Les préparatifs (partie 1)

PARKER

Le plafond de la chambre d'hôtel est rempli de champignons divers, la cause à une humidité non traitée et à des fuites d'eau non réparées. Bref, Dante a choisi un endroit miteux pour que l'on évite d'attirer les regards. Il m'a confié que sa famille était l'une des plus surveillées dans le monde de la pègre, sans parler des concurrents avides du sang des « De La Rivera ».

Le frère d'Alessia est au téléphone depuis plus d'une heure, et comme il parle dans sa langue natale, je ne comprends absolument rien. Je suppose que c'est voulu, moins j'en sais, moins je peux me révéler être une menace et un poids pour ses plans.

Porca puttana troia !

Là encore, comme l'italien m'est complètement inconnu, je ne comprends pas ce qu'il veut dire. Mais, je suis pratiquement sûr à cent pour cent que Dante ne vient pas de prononcer une formule de politesse, en témoigne la manière rageuse dont il jette son téléphone sur le second lit de la chambre.

Ses cheveux sombres lui tombent sur le front et ses yeux lancent des éclairs. Comme s'il n'avait déjà pas assez prouvé son tempérament de feu, il se met à cogner dans le mur de l'hôtel. Aussi fin que du papier à cigarette, le poing de Dante travers la cloison pour former un immense trou impossible à colmater. Génial... La caution va y passer... Et dire que l'on devait rester discrets...

Je ne prends même plus la peine de lui demander ce qui ne va pas, Dante s'énervera tout seul, et entre ses baragouinements, peut-être que j'entendrai des bribes qui m'aideront à comprendre la situation. Il ne met pas longtemps à se mettre à table :

— Alessia a été arrêtée pour meurtre...

— QUOI !

Cette fois, mon flegme me lâche complètement et je me relève brusquement pour faire face à Dante de toute ma hauteur.

— Ils l'ont emmenée au Pentagone car il en va, selon le chef des armées, de la « sécurité nationale des États-Unis ». Conneries !

— Est-ce que c'est vrai ?

Ok. Dès que je croise les yeux sombres de mon « associé », je comprends que ma question est tout à fait ridicule. Dante pose un doigt menaçant sur ma poitrine et me crache des paroles crues à la figure, en italien évidemment. Décidemment, ce gars allait avoir besoin de séances de yoga et de gestion de l'humeur pour vivre normalement.

— Alessia n'est pas une meurtrière, et le seul fait que tu y penses en dit long sur toi !

— C'est-à-dire ?

Cette fois, je change de ton. Je n'apprécie pas trop la manière qu'il a de toujours remettre en doute mon dévouement pour sa sœur, et l'affection que je lui porte.

J'ai beau être grand et assez musclé, Dante est aussi impressionnant que moi, et aucun coach sportif aurait pu nous départager dans un hexagone de combat. Pendant que nous jouons les gros bras, l'un en face de l'autre, à nous regarder comme des animaux sauvages, on frappe à la porte.

Notre association se remet en place. Dante me tend un de ses flingues et chacun se poste d'un côté de la porte. À son signal, je tourne lentement la poignée pour entrouvrir le battant. Deux hommes pas vraiment avenants se tiennent sur le seuil. Ils ont tous les deux la même coupe de cheveux : le crâne rasé de près et une moustache fine au-dessus de leurs lèvres charnues. L'un fume une cigarette pendant que l'autre me regarde d'un air condescendant. Dante n'attend pas que je lui dise quoi que ce soit avant d'ouvrir en grand la porte et pointer son Glock sur nos visiteurs nocturnes. Le plus mince des deux sort lui aussi une arme et, sans que j'aie pu réagir, il pose le canon froid sur mon front. Quant à moi, je déverrouille la sécurité et vise le ritale bedonnant qui se trouve juste en face.

Les minutes s'égrènent sans qu'aucun ne baisse sa garde. Les regards se fusillent, la tension monte et les lèvres tremblent de fureur. Heureusement que nous sommes dans un hôtel paumé de New-York, sinon les voisins auraient déjà appelé les flics.

Soudain, Dante émet un rire nerveux en levant les deux mains en l'air, signe qu'il se rend. Ne sachant pas comment réagir, je garde le canon de mon arme braqué sur le même gars. Ce qui s'en suit me scie en deux. Les deux italiens se mettent à éclater de rire et serrent Dante dans leurs bras tour à tour. Leurs accolades chaleureuses ont raison de ma méfiance et mon pistolet rejoint la poche arrière de mon jean. 

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