Chapitre 6-2

Je vous préviens, j'ai la tête dans le cul, j'ai la crève depuis 2 semaines, du coup il se peut fort que ce chapitre soit de la merde XD (comment je sais trop vous mettre l'eau à la bouche, n'empêche !) - Bref, j'ai dû laisser passer pas mal de fautes, je compte sur vous pour me les signaler.

Et, peut-être qu'il est naze, mais au moins, il est long ! (Tout le monde connaît le dicton... plus c'est long...)

***

Tenant une ultime cacahuète en suspens au coin de ma bouche, je dévisage Freja durant quelques secondes, un temps qui est nécessaire à sa phrase pour monter jusqu'à mon cerveau-lent. C'est un de mes ex qui avait trouvé ce petit surnom affectueux pour désigner ma boîte crânienne. J'ai toujours trouvé ça trop mignon.

Les paroles de Freja tournent en boucle dans mon esprit. Je croque finalement ma cacahuète. Puis, je me marre. Genre, vraiment. Je me bidonne tellement que j'en ai des crampes.

Les Enfers... sérieusement ?

Je guette le moindre soubresaut sur le visage de l'ancienne, qui confirmera qu'elle me fait marcher. Je m'attends à ce qu'elle s'esclaffe à son tour, mais elle se contente de me regarder avec déférence et patiente jusqu'à ce que mon hystérie se tarisse.

Quand, enfin, je me reprends, je prie une dernière fois pour qu'elle m'annonce que c'était une boutade, avec un petit rire de hyène ; ce serait de circonstance, selon moi. Je dois bien rester dix bonnes minutes de plus, ainsi, à espérer qu'elle me sorte le bon vieux « je plaisante ! La caméra cachée est juste là. ».

Mais non.

Rien de tel ne se passe.

Seul le hurlement d'un loup garou, au loin, nous parvient. Donnant à cette scène des allures de film d'horreur.

À moins que ce ne soit le hululement d'une chouette ?

Et, là... je capte. Je réalise toute l'ampleur de ce que Freja vient de me balancer comme ça, nature peinture, avec ce ton si tranquille qui la caractérise.

Je pâlis à vue d'œil alors que mon cerveau-lent finit de traiter l'information.

— Heu... attendez, pause. Dix. Pouce. La Magiki Bala en est la clé ? Mais... j'ai mangé la Magiki Bala ! m'affolé-je.

Putain ! J'ai mangé la clé ! C'est problématique, non ?

Je vois déjà des hordes de démons envahir la Terre, criant « Nous sommes légion » en zigouillant tout sur leur passage à grands coups de cornes, ou de queues fourchues.

Je suis cuite !

Non, rectification... nous sommes tous cuits !

J'espère juste que mon corps ne leur servira pas de lieu de passage. Je n'ai absolument aucune envie d'accoucher de bébés démons à la chaîne. Il va falloir que je trouve une solution, et fissa ! Les températures trop élevées ne sont définitivement pas pour moi ! Je vais migrer au pôle nord ! C'est cool le pôle nord !

Est-ce qu'il est possible de recracher la clé ? Je peux peut-être me faire vomir ? Et si j'attends qu'elle sorte d'elle-même pour la récupérer ? Je pourrais la leur rendre, ni vu, ni connu ?

Je m'y suis déjà essayée avec la bague d'Olga, après tout. Et je ne m'en étais pas si mal sortie...

Mon cerveau-lent ne l'est plus tant que ça, je suis en pleine ébullition. Il tourne à vitesse grand V pour me trouver une échappatoire.

Malheureusement, les prochaines révélations de Freja mettent rapidement un terme à l'inventaire des différentes portes de sorties que je prévois d'emprunter.

— En réalité, m'explique-t-elle. Tu ne t'es pas contentée de manger la Magiki Bala. Tu t'en es imprégnée.

— Je m'en suis imprégnée ? Gné ? Vous voulez dire, comme dans Twilight ? Et comment vous pouvez savoir l'impact que cette chose a eu sur moi, si je suis la première personne à avoir mangé la boulette du diable ?

— Ton tatouage, le désigne-t-elle de son long doigt trapu. C'est une des conséquences de l'imprégnation. Cela révèle que tu as absorbé le pouvoir de la Magiki Bala. Un seul coup d'œil à ton visage suffit pour savoir que l'Imperium — c'est le nom que nous donnons au pouvoir en question — coule désormais dans tes veines.

Oh... D'accord. J'imagine qu'on peut oublier le caca de boulette, du coup.

Si je transpire leur opium démoniaque par tous les pores de ma peau, il y a peu de chance que je réussisse à l'évacuer par les voies naturelles.

— C'est une bonne chose, s'empresse de préciser Freja. Cela signifie que tout n'est pas perdu. Ta nature humaine aurait pu entrer en conflit avec le pouvoir de l'Imperium et le rejeter. Ce qui se serait révélé d'autant plus désastreux. Car, si ce pouvoir venait à se perdre, le verrou qui maintient les portes des Enfers cadenassées ne serait plus protégé, et notre monde s'en trouverait complètement ravagé.

En effet, ce serait ballot...

— Donc, ce tatouage... réfléchis-je à voix haute. C'est une espèce de gros gyrophare qui indique qui est actuellement en charge de garder les Enfers sous clé ? Un bon moyen pour vous de savoir qui est le porteur d'opium, enfin, le super-héros qui sauvera le monde, quoi. Et le fait que cette information se traduise visuellement, par un magnifique dessin planté en plein milieu du front, élimine tout risque d'imposture.

C'est super malin, leur truc !

Hey ! Mais, du coup... ça fait véritablement de moi une super-héroïne ! Enfin, si j'arrive au bout de ma mission...

Je songe déjà au costume que je vais devoir porter. Je verrais bien un truc à la Catwoman, je ne suis pas fan des slips par-dessus les collants, en règle générale.

— En quelque sorte, admet Freya. Bien qu'habituellement, cela se passe autrement, tu t'en doutes bien. En temps normal, seul un Kerberos est habilité à entrer en possession de ce pouvoir. Et... il ne l'avale pas, cela va sans dire.

— Mais c'est quoi un Cairebéroce, au juste ?

Apparemment, ça se prononce en un seul mot.

— Ce sont les gardiens des Enfers. Ils tiennent leur nom du Dieu Cerbère qui leur a confié son pouvoir lorsqu'il a déserté la Terre. Les Kerberos veillent à ce que les portes restent closes pour garder les humains en sécurité.

— Cerbère ? Le chien à trois têtes ? Il existe ?! je m'anime soudain.

— Eh bien, c'est en tout cas ce qu'affirment les textes de nos ancêtres. Mais tout cela remonte à des temps forts, forts, lointains.

Oh ! Comme le royaume de Shrek !

— Aujourd'hui, la seule certitude que nous ayons est notre rôle crucial dans la protection du monde face au danger auquel nous sommes confrontés à intervalles réguliers. Pour ce qui est de notre origine, comme toute civilisation, celle-ci contient des zones d'ombres que nous ne remplirons peut-être jamais.

— Mais, je ne comprends pas, relevé-je, perplexe. Comment pouvez-vous savoir qu'un danger existe bel et bien, dans ce cas ? Si tout ne repose que sur ces textes remontant à l'époque de Shrek et que vous n'êtes même pas sûrs que le Cerbère ait réellement existé, alors tout le reste est peut-être faux ? Si ça se trouve, vous vous faites chier pour rien depuis tout ce temps.

— Oh ! Non. La réalité des Enfers ne fait aucun doute, soyons clairs. Si l'existence de Cerbère mérite encore d'être démontrée, je t'assure que le reste ne souffre d'aucune ambiguïté à nos yeux. Sans l'intervention des Kerberos le jour de la Syndesi, le monde aurait été plongé dans le chaos depuis belle lurette.

Ah ! Revoilà la fameuse Sainte des i. Ça faisait longtemps.

— La Syndesi, m'éclaire Freja en voyant que je patauge complètement, correspond au jour où la Terre s'aligne avec le monde des Enfers. Cela ne dure que quelques heures, tous les vingt-cinq ans. C'est durant cette période bien précise que nous risquons d'être envahis si nous ne faisons pas le nécessaire pour renvoyer le pouvoir de l'Imperium dans le verrou destiné à maintenir les portes fermées.

— Vous êtes en train de m'expliquer qu'il ne suffirait que de quelques heures pour que tous les habitants des Enfers se pointent sur Terre ? C'est raide comme marge de manœuvre, non ? Ils n'ont pas intérêt à louper le coche.

— Crois-moi, ils sont restés claquemurés dans leur prison depuis des millénaires... ils n'attendent qu'une brèche pour s'y faufiler à la première occasion.

— Ils sont si vilains que ça, ces démons ?

— Tout ça pour dire que la magie fait partie intégrante de nos vies depuis la nuit des temps, de même que notre rôle de gardiens. Même si, en tant qu'humaine tu n'y as jamais été confrontée auparavant. Il serait bien trop fastidieux de chercher à tout te révéler en une soirée, mais sache que ton interférence avec la Magiki Bala va t'ouvrir à un monde dont tu n'as pas idée.

Quand Margarita saura ça !

Après réflexion, je me demande bien comment elle réagira quand elle apprendra que je suis devenue la gardienne de l'humanité toute entière. Tu parles d'une promotion ! C'est chaud cacao !

Elle ne va pas en revenir ! Bon, il faudra aussi que je lui révèle que je suis la cause d'une possible apocalypse, et ça c'est nettement moins cool, il faut le reconnaître.

Tiens, en parlant de ma BFF, je repense à un truc...

— Mon amie, Marge, elle n'a pas pu voir le tatouage sur mon front... Vous croyez que c'est normal ?

— Oui. Il faut savoir que la magie trompe les sens des humains lambda depuis toujours, les protégeant des menaces surnaturelles qui pèsent sur notre monde. Mon peuple est là pour contenir ces menaces et préserver les humains de cette réalité contre laquelle ils se révéleraient impuissants. Voilà pourquoi tu n'avais jamais entendu parler des Kerberos avant aujourd'hui. Absorber la Magiki Bala t'a rendu imperméable aux illusions... ce qui n'est pas le cas du reste de tes semblables.

— Cooool ! Alors, j'ai genre un sixième sens. Je suis une Kali 2.0 !

Je suis trop badasse !

— Attendez, quand vous dites mes semblables, ça signifie que vous n'êtes pas comme moi ? C'est quoi votre peuple, au juste ? Vous êtes une Cairebéroce, vous, c'est ça ?

— J'appartiens aux Filii Gê, le peuple gardien, premiers descendants de Gaïa, la Terre.

Les Philiguays ? V'là encore autre chose. Mince, moi qui pensais en avoir fini avec les termes à coucher dehors...

— Et, puisque tu poses la question, j'étais une Kerberos, je ne le suis plus, souligne Freja. Il faut savoir que les Kerberos sont toujours au nombre de dix. Ce sont les plus puissants de nos gardiens. Ils disposent d'une magie prééminente sur le reste des Filii Gê, mais celle-ci tend à s'amenuiser avec le temps. Lorsque cela arrive, un nouveau Kerberos est alors désigné.

Ouais, en gros, ils prennent leur retraite quand ils deviennent tous flétris.

— Je pense que tu as dû remarquer les particularités physiques relativement peu communes d'Aaron, poursuit la géante sans tenir compte de ma réflexion intérieure. Comme la couleur de ses yeux, ou encore sa corpulence hors norme...

— Ah ! Ça, c'est sûr ! m'enthousiasmé-je vivement. Il est grave mouillant.

— Avant que tu ne viennes y mettre ton grain de sel, c'était lui le Kerberos chargé de canaliser l'Impérium pour verrouiller la porte des Enfers, cette fois-ci.

Oups.

C'est pour ça qu'il semblait tout grognon, le pauvre. Je lui ai coupé l'herbe sous le pied. C'est un peu comme si j'avais été promue à sa place sans aucune maîtrise du poste.

D'ailleurs, en parlant de ça...

— Du coup, amorcé-je craintivement. Il va se passer quoi pour moi ? Je suis devenue la clé, c'est bien ça ? Parce que, très franchement, je ne me sens pas du tout... heu... clémente ? Je veux dire, j'ai pas la sensation de pouvoir ouvrir ou fermer quoi que ce soit de spécial. Il va falloir que je plonge dans une serrure ou un truc dans le genre ?

C'est vrai, quoi... on fait comment pour revêtir un rôle pareil, au juste ?

Est-ce que je vais devoir me mettre en position « clé » les deux bras en l'air, et me faufiler à l'intérieur d'un énorme mécanisme en tournant deux fois sur moi-même pour sceller le monde démoniaque ?

— Non, s'amuse Freja. Rien de si abracadabrant, je te rassure. Il te suffira de relâcher le pouvoir de l'Imperium au bon endroit, en temps et en heure. Mais, nous t'expliqueront cela plus en détail dans les semaines qui viennent.

Houla ! Je ne me suis encore jamais projetée si loin, moi.

Ça promet...

— Vous m'avez l'air quand même vachement confiante pour une personne qui vient d'apprendre que la fin du monde est imminente, je lui fais remarquer.

— Ah ! Kali. Tu n'as pas mon vécu, mon enfant. C'est un risque que je côtoie depuis suffisamment longtemps pour ne plus l'appréhender de la même manière avec les années. De mon point de vue, la fin du monde est imminente tous les vingt-cinq ans environ depuis déjà plusieurs millénaires.

— Vous êtes aussi vieille que ça ?!

— Non, glousse-t-elle. Il est vrai que je ne suis plus toute jeune, mais mon espérance de vie n'est pas aussi grande, tout de même. Les Filii Gê ne sont pas si différents des humains à ce niveau là, et si les Kerberos sont un peu plus résistants que la moyenne, il est rare que nous dépassions le centenaire.

— Ah. Dommage, j'aurais bien aimé devenir immortelle. Surtout avec l'apocalypse qui approche.

Quoi que... si c'est pour me coltiner des hordes de démons et braver des paysages de lave et de flammes, pas sûre que ça me tente.

— Comme je te le disais toute à l'heure, reprend Freja. C'est la première fois qu'une humaine a accès à l'imperium. Aussi, nous ignorons ce à quoi nous devons nous attendre. Mais rassure-toi, la Syndesi, n'aura lieu que dans un peu plus de trois mois. Cela devrait nous laisser un laps de temps suffisant pour te préparer à accomplir la tâche qui t'incombe désormais.

La tâche qui m'incombe ?

Merde, ça sonne beaucoup trop sérieux quand c'est la géante des mers du nord qui le dit.

Compte à rebours avant destruction du monde : J- trois mois.

— La date exacte, c'est quoi ? je demande, concentrée.

— Le 3 décembre.

Je pianote quelques secondes sur mon téléphone portable.

Hop ! Et voilà, la date de l'apocalypse est maintenant enregistrée sur mon Google Agenda. Nostradamus peut aller se rhabiller !

Cela dit, je ne suis pas sûre d'être prête à porter une si grande responsabilité sur mes frêles épaules. J'ai déjà du mal à me souvenir qu'il faut arroser les plantes.

— Et si je ne parviens pas à utiliser le grand opium ? Si le pouvoir se contente de dormir en moi sans que je ne parvienne à en faire quoi que ce soit ? m'inquiété-je en sentant la fatigue me rattraper.

— Après ce que j'ai vu ce soir, je suis plutôt rassurée sur ce point. La magie coule en toi, cela ne fait plus aucun doute. Et tu as visiblement réussi à la canaliser au moins une fois pour la faire transiter à travers ton corps, sans quoi tu n'aurais pas pu activer l'arme qui t'a servie à morceler notre lustre, un peu plus tôt.

Oups. Pour la discrétion, on repassera...

Même si j'y vois désormais un peu plus clair sur la raison de ma présence ici, je ne suis pas certaine de pouvoir retenir tout ce que vient de me révéler Freja. Me connaissant, il ne serait pas impossible que j'ai tout oublié au petit matin.

Il me faudra certainement plusieurs doses de rappel avant que mon cerveau-lent assimile correctement cet imbroglio surnaturel. Sans parler de tout ce nouveau vocabulaire d'une autre époque qui me donne mal à la tête...

Je commence à fatiguer et je crains que l'heure ne soit plus propice à de nouvelles révélations.

— Il se fait tard, m'annonce Freja, en accord avec mon moi intérieur. Et, tu es fatiguée.

— Whaaa ! Vous savez lire dans les pensées, en plus de ça ?!

— Non, se moque-t-elle gentiment. Mais, tes bâillements répétés parlent d'eux même.

— Ah. Oui, cha ché chûr ! Je ne serais pas contre une bonne nuit de sommeil, dis-je en m'étirant. Vous n'auriez pas une chambre de libre ? Ou bien un coin de canapé ? Je pourrais même dormir dans cette charmante coquille à bascule, elle me bercera. À moins que quelqu'un me ramène chez moi ?

J'imagine que je peux faire une croix sur mes projets avec Aaron, de toute façon.

— En fait, il vaudrait mieux que tu loges ici quelques jours, le temps de t'acclimater à tous ces changements.

— Hum. Oui, oui, répliqué-je rapidement.

Il n'est pas question que je vienne vivre au milieu de ces extra-terrestres. Si ça se trouve, je suis en plein trip hallucinogène. 


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