J+8 sans nouvelles de mon Petit Cul d'amour

Ron et Hermione gisent devant moi, habillés de leurs petites écharpes rouges rayées de jaune.

Je récupère les deux moitiés de baguette en poussant un soupir mélancolique. Même elles m'ont quittée.

La vie est cruelle.

Liam et moi avons passé le portail du Sanctuaire il y a quelques minutes de cela.

C'était l'endroit qui constituait notre meilleure piste dans la recherche de nos amis étant donné que c'est ici-même que nos routes se sont séparées.

Seul le silence nous attendait à l'arrivée.

Je savais qu'il y avait peu de chance qu'Aaron soit encore ici étant donné que le portail qui mène au Sanctuaire n'ouvre qu'en période de Sainte des « i ».

Mais un brin d'espoir était réapparu en constatant qu'il était toujours ouvert.

J'imagine qu'il n'y a plus de raison d'en bloquer l'accès maintenant que l'Apokali a eu lieu...

Quoi qu'il en soit, ça n'a pas servi à grand-chose. La zone a été vidée de toute présence humaine ou Filigay.

Dépassée, je lève la tête en direction du ciel dans l'espoir qu'un Dieu passe par là pour guider mon chemin... Genre, Cerbère ce serait pas mal.

Mes yeux se cognent au plafond du Sanctuaire.

Mouais.

Jamais là quand on veut, celui-là.

Ça fait un peu plus d'une semaine que les Enfers se sont rouvert et que nous avons franchi la barrière vers la Terre aux côtés des nymphes.

Mes sentiments sont mitigés lorsque je me remémore ce jour fatidique.

Quand j'ai choisi de fuir mes responsabilités de surrogata, c'était un saut énorme dans l'inconnu. J'ignorais ce que l'avenir me réservait... à moi, et au reste du monde. Les fans de bungee jumping peuvent aller se rhabiller.

Mon retour sur Terre n'a pas été plus familier... Même si notre zone d'arrivée, que je prenais à tort pour un paysage irlandais, était en fait une localité bien de chez nous, en France.

Liam et Moi avons atterri sur les falaises d'Étretat, en Normandie.

Un coin fort charmant au demeurant, mais nous ne nous y sommes pas attardés pour jouer les touristes. C'est qu'on avait du pain sur la planche.

Après avoir dit au revoir aux nymphes, on s'est donc rapidement mis en marche pour tenter de rejoindre nos amis.

Liam m'a appris qu'ils s'étaient mis d'accord sur un point de rendez-vous avec Ronron, au cas où les choses vireraient mal.

Ils avaient convenu de se retrouver dans une planque sur Paris. Je l'ignorais mais selon leurs estimations, il y avait de grandes chances que la prison infernale des Illuminés s'ouvre sur la France. Ce qui explique, entre autres, pourquoi Liam a porté son choix sur ce téléporteur à l'époque.

Les deux loulous avaient tout prévu.

La fameuse planque a été le premier endroit que nous avons visité.

Mais, après plusieurs jours à l'attendre au point de rencontre sans aucun signe de sa part, on a dû se rendre à l'évidence. Mon Petit Cul n'a pas été en mesure de suivre le plan.

Ce n'est pas si surprenant quand on repense à la façon dont les choses ont tourné le jour J...

La Vipéris a pété un câble en lançant sa horde de Filigays à mes trousses.

J'avais pourtant espoir que tout se résoudrait facilement. Je serais bien partie en lune de miel avec Ronron pendant que le monde se désintégrait à petit feu, moi.

C'est trop demandé ?!

Un énième soupir m'échappe.

Alors, c'est ça, la dépression ?

J'espérais qu'on aurait plus de chance, cette fois-ci.

J'ai même été jusqu'à prier Cerbère, nom d'un chien à trois têtes !

Les lots de consolation que j'ai pu trouver sur place ne me sont pas d'un grand réconfort.

Mon sac paresseux a gardé les traces de mon combat avec trou d'Hulk et Tête de poulpe et j'ai dû le raccommoder à la va-vite pour lui offrir une seconde vie.

Et, si je suis heureuse d'avoir pu remettre la main sur mon téléphone, armé de sa magnifique coquoreille, son utilisation défaillante a de quoi doucher mon enthousiasme.

Pour ce qui est de Ron et Hermione... Elles me sont devenues inutiles puisque tous les artefacts surrogata ont rendu l'âme quand le pouvoir les a quittés.

Je décide de les garder en souvenir, même si ça n'efface en rien le sentiment de perte.

Alors que je vais pour les ranger dans mon sac paresseux, une loupiotte s'allume soudain au-dessus de ma tête.

Peut-être que si j'essaie de concentrer l'Opium vers elles, les baguettes retrouveront leur fonction première ? Enfin, deuxième — RIP Méduse.

On n'est plus à un essai près... Je décide de faire le test. Problème, je manque de cobaye à me mettre sous la dent.

Je lorgne une seconde en direction de Liam avant d'effacer l'idée de mon esprit. Mon pouvoir est assez instable en ce moment et je m'en voudrais de voir The Crow passer le reste de ses jours en tant que crapaud débile si, par le plus grand des hasards, mon entreprise venait à porter ses fruits.

À la place, je me tourne vers l'une des immenses statues qui décorent les lieux. Celle qui représente ce bon vieux Cerbère... Ce doit être la plus imposante du Sanctuaire.

Je lui retourne son regard hautain.

Attends un peu, dans deux secondes, tu feras moins le malin.

L'instant suivant, nous devons fuir les lieux hâtivement.

Tout est en train de s'effondrer autour de nous.

Oups, la boulette.

Je crois que mes baguettes sont définitivement HS... En revanche, mon pouvoir de destruction est toujours aussi spectaculaire.