36 - Changer d'habitude

Lorsque Délia arrive au bureau, elle passe rapidement devant la réception sans accorder un regard, pas plus aux deux jeunes secrétaires qu'à Lise qui semble pourtant impatiente de la revoir. Cette dernière regarde attentivement le couloir et lorsqu'elle comprend que Gilles n'est pas avec Délia, elle la suit jusque dans son bureau. Elle frappe deux coups contre la porte et attend l'autorisation d'entrer.

- Lise ? Qu'est-ce qui se passe ? demande Délia en l'observant de haut en bas.

- Je voulais... savoir... si... enfin..., bredouille-t-elle en refermant derrière elle.

- Lise ! On t'a dit ! Direct, ne prends pas quatre chemins pour me parler !

- Gilles... Il ne va pas revenir ?

- Monsieur Baco ? la corrige Délia. Non. Il a pris le reste de sa journée qu'il compte passer avec son épouse. Pourquoi ?

Lise déglutit, rougit et chuchote en baissant la tête.

- Ce que vous avez entendu dans les toilettes... Je vous assure que... Enfin ce n'est pas ce que vous croyez... Je...

- C'est lui qui s'en apercevra tout seul. Je n'ai pas cafeté. Mais il saura si tu t'es fait jouir ou si tu as attendu, laissant la pression montée. Tu étais inquiète ?

Lise hoche la tête. Délia sourit plus malicieusement encore. Ce petit jeu lui plait de plus en plus. Et si elle pouvait s'éloigner de Gilles en laissant la petite secrétaire assouvir les besoins accrus de leur patron, elle se sentirait sans doute mieux face à son amie.

Les émotions bousculées de ce matin, plus jamais elle n'a envie de les vivre. Elle aime le risque, mais pas à ce point.

- Tu as encore quelque chose à me demander ?

- Vous savez ce que... Enfin... ce qu'il pourrait me faire pour me punir ? Si je n'obéis pas ?

- Il ne t'en a pas parlé ?

- Si... un peu. Mais... enfin, vous pouvez m'en dire plus ?

- Il peut ne plus jamais te toucher, te caresser, te sentir, te lécher, te faire jouir. Il peut aussi t'ignorer, ne plus t'adresser la parole, sauf pour te dicter son courrier. Ou alors...

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il pourrait me faire ? s'impatiente Lise.

- Tu as peur des châtiments corporels ?

- Je... les châtiments ? répète Lise abasourdie. C'est-à-dire ? Je ne comprends pas.

- Mais si, tu as parfaitement compris. Une bonne fessée sur ton beau petit cul rebondit. Jusqu'à ce que tes fesses rougissent autant que tes joues. Ou alors, de coups de cravaches sur les cuisses. Le fouet, c'est bien aussi, et ça laisse de petites traces parfois plus profondes, mais facile à cacher, parce qu'elles sont fines.

Délia jubile. Elle voit Lise se décomposer à chacun de ses mots. Oui, ce rôle-là, celui de la dominer, de la manipuler dans un certain sens, la rend très heureuse. Elle se sent même un peu excitée en imaginant quelques scènes plus hard que d'autres. Et elle finit par se demander si elle préférerait la punir elle-même ou plutôt assister à la punition.

- Mais... ça doit faire mal ?

- Evidemment. Mais c'est pour t'apprendre à obéir. Simplement. Les cartes sont entre tes mains. Tu obéis et tu n'en retires que du plaisir. Tu enfreins les règles... c'est comme pour tout, tu en subis les conséquences.

- Je... ferai de mon mieux.

- Encore une chose Lise. Lorsque ton dominant te punit, il ne ressent pas la moitié du plaisir que tu lui offres en étant sa soumise.

Lise sourit à nouveau plus confiante.

- Et lorsqu'il est heureux et excité, il t'en fera profiter pleinement. Tu n'auras plus envie de jouir sans lui, même si pour cela tu devras attendre de longues journées et de très longues nuits.

Lise l'observe en plissant les yeux. Délia craint d'en avoir trop dit. Elle ajoute :

- Le sexe un peu différent, avec des rapports dominants / soumis permet d'éviter la routine et de surprendre son partenaire. Les jouissances en sont également très surprenantes.

Lise ouvre la bouche, Délia l'encourage :

- Vous... vous avez un homme... enfin... vous avez un soumis ?

Délia se retient de rire à gorge déployée. Mais elle est rassurée. Lise ne pense plus qu'elle couche avec Gilles. Elle décide de poursuivre sur cette voix.

- Actuellement, j'en cherche un. Et il est possible qu'un jour, tu assistes à une séance ou que tu seras en sa présence.

- A quatre vous voulez dire ?

- Gilles te donnera des ordres et moi je m'occuperai de mon soumis.

Lise semble ne pas tout comprendre. Elle s'apprête à demander plus de précisions, mais est interrompue par le téléphone. Délia décroche et la congédie d'un regard, à moitié rassurée. 

Lorsque la pénombre envahit son bureau, Délia rassemble ses affaires et quitte son bureau. La journée a été longue à tout point de vue. Seule, sa petite conversation avec Lise a eu un goût de jouissance.

Elle se dirige vers la station de taxi la plus proche et prend un repas chez le traiteur juste en bas de chez elle, avant de rejoindre son appartement.

Elle prend enfin le temps de souffler et de relâcher la pression lorsqu'elle referme sa porte.

Cette journée a été affolante. A tout point de vue. Et elle ne veut plus en vivre une seconde pareille. Elle se fait la promesse de tout régler dès le lendemain avec Gilles. 

***********

Au moment de boire son café après le repas, Gilles se demande pourquoi au restaurant, au bureau, ou partout ailleurs qu'à la maison, tout semble plus facile. En tête-à-tête, à l'intérieur de leur propre maison, en face de sa propre femme, ils deviennent plus distants que des inconnus, ou presque.

Lucretia monte se coucher un peu avant la fin du film et lorsque Gilles la rejoint, il se glisse à ses côtés sans avoir envie de la réveiller. C'est devenu tellement normal de s'endormir dans le même lit, sans se toucher. Ils ont perdu ce besoin, une nouvelle habitude est née de leur éloignement. 

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