Un sombre cauchemar (partie 1)


PARKER

Mon souffle est rauque, mes lèvres sont sèches, et ma tête menace tout bonnement d'exploser. Je ne sais plus où j'en suis, ni ce que je dois faire. La terreur me vrille l'estomac et s'insinue comme une épaisse fumée dans tout mon corps. J'étouffe. Mes yeux refusent de croiser le regard implorant d'Alessia, et je rejette les tentatives désespérées des frères De La Rivera de me faire garder mon calme. Comment veulent-ils que je réagisse ? Restez zen ? Ils sont sérieux ? Lily a été le centre de mes préoccupations pendant des années, j'ai veillé à sa sécurité, son bien-être, et voilà que mon agissement égoïste va se répercuter sur elle !

Je ne veux plus que l'on m'adresse la parole, je veux simplement prendre le large et foncer comme un forcené au cœur du danger. Cela fait-il de moi quelqu'un de stupide ? Assurément. Mais n'est-on pas complètement allumé quand on aime profondément quelqu'un ? La preuve en est que j'ai foncé tête baissée dans les affaires d'Alessia, croyant naïvement que je pourrais apporter mon aide. La réalité est bien plus cruelle : ils se sont bien foutus de moi ! Peut-être savaient-ils dès le début que ma famille serait en danger ! J'ai tellement mal, la douleur est si intense qu'elle me plie en deux. Jamais je n'ai ressenti un tel désespoir, une telle envie de meurtre. Si Alfredo touche à un seul des cheveux de Lily, je ne réponds plus de mes actes. Maintenant, je comprends mieux les parents qui assassinent le meurtrier qui a ôté la vie à l'un de leurs enfants. Même si la mort ne serait qu'une délivrance pour un cerveau aussi malade que celui d'Alfredo. Je m'assurerai que sa souffrance soit longue, jusqu'à ce qu'il me supplie de l'achever.

On ne connaît sa nature violente et perverse que lorsque l'on est confronté à une situation désespérée.

Il faut que je sorte pour respirer, ma vue commence à se brouiller et la peur de faire une bêtise finit de me convaincre à quitter les lieux. Alessia tente de me rattraper mais je dégage violemment sa main sans même lui adresser un seul regard. Mon cœur souffre trop, et la seule vision de ses prunelles remplies de pitié suffira à m'achever.

À peine ai-je passé les portes du bureau d'Arturo, qu'une déflagration assourdissante me vrille les tympans. Des mouvements de panique me prennent au dépourvu et je tombe lourdement sur le sol, essayant de me protéger de la foule du mieux que je peux. Les bruits autour de moi ne sont que des murmures flous et une immense fumée m'empêche de respirer. Je sens quelque chose de froid se poser sur ma nuque.

Tout se passe rapidement, les lumières clignotent comme dans un film d'horreur, du sang inonde le parquet, et une forte odeur de poudre emplit mes narines.

La sensation métallique dans mon coup devient de plus en plus concrète, et j'entends enfin un homme me hurler de me lever. Voyant que je mets un temps infini à me remettre debout, il m'attrape par mon tee-shirt. Mon dos se cambre et mes jambes sont bien obligées de suivre le mouvement pour éviter que je ne me casse en deux.

On me mène à l'extérieur, des sirènes se rapprochent et je suis jeté sauvagement dans un fourgon noir. Identifier mes ravisseurs est tout bonnement impossible puisqu'une cagoule noire est immédiatement enfilée sur ma tête. À peine le véhicule démarre que je suis frappé violemment à la tête.

******

Mes paupières s'ouvrent difficilement et une lumière, aussi vive qu'un éclair, m'aveugle. La sensation d'être passé à la machine à laver est très désagréable. Une fois que je suis parfaitement réveillé, la stupéfaction fait place à une forte angoisse. Où suis-je ? Des barreaux en fer sur tout un pan de mur ne laissent que très peu de choix à mon cerveau pour conclure que je suis enfermé dans une cellule.

Quand je tente de me lever, mes poignets refusent de bouger. Je suis sanglé sur un lit de fortune, et je n'ai aucune liberté de mouvement.

Comme si ma vie en dépendait, c'est sûrement le cas, je me débats comme un diable pour tenter de me libérer. C'est peine perdue et, d'ailleurs, je semble avoir attirer l'attention du pensionnaire d'en face.

En effet, je crois distinguer une ombre bouger. Lui n'est pas enchaîné au moins !

— Parker ?

Dante... Il a aussi été enlevé ! Ma gorge est tellement sèche qu'aucun son ne sort de mes lèvres. Seul un râle incompréhensible me permet de lui signifier que je l'ai entendu.

— Ils t'ont drogué, tout comme moi et les autres.

— Drogué ?

— Tu ne te sens pas plus agressif ?

— Agressif ? J'ai envie de démolir la face du gars qui m'a enfermé ici ! Putain ! Il se passe quoi bordel !?

J'entends le souffle accéléré de Dante. Il semble souffrir le martyre. Quand il s'approche des barreaux de sa cellule, ce que je vois me laisse sans voix. Son torse nu est criblé d'entailles et d'hématomes, son visage est marqué par du sang séché et ses lèvres sont fendues. Ses yeux sont révulsés et ses iris noires sont bordées de rouge. Il ressemble plus à un animal qu'à un être humain. Je dois avoir la même allure car son regard m'observe comme si je lui faisais peur.

— La lumière de ta cellule vient de s'allumer, je pense que le but était de te réveiller.

— Où sont les autres ?

— Ils ont été placés dans d'autres cellules, je suppose. J'ai essayé de rester conscient mais... ils se sont acharnés.

— MAIS OÙ SOMMES-NOUS !?

— Parker.... Je n'en ai pas la moindre idée...

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