Chapitre n°17
La dernière journée de cours passa plus rapidement que les autres, tout comme le weekend, qui, toujours sous le signe d'une intense fatigue pour Mingi, lui échappa bien trop vite, si bien que sans qu'il ne s'en rende compte, une nouvelle semaine s'écoula.
Ainsi, allongé dans son lit à la veille d'encore un vendredi, avec de nouveau Yunho à ses côtés, il cherchait encore et encore à trouver le sommeil. Mais comme d'habitude, plus il avait l'impression de le chercher, plus il avait le sentiment que celui-ci lui échappait. Forçant pour garder les yeux fermés, il se tourna et se retourna, tout en faisant de son mieux pour ne pas déranger son cousin. Il finit donc par se relever discrètement et en tentant d'appuyer le moins possible le matelas, il immigra jusqu'à l'autre côté du lit.
Un sentiment de vide et de solitude l'envahit alors soudain, seul sur cette partie froide des draps et si loin de la silhouette endormie qui pourtant le calmait ces derniers temps. Il resta donc tourné dans ce sens, essayant de distinguer la buste de Yunho se soulevant et s'abaissant, se disant que s'il parvenait ne serait-ce qu'à se caler sur le même rythme, cela l'aiderait.
Pourtant, rien ne fonctionna, il eut beau essayer tout ce qu'il connaissait pour s'endormir, il n'y arrivait pas. Quelque chose le bloquait, quelque chose l'empêchait de dormir. Tentant de se concentrer sur son corps, comme pour prendre conscience de ses membres et essayer de les détendre un à un, il se mit alors à sentir des picotements dans ses mains et dans ses cuisses, comme si des impatiences venaient iriser ses muscles.
Il se remit à bouger, soupirant soudain à voix haute en se redressant avant de basculer à quatre pattes sur le matelas. Une fois dans cette position, il longea le mur collé contre son lit, atteignant le bout de celui-ci toujours en essayant de ne pas faire trop de bruit. Dès qu'il arriva sur le bord, il descendit à pas de velours, se mettant ensuite debout pour commencer à faire les cents-pas dans la pièce. Il lui vint alors l'idée d'aller sur la terrasse, mais ce serait ouvrir la porte-fenêtre et les volets et donc, faire un vacarme pas possible.
Il se résigna donc et d'un pas lent et léger, il tenta de se concentrer sur le circuit imaginaire qu'il suivait dans le noir. Il commença ainsi par d'abord simplement faire des cercles, dans un sens, puis dans l'autre avant que, lassé, il ne fasse des huit.
Il tourna sur lui-même durant environ une heure, au bout de laquelle, malgré son sommeil profond et presqu'imperturbable, Yunho finisse par se réveiller. Ce dernier ouvrit d'abord lentement les yeux, interpellé par le glissement étrange d'un bruit répétitif. Par réflexe, il se mit alors à chercher son cousin à ses côtés, tout d'abord étonné de ne pas sentir sa main dans la sienne, puis soudainement inquiet de ne pas le voir du tout dans le lit. Il se redressa alors, tombant soudain sur la silhouette longiligne de son cadet, se mouvant machinalement dans l'espace de la chambre, les mains jointes derrière sa tête et les bras de part et d'autre de son visage.
- Hey, dit alors à voix très basse Yunho, pour ne pas trop surprendre Mingi, qui se figea net dès qu'il l'entendit, tu n'arrives pas à dormir cette fois ?
- Non, j'ai des impatiences, j'essaie de m'épuiser.
- Ok, lui répondit Yunho qui puisant dans ses forces les plus profondes, se leva à son tour pour s'avancer jusqu'au milieu de la chambre, où Mingi s'était stoppé en l'entendant.
- Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda alors son cadet quand il l'eut rejoint.
- Je ne vais pas dormir, seul et paisiblement dans ton lit, alors que tu fais les cents pas.
- Tu arrives à dormir, profites-en.
- Ne t'inquiète pas pour moi, se contenta de répondre le plus vieux en venant lui prendre les mains, on va faire un exercice, peut-être que si tu te concentres sur autre chose, ça peut t'aider.
- J'ai tout essayé.
- Tu as tout essayé tout seul, mais là je suis avec toi.
Mingi voulut renchérir mais il n'en avait ni l'énergie ni la force, alors il se laissa faire, autorisant son ainé à le toucher cette fois. Ce dernier fut totalement satisfait par le fait que son cousin capitule et il continua donc son test, n'ayant aucune idée de ce qu'il était en train de faire.
Lentement, il lâcha les mains de Mingi, remontant les siennes jusque sur les poignets de celui-ci, les pressant légèrement.
- Ferme les yeux et concentre-toi juste sur les points de pression.
Mingi hocha la tête puis fermant les yeux comme indiqué, il continua de se laisser faire. Etrangement, en cet instant, même s'il était dérangé à l'idée d'être touché, surtout à même la peau, il ne ressentait pas le besoin de rejeter le contact qui était sur lui. Au contraire, il se savait en confiance et avec un peu de logique, il parvenait à se convaincre qu'il n'avait rien à craindre entre les mains de son cousin.
L'étrange petite expérience dura une vingtaine de minutes, jusqu'à ce que les mains de Yunho se retrouve de part et d'autre de la tête de Mingi, pressées sur les côtés de son crâne. Le plus vieux faisait du mieux qu'il pouvait, concentré dans la pénombre pour éviter de toucher les cicatrices encrées dans le visage de son cadet. Il savait que s'il avait le malheur de les effleurer, tous les stratagèmes qu'il venait de mettre en œuvre pour essayer de détendre ce dernier seraient des efforts vains. Il trouva alors préférable de s'arrêter, éloignant enfin ses mains avec un dernier contact, plus proche de la caresse réconfortante que du reste de ce qu'il venait de faire.
- Comment tu te sens ? demanda-t-il à Mingi, peu sûr de lui.
- Détendu je crois, lui répondit ce dernier, lui faisant plus que grandement plaisir.
- Tu veux essayer de te recoucher ?
- Pourquoi pas.
Yunho ne rajouta rien et il retourna vers le lit, s'y installant confortablement avant de reporter son attention sur son cousin qui revint lui aussi se mettre à ses côtés. Pourtant, il remarqua directement que Mingi s'allongeait à l'autre bout du matelas, ce qui éveilla sa curiosité.
- Tu ne veux pas venir un peu plus près ? le questionna-t-il, curieux de cette distance soudaine.
- Je pense que je vais encore bouger, je ne veux pas te déranger.
- C'est difficile de me déranger quand je dors, mais c'est comme tu veux, tu peux venir plus près en tout cas, lui dit-il simplement.
Puis sans rien ajouter, Yunho se tourna du côté où se trouvait son cousin avant d'étendre son bras vers ce dernier, lui offrant sa main. L'action mit quelque peu Mingi mal à l'aise, lui qui ne savait pas vraiment pourquoi il se réveillait, tous les matins où ils dormaient ensemble, en lui tenant la main. Mais, tout aussi fatigué que désespéré de trouver le sommeil, il vint déposer ses doigts contre ceux de son ainé.
Ce dernier lui offrit un sourire radieux puis après un « bonne nuit » prononcé à voix basse, il ferma de nouveau les yeux, partant à la recherche du sommeil pour la fin de la nuit.
Mingi quant à lui ne bougea pas, n'arrivant pas le moins du monde à clore ses paupières. Bizarrement, il se sentait trop détendu et dans un état étrange pour réussir à dormir. Il sentait toujours sur lui les mains chaudes de son ainé et surtout, il se souvenait de l'attention qu'avait eu son cousin quand il lui avait tenu la tête. Yunho prenait soin de lui, tellement soin de lui.
Dans le noir de sa chambre, incapable de trouver le sommeil, Mingi resta de longues minutes à penser à tout ce qui venait s'infiltrer dans son esprit. Puis au fur et à mesure que les heures passèrent, il se déplaça lentement sur le matelas, revenant plus près de Yunho, liant même leurs doigts sans vraiment s'en rendre compte.
Ce ne fut que quand il se retrouva le front de nouveau contre l'épaule de son ainé qu'il sentit le sommeil venir le happer, conscient malgré tout qu'il ne devait être qu'à quelques heures de son réveil.
En effet, seulement près de quatre-vingt-dix minutes après que le plus jeune ne se soit enfin profondément endormi, la sonnerie stridente leur indiquant qu'il était l'heure de se lever en ce dernier matin, retentit violemment. Yunho sursauta d'un seul coup, se redressant à toute vitesse et comme pris de panique. A s'être réveillé au milieu de la nuit, il s'était décalé dans son précieux cycle du sommeil et pour son plus grand malheur, il venait d'émerger du beau milieu d'un rêve profond.
Une fois revenu à lui, il se tourna vers son camarade de lit, tout en souriant tendrement. En fin de compte, Mingi était revenu dormir contre lui et ça lui faisait le plus grand plaisir du monde. Il l'observa en silence quelques secondes, jusqu'à ce que la sonnerie du réveil retentisse de nouveau, beaucoup trop proche de la première. Il délia donc sa main de celle de son cousin et lentement, après s'être défait de la couette d'un mouvement large, il alla couper l'horrible bruit qui résonnait depuis le téléphone posé sur la table de chevet.
Il revint ensuite vers le lit, s'étonnant que Mingi ne se soit pas encore réveillé. D'habitude, la première sonnerie suffisait à le faire émerger et ce, malgré toute la fatigue qu'il accumulait chaque nuit. Il se dit alors qu'il pouvait bien lui laisser encore quelques minutes de répit et tranquillement, il partit se laver le visage et faire pipi.
Tout cela ne lui prit que très peu de temps et il revint ensuite dans la chambre de son cousin, plus que motivé à le réveiller pour lui souhaiter de passer une belle et agréable journée, ce dont son cadet avait en effet assurément besoin. Pourtant, quand il se rapprocha de nouveau de lit, quelque chose l'interpella.
Son attention fut tout d'abord happée par le boxer de Mingi, qui légèrement large, laissait ainsi très particulièrement le tissu épouser la forme de ce qu'il avait entre les jambes. Il secoua ensuite la tête, avant que ses yeux ne soient retenus par autre chose. Qui, au contraire de l'intéresser plus, lui fit naitre une boule dans la gorge. Lui qui avait complètement oublié qu'il était possible que son cadet se scarifie, en avait pourtant en cet instant la preuve sous les yeux.
Le sous-vêtements, baillant et remontant au niveau du haut de la cuisse, lui révélait une succession de petites cicatrices, parfaitement droites et proches les unes des autres, plus ou moins profondes et surtout, majoritairement récentes à premières vues. Il comprit ainsi que la lame de rasoir qu'il avait trouvée, et surtout rendue à son cousin, avait très certainement servit à cela et son cœur se serra tristement. Il aurait dû s'en douter, il aurait dû lui demander, lui en parler. Pourtant, maintenant qu'il savait, il se sentait incapable d'aborder le sujet. En le découvrant ainsi, il avait malheureusement l'impression d'avoir empiété sur l'intimité du plus jeune, d'avoir piétiné une partie de la confiance qui se créait lentement entre eux.
Il se rapprocha donc de nouveau du lit et avec appréhension et délicatesse, il recouvrit de nouveau les jambes et le bassin de Mingi, avant de s'asseoir un peu plus haut pour le réveiller. Il respira lentement pour se calmer puis avec le plus de douceur possible, il appeler son cousin, à plusieurs reprises. Il fallut qu'il dise le prénom de ce dernier presque une dizaine de fois, en augmentant progressivement le volume sonore, pour que celui-ci commence enfin à émerger.
- Le réveil a sonné mais tu ne l'as même pas entendu, dit Yunho en tentant de rigoler, mais son rire se bloqua dans sa gorge, incapable de sortir tant il n'aurait pas été sincère.
- Désolé, bredouilla Mingi en essayant de se reconnecter à ce qu'il se passait.
Pourtant, même mal réveillé et presque toujours perdu dans les méandres de morphée, il sentit que le comportement de Yunho était légèrement étrange.
- Ça va toi ? s'enquit-il en se redressant péniblement pour s'asseoir en tailleur, tout en baillant avant de grimacer sous la douleur provoquée par l'action sur ses cicatrices.
- Oui, oui ça va, un peu sonné, j'aurais bien dormi plus, s'empressa-t-il de dire, en forçant un nouveau sourire sur ses lèvres, qui passa, à son plus grand soulagement, comme une expression sincère.
- Merci pour cette nuit, lui dit alors son cousin en glissant jusqu'au bord du lit pour se lever, tandis que lui ne bougeait toujours pas.
- Ça me fait plaisir de pouvoir t'aider, répondit simplement Yunho, en esquissant enfin un mouvement dont il profita pour se diriger vers sa chambre, aller courage pour aujourd'hui Mingi, si ça se trouve, tu passeras l'une de tes meilleures journées depuis ton arrivée.
Mingi hocha la tête, peu convaincu mais accueillant avec espoir la positivité de son ainé. Peut-être qu'en effet, malgré tout, aujourd'hui serait une bonne journée.
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