Une Mule tirait son chargement à travers la savane. Son maître impatient la criblait régulièrement de coups de bâton, sous un soleil de plomb, pour la faire avancer plus vite. Épuisée par la chaleur autant que par l'homme ingrat, la pauvre bête avançait, enviant le pas tranquille des animaux sauvages qu'elle croisait.

Lorsque la chaleur épouvantable vint à bout de la résistance de l'homme, il se décida à se reposer, abrité par un acacia dont la ramure ombrageuse filtrait le soleil écrasant. Sans même penser à donner à boire à la pauvre mule attachée, il s'endormit.

Vint un Zèbre, étonné de voir si petit convoi. Mais lorsque la mule lui parla de son envie de liberté, le rayé lui répondit :

- Tu te plains de ton quotidien, mais ton chargement te tient en vie; à défaut de bien te traiter, l'humain a besoin de toi. Qui me protège, moi, du Lion caché dans les broussailles, ou du Crocodile, lorsque je me désaltère?

Sur ces sages paroles, le maître se réveilla, la faim au ventre. Découvrant le Zèbre tout près, il ne réfléchit pas; un coup de feu, rapide : le repas était servi.

Choquée, la Mule piaffa, alors que les yeux de l'autre s'éteignaient :

- Ma foi, tu as raison, à quelque chose malheur est bon. Et si mon corps ne m'appartient pas, pour ma tranquillité, au moins il vit, avec un esprit plein de liberté.