Un sombre cauchemar (partie 2)
Cette réponse me glace le sang, et pourtant, je sens une immense chaleur parcourir mes veines, comme si mon corps prenait feu. Une douleur atroce contracte mes muscles et je pousse un cri guttural.
Mes pensées sont saturées de cauchemars. Je vois Lily dans un bain de sang, les yeux vides, serrant un ours en peluche dans ses bras diaphanes. Maddie et Nana ont toutes les deux la gorge béante et un long filet pourpre inonde le sol sur lequel elles reposent. Alessia, quant à elle, est tout simplement torturée et violée. Je tente de rester lucide et optimiste, mais à chaque fois que mes yeux se ferment, les images d'horreur refont leur apparition. C'est une torture sans fin.
Combien d'heures suis-je resté inconscient ? Combien de kilomètres me séparent de ma fille ?
Soudain, un bruit de clé métallique interrompt le fil de mes pensées. La tension torture à nouveau mon organisme déjà tendu à l'extrême.
Un homme ouvre la porte de ma cellule. Il est beaucoup plus costaud que moi, mais j'ai pourtant une terrible envie de lui refaire le portrait. Sentant que je suis comme un animal sauvage en désir de chair fraiche, l'homme en costume me jauge d'un regard cruel :
— Si tu fais le moindre geste, je te ferais vivre un enfer.
À ces mots, il brandit un pistolet électrique et une intense lumière bleutée me foudroie. Si avant j'avais mal, maintenant la douleur est si violente que je manque de m'évanouir. À moitié dans les vapes, je sens les mains de l'homme me détacher de mes liens. Sa poigne et solide et ses gestes sont aussi assurés qu'un militaire surentraîné. D'ailleurs, tout en lui respire l'autorité et l'armée, de sa coiffure en brosse à son regard polaire, il est le sergent dont rêve tout commando.
Une fois debout, je me rends compte que je ne porte plus de chaussures et que mes vêtements ont été changés. Je suis torse nu et seul un pantalon en toile abîmée protège ma nudité. Mon bourreau me traîne hors de ma cellule, sans que je n'ose enclencher une mutinerie. Je l'avoue, je suis dévoré par l'angoisse.
Mes pieds foulent le sol de pierre et mes yeux s'accommodent peu à peu à la lumière. Plus j'avance, plus je reprends des forces, comme si mon corps avait besoin d'exercice pour survivre. Une sensation nouvelle imprègne mes muscles, et une électricité irrite mes fibres neuronales. Je sens que ma tête va exploser.
Le temps est approximatif, et il est impossible de savoir combien de temps nous longeons ces couloirs souterrains qui paraissent sans fin. Soudain, l'homme à l'allure militaire me stoppe devant une porte métallique. Par-delà ce mur de métal, je crois distinguer des sons étouffés, des cris, des rugissements...
Lorsque la porte s'ouvre, je croyais avoir vu beaucoup de choses dans ma vie, y compris dans des documentaires, films et séries télés, mais ce qui se trouve en face de moi dépasse tous mes cauchemars. Une arène ressemblant à celle des gladiateurs est installée au centre de gradins qui s'élèvent à plus de dix mètres de hauteur. La foule est immense et les cris que j'entendais s'expliquent par les nombreux paris qui sont faits en direct. Deux écrans géants diffusent, comme s'il s'agissait d'un match de basket de la NBA, le combat qui est en train de se dérouler devant mes yeux.
Deux hommes se jettent dessus, l'un armé de poings américains, et l'autre d'un katana dont la lame étincelle sous les néons de lumière. Ils ont le visage imbibé de sang séché, le torse martyrisé de coups, et leurs yeux ressemblent plus à ceux d'une bête sauvage qu'à ceux d'un humain.
Mon effroi s'intensifie quand je vois la lame tranchante japonaise s'abattre avec violence sur le visage de l'un des deux combattants. Son crâne est scié en deux et un jet de sang inonde le sable de l'arène. Son corps émet quelques balbutiements nerveux, avant de s'effondrer lourdement sur le sol, complètement inerte.
Pendant que certains hurlent de joie, d'autres s'insurgent d'avoir perdu leur pari. Mais dans quelle dimension du monde ai-je atterri !
Pendant que le corps du mort est emmené dans une sorte de cave, le vainqueur brandit son arme comme un trophée, signe barbare de sa toute puissance. On se croirait dans Gladiator.
— Ça va être à toi le nouveau !
Pardon !?
Voyant mon air ahuri, mon geôlier ricane et me tends ce qui ressemble à une machette. Elle a dû déjà servir car des traces marrons en recouvrent la lame et le manche. Je vais vomir.
— Allez ! En scène le bleu !
Avant que je n'aie pu protester, il me pousse devant une grille de métal qui s'ouvre brusquement, sous les acclamations voraces des spectateurs. Mon cœur va exploser hors de ma poitrine. Mon angoisse est à son comble, mais une étrange adrénaline s'empare de mon corps, comme si j'étais en train de me transformer en une bête sauvage avide de sang. Je me souviens alors des mots de Dante et sur le fait qu'il était sûr que nous avions été drogués. Cette substance est sûrement à l'origine de l'accélération de mon rythme cardiaque, et de la contraction extrême de tous mes muscles.
Mais, mon nouvel état ne m'empêche pas d'être complètement déboussolé, au milieu d'une arène, portant encore les traces de sang des derniers combattants.
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