PARKER

J'ai du mal à tenir le rythme. J'ai beau avoir un dopage de compétition qui circule dans mes veines, Dante est un monstre sur pattes. Ses assauts sont puissants, ses frappes rapides et sa force est décuplée sous l'effet des drogues qu'ils nous ont injectées. Je sens le sang pomper à mes tempes, comme si mon cœur était sur le point de lâcher.

Ma simple machette fait pâle figure à côté de la hache guerrière de Dante. Soudain, sans que je ne puisse parer l'attaque, la lame tranche ma peau et une large plaie s'ouvre sur mon biceps. Je hurle de douleur, j'ai l'impression qu'un jet de lave s'échappe de ma blessure et finit de consumer le reste de mon corps. Pourtant, je refuse d'abandonner. Les images de Lily, Maddie, Nana et Alessia tournent en boucle dans ma tête, comme un vieux disque rayé.

Alors, dans un dernier élan de rage, je fonce sur mon adversaire. Dante est devenu un ami, un confident, mais je refuse de penser aux conséquences de mes actes pour le moment. Le plus beau jour de ma vie a été la naissance de ma fille, et je ne pourrais pas supporter de la savoir seule, livrée à elle-même, abandonnée par le seul parent qui lui reste. Des larmes de rage inondent mes joues, mais je ne prends pas le temps de les essuyer.

J'ai toujours demandé à Lily d'être une guerrière, de ne pas se laisser abattre. Il est temps que je suive mes propres conseils. Elle a encore besoin de moi, de cet amour que sa mère n'a jamais pu lui donner ! Aucun être sur cette terre ne m'empêchera de lutter jusqu'au bout !

À chaque assaut un cri guttural sort de ma gorge. Je ne me reconnaît pas, j'agis à l'instinct. Dante a de plus en plus de mal à parer mes coups et ses jambes flageolent. Du sang inonde nos vêtement, témoins des nombreux coups que nous nous sommes infligés.

Soudain, Dante stoppe son attaque. Ses grands yeux de la couleur de la pierre d'améthyste se figent. Il lâche son arme qui tombe lourdement sur le sol sablé de l'arène. Les cris de la foule ont stoppé, et tout le monde semble suspendu aux lèvres du frère d'Alessia.

Dante tombe à genoux devant moi, sans jamais me lâcher du regard. Un léger sourire ironique se peint sur ses lèvres, et dans un dernier effort, il écarte les bras face à moi.

— Promets-moi juste une chose, Lucky-Luke. Prends soin de ma sœur, et assure-toi de tuer ce fumier dès qu'il viendra te féliciter.

Je n'ose pas bouger. Il est complètement inconscient ! Dante se sacrifie pour...rien ! Nous allons tous périr dans cette histoire, et cette simple vérité augmente la pression du sang dans mes veines, m'arrachant un cri de douleur. J'ai souffert quand Stella est partie, j'ai souffert quand Lily a eu ses premiers troubles, j'ai souffert autant de fois qu'elle a pleuré dans mes bras, j'ai souffert quand Alessia nous a abandonné, et je souffre d'être aussi impuissant !

Un cri, une voix, reconnaissable entre mille, attire mon attention. Mon cerveau embrumé a tout le mal du monde à se concentrer sur autre chose que mon mal-être. Pourtant, je réussis à détourner mon regard de Dante pour fixer la foule. Le seul visage qui retient mon attention est celui qui a écroulé toutes les barrières de mon cœur. Alessia a abaissé le pont-levis de mon château fort et est entrée dans ma vie avec une myriade de choses à m'offrir. Notre avenir était chargé de promesses, toutes plus belles les unes que les autres. Ses beaux yeux noisette trahissent sa culpabilité, pourtant je ne lui en veux pas.

Elle se détache de la foule et s'accroche à la barrière qui la sépare du vide. Je l'entends hurler mon nom comme une longue supplique. Alessia est une jeune femme magnifique, un trésor précieux, le plus beau des diamants. Alors oui, à cet instant, je suis heureux d'avoir pu connaître un tel bonheur dans ses bras. Elle a illuminé ma vie, m'a sorti des ténèbres et a refait sourire ma fille.

Mon regard refuse de se détacher de ses lèvres. Je me rappelle leur douceur, leur avidité et la tendresse avec laquelle Alessia m'a prouvé son amour.