L'amour plus fort que la haine (partie 1)
ALESSIA
Je savais qu'Alfredo ne se laisserait pas faire aussi facilement. Au moins, la famille de Parker est en sécurité. Mon mari a un tas de défauts, mais ce n'est pas un menteur quand il s'agit des affaires, et vu sa mine contrariée lorsqu'il a demandé de libérer les otages, je suis certaine qu'il a respecté ma volonté.
L'ennui, c'est qu'à présent je ne sais plus quoi faire. Je suis à court de plans ingénieux et ma fatigue commence à se faire ressentir dans tous mes muscles.
Finalement, perdue pour perdue, dans un dernier élan suicidaire, je décide de pointer mon arme directement sur Alfredo. Ce dernier ne semble même pas surpris de ma tentative. Au contraire, il s'en amuse et je regrette mon geste lorsque je vois son sourire machiavélique réapparaître sur son visage.
Il s'approche de moi et colle son front contre le canon du révolver en signe défi.
— Qu'est-ce que tu attends pour tirer ? Dois-je te rappeler que mes hommes n'hésiteront pas à abattre toute ta famille si jamais tu oses faire une bêtise pareille ? Je te croyais plus intelligente, mais finalement tu as le même tempérament suicidaire que ta mère. Tu te rappelles comment elle a fini n'est-ce pas ?
Il est plus facile d'imaginer tuer un homme que de le faire. L'adrénaline m'a, certes, donnée du courage, mais pas assez pour que je décide d'avoir du sang sur les mains. Alfredo a beau être la pire des ordures, je suis incapable d'appuyer sur la détente.
Mon indécision lui profite puisque, sans que je n'aie pu esquisser le moindre geste, je me retrouve la tête projetée sur le côté par une immense claque. Alfredo m'a désarmée et je suis à nouveau sans défense. Ma joue me lance et mes jambes ne sont plus assez fortes pour supporter mon poids. Lorsque mes genoux heurtent le sable, je m'apprête à déclarer forfait. Je vais mourir.
— Vous allez me suivre bien gentiment, et nous pourrons échanger des politesses en privée. Mes gardes vont vous donner un tee-shirt pour que vous soyez plus présentables, les guerriers.
D'abord interloquée, mes membres refusent de faire le moindre mouvement. Je sens une main puissante me soulever de terre pour me remettre debout. Les yeux d'Alfredo pourraient me foudroyer sur place si nous étions dans un film de science-fiction.
Les couloirs souterrains se ressemblent, c'est comme si nous pénétrions dans l'antre du dragon, prêts à nous faire dévorer en une bouchée. Mon cœur menace de percer ma cage thoracique tellement il bat vite.
Au bout de ce qui me paraît être une éternité, nous pénétrons enfin dans une pièce plus chaleureuse que les cellules devant lesquelles nous sommes passés. Le sol est recouvert d'une moquette rouge carmin, une immense table de réunion en merisier trône au centre de la pièce, et un splendide chandelier doré donne une ambiance feutrée.
Près de ce qui ressemble au bureau d'Alfredo, une femme blonde nous tourne le dos. Son allure élancée, la froideur de sa posture, des cheveux aussi claires, tout en elle me rappelle quelqu'un. Lorsqu'elle se retourne, je jure intérieurement : Sarah ! Voilà qui explique beaucoup de choses. Alfredo avait une taupe de choix au sein de l'organisation de la police internationale !
Ses yeux polaires m'adressent à peine un regard pendant qu'elle vient se loger dans les bras de mon criminel de mari. Mais quelle idiote !
— Comme les présentations ont déjà été faites, inutile de perdre du temps.
À ces mots, Alfredo demande en italien à ses hommes d'amener mes deux autres frères, Cristiano et Arturo. J'appréhende la réaction de l'un d'eux quand il verra à quel point il s'est fait rouler dans la farine.
Il ne faut que quelques minutes aux gorilles d'Alfredo pour amener les corps malmenés des derniers De La Rivera. Ils ont été passés à tabac, en démontre leur visage tuméfié et le rictus douloureux qu'ils esquissent lorsqu'on les pousse au centre de la pièce. Arturo fixe le sol comme s'il souhaitait qu'il s'ouvre sous ses pieds. Quant à Cristiano, je ne l'ai jamais vu perdre ses moyens, et pourtant, lorsque son regard croise celui de son ancienne coéquipière, ses yeux deviennent vitreux. Une haine inqualifiable se grave sur son visage, sans parler de ses poings qui se resserrent jusqu'à ce que ses doigts virent au blanc.
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