Chapitre 15
Cette petite séance de pétanque/voltige m'a remontée à bloc ! Mon adrénaline a atteint son seuil maximum. Je suis prête à courir un marathon d'au moins, pfiou, 1000 centimètres au bas mot !
Je dois reconnaître que Ronron ne se débrouille pas trop mal non plus. Je lui jette un coup d'œil satisfait.
Depuis que nous avons mis à terre nos redoutables agresseurs, il est de nouveau rivé à son téléphone portable, l'air de rien. Genre, c'est la routine pour lui. Un simple détail, une bagatelle.
Mon cul, oui.
Je suis sûre qu'en ce moment même, à l'intérieur de sa jolie petite caboche, il embrasse ses pectoraux et s'autocongratule devant un miroir à renfort de clin d'œil et de bouche en cul de poule.
Enfin. Il n'aurait pas vraiment tort. Il est important de savoir se féliciter intérieurement.
— On forme un duo du feu de Dieu, tu ne trouves pas ? Un peu à la John Steed et Emma Peel ! Yeah !
Je ponctue ma phrase de plusieurs coups de marteau en peluche lancés dans le vide et j'envoie ma jambe vers le ciel pour m'illustrer pleinement dans mon rôle de ninja génial.
Ma claquette en profite pour se faire la malle.
Merde
— Oh ! Encore mieux ! Hit Girl et Kick-Ass ! ajouté-je dans un éclair de génie.
Putain, ouais !
Ce sont probablement mes héros préférés. Enfin, Hit Girl surtout. Elle déchire grave. Je veux lui ressembler quand je serai plus jeune.
Mais pourquoi ce gars me fusille-t-il du regard ?
Le type qui tient le stand devant lequel nous sommes arrêtés semble prêt à m'étriper sur place sans autre forme de procès. C'est à peine si la fumée ne lui sort pas des trous de nez depuis que je me suis lancée dans mon improvisation de Jackie Chan.
Est-il possible que ce soit un méchant Cairebéroce ? Un... CaireFéroce !
— Et si tu profitais de tes prouesses acrobatiques pour aller récupérer la tong que tu viens d'envoyer droit dans la machine à pop-corn de ce charmant Monsieur ? me suggère Aaron d'un ton doucereux en me pointant du menton le Caireféroce en question.
Oups
Maintenant que j'y repense, c'est vrai qu'il n'a pas vraiment le profil de l'emploi.
Je lui offre un petit sourire contrit en récupérant mon bien.
Humm ! Je vais avoir du mal à ne pas renifler mon pied à chacun de mes pas. Ça sent trop bon.
— Ok, oublie ça, s'emporte Ronron sans prévenir. Changement de programme, Kali. Il va falloir courir.
— Hein ?
— Laisse tomber les tongs, et cours !
En dépit de tout bon sens, je me contente de l'observer — en affichant probablement un air un peu débile — pour comprendre quelle mouche le pique.
Je suis en plein bug.
Avec la rapidité d'un félin dopé aux hormones, je vois soudain Aaron amorcer un mouvement menaçant vers moi et je m'accroupie aussitôt pour éviter de me prendre la beigne qu'il veut manifestement me coller en pleine tronche, sans aucune raison ! Aucune de valable en tout cas.
Ce n'est pas ma faute si j'ai un cerveau-lent !
J'entends le vent siffler et un bruit d'impact au dessus de moi.
J'ignore qui a reçu le coup à ma place, mais je ne m'en porte pas plus mal.
— Mais ça ne va pas ! lui hurlé-je dessus, scandalisée.
Je secoue vivement mon marteau sous son nez tout en l'invectivant. Puis, j'aperçois qu'une seringue s'est plantée dans la peau de son avant-bras à peu près à l'endroit où se trouvait ma tête juste avant que son corps ne vienne faire barrage.
— Mais... euh... enfin, bégayé-je en perdant ma verve face à ma méprise et réalisant enfin sa véritable intention protectrice. Je veux dire... ça ne va pas d'être aussi cool ! Et héroïque, et sexy à souhait, et...
— Bordel, Kali ! Décampe de là ! Fissa !
Son dernier rugissement est le bon. Je prends enfin conscience de la situation rocambolesque et assurément critique dans laquelle nous nous retrouvons embarqués.
Encore.
Notre répit aura été de courte durée. Les vrais Filigays sont arrivés, et ils ont l'air bien décidés à nous faire la peau ! À coup de seringues tranquillisantes ! Ça devient redondant.
Une minute... ils ont visé ma tête, ces saligauds ! On ne vise pas la tête quand on veut tranquilliser quelqu'un !
Je me tourne vers eux pour leur lancer un regard méchant.
J'en repère trois, tout de noir vêtus, genre commando d'élite. Je montre les dents. Aaron me montre les siennes.
S'ensuit un dialogue muet entre nous, qui doit donner à peu près cela :
Lui : Casse-toi !
Moi : Et toi ?
Lui : Tire-toi !
Moi : Et toi ?
Lui : Barre-toi !
Moi : Wow ! T'es vachement fort en synonymes !
Bref, vous l'aurez compris, Monsieur tient à jouer les héros. Mais, s'il croit que je vais le laiss...
BANG ! WZZZZZ ! CHTACK ! POUF !
Un autre projectile vient de fendre l'air à deux millimètres de mon visage. Il est allé se ficher en plein dans le torse d'une sorte de Xena la guerrière qui assistait à la scène, médusée, à trois mètres de là. Elle s'étale de tout son long sous les yeux stupéfaits de son compagnon qui me paraît aussi bodybuildé qu'elle.
Tout bien réfléchi, puisqu'Aaron insiste...
Je détale aussi vite que me le permet ma seule claquette encore en place. Forcément, je trébuche deux mètres plus loin. Je décide de m'en séparer avec regret en l'envoyant valdinguer de la même façon que la première.
Cette dernière atterrit dans la bouche d'un fakir en pleine performance qui s'apprêtait à avaler un sabre.
Panier !
Je poursuis ma course effrénée sous les applaudissements du public. Si nous nous en sortons ce soir, il faudra sérieusement que j'envisage un changement de cap dans ma carrière.
Je n'ai jamais couru aussi vite de toute ma vie.
Pas même quand j'avais pourchassé Samy dans la cour de récréation, à l'école primaire, alors qu'il m'avait volé toutes mes billes. Petit con !
La maîtresse, Madame Tirfesse, m'avait stoppée en plein élan à l'époque. L'âme vengeresse, je m'étais alors appliquée à mettre au point un plan diabolique : j'avais passé des jours à confectionner un « Pik-cul », un petit bout de bois que j'avais taillé en forme de pieux, avec la ferme intention de le planter dans le moelleux de mon redoutable camarade de classe.
J'avais prévu un véritable guet-apens à la sortie des classes pour lui faire sa fête à ce morveux ! Seulement, j'avais eu la mauvaise idée de coucher mon plan d'attaque sur le papier, et ma mère était tombée dessus, ainsi que sur mon arme improvisée, avant que je n'aie eu l'occasion de passer à l'acte. Dommage.
Je me demande si Samy a gardé mes billes. J'aimerais bien les revoir. J'en avais toute une collection et j'étais incollable sur le sujet. Je leur avais donné des petits noms.
Il y avait Simba : l'Œil de chat ; Picole : la Pétrole ; Pépita : la Pépite ; Marc-André : La Givrée ; Voilactée : la Nacrée ; Carlito : le Calot ; et même Moutmout : le Mammouth.
Ah ! Elles étaient si belles. De vrais prodiges supersoniques !
Je suis toujours perdue dans mes souvenirs d'enfance lorsqu'une alléchante odeur de maïs grillé vient me titiller les narines.
Et pour cause, je découvre avec ravissement que je tiens toujours dans ma main la claquette qui a fait un plongeon dans le pop-corn un peu plus tôt. Enfin une bonne nouvelle !
Je décide que je me suis suffisamment éloignée pour jeter un coup d'œil derrière moi.
Aucun ennui à l'horizon.
Pas d'Aaron, pas de fakir énervé, pas de Filigays non plus. Juste un groupe de jeunes qui se chamaillent dans le sable et un couple qui prend un bain de minuit un peu plus loin.
J'ai atterri sur la plage qui longe la fête foraine, je ne sais trop comment.
J'arrête mon sprint pour reprendre mon souffle. J'ai les poumons en feu.
Diable, comment font les coureurs pour endurer cette torture tous les jours ?! Les gens sont vraiment masos.
Je baille à m'en décrocher la mâchoire, ma claquette placée devant la bouche. Voilà, j'ai la dalle maintenant.
Bon, il en met du temps à me rejoindre, Ronron.
Je réalise à ce moment-là qu'on n'a pas eu le temps de s'entendre sur un point de rendez-vous.
Zut, crotte, flûte !
Ce n'est pas le pire ! Ça m'avait presque échappé, mais il s'est pris un sédatif dans le bras ! Je l'imagine déjà au pays des rêves, chevauchant un Bisounours arc-en-ciel en jetant des paillettes dans les airs.
Il a de la chance.
Je suis livrée à moi-même, traquée par au moins trois méchants pas gentils.
Je fais quoi, maintenant ?
J'espère qu'Aaron a eu le temps d'en mettre KO quelques uns avant de pioncer. Si ça se trouve, le tranquillisant n'agit pas sur les Cairebéroces ?
Trêve d'élucubrations ! Il est temps de prendre les choses en main. Revenir sur mes pas ne serait pas judicieux. Après avoir pesé le pour et le contre, j'estime que la meilleure stratégie consiste à retourner à la voiture.
Pour : Aaron m'y attend peut-être. Contre : Je n'ai pas les clés. Pour : je n'ai pas d'autres idées.
Le Pour l'emporte.
Emballé, c'est pesé ! Je me remets en route, à la vitesse d'un escargot asthmatique.
Une fois le parking en vue, je reprends mon rôle de ninja très au sérieux.
Ce lieu de stationnement est une sorte de terrain vague assez grand qui appartenait à une vieille usine à présent totalement désaffectée. Il doit faire l'équivalent de deux stades de foot mis bout à bout.
Le point positif c'est qu'on ne manque pas de place, le point négatif c'est que l'atmosphère qui y règne est assez glauque. Il n'y a aucune lumière, exceptées celles de la fête foraine, qui éclairent une petite partie du parking et qui offrent un contraste assez spectaculaire avec ce lieu sombre et défraîchi.
J'essaie de me rendre la plus transparente possible. J'ai bon espoir d'atteindre le niveau de Drax des Gardiens de la galaxie, mais le gars est super entraîné, ça se voit. Il me faudra encore un peu de temps avant de le talonner.
Lentement, mais sûrement, je me déplace entre les voitures et les caravanes, en me cachant tour à tour derrière le capot ou l'arrière de chaque véhicule présent. Le moins évident étant d'éviter les morceaux de verres et autres débris coupants qui recouvrent le sol et risquent d'entailler mes pieds nus. Évoluer dans la pénombre n'aide pas à une progression rapide.
Aaron a voulu se garer le plus loin possible des manèges. Forcément. Au plus près des vestiges de l'usine. Là où un psychopathe pourrait commettre son méfait en toute tranquillité, stimulé par les cris et les rires des visiteurs insouciants qui font la fête de l'autre côté.
En parlant de psychopathe... sorti de nulle part, un gros baraqué en veste de biker, arme au poing, me barre la route d'un air peu commode.
Je pousse un cri d'orfraie et je lui lance ma claquette goût pop-corn au visage.
Déstabilisé, le colosse perd l'équilibre et trébuche en arrière, renversant la moto qui se trouve dans son dos et entraînant toutes celles qui y étaient accolées dans une réaction en chaîne digne des films qui ont Leslie Nielsen pour rôle principal.
Mon visage se crispe un peu plus à chaque fois qu'une nouvelle bécane est emportée par l'effet de domino.
Quelle idée de les avoir collées les unes aux autres aussi.
La dernière moto encore debout finit par s'écraser à son tour dans un bruit de ferraille assourdissant.
J'ose un coup d'œil vers le motard couché à mes pieds qui nous dévisage, mon marteau et moi, comme si nous étions l'équivalent de Michael Myers et son couteau.
— C'est une peluche, elle est très douce, tenté-je de le rassurer en secouant mon lot devant lui.
Le pauvre parait encore plus apeuré.
Je crois qu'il n'a définitivement rien à voir avec les Filigays.
J'avise la canette de bière qu'il tient à la main. Tu parles d'une arme...
Désireuse de me faire pardonner, je fais un pas en avant pour l'aider à se relever. C'était sans compter l'énorme caillou dans lequel je butte et qui me propulse droit sur le pauvre homme recroquevillé de terreur qui choisit sa bière comme bouclier pour encaisser le choc.
Mauvaise idée, il se prend le goulot dans l'œil et, pour enfoncer encore un peu plus le clou, je lui balance mon coude en pleine tempe alors que je tente maladroitement de me dégager pour le laisser respirer.
Sa tête part en arrière, les yeux révulsés, il s'étale un peu plus contre sa bécane. Inconscient. Ou mort.
Oh non, non, non ! Misère ! Réveille-toi ! Je t'en prie, dis-moi que tu es toujours vivant !
Je le touche du bout du doigt pour vérifier qu'il respire encore — très mauvaise technique au passage — et il en profite pour lâcher un pet sonore.
Ok, je vais prendre ça pour un oui.
Je me remets debout et je jette un œil autour de moi pour constater les dégâts. Pauvre bougre, ses amis bikers le tiendront sûrement pour responsable du désastre qui l'entoure lorsqu'ils le retrouveront ainsi vautré sur sa moto, empestant la bière à plein nez.
Je culpabilise et décide de lui offrir mon marteau peluche pour réparation. Je le place sous sa tête en guise d'oreiller.
— Là, dors bien, mon lapin.
Rassurée sur son sort, je me remets en route.
Je ne prends plus la peine de me cacher derrière les véhicules stationnés, avec le boucan qu'il vient d'y avoir, cela me semble superflu.
De toute façon, mes poursuivants ont sans doute lâché l'affaire. Il faut dire que j'aurais pu rivaliser aisément avec Bip Bip ou Speedy Gonzales lorsque je m'affairais à les semer.
Appelez-moi Flash.
Je slalome doucement entre les voitures, sifflotant joyeusement l'air d'Indiana Jones tandis que je prends beaucoup de soin à ne pas marcher sur des bouts de verre. J'évolue à tâtons et de plus en plus laborieusement à mesure que l'éclairage se raréfie.
Mince, j'ai oublié de récupérer ma claquette.
Tant pis, je peux définitivement écarter mon idée qui consistait à l'enfiler et finir le chemin à cloche-pied.
Heureusement, mes efforts finissent par payer et j'atteins enfin la partie la plus déserte du parking.
Enfin, déserte... c'est un bien grand mot.
Une bande de cinq types louches se trouve pile-poil entre mon point de chute et moi. L'un d'entre eux — un grand gaillard en marcel blanc, la casquette vissée sur le côté du crâne — se tient debout devant un bidon auquel il a certainement mis le feu pour s'éclairer. Les autres ont pris place sur les capots des trois véhicules. On dirait une réunion de gang.
Je sens de mauvaises vibrations émaner d'eux. Sentiment conforté par les nombreux cadavres de bouteilles que je distingue à leurs pieds et leur attitude de gros durs.
Je n'ai pas le temps de me demander comment je vais m'y prendre pour les contourner discrètement, l'un d'entre eux me repère assez vite et fait un signe dans ma direction à l'intention de ses acolytes.
Après s'être retourné pour constater ce qui intriguait tant son pote, le type à la casquette — qui m'a tout l'air d'être le meneur de la bande — m'offre un sourire lascif peu engageant et me rejoins avec empressement, suivi de celui que je suppose être son bras droit.
Ça sent les emmerdes à plein nez.
Crotte. Il va falloir improviser.
— Hey ! Mais qu'est-ce qu'on a là... Salut, poupée ! m'accueille le caïd avec lourdeur en passant mes formes en revue de la tête aux pieds.
Je me rends compte que ce prétentieux a jugé bon d'afficher son patronyme à son cou, en lettre capitales dorées qui pendent au bout d'une chaîne à gros maillons. Voilà qui va me faciliter les choses...
Si j'en crois mon expérience, les machos de ce type ne brillent pas par leur tolérance, en plus de leur intelligence...
— Georgette ? fais-je mine de le reconnaître.
— Hein ?
— Oh ! Mais oui ! C'est bien toi ! m'exclamé-je en lui donnant une accolade. Je suis tellement heureuse de te revoir !
— Quoi ? C'est quoi ce délire ?
— Allez, arrête ! l'asticoté-je avec familiarité. Pas à moi, Georgette. Tu sais bien que j'ai toujours été de ton côté. Je reconnaîtrais tes yeux entre mille, ils sont toujours aussi magnifiques, d'ailleurs. J'en déduis que tu as enfin sauté le pas pour ce qui est du traitement hormonal ? Peut-être même pour l'opération ?
Je lance un coup d'œil interrogatif vers son entrejambe et j'enchaîne aussitôt :
— C'est cool pour toi ! Depuis le temps que tu en rêvais.
— Putain ! Mais c'est qui Georgette ?! s'énerve-t-il.
— Oups ! Mais oui, tu as raison. Mea Culpa, j'imagine qu'on doit t'appeler Georges maintenant. Désolée, c'est l'habitude.
C'est ce moment que choisit son pote pour intervenir :
— Bordel, Georgio, tu la connais ? C'est qui cette meuf ? Et c'est quoi cette histoire d'opération ? D'où elle connait ton prénom ?
Un peu crétin le lapin
— Mais j'en sais rien, putain ! Elle est folle !
— Mince, tu n'en as pas encore parlé à tes amis ? C'est ça ? Je suis désolée, m'excusé-je faussement. C'est tout moi, je mets les deux pieds dans le plat et les bras avec. Mais tu ne devrais pas en avoir honte, tu sais. On est au 21ème siècle après tout, si les gens ont des problèmes avec les transsexuels, ce sont des imbéciles ignorants. Ils ne te méritent pas !
Je complète ma tirade d'un regard hargneux envers le lapin crétin. Jesuis à fond dans mon rôle, ce qui ne s'avère pas si compliqué quand je voisl'expression d'horreur que ce dernier revêt en réalisant peu à peu où je veuxen venir. Je suis à la fois heureuse d'avoir bien cerné le personnage et déçue deconstater que certains esprits sont condamnés à ne jamais évoluer.
— Honte de quoi ?! Attends, qu'est-ce que tu viens de dire, là ?!
Pauvre Georginou, il est définitivement sorti de ses gonds.
— Putain ! s'excite son compère en le considérant avec dégoût. Georgio, t'es une meuf en fait ?!
— Quoi ?! Non, putain !
Ils ont tellement de vocabulaire, c'est adorable.
— C'est vrai, il a raison, décidé-je d'intervenir pour calmer le jeu.
— De quoi ? s'exclament-ils en cœur.
— C'est de ma faute, je m'exprime mal, grimacé-je en affichant un air penaud. Excuse-moi, Georges. Tu as toujours été un homme...
— Voilà, opine ce dernier, rassuré dans sa virilité toute relative.
— ... mais dans le corps d'une femme, c'est tout, j'ajoute pour clore le débat.
— Sale pute !
— Hey ! m'insurgé-je. D'abord, je ne suis pas si sale, ensuite maîtrise ton langage, s'il te plaît. Péripatéticienne c'est plus correct. Ou fille de joie, à la rigueur, ça apporte un peu de gaieté dans un métier rarement désiré.
— Attends, de quoi tu m'as traité, là ? Péripathétique ?!
— Péri, je ne sais pas, mais pathétique, c'est sûr.
— Vas-y, ferme-la ou je te démonte ! me semonce-t-il en amorçant un pas menaçant vers moi, le poing en l'air.
— Nan, c'est moi qui vais te démonter, sale dégénéré ! lui hurle son pote au visage juste avant de lui décrocher un crochet du droit.
Je bondis en arrière en évitant de justesse de m'en prendre un au passage.
Le reste de la bande les rejoint en courant pour tenter de les séparer, ou bien de les encourager, je ne sais pas. C'est eux qui voient.
De mon côté, je profite de la diversion que m'offre les deux lascars pour m'éclipser en douce.
Je m'enfonce dans la pénombre à pas de velours, laissant ces mâles en manque d'amour se crêper le chignon sans raison.
♠♠♠
Désolée, je devais poster ce chapitre plus tôt mais mon emploi du temps a été un peu bousculé ces derniers temps.
Ça a enfin commencé à bouger pour moi côté boulot : j'ai trouvé une formation dans une imprimerie, j'ai commencé début mars, puis il y a eu la pandémie, le confinement... pas facile de s'y retrouver avec tout ça. Je ne sais pas vous mais moi ça m'a un peu bloquée niveau inspiration.
J'espère que vous ne vivez pas trop mal le confinement et pour ceux qui sont obligés de continuer à aller travailler malgré la présence du virus, je vous envoie toutes mes meilleures ondes à défaut de pouvoir faire mieux. Vous êtes formidables.
Surtout, prenez soin de vous, c'est le plus important ♥
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