Le parcours de Dante (partie 2)
Je l'aide à s'asseoir et m'installe juste à côté de lui. Dante décide tout d'abord de garder le silence. Quand enfin il se décide à parler, ce que j'entends me refroidit instantanément :
— Cristiano est un traître. Il travaille pour Interpol.
— Tu plaisantes ?
— Je pense que tu as oublié pas mal de choses de cette nuit-là petite sœur. Comme je ne souhaite pas te fabriquer des souvenirs, je vais te poser une question simple : qu'est-ce que tu as gardé en mémoire exactement ?
— Un homme, du genre paramilitaire avec le crâne rasé et des tatouages monstrueux sur les bras, a abattu notre mère. Je me souviens juste du dernier sentiment qui m'a traversé à cet instant : une haine meurtrière. J'avais envie de me jeter sur lui et de lui trancher la gorge.
Dante ne dit rien mais je sens qu'il est autant affecté que moi par la mort de maman. Elle était la douceur incarnée, et même si nous vivions dans un monde corrompu par le crime organisé, elle n'aurait pas fait le moindre mal à qui que ce soit. La vie est tellement injuste.
— Que s'est-il passé Dante ? Qui étaient ces gens ? Pourquoi nous ont-ils attaqué ?
— Il faut que tu t'en souviennes toute seule. Tout ce que je peux te dire c'est qu'il ne faut pas faire confiance à Cristiano.
Je ne dis rien. Je préfère cogiter dans mon coin et espérer qu'un jour je connaîtrai, peut-être, le fin mot de l'histoire. Une autre question me vient tout de même à l'esprit, et pas des moindres :
— Qui t'a poignardé Dante ?
— C'est juste un deal qui s'est mal passé.
— Le sort qu'a subi notre famille ne t'a pas suffi !? Franchement Dante ! Tu traînes encore dans des trucs louches ?
— Tu connais la Cosa Nostra, la mafia italo-américaine ? Papa était en lien avec plusieurs chefs des familles les plus importantes. J'ai pu me réfugier à Kansas City dans le Missouri. Pour faire mes preuves, je passe des deals assez importants. Mais une fois que j'aurais gagné leur confiance, ils nous protégeront comme si nous étions de leur famille !
— Dante...
— J'ai retrouvé Cristiano. Ce salaud se trouvait à New-York, au siège d'Interpol. Ce sont les membres de la Cosa Nostra qui m'ont aidé à le localiser.
— Qu'est-ce que tu as fait à notre frère ?
— Pas autant de crasses qu'il a pu faire à sa propre famille.
J'ai l'estomac noué. Je ne comprends rien à ce que me raconte mon frère, mon meilleur ami. Je suis complètement démunie et j'ai peur pour moi, mais aussi pour lui. Les membres de la Cosa Nostra ne sont pas réputés pour faire dans la dentelle. De manière générale, je n'ai jamais fait confiance aux connaissances de mon père. Le profit est la seule chose qui les maintenait "amis". À présent que les De La Rivera ont été dilapidés, je ne donne pas chère de notre peau.
Dante se tourne vers moi et me caresse doucement la joue. Il dégage une mèche de mes cheveux qu'il place derrière mon oreille et essuie les larmes qui commencent à couler. Je suis tellement fatiguée par toutes ces histoires.
— Je n'ai pas tué Cristiano. Même si ça me démangeait sérieusement. J'ai juste obtenu les indications qu'il t'avait données pour que tu t'enfuies loin de l'Italie, mais aussi loin de nous tous. Je ne sais pas pourquoi il a fait ça mais je ne lui fais plus confiance. Je mourrais à petit feu de ne pas savoir ce que tu étais devenue.
Je ne le laisse pas continuer, je me jette dans les bras de mon frère. Il réprime un cri de douleur mais je ne m'excuse-pas. Je suis tellement heureuse de l'avoir retrouvé que je ne veux plus le lâcher. Il me caresse gentiment le dos et nous restons enlacés pendant un moment, sans dire un mot, juste en écoutant le son agréable de l'eau de la rivière qui s'écoule.
— Pourquoi on ne resterait pas ici ?
— Alessia...
— Les gens sont adorables et j'ai un nouveau job !
— Pardon ?
— Oui ! Je vais aider Parker, celui qui t'a sauvé la vie, à retaper son ranch et réorganiser toute sa comptabilité.
— Tu veux jouer la secrétaire d'un Cow-Boy maintenant ?
Je lui donne une pichenette affectueuse sur la joue et me blottis à nouveau contre lui.
— Je me sens en sécurité avec lui.
— Il a l'air cool.
Je ris. Mon frère n'a pas tellement les mots pour exprimer ce qu'il ressent mais je sais qu'intérieurement il pense que Parker est un homme bien.
— Reste, s'il te plaît. Je ne te le demanderais pas si je sentais que tu étais heureux ou que tu avais réussi à tourner la page. Mais on est tous les deux des âmes torturées et je ne pense pas que la Cosa Nostra soit une super échappatoire.
— Alessia... Tu sais très bien que l'on ne peut pas tout arrêter comme ça.
— Tu es italien ! Tu es un De La Rivera ! S'ils t'ont donné une protection pendant quelques jours, ils sauront se montrer compréhensifs et...
— Non. J'ai une dette que je dois rembourser. Ils m'ont sauvé la vie.
J'ai envie de le traiter d'idiot, de le frapper de toutes mes forces, mais je sais qu'il a raison. On ne quitte pas une organisation comme la Cosa Nostra sur un coup de tête.
— Mais j'ai un truc à régler à Cheyenne, donc je pourrais rester ici peut-être une semaine.
— Merci.
Ma voix n'est plus qu'un murmure. La peur et l'angoisse reprennent de la place dans mon cœur, et sincèrement, je ne sais pas si un jour j'en serais débarrassées.
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