Jour de sourires et jour de larmes (partie 1)

PARKER

Je suis surpris de voir la Ford d'Alessia franchir le portail du ranch. Je ne m'attendais à ce qu'elle me pardonne aussi vite pour avoir réagi comme un idiot la veille. Quand j'ai croisé ses yeux noisette, la colère que j'y aie vue m'a effrayé. Je m'inquiète aussi pour Lily, mais Nana et Maddie m'ont rassuré et convaincu de ne pas trop m'en faire. En revanche, ma fille refuse toujours de me parler. Je ne peux pas lui en vouloir. J'ai insisté pour qu'elle se jette directement dans la gueule du loup et, comme elle l'avait prédi, elle s'est faite dévorée en un rien de temps.

Je suis en train d'installer des tables en plastiques et des couverts en carton pour des gamines qui ont anéanti le psychisme de la mienne. Je le fais sans grande conviction car je ne suis pas certain que Lily ait envie de fêter quoi que ce soit. Je suis complètement perdu, alors quand je vois la belle chevelure blonde d'Alessia se diriger vers moi, mon cœur s'allège un peu.

— Merci d'être venu.

— Ne me remercie pas trop vite, je vais te faire bosser !

Lorsqu'elle me dit ça, mes mains se mettent en suspens et mes yeux la fixent sans comprendre.

Elle tient une grande boîte blanche dans sa main droite pendant qu'elle appelle quelqu'un avec son smartphone. Elle me fait signe d'attendre deux minutes avant de lui répondre. J'interrompt ce que je suis en train de faire et lui montre du bras que je vais me reposer à l'intérieur. Je n'ai pas dormi de la nuit et je me sens vraiment épuisé.

Quelques minutes plus tard Alessia me rejoint dans le salon et s'assoit juste en face de moi pour me montrer une photo sur l'écran de son portable. Lily est radieuse et arbore une magnifique coupe dégradée. Sans que je m'y attende, des larmes me montent aux yeux, et comme un petit garçon, je me mets à pleurer. Je ne voulais pas me montrer si faible devant Alessia mais mes nerfs lâchent et je n'arrive plus à contrôler mes émotions.

Comme je m'y attendais, elle comprend et pose sa main délicate sur mon genou qui n'arrête pas de trembler.

J'entrelace mes doigts aux siens et observe nos mains liées. Elles s'emboîtent parfaitement et rien ne me ferait plus plaisir que trouver une chaîne pour ne plus jamais qu'elle me lâche. Je m'en fiche si je peux paraître fou en pensant à ça mais je ne peux pas desserrer mon étreinte. J'ai besoin d'elle.

Quand je relève la tête, ses yeux sont aussi brillants que l'étoile polaire et ses douces lèvres me sourient de compassion.

— J'ai acheté une tenue pour Lily. Sur le chemin je me suis dépêchée de me renseigner sur les décorations que je pourrais commander pour sa fête d'anniversaire. Nana et Maddie les apporteront. Je comptais te prévenir avant mais tout s'est décidé à la dernière minute.

— Qu'est-ce que tu as prévu ?

Elle relâche ma main et je sens un vide se creuser dans ma poitrine. Je ne laisse rien paraître et essuie le reste de mes larmes. Quel homme ! Je suis vraiment pitoyable quand je m'y mets.

Elle tape sur son clavier de téléphone à une vitesse fulgurante et s'empresse de me montrer tous les articles qu'elle a achetés. Dans l'ensemble, il s'agit d'objets que l'on pourrait trouver à Fort Alamo. Quand j'observe les images des bottes de foin, des chapeaux de cow-boy, des colts, lassos et autres extravagances, j'ai compris quel était thème. Je suis encore plus convaincu lorsque je vois la nouvelle tenue de Lily. Alessia s'est donné beaucoup de mal.

— Tu es exceptionnelle !

— Lily mérite le meilleur des anniversaires.

— Je comptais décommander les invitations des filles qui étaient à la soirée d'hier...

— Surtout pas !

Je la regarde d'un air étonné et fronce les sourcils. Je ne souhaite pas que ma fille soit de nouveau face à ces pestes, surtout pour son anniversaire ! Voyant que je désapprouve totalement cette idée, Alessia s'explique :

— Ne leur donne pas une raison de la mettre encore à l'écart. Il faut que Lily montre qu'elle est forte et déterminée. Je sais que ça paraît idiot et tu vas sûrement penser que je suis folle, mais je te demande de me faire confiance.

— Ce sera quoi après les cheveux ? Elles lui déchireront ses vêtements ? Elles la battront dans la cour de l'école ?

Je me lève brusquement du fauteuil. Ne tenant plus en place, je décide de sortir finir d'installer la table pour les invités. Je sens la délicieuse odeur d'Alessia me suivre. Je fulmine de rage mais je suis persuadée que ce serait encore pire si elle n'était pas là pour m'aider.

— Parker, écoute-moi.

— Tu ne connais pas la vie réelle. Je suis désolée de te balancer ça en pleine face, mais tu as grandi dans un monde complètement différent de Lily !

— Oh ! Et tu crois que je n'ai jamais subi de harcèlement scolaire parce que mon père était un criminel ?

— Ce que je dis, c'est que...

— ... Je ne peux pas te laisser raconter n'importe quoi ! Tu as raison sur un point. : je ne sais pas agir comme une personne normale, on ne me l'a jamais appris. J'ai tenté d'être une enfant insouciante, mais je sentais que ma famille était en perpétuel danger. Je n'ai jamais pu dormir sur mes deux oreilles. Seuls mes frères étaient présents pour me défendre, mais lorsque j'étais seule à l'école, personne ne surveillait mes arrières. Je ne me suis fait respectée qu'en montrant que je n'avais pas peur. Il fallait à tout prix montrer que je ne laisserai personne me détruire.

Je baisse la tête et lui tourne le dos. Je me sens honteux et perdu. Je n'avais pas imaginé les choses sous cet angle.

— Alors je te le redemande une dernier fois, Parker : est-ce que tu me fais confiance ?

Sa douce voix parvient à mes oreilles et quand je me retourne vers elle, ses yeux m'hypnotisent complètement. Mon cœur est prêt à exploser. Évidemment que je lui fais confiance. Comment pourrais-je me défier d'une femme aussi douce et généreuse ?

Sans dire un mot de plus, je hoche la tête. Elle sourit et émet un petit cri de joie. Je me prends à rire de sa réaction et lorsqu'elle s'en rend compte elle me tire la langue puis s'en va pour appeler d'autres prestataires. Je lui confie tacitement la direction des opérations, comme on le dit si bien : « qui ne dit mot, consent ». 

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