Chapitre 8 : Hydralia, Princesse des eaux
Bélial savait qu'elle ne se ferait jamais à la téléportation. Il s'agissait de son troisième voyage, et son estomac lui donnait toujours l'impression de vibrer à toute vitesse. Quand le groupe fut arrivé à destination, la démone chercha désespérément un pot dans lequel vomir. Après s'être fait remonter deux fois les bretelles pour avoir vomi dans le bassin de l'autel de Syndras, elle ne voulait éviter le même incident à Hydralia. La barbare repéra un bac à fleur et se rua dessus en poussant les passants sur son chemin afin d'ajouter du fertilisant sur les plantes.
De leur côté, Sieg s'étira alors que Farca luttait pour rester debout. Seuls Ahmés et Adam ne furent pas affectés par le voyage.
– Si je pouvais me passer de ces saletés d'autels... grommela l'écarlate. Tu te sens mieux de ton côté, toi ?
Les tripes vidées, Bélial s'assit par-terre en levant un pouce, tête baissée. Des employés de l'autel lui proposèrent de l'aide pour se lever et un verre d'eau, habitués de recevoir des voyageurs affectés par la téléportation.
Allez, respires bien et bois un bon coup, ça te fera du bien...
L'alchimiste examina les lieux, ne voyant aucune différence entre cet autel et les deux précédents que la troupe avait employé récemment.
– Putain, il faut vraiment être sûr de où on va quand on se téléporte... marmonna la naine. Parce que sans sortir, on ne sait pas dans quel pays on est...
– Nous sommes à Hydralia, si ça peut vous rassurer... indiqua une femme en la guidant vers un endroit où les voyageurs pouvaient se reposer sans rester dans le chemin.
– Ce qui confirme que nous sommes au bon endroit... exposa le musicien en posant sa main sur l'épaule du bretteur. Que diriez-vous de souffler deux minutes avant de nous remettre en route.
Personne critiqua la proposition, amenant le groupe à souffler pendant un quart d'heure. Une fois reposée, l'équipe quitta l'autel pour découvrir la capitale de Merona.
D'abord aveuglés par le soleil, ils purent admirer la rue qui s'étendait devant eux. Les routes étaient faites de pierres blanches finement décorées, à l'image des bâtiments qui la longeaient. On aurait dit que chaque façade avait été taillé par des artistes, tous redoublant de créativité pour surpasser les voisins. À l'est, la rue enjambait l'une des sept rivières qui traversaient la cité grâce à un pont aux riches fioritures.
– Ce n'est pas pour rien que l'on appelle Hydralia la capitale des arts... exposa Sieg en voyant l'expression de Bélial. Même l'architecture est affectée par la passion des artistes qui vivent ici...
– De ce que j'ai entendu, la ville est surtout connue pour ses cours d'eau, non ? demanda Farca.
– Oui, et pour de bonnes raisons ! Sept des rivières les plus importantes du continent se rejoignent ici pour déboucher sur la mer ! Je l'exagère pas quand je dis que pas un seul pays n'est pas relié à Hydralia par l'eau, que ce soit à travers les rivières ou l'océan ! Nous sommes dans le cœur battant du commerce de cette région du monde ! Oubliez Port-Écume, ce n'est qu'un quai pour petits pécheurs en comparaison d'ici ! On dénombre des dizaines de quais pour les passagers et les marchandises !
– Ah, ce que j'ai hâte d'explorer cette merveilleuse citée pour y trouver l'inspiration ! Rien que cette rue me donne envie de...
– Plus tard, tu veux bien ? intervint Farca en donnant un coup de coude dans la hanche du poète. La priorité, c'est trouver l'ambassade...
Le reste du groupe acquiesça, au grand désarroi du musicien. Ils partirent vers l'est, suivant l'écarlate qui ouvrait la voie.
En passant sur le pont, ils prirent le temps d'observer le cours de l'eau, plus de vingt mètre plus bas. La ville avait était bâtie en hauteur par rapport aux rivières, ce qui permettait à même les bateaux à mat de passer sans risquer de heurter les ponts. L'eau était bordé par deux larges quais où étaient amarrés des navires en tout genre. On pouvait trouver tout les cinquante mètres de larges routes et escaliers qui permettaient de rallier le reste de la ville et acheminer les produits qui allaient et venaient dans la capitale.
Les voyageurs se remirent en marche, admirant les vitrines de commerces aux prix aussi extravagants que leurs produits. Autour d'eux, on accrochait des banderoles et autres décorations, rappelant que l'air était à la fête. La foule était enjouée, les habitants se préparant pour l'événement de l'année.
Ils arrivèrent vite devant de larges grilles modelées comme des vignes au travers desquels on pouvait voir un majestueux jardin aux mille fleurs et buissons. Plus loin, un magnifique manoir aux murs blancs ornés de motifs bleus trônait tel un palais dans ce petit royaume fleuri.
Sieg s'approcha d'un des gardes et l'apostropha.
– Bien le bonjour ! Veuillez faire savoir au chef de la garde de la princesse que des envoyés du roi de Danatal désirent le voir !
Les deux hommes en poste échangèrent un regard et se demandèrent s'ils devaient juste chasser le petit aventurier qui faisait son intéressant ou lui donner une bonne leçon pour le dissuader de les importuner.
– Ce ne sera pas nécessaire...
Les gardes se retournèrent pour voir un soldat portant les couleurs de Danatal s'approcher de l'autre côtés des grilles. L'homme arborait un large sourire en reconnaissant des invités imprévus.
– Hé, salut Anoro ! beugla Bélial en lui faisant signe de la main. Comment ça va depuis la dernière fois ?
– Fort bien, Maîtresse Bélial ! Je suis ravi de vous revoir vivants ! Je vous avoue que je m'inquiétais pour vous !
– Protocoles De Salutations Et De Reconnaissance Enclenchés !
– Hé bien, sacré promotion... ricana la sang-mêlé. Vous êtes sacrément bien placé, de nos jours ! Ça doit être plus facile de surveiller de la royauté que courir le pays pour chasser les bandits !
– Vous seriez étonnée, Dame Farca... soupira Anoro avant de dévisager le seul membre du groupe qu'il ne connaissait pas. Et vous-êtes ?
– Ahmés, musicien de profession et passion ! se présenta le taouyen avec une élégante révérence. J'ai décidé de mettre mes talents aux services de mes nouveaux amis dans leur quête afin de pouvoir chanter leurs louanges quand leur quête prendra fin !
– Voilà bien une épopée que j'ai hâte d'entendre ! Si vous avez la confiance de Maître Sieg et les autres, vous avez la mienne ! Mais sinon, vous disiez être ici sous les ordres du roi, c'est bien ça ? J'imagine qu'il vous a tenu au courant de la situation...
– Et ouais ! On vient te donner un coup de main avec la princesse ! Et en retour, on aura besoin de l'aide d'un de tes gars !
– Évitons d'en parler ici... Ouvrez les grilles, je me porte garant d'eux !
Les gardes obéirent et ouvrirent le passage. Anoro guida ses inattendus invités en direction de l'ambassade.
Ça sert d'avoir des amis bien placés...
– La princesse sera surprise de vous revoir, Maître Sieg ! À l'heure qu'il est, elle doit être à l'ambassade de Sarivia, mais elle devrait rentrer pour le déjeuner. Elle a prévu de faire le tour des boutiques cet après-midi, juste avant la première nuit des festivités !
– Ce ne sera pas de tout repos pour son escorte... soupira l'écarlate.
– Et vous savez que la princesse insistera pour que vous l'accompagniez ! Elle n'a de cesse de faire vos louanges !
Sans savoir pourquoi, Bélial tiqua sur ce point. Elle avait beau savoir que la princesse devait la vie à son partenaire, la démone eut un pincement au cœur en entendant que la princesse pensait autant à lui. Le bretteur remarqua son changement d'expression et lui demanda si elle se sentait toujours nauséeuse ?
– Hein ? Ah, non, t'inquiètes ! Je dois juste avoir faim !
– Je veux bien te croire, se rassura Sieg. Il est encore un peu tôt pour déjeuner, mais on devrait pouvoir t'apporter de quoi manger.
L'alchimiste fixa la barbare attentivement. L'écarlate avait beau possédait des millénaires d'expérience, il n'avait pas son intuition féminine qui lui hurlait de garder la jeune femme à l'oeil.
Anoro invita ses invités dans un vaste salon à l'ameublement aussi fantaisiste que coloré. Bélial s'assit sur un canapé aux côté de Sieg et Farca pendant qu'Ahmés examinait minutieusement une harpe et qu'Adam restait debout en attendant que l'on ai besoin de lui. Le soldat s'assit en face du trio et les encouragea à parler.
– Le roi nous a prévenu pour le complot de l'Ordre de la Première Vérité... expliqua Sieg. Il nous a demandé de vous aider à veiller sur la princesse jusqu'à ce qu'elle rentre à Danatal. En échange, vous devrez nous prêter un de vos hommes une fois votre mission terminée.
– Prêter ? répéta Anoro en fronçant les sourcil. En voilà, une demande étrange... Si tout ce que vous vouliez, c'était qu'un soldat se joigne à vous, vous auriez pu prendre quelqu'un de posté à Syndras...
– Nous ne voulons pas juste n'importe qui... précisa la naine. Nous devons rendre visite au clan Sylvéria...
Le visage d'Anoro s'illumina en voyant enfin où voulait en venir Farca.
– Ah, vous n'avez pas besoin de l'aide d'un soldat à proprement parler, mais de Rinorin...
– Affirmatif ! Nous Avons Son Nouvel Ordre De Mission Avec Nous !
J'espère que ce n'est pas le moment où l'un de vous se rappelle l'avoir laissé sur la commode ce matin en partant...
Comme pour donner tort à la déesse, Sieg présenta le dit document que le soldat analysa avant de hocher la tête.
– Tout est en ordre de ce que je vois... Et je devrais être stupide de laisser passer une aide comme la votre, surtout en de pareilles circonstances !
– Nous vous laisserons le soin de décider nos rôles dans cette opération, ajouta Sieg. Vous avez une meilleure idée de ce qui se passe ici et vous être organisé en conséquence. Critiquer vos ordres et imposer nos idées ne ferait que nous nuire en cas d'attaque.
– Je vous remercie. Je suis surtout ravi de pouvoir compter sur maître Adam. Avoir un gardien qui n'a pas besoin de repos et peut rester vigilant à toute heure est une aubaine !
Le gardien se tourna vers Sieg qui lui répondit avec un discret mouvement de tête.
– Bien Reçu ! Je Me Plierais À Vos Consignes ! Ordonnez Le, Et Je Ne Quitterais Pas Un Seul Instant La Princesse !
Mieux vaut éviter, parce que vu son respect de la vie privée...
Anoro guida le groupe dans un salon où il les invita à prendre leurs aises pendant qu'il aille chercher des documents. La démone ne se fit pas prier, s'affalant sur un canapé de tout son long sans la moindre grâce. L'écarlate s'amusa de la scène avant que l'alchimiste ne lui tire la manche pour attirer son attention.
– Hé, maintenant qu'on s'est rapproché du village, tu veux bien m'indiquer dans quelle direction c'est que je vérifie un truc ?
Les sourcils froncés, Sieg hésita un instant en se repérant et désigna vaguement la direction du nord-est en précisant qu'il n'était pas particulièrement précis. Farca haussa mes épaules en sortant une boussole de sa poche, éclairant la lanterne de ses compagnons. Même Bélial se redressa soudainement en réalisant ce que s'apprêtait à faire la naine.
Durant leur affrontement contre Saga à Taouy, Farca avait lié une des aiguilles de sa boussole de Granir Patte-Souple à l'arcaniste, lui permettant de le suivre à la trace, peu importe où il se trouvait. Elle s'apprêtait donc à vérifier la position de leur proie afin de s'assurer qu'ils avaient correctement deviné ses prochaines actions. La sang-mêlée inspira et ouvrit sa boussole.
Ses cinq compagnons s'approchèrent et se penchèrent comme ils pouvaient pour examiner l'aiguille noire qui devait leur confirmer leur plan de route. Elle indiquait le nord-est.
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