Une nouvelle équipe (partie 1)
ALESSIA
Ils m'ont interrogé pendant plus de huit heures. Je suis épuisée et mon cerveau menace d'exploser sous la pression. C'est comme si ma tête était une immense cocotte-minute échappant de la fumée et tremblant sous l'effet de la chaleur. Cela doit faire à peu près deux jours que je suis détenue dans une cellule minimaliste aux murs blancs capitonnés, comme si j'étais une décérébrée mentale.
Les questions ont d'abord fusé pendant le voyage jusqu'à Arlington, là où se trouve le fameux siège du Ministère de la Défense américaine, mieux connu sous le nom du « Pentagone ». Il est impossible pour moi de me rappeler en détail la dernière résidence que j'aie partagée avec Alfredo, ni dans quel pays nous étions. Je me souviens surtout des coups, des femmes et des enfants qui séjournaient quelques jours dans ma cellule, les ordres d'Alfredo à ses hommes. Tous ses cris, ses menaces, ses insultes, envahissent à nouveau mon esprit et me grignotent de l'intérieur. Ses abus sont comme des lames de couteau qui me blessent à chaque fois que mes souvenirs refluent. Pour tenir, je me mets à penser à la petite Lily, aux beaux yeux de Parker, à ses mains sécurisantes, ses baisers tendres. Une infime chaleur réchauffe mon cœur endolori et un timide sourire étire mes lèvres gercées. Mes joues sont tiraillées par le sel qui s'est écoulé avec mes larmes.
Alfredo avait absolument tout prévu, ou alors, il souhaitait également tuer Cristiano. Quelle ordure ! J'ai déçu mon frère, je suis une criminelle internationale, mais surtout, je me suis trahie moi-même. L'idée de tuer un homme pour en sauver d'autres m'a traversé l'esprit. Je me déteste.
Pendant que je continue à me morfondre, j'entends soudain la porte de ma cellule s'ouvrir. Un militaire haut-gradé aux cheveux gris coupés en brosse me fait face. Je suis allongée sur mon lit de fortune et ne prends même pas la peine de me lever. Mon corps et mon esprit ont trop souffert, je suis fatiguée de devoir lutter et je n'ai qu'une envie : plonger dans un profond sommeil.
— Mme Julliani, le Secrétaire Général à la Défense demande à vous voir immédiatement.
Un peu abasourdie, je me redresse lentement et fait face au militaire et aux deux soldats qui l'entourent. Mon regard doit être ahuri car il s'impatiente :
— Veuillez nous suivre.
Son ton est sans appel et sa mine sévère me réfrène dans mon envie de lui répondre. Mes jambes en coton ont du mal à me porter, mais je parviens tant bien que mal à me diriger vers la porte de ma cellule. Le chemin pour arriver jusqu'au Secrétaire à la Défense me paraît mesurer des kilomètres. Les couloirs se ressemblent tous, y compris les gens que je rencontre : tous sont des militaires ou des bureaucrates en costume.
Enfin, nous nous arrêtons face à une porte en bois blindée ornée de magnifiques poignées en or. Lorsqu'elle s'ouvre, je découvre avec stupeur que mon frère Cristiano est ici, mais il n'est pas le seul à me fixer. Les beaux yeux de mon cow-boy préféré s'illuminent en même temps que mon cœur, et toute la douleur que j'ai endurée ces dernières heures fond comme neige au soleil.
N'écoutant que mon instinct, je me précipite sur lui, l'enserrant de mes bras frêles. Je m'accroche à lui comme à une ancre pour ne pas sombrer dans l'océan agité qui m'entoure. Je sens à nouveau la chaleur de son étreinte, les picotements de ma peau sous ses caresses réconfortantes. Nos cœurs battent la chamade mais ils sont tous les deux sur le même rythme.
Je mouille son tee-shirt blanc de mes larmes et murmure son nom. Est-il bien réel ? Est-ce que je me mets à halluciner ?
Un raclement de gorge me bascule à nouveau dans la réalité et, là encore, mon cœur fait un triple saut périlleux. Dante se tient juste derrière Parker et me sourit avec tendresse. Il me dégage des bras du père de Lily pour me soulever du sol et me serrer contre lui comme si j'étais encore une petite fille. La chaleur de son torse et l'effusion de sa réaction me remplissent de bonheur et d'espoir.
Lorsque Dante me repose au sol, je me tourne vers Cristiano et lui adresse un bref signe de tête. Il me rend un sourire timide et je choisi d'instaurer une trêve tacite entre nous.
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