Je venais de rentrer il y a une semaine de cela. Le calme et la paix régnait à Konoha. Mon entraînement s'était déroulé normalement, comme n'importe quel entraînement. Sanbi s'était calmé au fond de moi et j'arrivais à présent à le contrôler parfaitement. Au final, je suis allée au Pays de la Foudre sans demander conseil à Killer Bee, afin d'éviter que la Hokage, et même que n'importe quel Kage, soit au courant que je sois la jinchuriki du Sanbi. À ce moment-là, tout mon plan tombera à l'eau parce que tout le monde ninja sera au courant, y compris l'Akatsuki. J'étais couchée sur le toit d'un immeuble et portait mon masque de l'Anbu. C'était probablement midi vu le soleil qui tapait et était à son zénith. Je n'avais plus envie de m'entraîner et c'était la première fois en si longtemps que je m'ennuyai. D'habitude, j'avais toujours quelque chose à faire, comme chercher des informations sur tout les ninjas de ce monde, m'entraîner, ou encore à effectuer des missions par-ci, par-là. Je sentis le vent s'arrêter et ouvris les yeux en retirant mon masque. Kakashi était juste au-dessus de moi, le visage impassible :

- Oh Kakashi, je t'avais pas sentis arriver.

- C'est bien la première fois, dit-il. Pourtant je n'ai pas fait d'effort.

- Je n'était pas concentrée, voilà tout. Alors, on s'ennuie ?

- C'est plutôt moi qui devrait te dire ça. Tu as l'air complètement perdue, je t'ai jamais vue comme ça.

- C'est bien normal puisque c'est la première fois que ça m'arrive.

- Mph...

- Tu t'inquiètes pour tes élèves, n'est-ce pas ?

Je sentis ses muscles se crisper. C'était parfaitement compréhensible en même temps. Naruto était partit s'entraîner avec Jiraya, Sakura avec Tsunade et Sasuke avec Orochimaru. En soit, les trois Sennins avaient volé le rôle de prof de Kakashi devant ses élèves :

- Faut pas déprimer pour ça. Je suis sûre qu'il vont revenir vers toi. Et là, tu pourras enfin leur montrer qui est le prof.

- Dis... tu es partie où ces trois dernières années ? Tu as vachement changé depuis la dernière fois.

- Dis surtout que j'ai vieilli.

- Toi ? Vieille ? Et moi je suis quoi ? Un fossile ?

- J'ai 18 ans dans pas longtemps je te rappelle. Toi, tu auras bientôt 30 ans. Te rabaisses pas trop ou tu auras des cheveux blancs.

- Euh... c'est censé être une vanne ? C'est pas très drôle en tout cas. Et à propos de mon âge, pas la peine de me le rappeler, c'est pas important.

- Oui, oui. Fait gaffe à ne pas refaire ta technique ancestrale à tes élèves où ils vont penser que tu es un vieux pervers. En même temps, ça ne m'étonne même pas avec ce que tu lis...

- Tu parles du Paradis du Batifolage ? C'est super à lire, franchement.

Je lui tendis la main :

- Montre-moi alors.

- Je...

Il frappa dans ma main :

- Si ça t'intéresse autant, achète-le toi-mêmes.

- Radin... dis plutôt que tu veux pas me les prêter parce que t'as trop honte. De toute façon, c'est pas ce genre de bouquin qui va m'intéresser. Je vais pas dépenser ma thune juste pour acheter un truc pour des vieux pervers dans ton genre. À propos d'amour, il serait peut-être temps que tu te trouves une petite amie non ?

Kakashi rougit de sa seule partie visible. J'en déduis que tout son visage devait être rouge :

- Ce... c'est quoi le rapport ?!

Je me rapprochai de lui :

- Y'en a aucun, je suis juste curieuse.

Kakashi leva sa tête, pensif :

- N'empêche, tu ne trouves pas que c'est beaucoup plus calme, depuis que Naruto n'est plus au village ?

- Tu changes vite de conversation. Mais tant mieux, ça reposeras nos oreilles, soupirai-je.

- C'est pas très sympa, dit-il sérieusement avant d'éclater de rire.

Une sensation de nausée me saisit lorsque je me rendis compte que j'étais en train de plaisanter avec lui alors que j'allais les trahir, lui et le village, dans pas longtemps. En même temps, c'est pas comme si j'étais très fidèle à eux et qu'ils me faisant aveuglément confiance :

- Kakashi, tu...

''... tu voudrais bien continuer de me faire confiance même après que je sois partie ? ''

Je ne finis jamais ma phrase :

- Mmmh ? Tu disais ?

- Non rien.

- Tu laisses tomber beaucoup de chose ces temps-ci.

- Peut-être...

Je me levai et c'est alors que je le vis. Juste en face de moi. Naruto était grimpé sur un poteau et avait pris une grande inspiration :

- Naruto Uzunaki est enfin de retour au village Konoha ! Il vous promet qu'il va devenir le Hokage le plus puissant de tous les temps grâce à l'entraînement de l'Ermite pas net ! Hahahaha !

Une sueur coula le long de mon cou. Si le jinchuriki du démon à neuf queue était de retour, ça voulait dire que... :

- Kakashi, désolée, je dois te laisser.

Alors que je m'apprêtais à partir, il me retint :

- Eh ! T'es sûre que tu vas bien ? T'es assez pâle...

- Je... tout va bien, oui.

- T'es sûre ? Tu veux pas que je t'accompagne pour te faire examiner à l'hôpital ?

- Non, laisse-moi.

Mon ton était tellement glacial que je m'en voulu immédiatement d'avoir prononcé ces paroles. Sans rien dire de plus, je m'élançai vers Suna, où devait se trouver la personne que j'attendais tant depuis ces longues années. Où j'ai quitté mon ancien monde pour venir dans celui-ci. Pour le sauver. Mais pour le voir aussi. Tout ça parce que mon cœur avait décidé de battre pour lui et seulement pour lui alors qu'il n'existait pas. Sans regret, je passai derrière les portes de Konoha. Soudain, j'entendis le son de clochettes qui teintaient et baissai la tête. Elles étaient accrochées à la ceinture de mon bas. Des larmes roulèrent le long de mes joues. Je me retournai une dernière fois en direction du village :

- Désolée de ne pas t'avoir dit correctement au revoir, Kakashi. Prends soin de toi. Et Minato... je suis désolée, mais Naruto est entre de bonnes mains à présent, tu n'as plus à t'en faire.

Mes chaussures foulèrent la terre qui s'effrita et se transforma en sable pour s'envoler loin, emporté par le vent.