Le traumatisme d'une vie (partie 1)
ALESSIA
Le coucher de soleil... Ses bras autour de moi... Les mots doux prononcés au creux de mon oreille... Il faut que je m'enfuie ! Il va me tuer !
Mon sang ne fait qu'un tour. Alfredo est venu pour terminer le travail. Je ne contrôle plus mes membres, je sais juste qu'il faut que je m'éloigne de lui au plus vite. Il tente encore de me violer mais je lui donne un méchant coup dans l'entrejambe au moment où il baisse la garde. Il hurle de douleur mais je m'en fiche. Je parcours le reste du chemin jusqu'à des chevaux qui sont harnachés à un arbre. C'est ma seule chance ! Je détache les liens et monte en selle. C'est fou ce que l'adrénaline est capable de nous faire ! Elle semble décupler mes forces et je n'ai pas peur de tomber de cheval, aussi étrange que cela puisse paraître. La seule terreur qui serre ma poitrine c'est l'idée qu'il me rattrape !
Le paysage ne prend pas le temps de se matérialiser dans mon esprit, je fends l'air et mon nouvel ami m'emmène loin du danger. Je ne sais pas où je vais, les chemins sont de plus en plus difficiles et escarpés. Je ne suis pas expérimentée et je m'accroche fermement aux rennes pour ne pas basculer. Soudain, le cheval s'arrête net et se met à hennir de panique. Je ne comprends pas ce qui se passe jusqu'à ce que je m'aperçoive de ce qui se trouve juste en face de moi : un ours. Il ne semble pas nous avoir remarqué mais lorsque ma monture se cambre pour l'effrayer, il se retourne dans notre direction. Il montre ses dents puissantes et se mets debout, toutes griffes dehors, et elles sont énormes. Lorsque l'étalon se cabre à nouveau, je suis surprise et je tombe lourdement sur le sol. Il s'enfuit dans les plaines, me laissant seule face à un terrible ennemi.
— Ne bouge surtout pas !
Une voix s'élève dans mon dos, mais prise de panique, je ne l'écoute pas et je me relève pour courir. L'ours ne met pas longtemps à me rattraper et l'impact avec l'animal me projette à nouveau à terre. Je suis terrifiée. Il est au-dessus de moi et l'une de ses pattes s'abat sur moi, je pousse un cri déchirant. Il m'a frappé au niveau de l'abdomen et je sens un liquide chaud tremper mon tee-shirt. Je ne veux pas regarder, mes yeux se crispent de terreur et j'attends la mort. Mais elle ne vient pas. À la place j'entends un cheval hennir et le cri d'un homme qui éloigne la bête sauvage de moi. Je perçois le bruit des sabots puis le rugissement de l'ours qui semble en avoir assez de moi.
J'ai tellement mal. Je ne veux pas mourir. Je crois déceler une belle chevelure brune au-dessus de moi. On me porte mais la douleur me plonge dans un profond sommeil, mes forces m'abandonnent et je décide de laisser le destin faire ce qu'il veut de moi.
*********
Une dispute me réveille et je crois reconnaître la voix de Dante. Il doit encore avoir une conversation musclée avec mon père à propos de ses combats et de sa dépendance à l'adrénaline.
J'attends que ma mère vienne me réveiller en ouvrant les rideaux de ma chambre. Mais, lorsque j'ouvre les yeux, je suis dans une pièce aux meubles anciens en bois sombre et sculpté. Le tapis au sol ressemble à de la peau de bison et le lit dans lequel je suis allongée est recouvert d'une couverture de laine marron. J'ai chaud alors je tente de la repousser, mais quand j'essaye de bouger, une douleur aiguë traverse l'ensemble de mon abdomen. Automatiquement, je porte ma main à cet endroit et je me rends compte qu'un immense bandage entoure tout mon torse. J'ai été soignée, mais par qui ? et pourquoi ? C'est à cet instant que je me souviens : l'ours. Ses griffes ont entamé ma chair et s'il n'y avait pas eu...
Parker ! J'ai fui Parker ! Je suis dans le Wyoming, ma mère est décédée et Alfredo ne peut pas me retrouver. Mais ce sont toutes les similitudes qui m'ont fait basculer dans une sorte de transe. J'étais persuadée qu'il était là, en train de me montrer à nouveau un coucher de soleil pour mieux m'amadouer par ses douces paroles. J'avais la sensation qu'il m'emprisonnait de ses mains puissantes pour me violer encore une fois. J'avais eu tellement peur.
Parker doit vraiment me prendre pour une dégénérée. Je ne serais pas étonnée qu'il me demande de ne plus jamais le revoir, ni lui, ni sa fille.
C'est étrange que je porte autant de traumatismes à propos de cette nuit passée avec Alfredo. Je commence à m'interroger sur la période qui a été effacée de mon cerveau. Et si ce n'était pas seulement un jour qui avait disparu de ma mémoire ? Pourquoi Cristiano tenait tant à ce que je m'éloigne ? et si Dante a obtenu les faveurs de la Cosa Nostra, il n'a pas pu le faire en si peu de temps. Je suis bien trop fatiguée pour donner du sens à mes pensées mais il faut vraiment que j'aie le fin mot l'histoire.
À présent que je suis parfaitement réveillée et lucide, je tente de comprendre le contenu de la dispute qui s'élève derrière la porte fermée de ma chambre.
— Elle est fragile ! Tu as été inconscient de l'emmener dans un endroit aussi dangereux !
— Je ne savais pas que lui montrer un coucher de soleil la ferait se sentir aussi mal ! Comment est-ce que je pouvais le deviner !
— Elle est traumatisée ! Bordel ! Tu es père ! Je ne suis pas sûre que ta fille est en sécurité avec quelqu'un d'aussi irresponsable !
— Ne parle pas de Lily !
— Sinon quoi ? Tu vas me coller ton point dans la figure ou tu préfères un combat de rodéo !?
— Ne me cherche pas !
— Je n'aurais pas dit mieux, je peux te démolir en moins de deux, espèce de bouseux ! Donne-moi le feu vert et je te ferai regretter de ne pas être resté entre les mains de maman ours !
Aucun doute, si je n'intervenais pas, Dante et Parker allaient s'étriper !
— Les garçons !!!
Je hurle pour être sûre qu'ils m'entendent par-dessus leurs cris. Mes deux protecteurs se disputent lorsqu'ils entrent dans ma chambre, à la manière de deux enfants de maternelle. Leur regard est inquiet, ils ont eu peur pour moi et je me sens coupable d'être aussi instable psychologiquement. Il me faudrait une bonne psychothérapie mais je ne suis pas sûre que les professionnels du fonctionnement du cerveau soient établis dans le petit village de Chugwater.
Dante s'approche de moi et me caresse tendrement la joue en me dégageant quelques mèches rebelles. Parker reste accoudé au chambranle de la porte, la culpabilité se lit dans ses beaux yeux émeraude.
— Comment tu te sens petite sœur ? Tu te souviens de ce qui s'est passé ?
— Plus ou moins. Aux deux questions. Qui m'a soigné ?
— Le médecin du village que Parker a appelé. Il a dit que tu avais eu de la chance mais il a tout de même prescrit quelques antidouleurs et ça fait déjà vingt-quatre heures que tu dors profondément comme un petit bébé. Tu auras une vraie cicatrice de guerrière.
Il me sourit mais je n'arrive pas à le lui rendre. J'ai besoin de parler à Parker, seul à seul.
— S'il te plaît, est-ce que tu peux nous laisser deux minutes ?
Au moment où Dante percute ce que je suis en train de lui demander, il me regarde d'un air réprobateur :
— Hors de question.
— Dante. Quoi que tu penses., il m'a sauvé la vie.
— Tu ne veux pas que je lui décerne une médaille quand même ?
— S'il te plaît, j'en ai besoin.
Je vois que je le contrarie, mais au lieu de protester à nouveau, il m'embrasse sur le haut du crâne avant de quitter la pièce, sans oublier de bousculer Parker sur son passage.
Mon beau cow-boy s'approche timidement en fuyant mon regard.
— Parker, viens t'asseoir s'il te plaît.
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