spécialement et avec autant de force ?
Se disant qu'il ferait mieux de se changer les idées, il déverrouilla son téléphone, décidant d'aller se promener un peu sur internet. S'il trouvait un truc assez ennuyant à regarder, il arriverait surement à s'endormir sans même s'en rendre compte. Pourtant, alors qu'il essayait de se concentrer sur un documentaire traitant d'une étude sur la température idéale juste avant l'ébullition de l'eau pour la cuisson des crabes goliath, une notification s'afficha en haut de son écran. Yunho espérait qu'il avait réussi à se reposer et lui souhaitait de passer une bonne journée.
Rien qu'en lisant le message, Mingi eut l'impression d'entendre Yunho lui parler et le visage de son cousin s'afficha de nouveau dans son cerveau. Cela ne le dérangea pas spécialement, sauf quand soudain, l'image dans sa tête changea et que son esprit se trouva à lui remontrer la scène qu'il avait surprise quelques jours auparavant.
- Non, non, non, couina à toute vitesse Mingi tandis qu'il voyait très nettement Yunho, avec cette fois ses cheveux noirs, allongé sur son lit comme il l'avait été, avec toujours sa main entourée autour de son sexe, non, échappa une dernière fois le plus jeune.
Il ferma le plus fort possible les yeux, comme si cela allait effacer la vision qui s'imposait à lui mais rien n'y fit. Au contraire, tout devint encore plus détaillé, au point qu'il s'imagina sans le vouloir la main de son cousin monter et descendre le long de sa verge, pendant que celui-ci laissait échapper les gémissements qu'il avait interprété comme une mélodie murmurée.
Puis ce qu'il redoutait le plus arriva de nouveau et il sentit soudain, très désagréablement, que son propre sexe avait légèrement durci entre ses cuisses. Sa réaction fut immédiate et les pleurs vinrent l'envahirent alors qu'il se recroquevillait sur lui-même, dans l'espoir que rien de tout ça ne soit vrai.
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