Le mariage (partie 1)

Tout ce que j'arrive à voir ce sont des centaines de chapeaux sophistiqués, des éventails remuer à cause de la chaleur estivale, mais ce qui me fait véritablement transpirer, c'est de voir mon futur mari devant l'autel. Le chemin parait si cour, je ne suis pas prête. Je sens que je commence à paniquer. Mon père doit sentir mon affolement car il se met à serrer ma main et m'embrasse sur la tempe.

— Respire Alessia, tu es splendide mia principessa

Je lui souris et lorsque la musique se met à raisonner au sein de l'Église, je commence à avancer. Ma démarche n'est pas vraiment assurée et heureusement que mon père est à mes côtés pour me soutenir. Tous les regards sont fixés sur moi, tantôt admiratifs, tantôt suspicieux.

Lorsque j'arrive presqu'à la fin de mon supplice, je sens une douce main me serrer l'épaule. Ma mère m'encourage d'un doux sourire et son regard est rempli d'amour. Des larmes coulent de ses magnifiques yeux ambrés. Elle est encore plus belle que d'habitude. Son teint mat est illuminé par sa robe couleur carmin. Ses longs cheveux noirs sont coiffés en de fines boucles qui rebondissent sur ses frêles épaules.

L'élégance et la beauté qu'elle dégage m'impressionnent. Mon père la regarde toujours comme si elle était la septième merveille du monde. Peut-être qu'un jour, Alfredo et moi serions comme mes parents, tendrement amoureux l'un de l'autre.

Quand mon père me lâche enfin pour me confier à mon futur époux, il m'embrasse longuement sur le front et je peux voir dans ses yeux qu'il est aussi ému que ma mère.

Lorsque je me retourne vers Alfredo, mon cœur fait une embardée. Il est beau et élégant. Son costume gris met en valeur sa peau halée et ses cheveux châtains lui tombent légèrement sur le front. Ses yeux noisette me regardent avec tendresse et son sourire est serein. J'apprécie la manière dont il me met en confiance et je me prends à espérer que ma vie à ses côtés ne sera pas si terrible.

La cérémonie traditionnelle est suivie d'une fête permettant de réunir les deux familles. Les gens semblent heureux. J'observe de nombreux sourires illuminés les visages et l'on ne cesse pas de nous féliciter.

Perdue dans mes pensées, je ne vois pas tout de suite la main d'Alfredo qui m'invite pour une valse. Je suis une piètre danseuse et je risque de lui écraser les pieds, mais comme tout le monde nous regarde, j'accepte à contre-cœur.

Entre mon mari et moi, ce n'est pas ce que l'on pourrait appeler l'alchimie, mais il est gentil et charmant, alors je m'en contente pour le moment.

Je me prends à observer mes frères qui ont l'air de bien s'amuser. Ils ne se privent pas d'alcool pour fêter mon mariage. Cela ne m'étonne pas le moins du monde et je souris en voyant Dante essayer de draguer l'une des demoiselles d'honneur. Il est tellement saoul qu'il arrive à peine à tenir la conversation.

Alfredo m'embrasse avec douceur sur la joue et me chuchote discrètement à l'oreille :

— Je ne te l'ai pas encore dit mais tu es absolument magnifique.

— Tu n'es pas mal non plus.

Il me sourit et nous allons nous installer à la table des mariés pour entendre les discours. C'est mon père qui attire l'attention le premier en faisant tinter son verre. Tous les invités arrêtent leur conversation et se tourne dans sa direction, complètement pendus à ses lèvres.

Mon père se racle la gorge et commence à parler d'une voix tremblante :

— Lorsque ma femme a donné naissance à ma première fille, mon cœur s'est fendu et je croyais sincèrement que j'allais faire une crise cardiaque en pleine salle d'accouchement.

Des rires discrets s'élèvent dans l'assistance mais mon père fait signe aux personnes présentes de le laisser finir :

— Quand on est dans notre métier, on est soumis à toute sorte de danger. J'ai appris à mes trois garçons à se défendre, à se battre et à se faire respecter. Alessia est douce et fragile, comme une rose en pleine éclosion. C'est le trésor de ma vie et je dois vous confier qu'il m'a été difficile de me résoudre à ce qu'elle se marie. Mais j'ai confiance en Alfredo et sa famille. Je sais qu'il sera capable de prendre soin de ma princesse comme il se doit. Elle mérite le meilleur.

Il s'arrête un moment pour reprendre son souffle et ne pas laisser les larmes couler, mais je sens qu'il a toutes les peines du monde à les retenir. Quand il reprend la parole, sa voix est plus joviale :

— Vous avez constaté que la beauté de ma fille est sans égale. Je peux aussi vous assurer que son cœur est généreux et sa gentillesse fait d'elle une personne exceptionnelle. Je dis peut-être cela parce qu'il s'agit de ma fille, mais honnêtement, je défie quiconque de me dire le contraire.

Sur ces mots, il se tourne vers Alfredo et lui adresse un regard sérieux, ne laissant aucune place à la discussion. Sa voix est grave et émue :

— Garde-là près de ton cœur mon grand, car en un regard elle te le prendra pour toujours. Elle fera de toi un homme meilleur, comme elle l'a fait pour moi.

Mon époux lève son verre en signe d'acquiescement et de respect pour les paroles de mon père. Je ne pensais pas pouvoir être plus émue, mais ce discours était magnifique. Par ces paroles, il m'a prouvé qu'il serait toujours là pour moi et que rien ni personne ne serait un obstacle entre lui et sa fille.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top