Le marchandage (partie 3)


Dante met la main une seconde sur le micro du téléphone et interpelle Augusto :

— Bascule le minuteur sur deux minutes. J'en ai marre.

Alors que personne n'ose faire le moindre geste, cette fois le bel italien éclate de rage :

— Tu vas me baisser ce putain de compte à rebours !

Ses yeux sont révulsés, et tous ses membres se mettent à trembler sous l'effet de la tension extrême qui se dégage de ses muscles contractés. Il sort son Glock et le pointe sur son ami en lui intimant fermement de mettre sa requête à exécution. Augusto n'a pas d'autre choix que d'obéir. Au moment où les deux minutes s'affichent sur les écrans de Manhattan, j'entends jurer le Secrétaire Général à la Défense.

— Merde ! Mais à quoi vous jouez !?

— Justement, je ne joue pas Monsieur Spencer. Ma sœur est un otage et vous allez la relâcher bien sagement, sinon vous serez face à un cataclysme de taille. Quelle image voulez-vous donner aux gens ?

— Pas celle d'un lâche !

— Vous préférez celle d'un bourreau ?

Il ne reste plus que dix secondes avant que les informations soient automatiquement transmises à toutes les plus grandes chaînes nationales. Les choses vont dégénérer et, pour la première fois, je sens que la situation nous échappe. Sans que Dante ne s'y attende, je m'empare du téléphone et m'adresse directement au Secrétaire.

— Monsieur, je sais la pression que vous devez subir à cet instant, mais nous voulons la même chose.

— Qui êtes-vous ?

— Mon nom importe peu, mais je connais Alessia. Ce n'est pas une meurtrière, elle a simplement subi un chantage de la part de son mari. Il a été tyrannique avec elle, et vous savez à quel point il est difficile de s'échapper de l'emprise d'hommes violents.

— Arrêtez-moi ce foutu minuteur.

— C'est hors de question Monsieur le Secrétaire. La seule chose que je peux vous proposez c'est un compromis.

— Je vous écoute.

— Nous ne sommes pas des terroristes. Alfredo Julliani est un criminel de la pire espèce. Sur ce point, nous sommes tous d'accord. Cristiano De La Rivera est fonctionnaire d'INTERPOL et je crois savoir qu'il fait partie des forces spéciales espagnoles.

— Où voulez-vous en venir ?

Les trois italiens m'interrogent du regard sans savoir quelle sera l'issue de la conversation, ni le plan que j'ai construit dans ma tête en moins de trente secondes.

— Libérez Alessia et nous prenons Cristiano dans une équipe pour retrouver la trace d'Alfredo Julliani. Pendant que votre prisonnière nous renseignera éventuellement sur ce qu'elle sait, Cristiano est un expert des missions d'infiltration et de lutte contre le crime organisé. Dante a fait l'armée et possède énormément de contact dans le domaine de la pègre. Vous ne trouverez pas de meilleure équipe pour sortir de son trou le criminel le plus recherché de la planète.

— Et vous ? Quel est votre rôle ?

Je me racle la gorge. Sa question me prend de court et mon esprit est en blocage complet. L'adrénaline m'a fait parler mais lorsqu'il s'agit de présenter ma relation avec Alessia, mes cordes vocales se mettent en « stand-by ».

— Je... Je suis plus que motivé.

Dante me reprend brusquement le téléphone des mains :

— Il vous reste trente secondes, Monsieur le Secrétaire à la Défense. Que décidez-vous ?

Le temps s'égrène come au ralenti, j'entends le sang pulser sous mes tempes, une chair de poule me parcourt l'épine dorsale, et mes mains émettent des tremblements irréguliers. Il ne reste plus que dix secondes. Dante a déjà le doigts sur la touche « enter » pour envoyer les informations sensibles. Mon cœur bat tellement fort que j'en deviens complètement sourd.

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