D'une poigne ferme, j'attrape le poignet d'Arturo et l'oblige à baisser sa garde. Il a beau être fort, je le suis aussi, et personne ne pourra m'en vouloir de me défendre face à des paroles aussi stupides et insultantes.

— Je n'ai rien à te prouver. Si je suis là, c'est uniquement pour Alessia. Quant au fait que je te fasse penser à un chien, je me dois de te rappeler que dans ce cas, je peux mordre. Crois-moi, tu n'aimerais pas me mettre en colère, et je suis sûr que ton égo surdimensionné t'empêchera de me faire passer à tabac par tes sbires. Tu préfèreras largement t'en charger. Mais, je crois que l'on a d'autres chose à foutre que de combattre sur un ring, non ?

Alessia vient à ma rescousse et se poste à mes côtés afin de faire front avec moi. Arturo continue de me fixer, impassible.

— Je te présente Parker Davis. C'est un homme bien et sa loyauté est sans égal. Arrêtons de jouer à ce jeu qui ne mène à rien. Je ne sais pas pourquoi Alfredo nous a mené à toi, mais une chose est sûre, nous avons besoin de rassembler notre famille pour le vaincre.

Arturo capitule au bout de quelques secondes qui me semblent interminables. Il se frotte l'arrière de la nuque, de la même manière que Dante. Ces deux-là ne sont pas frères pour rien !

Soudain Cristiano se lève sous le regard étonné d'Alessia. Nous appréhendons tous ce qui va suivre. L'ambiance est à couteaux tirés, et nos chances de trouver une solution à nos problèmes sont minces.

— J'ai fait ce que tu m'as conseillé Arturo, mais je n'ai pas réussi à maintenir Alessia et Dante suffisamment éloignés.

Abasourdi, je me tourne vers Cristiano comme s'il venait de révéler qu'il avait lancé un missile sur la Russie. Ce gars est une énigme à lui seul !

Dante ne met pas longtemps à perdre son calme et s'éloigne avec dégoût de son frère, en ne cessant de le fixer de ses yeux sombres.

— Attends une minute ! Tu étais au courant pour Arturo ? Tu te fous de notre gueule !

— Ce n'est pas ce que tu crois. Arturo m'a toujours soutenu dans mon désir de faire partie des forces spéciales italiennes. Il était au courant pour mon enrôlement au sein d'INTERPOL. Quand vous avez été pris en otage, avec l'agitation, j'ai profité d'un moment où la Cosa Nostra sicilienne et les sbires de Julliani se tiraient dessus, pour évacuer Arturo. Je comptais faire la même chose avec toi, Dante, mais tu t'étais déjà enfui. Quant à Alessia, elle était entre les mains d'Alfredo, tout comme papa.

Dante regarde tour à tour ses frères, sans comprendre ce qu'il lui arrive. Le rejet est si puissant que son self-control, déjà mis à rude épreuve ces derniers jours, ne tient plus qu'à un fil. Je sens dans tout mon être la pression qui envahit chacun de ses pores. Alessia est terrorisée devant la mine défaite de son frère, ce qui finit de me décider à intervenir.

— Ok les gars, je sais que vous avez de gros soucis de famille, mais le moment est mal choisi pour entamer une thérapie. Je propose que l'on se pose cinq minutes et qu'on analyse la situation tous ensemble. Alfredo ne s'encombre pas de sentiments, il est temps qu'on agisse comme lui, sans le moindre affecte.

— Parker a raison. Laissons nos querelles familiales de côté pour le moment et concentrons-nous plutôt sur la meilleure manière de coincer notre ennemi. On est tous dans le même bateau, alors soit on le laisse chavirer, soit on prend la barre tous ensemble pour braver la tempête.

J'apprécie qu'Alessia prenne mon parti. Ses beaux yeux noisette ne cessent de me fixer et j'y observe une magnifique lueur de gratitude briller comme un millier d'étoiles. Elle s'approche de moi, et pour signifier son ralliement à ma cause, serre ma main aussi fort qu'elle le peut. La chaleur de sa paume électrise tout mon être, et chaque parcelle de mon corps souhaite qu'elle n'arrête jamais de me toucher.