Chapitre 95 : Le cœur de Syndras
De simples asticots avaient l'audace de le prendre de haut ! Lui ! Alors que Valence était en train de démontrer au monde sa supériorité absolue ! L'aventurier ne pouvait en aucun cas pardonner l'insulte qu'on lui faisait !
Pas un seul instant l'aventurier pensa à ses partenaires. Le fait que ses ennemis étaient soudainement plus nombreux attestait du fait qu'il leur était arrivé quelque chose, mais il n'accorda pas à cette notion une seconde.
Six larves se dressaient sur son chemin vers la grandeur et étaient assez inconscients pour ne pas montrer le moindre signe d'inquiétude. Une attitude aussi irrespectueuse envers le futur souverain de ce monde devait être laver !
L'aventurier fit un pas en avant et ouvrit la bouche pour prendre la parole. Un soupir d'exaspération le coupa dans son élan et Lorelya adressa à son ancêtre un regard condescendant.
– Vraiment, les Déicides ? Tu attendais combien de temps avant de nous la sortir celle-là ?
– Hein ? répondit avec surprise Sieg. Heu... Pour être tout à fait honnête, c'est comme ça que je nous appelle... Dans ma tête...
– Première nouvelle ! s'exclama Farca. Alors ça y est, on dégomme un dieu à Taouy, et on s'appelle les Déicides ? Je vois la logique, mais nous tenir au courant n'aurait pas été un luxe, chef !
– Au moins, mes plans ne coûtent pas la vie de mes alliés... grommela l'écarlate.
– Mais merde, tu vas me faire chier avec ça encore longtemps ?
– MOI, JE TROUVE QUE LE NOM A UNE CERTAINE ÉLÉGANCE... déclara Ahmés avec un air songeur. VOILA BIEN UN TITRE DIGNE DE LÉGENDES...
– Analyse Terminée ! La Simplicité De Ce Nom Nous Rendra Facilement Reconnaissables.
– Heu, dites, ça veut dire quoi, divisibles ? les interrogea Bélial avec un air de confusion.
Ils osaient l'ignorer ! Ils se dressaient devant le mortel le plus proche du divin et ils jacassaient comme des poules dans une basse-cour ! Comme si sa présence était insignifiante ! Il y avait une limite à l'impudence !
Valence bondit vers eux et ferma la distance en un dixième de seconde, bras levés au-dessus de sa tête. La foule voulut crier pour avertir les cibles de l'attaque, mais le coup s'abattit sur eux et fit trembler la terre, déstabilisant plusieurs bâtiments et faisant perdre l'équilibre à toutes les personnes présentes.
– Ha ! Vous êtes d'une médiocrité sans limite ! se gaussa Valence avec un rictus malsain. Vous avez joué aux fiers, mais un seul coup...
– La vache, il est vraiment aussi con que Narcission, je n'en reviens pas !
Valence écarquilla les yeux et retira ses mains de la zone d'impact, ne trouvant rien d'autre que des pavés brisés et de la terre. Du sol poussa des arbres, s'entortillant autour de lui et le maintenant dans une position avachie. Il tenta de se libérer, mais du sable vint se consolider autour de ses membres, restreignant ses mouvements. En essayant de se redresser, le guerrier sentit quelque chose dans son dos. Retournant difficilement son regard par dessus son épaule, il finit par remarquer un des murs protecteurs d'Adam, épais de trois mètres pour augmenter sa solidité.
– Maintenant ! ordonna Sieg en sortant de l'ombre de débris.
De six directions différentes, les Déicides se dévoilèrent et fondirent sur leur adversaire, profitant de son immobilité qu'ils savaient temporaire. L'écarlate, la démone et le gardien se ruèrent sur Valence, chacun cherchant un point vital à attaquer. L'alchimiste lança des bombes au visage du colosse, libérant des mixtures qui avaient pour but d'irriter ses yeux et limiter sa vision tout le déstabilisante. L'archère et le musicien restèrent à distance, non pas pour le cribler de flèches ou de sorts, mais pour renforcer leurs entraves, visant à gagner le plus de temps possible pour leurs alliés.
Usant de sa magie de foudre pour augmenter sa vitesse, Sieg fut le premier sur Valence et visa sa nuque. Si l'aventurier avait les même faiblesses que lui avec du pouvoir divin pour le renforcer, les morts instantanées devaient laisser sa capacité de régénération impuissante. Après tout, bien qu'il avait été gorgé de cette énergie au moment de sa mort, le bretteur n'était revenu à la vie que grâce à l'aide de ses amis. Ce détail lui prouvait que si le pouvoir divin permettait d'éviter la mort, à elle seule, elle ne pouvait pas l'inverser.
Sieg raffermit sa prise sur son arme et l'abaissa sur sa cible, mais sa lame rebondit contre la peau du guerrier. Bélial et Adam harcelèrent leur ennemi de coups et eurent l'impression de s'acharner contre un immense bloc de diamant incassable.
– Il suffit ! rugit Valence en laissant son pouvoir lui échapper, créant une onde de choc qui balaya ses entraves et ses ennemis sans distinctions. Comme si des mortels avaient la moindre chance de terrasser un futur dieu ! Il est grand temps que quelqu'un vous fasse comprendre votre place dans ce monde !
Le regard de l'aventurier se posa sur Bélial qui se relevait et eut une idée. Après avoir balayé rapidement ses alentours du regard, il avait remarqué qu'ils avaient droit à un large publique, aussi bien les soldats, bandits et aventuriers qui s'étaient alliés aux Déicides, mais également des civils qui s'étaient rapprochés quand ils avaient cru que la catastrophe était passée. Avant de briser leurs corps, il se ferait une joie d'anéantir leurs esprits.
– Vous vous prenez pour des héros ? Pour des sauveurs ? Vous pensez vraiment être les sauveurs des faibles et démunis ? Vous êts rien de tout ça, bien au contraire !
Valence apparut juste devant la barbare qui bondit en arrière, évitant de peu un mouvement de la main dans sa direction. En se réceptionnant, la jeune femme fixa son ennemi et vit qu'il tenait un minuscule objet entre ses doigts massifs et le lui présentait avec suffisance. Reconnaissant le pendentif exhibé, la démone porta la main à son con et constata la disparition du collier qui masquait sa véritable apparence. Des cris de surprises résonnèrent dans l'assemblée et Bélial vit des regards paniqués chez ceux qui découvraient ses cornes et sa queue qui trahissaient sa nature démoniaque.
– Et voilà la vérité qui éclate au grand jour ! s'écria Valence en écartant les bras. Tu n'es rien de plus que l'engeance de ces abominables démons qui ont menacé notre monde il y a quatre mille ans ! Avoues que tu attends que nous baissions notre garde pour nous poignarder dans le dos ! Que tu guettes le meilleur moment pour nous égorger et reprendre les atrocités de tes ancêtres ! Et tu t'es bien entourée pour ça !
Valence fit un tour sur lui même, tendant le bras pour désigner tour à tour les autres membres du groupe. Après avoir mené des recherches suite à sa première rencontre avec eux, il avait pu glaner des bribes d'informations, et ces derniers jours, il avait pu apprendre des détails croustillants. Il lui suffisait d'être sélectif dans ses présentations.
– Une voleuse qui fait tout exploser derrière elle ! Une machine sans âme ou pitié ! Un mort-vivant condamné à une sentence atroce pour ses crimes ! Une elfe qui hait les humains et a pris du plaisir à les massacrer pendant des siècles ! Et toi... Oh oui, toi...
Avec un ricanement, Valence marcha vers Sieg qui se tint sur ses gardes, prêt à bouger au moindre signe de danger. Il ignorait s'il aurait assez de force pour entamer la phénoménale résistance du guerrier qui s'amusait de le voir le craindre.
– Même si tu étais un échec comparé à tes semblables, il est dur de penser qu'un des Neuf Sauveurs ait pu tomber aussi bas, Rotsala ! T'es-tu mis à détester ce monde qui te rappelait sans cesse ta médiocrité ? Tu veux voir brûler ceux qui se sont moqués de toi et leur descendance, pas vrai ? Ce serait ta vengeance pour avoir été dénigré comme étant le moins digne de ces héros adulés. Sauf que toutes les rumeurs qui courent sur toi ne sont que pure vérité, admets le !
Délaissant ses adversaires, l'aventurier s'adressa à la foule qu'il tentait de charmer, usant de tous ses talents oratoires.
– Déicides ! Ce simple nom prouve qu'ils sont les ennemis de tout ce qui est bon et juste ! Les dieux sont les incarnations de l'ordre de ce monde, et ces monstres clament haut et forts qu'ils désirent les occire ? À quelles fins, pensez-vous ? Pour quelle raison quelqu'un chercherait à tuer les êtres les plus vertueux qui soient ? Les incarnations de la perfection ? Croyez-vous que c'est pour vous sauver, comme ils aimeraient vous faire croire ? Non ! Ils ne sont que des agents du chaos qui n'ont laissé que ruine et dévastation derrière eux !
Plus d'une fois, Valence avait pu voir les effets dévastateurs que pouvait avoir la manipulation d'information. Influencer la façon de voir les choses des foules pouvait faire passer la vérité pour un mensonge, réécrivant l'histoire. Tout était une question de présentation.
– Port-Écume ? Qui sait combien d'enfants ont disparu après leur passage ? Taouy ? Il l'auraient fuis en ruines après avoir été impliqués dans la mort d'un de leurs princes héritiers ! Hydralia ? Ils étaient mêlés à une tentative de vol qui aurait pu coûter la vie à des dizaines de nobles et membres de la royauté du contient entier ! Le clan Sylvéria à l'est ? D'innombrables elfes ont perdu la vie et même les trois arbres primordiaux qui s'y trouvaient ont fait les frais de leurs manigances. Oh, ils sont doués pour nous donner une version embellie des faits, pour se faire passer pour des héros, mais regardez les choses en face, habitant de Syndras ! Où qu'ils aillent, la mort et la destruction attendent les malheureux qui croisent leur route ! Les laisseraient vous faire ? Ou allez-vous mettre un terme à leur carnage ? Vous voyez bien que je suis moi même si proche de la divinité, je suis pratiquement un messager de la volonté des dieux ! Rejoignez moi, et je peux vous promettre que vos efforts serviront le bien commun !
Déstabilisée, Bélial scruta la foule, n'arrivant pas à déchiffrer leurs expressions. Allaient-ils se laisser influencer aussi facilement ?
Le cœur de la démone se serra quand elle les vit ramasser des pierres sur le sol et détourna le regard. Était-ce parce qu'elle était une démone ? Sa véritable identité était-elle si impardonnable pour les habitants de la lumière ? Rien que parce que ses origines étaient les ténèbres, n'avait-elle pas sa place ici ? La jeune femme avait pensé qu'elle pouvait être acceptée pour qui elle était, mais si ce qu'elle était ne suscitait que le dégoût et le mépris, quelles étaient ses chances ?
La première pierre fut lancée.
Et frappa le bras de Valence.
– Tu nous prends pour des abrutis ? hurla quelqu'un. La compagnie des Lions Pourpres ont attaqué la ville ! Tu penses vraiment qu'on va te croire juste comme ça ?
– J'ai vu les Déicides essayer de protéger les gens ! Leur chef a même ordonné à ce qu'on soient évacués pour notre sécurité ! S'ils voulaient nous faire souffrir, ils n'auraient pas fait ça !
Un homme fit une entrée fracassante devant la foule. Exhibant un masque aux motifs de vagues que nombreux furent prompts à reconnaître, il prit la parole en dressant son poing.
– J'étais à Port-Écume ! s'écria Jan Cohen. Avant que les Déicides arrivent ! La situation était catastrophique, nous n'avions pas d'espoir ! Mais en deux jours seulement, ils ont chassé les pirates et sauvé presque tous les enfants ! Sans eux, la ville serait encore en train d'agoniser !
– Je m'en fous s'il s'appelle Sieg ou Rotsala, il s'est toujours démené pour protéger les gens autour de lui ! Je sais qu'il a l'âme d'un héros !
Stupéfaite, Bélial ne sut où donner de la tête, ayant sous la yeux la preuve que les gens étaient capable de voir la vérité à travers les brumes du mensonge. Ses yeux s'arrêtèrent sur un visage qui lui rappelait quelque chose. Après un temps de réflexion, elle reconnut une des employées du Pégase d'émeraude.
– Bélial est une démone, et alors ? s'écria la femme en se tournant vers le reste de la foule. Moi, je le savais déjà ! Tout le monde là où je travaille le sait déjà ! Alors oui, nous avons eu peur au début à cause des histoires que nous avons entendues, mais quand nous lui avons parlé, nous avons vite compris que c'était une chic fille ! Un peu simplette, mais avec un grand cœur ! Je refuse de croire qu'elle prendrait plaisir à faire du mal aux innocents !
La barbare sentit des larmes lui monter aux yeux. Elle se sentit bien stupide d'avoir douté que ceux qui la connaissaient, d'avoir craint qu'un simple discours changerait la façon qu'ils la regardaient.
– Bah en même temps, qui va-t-on croire ? La compagnie des Lions Pourpres ? Après qu'ils ont trahis le pays pour lécher les bottes de l'Ordre de la Première Vérité ? C'est de leur faute si on risque de partir en guerre avec le reste du continent !
Valence fronça les sourcils. Son stratagème se retournait contre lui, la foule se refusant à l'écouter et préférant le condamner. Bien qu'il était conscient qu'ils avaient raison, les voir l'insulter et l'accabler ainsi lui était insupportable.
– Alors comme ça, vous choisissez de rallier le camps des perdants... Voila qui est fort regrettable... Le nouveau monde que le dieu que je suis va façonner n'a pas besoin d'insectes désagréables tels que vous !
Avec un râle animal, l'aventurier bondit vers la foule pour la massacrer. Ses futures victimes hurlèrent de panique et leurs expressions terrifiées étira ses lèvres tant il jubilait.
Le guerrier balança ses bras vers le bas pour dévaster la zone, mais son geste fut retenu par deux masses de ténèbres qui lui attrapèrent les poignets. Étonné, Valence baissa le regard et dévisagea Bélial qui était parvenue à contenir sa force avec ses pouvoirs.
– Comme si j'allais laisser un naze comme toi leur faire du mal ! Fais tes prières, dieu de merde, parce que je vais avoir ta peau !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top