35 - Retrouver confiance
Le rendez-vous fut tendu, mais Gilles soutenu par son épouse et les arguments de Délia obtient gain de cause auprès des actionnaires et notamment l'appui inattendu de son beau-père.
Lise assiste à la réunion se tenant près de son patron, un peu en retrait de la table de conférence en prenant des notes pour dresser le procès verbal. Mais la présence de son patron la perturbe. Dès qu'il se lève et qu'il parcourt la pièce, passant près d'elle, finit de la déconcentrer et elle choisit d'enregistrer la séance pour pouvoir remettre de l'ordre dans ses notes sans se tromper.
Dès que son magnétophone est enclenché, elle se détend et se met à rêver à certains gestes. Elle le cherche du regard, dilate ses narines pour mieux le sentir lorsqu'il est près d'elle, tente d'attirer son regard, par des sourires ou des postures, discrètes, mais néanmoins suggestives.
A la fin de la réunion, il se penche par-dessus son épaule pour relire une phrase. Il fronce les sourcils alors qu'elle lui montre l'enregistreur. Il lui sourit et suit ses actionnaires pour sceller ce nouvel accord autour d'un bon repas.
Ce simple rapprochement rend Lise pantelante. Dès qu'elle se retrouve seule, elle se redresse d'un bond et court aux toilettes. Elle relève sa jupe, pose une main sur ses lèvres et se frotte son sexe. Elle est surprise du gémissement qui lui échappe. Au même moment, la chasse d'eau dans la cabine voisine la fait sursauter. Elle cesse ses gestes, ferme les yeux et soupire. Encore un jour à attendre ! Un foutu jour...
Elle remet ses vêtements en place, vérifie sa tenue, tire elle aussi la chasse d'eau avant de sortir et de se retrouver nez à nez avec Délia. Cette dernière la détaille des pieds à la tête et attarde son attention à l'endroit de son intimité.
Délia sourit malicieusement sans dire un seul mot et quitte la pièce. Lise tente de la rattraper, mais une fois dans les couloirs, trop de personnes sont présentes pour qu'elle puisse lui dire qu'elle a résisté, qu'elle ne s'est pas soulagée. A partir de cet instant, Lise craint que Délia ne cafte à leur patron.
*******
Délia, Lucretia et Gilles soupirent en chœur dès le dernier partenaire loin de leur table. Puis, après avoir échangé un regard complice, ils se mettent à rire. D'abord d'un rire nerveux, avant qu'il ne devienne sincère.
Pas un actionnaire ne leur avait fait de cadeaux, y compris pendant le repas. Mais aucun n'a pu contrer leurs chiffres en progrès depuis quelques mois et tous furent d'avis d'attendre encore un peu avant de prendre des décisions définitives qui affaibliraient l'entreprise.
Après avoir vidé son verre de vin, Délia s'excuse prétextant un besoin de se rendre aux toilettes. En revenant, elle trouve le couple, proche l'un de l'autre, le regard attendri de Gilles posé sur le visage de son épouse, alors que cette dernière lui caresse le dessus de sa main. Délia marque une seconde d'hésitation en assistant à la scène et une vague de culpabilité l'envahit. Elle n'a jamais aimé être un grain de sable dans leur quotidien. Lucretia tourne son visage et croise son regard. Elle lui sourit et lui fait signe de les rejoindre.
- Au fait... j'ai une question Dél', ta tenue de ce matin...
Gilles pâlit. Délia respire profondément en sentant sa force la quitter.
- Oui ? murmura-t-elle la voix tremblante.
- Soit, tu t'habilles chez les hommes, soit...
- Soit ? bredouille Délia.
- Soit, tu as quitté les bras de ton amoureux en coup de vent et tu n'as pas pu revêtir la somptueuse robe que tu portes en ce moment. Raconte-moi ! Je veux tout savoir.
- Lucretia. C'est privé, s'insurge Gilles content que les soupçons de son épouse ne soient pas dirigés contre Délia.
- Si toi tu ne veux rien entendre, grand bien te fasse. Moi je suis une atroce curieuse. Tu veux bien me raconter ?
- Oh... tu sais, il n'y a pas grand-chose à raconter. Tu me connais, ce n'est pas très sérieux entre nous. Et hier soir...
- Justement, hier soir. Cela m'intéresse.
- Je l'ai retrouvé, on a passé un moment ensemble. J'ai fini par m'endormir dans ses bras et...
- Et ce matin tu étais en retard et tu t'es trompé dans les habits à mettre ? sourit Lucretia.
- Presque. Il a déchiré la robe que je portais. J'ai pas eu le choix. Mais quand j'ai compris qu'on était jeudi et que le rendez-vous... enfin... ce n'était pas vraiment une tenue adéquate.
- Effectivement. Tu étais sexy à souhait. N'est-ce pas mon chéri ?
- Je l'ai à peine regardée, argumente Gilles, alors que son pied frôle celui de sa collaboratrice.
Il lui fait un sourire qui en dit long et son regard ne trompe pas Délia. Il partage l'avis de son épouse.
Délia mal à l'aise retire brusquement son pied. Elle recule légèrement sa chaise, regarde sa montre et annonce qu'elle a encore du travail.
- Je vais vous laisser. Profitez de votre tête-à-tête pour...
- Peaufiner notre week-end. Cela ne t'ennuie pas, si je garde mon petit mari le reste de l'après-midi ? Tu n'as plus besoin de lui ?
- Non. Nous n'avons rien prévu d'autre pour aujourd'hui. Juste quelques mails à envoyer puis j'irai moi aussi me reposer. A demain Gilles. Lucretia...
Délia fait le tour de la table pour embrasser son amie. Cette dernière la retient une seconde en chuchotant :
- Un indice... Juste un.
- A quel propos ? demande Gilles surpris.
- D'un petit service...
- Lucretia, soupire Délia. Je t'avais demandé 10 jours avant de...
- Je ne veux pas une réponse, juste un indice de croissance, sourit Lucretia. Le nombre de chance pour que la réponse soit favorable ?
- 50/50.
L'épouse sourit. Délia s'éloigne de leur table en faisant un dernier petit signe amical et disparait.
Gilles regarde s'éloigner sa maîtresse, puis plonge dans le regard de son épouse :
- Qu'est-ce que tu lui veux ?
- Je te le dirai en temps voulu. Pour l'instant... elle n'a pas encore accepté... mais je pense que... hum je suis contente, dit-elle en se penchant par-dessus la table et en embrassant les lèvres de son mari.
Surpris, il cligne des yeux et l'observe attentivement.
- Qu'est-ce qui te prend ? Je croyais qu'en public...
- Je suis heureuse. On a regagné la confiance des actionnaires et... mon petit week-end avec toi s'organise bien.
- Tu veux m'en dire plus ?
- La seule chose que je peux, non... que je veux te dire aujourd'hui, c'est que cela devrait sauver notre couple. Je sais Gilles, que tu vois d'autres femmes. Tu as des envies et des besoins que je ne parviens pas à te donner. Mais...
- Lucretia, tente de riposter Gilles.
Elle pose un doigt sur les lèvres de son homme pour l'empêcher de dire des bêtises.
- J'ai juste besoin de savoir... Cette nuit...
- J'ai pas quitté mon bureau.
- Tu étais avec Lise ?
- Non. Je te l'ai dit...
- Chut... J'espère qu'après notre week-end... tu auras suffisamment confiance en moi pour te confier et ne plus me mentir.
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