Chapitre I.

        Même si le jour s'est couché depuis plus d'une heure, la chaleur est toujours présente. Elle lézarde entre les murs et caresse chaudement la peau nue, encore dorée des récents rayons du soleil.

Son carnet à la main, Harry pénètre dans la taverne où l'atmosphère est encore plus insoutenable. La seule odeur qui se fait sentir est celle du mélange d'alcool et de la sueur. Il passe entre les corps qui se collent, se fraye un chemin jusqu'au bar en bois teinté et demande une pinte de bière au serveur. De sa main libre, il fouille dans sa poche et sort une pièce qu'il pose sur la table, à côté de son carnet, après s'être assis.

La musique se fait entendre partout autour de lui, elle englobe l'air. Mais c'est un son assez entraînant de guitare sèche, accompagné par un fond de piano. Un rythme assez joyeux, coloré. Mais rien qui ne puisse rivaliser avec la voix qui résonne ensuite, et surtout les yeux qui se dévoilent sous les paupières jadis fermées.

Harry a du mal à savoir si c'est un homme ou une femme, mais son timbre est aigu, doux et a comme l'effet d'une caresse sur sa peau. Sa peau traversée par un frisson. Dans la pénombre de la petite estrade, au loin, il ne parvient pas à bien discerner le visage. Mais il voit. Il voit ses yeux bleu perçant, un bleu effrayant. Qui contraste avec l'aspect doré de sa peau, la couleur d'un grain de sable, d'un rayon fatigué de soleil.

Il n'est plus question de réfléchir quand il saisit son fusain et se met à dessiner frénétiquement sur le papier usé de son carnet, pour ne rien oublier. Mais il n'oubliera pas. Jamais. Pas ce genre de regard qui glace le sang. Il ne pourrait pas, même s'il le voulait. C'est ancré en lui, si vite. Un coup d'oeil furtif a suffit.

Sa contemplation est telle que Harry ne peut le quitter des yeux et, en voulant attraper sa collation, il renverse l'intégralité sur le bar. Le serveur arrive aussi vite avec un torchon et ressuie le liquide qui s'écoule un peu partout. Harry rougit, pose son carnet plus loin et, confus, ne cesse de s'excuser. Il soupire, se rassoit sur son siège quand l'homme lui assure une énième fois que ce n'est rien. Il lui ressert un verre par la même occasion. Harry n'a jamais été aussi gêné, mais il ne peut pas effacer son côté maladroit. Plus encore quand un être aussi intriguant le trouble à ce point.

Quand il relève la tête, l'artiste chante toujours, encore. Il aimerait que cela dure toute la nuit. Jamais encore il ne l'a vu dans cette taverne ni autre part. Que ce soit dans les rues commerçantes, sur le marché le Vendredi, sur le banc au théâtre ou même aux thermes pourtant très fréquentés par cette chaleur. Il est là ce soir, et peut-être qu'il n'aura plus jamais l'occasion de le voir ensuite. Peut-être que ce n'est l'histoire que d'une fois, que de quelques précieuses minutes.

Mais Harry est tiré de sa rêverie lorsqu'il remarque qu'un homme, assit à deux sièges de lui, est en train d'observer l'intérieur de son carnet de croquis. Iltourne les pages fines, jaunies, sans aucune gêne. Un sourire narquois orne le coin de ses lèvres.

– Excusez moi, ce carnet est à moi.

Pendant encore quelques secondes, l'homme continue de feuilleter, puis il se redresse. A première vue, il semble avoir une trentaine d'années et son regard noir semble aspirer toute la lumière de la taverne. Harry a froid dans le dos, mais il ne baisse pas les yeux, il garde le contact visuel. Personne n'a le droit de regarder son carnet sans son autorisation. Ses dessins sont très personnels, ce ne sont pas de simples croquis réalisés par simple intérêt. C'est bien plus que cela. C'est un art, une forme, un détail auquel il veut donner vie, sur papier, par les traits de son crayon ou de son fusain.

L'homme le referme et lui tend, le geste assuré. Harry essaie d'adopter la même attitude confiante et reprend son bien qu'il repose précautionneusement à ses côtés. Il porte ensuite sa pinte de bière à ses lèvres, cependant le regard glacial de l'homme est toujours posé sur lui. Pénétrant. Mais Harry tente de se concentrer à nouveau sur l'estrade et l'artiste qui est toujours là. Il entame une nouvelle chanson, les autres clients sont ravis et applaudissent.

– Je vois que Louis vous intéresse.

Avec l'accent de l'homme, le prénom et l'identité de l'artiste semble encore plus mystérieux. Toutefois Harry n'a aucun doute, il sait de qu'il parle. L'homme a dû voir son dernier croquis, encore inachevé, dans son carnet. S'ajouter aux autres. Former une histoire.

– Louise ?

– Certains préfèrent l'appeler ainsi, d'autres Louis. C'est à vous de choisir.

– Vous le connaissez ?

– Bien sûr, c'est mon client et ami.

– Votre client ?

– Disons que, je gère ses rendez-vous, ses tournées dans les autres tavernes ou endroits de rassemblements. C'est un artiste, et comme tout artiste il a besoin d'aide pour planifier.

Harry hoche la tête, passe sa langue entre ses lèvres pour récupérer le goût de la bière sur celles-ci, mais ne rajoute rien de plus. Son regard captivé se repose donc sur Louis, ou Louise. La tunique qui dévoile un bout de son torse, une de ses épaules, se resserre au niveau de ses hanches par une ceinture en tissu, fine, de la taille d'une corde et le pan de son vêtement s'arrête au niveau de ses genoux, cache ses cuisses. C'est une vision de pure beauté que jamais encore Harry n'a eu le plaisir d'admirer.

Et pourtant, en vingt et un ans d'existence, il a connu des corps. Plusieurs, tous plus au moins différents. Fermes, doux, potelés, osseux, lisses, poilus, rugueux, délicats. Mais, la beauté présente en face de lui semble venue tout droit d'une autre planète, d'une autre époque.

– Je peux vous organiser un moment avec Louis dans un endroit un peu plus privé, si vous le souhaitez.

Suite aux mots de l'homme, Harry manque de s'étouffer avec sa propre salive. Il n'a pas besoin de demander ce qu'il entend par un endroit un peu plus privé, son regard amusé parle pour lui. Et Harry est terriblement gêné. Pris au dépourvu. Jamais encore il ne s'est retrouvé dans une situation aussi embarrassante. Et même, il se demande pourquoi ce serait cet homme qui dirigerait les faits et gestes de l'artiste ? Harry trouve cette façon de faire totalement inappropriée et envahissante.

A peine a-t-il le temps de secouer la tête que la musique s'arrête, et Harry a du mal à rester lui-même et cacher la nuance rosée qu'ont soudainement prises ses joues. L'homme fait un signe de la main, tout sourire, fier de lui. Louis.e arrive vers eux, créature plus sublime que jamais. Ses hanches oscillent et semblent danser sous ses mouvements provoqués par la marche. Une femme monte sur scène, à sa place, se munie d'un saxophone mais sa musique ne sera jamais aussi belle que celle de Louis.e. Louis.e et sa guitare, Louis.e et sa voix d'ange. Louis.e ne joue pas simplement de la musique, c'est une part entière de son être, une extension de son corps. Ce sont les cordes de la guitare, les crescendo de sa voix qui font vibrer et fonctionner son coeur.

Harry n'est pas écrivain, mais il sait déjà qu'il pourrait en raconter des choses merveilleuses sur Louis.e. Mais à défaut de savoir manier les mots, il joue avec son fusain, ses pinceaux, ses crayons. Il dessine, il met en forme, il donne vie à des images concrètes. Il donne vie à Louis.e. Il peut retranscrire les nuances de couleurs qui coexistent en cette seule et unique personne. Du bleu limpide pour les yeux, légèrement froid pour donner cet aspect angoissant. Du doré pour sa peau que les rayons du soleil ont dû trop souvent lécher. Du rose pâle pour colorer ses joues. Du marron légèrement foncé pour ses fines mèches de cheveux qui semblent aussi lisses et douces que des plumes.

Et quand Harry regarde Louis.e, il ne voit aucun possible défaut. C'est justement cela qui rend l'artiste si inquiétant et intrigant à la fois. Un fruit interdit mais qu'on a irrésistiblement envie d'approcher, de goûter.

Harry n'est tiré de ses pensées que lorsque l'homme pose une main sur l'épaule de Louis.e, maintenant à leur hauteur, et que deux paires d'yeux sont braqués sur lui.

– Je disais donc... Louis, ton talent semble attirer monsieur ici présent, il a passé du temps à te regarder et te dessiner dans son petit carnet là...

Si Harry ressentait de la honte pour avoir renversé sa bière partout sur le comptoir, ce n'est rien en comparaison avec maintenant. Malgré leur aspect glacial, les yeux de Louis.e semblent le brûler de part en part. Ils ne sont pas simplement posés sur lui, ils le dévorent. Littéralement. Harry en a presque l'impression de fondre sur place, de subir une analyse. Il boit une gorgée de bière pour se donner du courage, mais tout ce qu'il parvient à faire c'est dessiner un sourire rieur sur son visage exigu.

Un peu plus enterré dans sa honte et son malaise, il comprend qu'il a laissé une belle moustache de mousse blanche sur le dessus de sa lèvre supérieure. Le regard fuyant vers le coin gauche de la taverne, il ressuie le résidu du dos de sa main. Ses joues chauffent et sont sans aucun doute encore plus rosées qu'il n'y a quelques minutes.

– Il a un vrai talent aussi, tu devrais regarder ça, s'il t'en laisse l'occasion. Dans tous les cas, je lui ai proposé de se retirer dans un endroit plus privé avec toi, mais...

– Je ne suis pas venu pour abuser de son temps ou de son corps.

Le sourire de Louis.e se creuse, ses yeux ne cessent de briller. Harry ne voit pas ce qu'il y a de si amusant dans cette situation. C'est même assez pitoyable à vrai dire. Il se sent pitoyable. Il ferait mieux de prendre son carnet, partir, ne jamais revenir à la taverne. Tant pis, c'était sa préférée. Louis.e doit sentir son malaise, car son corps se tourne totalement vers lui et, tout lui offrant un doux sourire, se met à parler. Sa voix se fait entendre dans un quasi murmure, aussi languissante et envoûtante que son chant :

– On peut simplement parler ou je peux chanter pour toi, uniquement, si tu le veux. Et tu pourras me dessiner comme bon te semble, à ta guise.

Un modèle comme Louis.e ne se refuse pas, et pourtant Harry hésite. Il se demande si ce ne serait pas abuser de sa personne. Et qu'est-ce qu'aura Louis.e en échange ? La satisfaction de se retrouver gravé dans le carnet d'un peintre inconnu du public ? C'est loin d'être très gratifiant. Mais une occasion pareille ne se représentera peut-être plus jamais. Un être si pur, si gracieux, si complexe qui lui demande de le dessiner. Une muse que beaucoup s'arracheraient.

Harry le sait, c'est une chance rare. Il ne peut pas la manquer. Puis, ce ne sera l'histoire que d'une nuit, peut-être. Et le regard que lui lance Louis.e l'incite à succomber, alors il hoche la tête lentement. Ses joues se mettent à rougir lorsque l'homme aux côtés de Louis.e sourit et réclame au serveur une tournée pour fêter cela.

Louis.e s'installe sur le siège entre Harry et l'homme, il finit par décliner également son identité. Gillian. Il semble être quelqu'un d'assez reconnu car plusieurs personnes s'arrêtent pour le saluer et discuter un peu avec lui. Pendant ce temps, et après sa deuxième bière, Louis.e n'a presque jamais lâché Harry des yeux. C'est à la fois perturbant et flatteur. Ils se sont peu parlés, se sont lancés quelques sourires, quelques formalités. Mais, au sein de ce brouhaha et de cette musique, ils n'ont pas pu échanger de longues conversations sur les arts ou quoi que ce soit d'autre. Pourtant, Harry est certain que Louis.e est un être doté d'une grande intelligence et a une culture vaste.

Un peu plus tard dans la soirée, quand l'alcool a bien chauffé dans leurs sangs, Harry joue avec son fusain qui laisse des traces noircies sur le bout de ses phalanges. L'envie de dessiner Louis.e est presque insupportable. Et Louis.e est là, devant lui, à le narguer par son regard qui illumine toute la pièce. Son corps se rapproche dangereusement du sien, sa peau est aussi brûlante quand leurs genoux se frôlent, et en un certain sens cela rassure Harry. Il n'est pas le seul à ressentir cette attraction physique entre eux.

La bouche sèche, il passe sa langue entre ses lèvres après avoir terminé ses dernières gouttes de bière. Louis.e pose sa main, délicate, sur son avant-bras, faisant bien attention à toucher sa peau nue. Puis se penche et murmure, contre son oreille, ses boucles lui chatouillent le visage :

– Ça te dirait de partir d'ici ?

Sa réponse positive doit déjà se lire sur son visage, car Louis.e affiche un sourire quand il reprend sa place correcte sur son siège. Gillian cesse sa conversation avec un vieil homme à la barbe grisonnante et les regarde, mais Harry est trop absorbé par le visage de Louis.e si proche du sien pour s'en rendre compte.

Hypnotisé par sa beauté, il hoche la tête docilement. Louis.e descend de son siège en souriant et exerce une légère pression sur son avant-bras. Une douce caresse.

– Tu viens ? Je ne réside pas loin.

Une boule se forme et monte dans la gorge d'Harry, mais il ne peut qu'acquiescer, il ferait tout pour les belles prunelles de Louis.e. Ils se créés un chemin à travers les corps, les doigts de Louis.e sont toujours refermés sur son bras. Ce n'est pas comme si Harry allait perdre sa trace, mais il est loin de s'en plaindre. Il adore déjà ce simple contact.

Dehors, l'air semble encore plus chargé. Le peu de vent qui souffle entre les boucles d'Harry est chaud. Louis.e lâche enfin sa peau, la laisse respirer. Ils marchent pendant quelques minutes, dans les rues calmes et presque endormies à cette heure-ci. Ils ne disent rien. Le corps parle à leur place.

L'habitacle de Louis est petit mais on y trouve le nécessaire. Il ne vit pas dans le luxe, c'est certain. Harry se sent un peu moins honteux, son métier d'artiste peintre ne paye pas lourd non plus. Il a de la chance d'avoir des amis qui l'aident à se faire un nom et un père plutôt bien placé politiquement. Ainsi, il a les moyens de se payer un petit chez-lui près du centre où se trouvent les maisons d'arts et le plus grand théâtre. Ce n'est sûrement pas le logis le plus riche de ce quartier, mais il a su le rendre beau grâce à ses talents artistiques. Quelques coups de pinceaux, quelques tableaux.

Celui de Louis est un peu plus terne. Il ne voit quasiment pas de décoration sur les murs, si ce n'est deux ou trois affiches en noir et blanc dessinées à la main. Harry les as déjà vu, il y a quelques mois, dans les rues. Des artistes ont sûrement dû les produire pour promouvoir un spectacle de musiciens ou de chant.

– Tu ne m'as pas dit ton prénom.

La bouche pâteuse et les yeux rêveurs, Harry repose son regard sur Louis.e dont la voix vient de résonner entre les murs gris clairs. Au milieu de la pièce. Sa guitare abîmée repose dans un coin près de la table en bois.

Harry met quelques secondes à réagir. Il cligne des paupières, passe sa langue entre ses lèvres sèches afin de les humidifier.

– Harry. Je m'appelle Harry.

– Je suppose que Gillian t'as dit mon prénom, Harry ?

Louis.e se redresse, sa tunique épouse parfaitement les formes de son corps. Surtout en dessous de sa taille, là où le tissu se resserre. Sans difficulté, Harry peut deviner la fermeté de ses cuisses et la rondeur de ses fesses derrière le vêtement léger, presque transparent sous la lumière blanche de la lune.

– Non. Enfin, il m'a simplement informé qu'on t'appelait différemment.

– Oui. Louis ou Louise. Selon les humeurs et les personnes.

Dans l'intimité de cette pièce, Harry peut se permettre de mieux regarder l'artiste. C'est un être à la beauté étrange, qui tord le ventre, qui réchauffe les joues.

Des cils longs, fins et noirs, des pommettes saillantes, des joues creuses, des mains délicates et des doigts agiles, des lèvres mince, une taille svelte, quelques muscles sur ses bras, la mâchoire aux traits bien définis. C'est en effet assez déroutant, certains préféreront y voir un homme, d'autres une femme, d'autres encore les deux.

Harry préfère, lui, y voir un artiste, un modèle qui vivra sur son papier à grains.

– Comment veux-tu que je t'appelle, alors ?

L'espace d'une seconde, Louis.e semble déstabilisé.e. Ses sourcils se froncent, Harry joue avec ses doigts tâchés de traces noires et serre son carnet de son autre main. Il veut dessiner Louis.e partout, maintenant, couvrir ses pages blanches de croquis de son corps, de ses yeux, de ses mains habiles.

– Ce n'est pas moi qui décide normalement.

– Mais je te laisse le choix avec moi, ce soir.

Un sourire apparaît sur les lèvres de Louis.e. Le même que tout à l'heure, à l'auberge. Celui qui déclenche une étincelle dans son regard de glace.

– Tu voudrais que je sois un homme ou une femme ?

Au fond, peu lui importe à Harry. Il a déjà dessiné des hommes, des femmes, des enfants, des personnes âgées. Il a déjà vu la délicatesse des hanches féminines, la fermeté des mains masculines. Ce soir, le choix ne dépend pas de lui. Il hausse les épaules en regardant Louis.e dans les yeux. Sa voix n'est plus que sincérité quand il prononce cette phrase d'une voix rocailleuse :

– Je veux que tu sois le modèle que je dessine.

L'espace d'une seconde, Louis.e semble réfléchir, ses yeux bleu froid rivés sur Harry. Ils brillent mystérieusement.

– Louis. Tu peux m'appeler Louis.

Un sourire fend donc les lèvres de Louis quand Harry hoche la tête, la gorge nouée par l'appréhension. Il se dirige vers un coin qui ressemble fort à une cuisine, Harry suit ses mouvements du regard mais est incapable de bouger pour le moment. En réalité, il ne sait pas quoi faire de ses mains à part dessiner son portrait sur les feuilles abîmées de son carnet.

C'est ce qu'il veut faire. Le dessiner, toute la nuit.

Retranscrire ses traits sur les pages vierges, les remplir de traits noirs, fins.

Ne jamais oublier la volupté de son corps, ses formes.

L'intensité de son regard.

– Tu veux quelque chose à boire ?

– Merci, j'ai assez bu pour ce soir je crois.

– A manger ?

– Je n'ai pas très faim non plus, merci.

En réalité, il pense à tout sauf la nourriture. Son esprit n'est pas capable de voir autre chose que le corps de Louis. Les futurs dessins qui apparaissent déjà dans sa tête, les croquis débordants de son imagination.

Louis se sert un verre de vin, il le porte à ses lèvres et boit une gorgée avant de le reposer. Ses gestes sont d'une délicatesse à en donner le tournis. Il s'avance vers Harry et lui souffle de le suivre.

Ils entrent dans ce qui doit être la chambre, un lit en bois surplombé de deux vieilles couvertures et un coussin usé, troué par endroits. Un fauteuil dans le coin, juste à côté et quelques livres empilés. Mais Harry n'a pas réellement le temps de s'attarder sur le décor, ses yeux sont attirés par les mouvements de Louis.

Presque une ombre dans la petite pièce quasiment plongée dans le noir de la nuit.

Sa ceinture qui se défait autour de sa taille et rejoint le sol. Le tissu fin, transparent de sa tunique qui coule le long de ses épaules dorées, puis le reste de son corps. Son vêtement se défait dans une lenteur atroce. Tombe. Dévoile une beauté à se damner.

Louis est face à lui, nu. Totalement nu.

Et Harry sent son coeur trembler ainsi qu'une chaleur agréable envahir le bas de son ventre et ses joues.

Extrêmement gêné, il détourne le regard lorsque Louis s'approche de lui. La température semble être montée en flèche, il ravale sa salive en essayant d'être discret. Mais il a l'impression qu'on ne parvient à n'entendre que lui. Que les battements irréguliers de son coeur, prêt à déchirer sa poitrine.

Ses joues doivent assurément avoir viré au rouge écarlate et Harry est finalement plutôt heureux que la pièce soit quasiment plongée dans la pénombre. Même si son malaise doit se faire ressentir. Mais ce que lui demande ensuite Louis, d'une voix atrocement sensuelle, presque comme un ronronnement, le plonge encore plus dans sa gêne. Réveille quelque chose d'encore inconnu en lui, il ne parvient pas à mettre un nom dessus, mais il sait simplement que c'est très agréable. Et que la chaleur jadis présente à l'intérieur de son ventre s'embrase.

– Tu voudrais bien me dessiner, nu ?

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