Chapitre 77 : Une détermination indomptable
Le monde semblait se refermer sur eux. Sieg prit la main de Bélial et s'apprêta à courir, mais quand il se retourna, il vit une troupe de soldats se réunir derrière eux, bloquant leur fuite. Sieg fit mine de tirer son épée de son fourreau mais s'arrêta quand son don lui permit de voir qu'il serait immédiatement menacé par leurs armes en retour. À leurs côtés, Anoro se dressa vers cet obstacle et se mit à hurler.
– N'osez pas me dire que vous agissez sous les ordres du roi ! Jamais il ne donnerait son accord pour servir en pâture des héros envers qui le royaume a une dette !
Je n'ai pas envie d'y croire, mais dans cette situation, comment savoir en qui avoir confiance ?
– En effet, j'aimerais comprendre ce qui vous passe par la tête, gronda Panaros en se levant. Je n'ai pas souvenir d'avoir ordonner à ce que l'on...
– Vous, non... intervint Jodin en s'inclinant vers le roi. Cependant, je me dois d'intervenir.
– Comment ? s'indigna le roi. Ne me dites pas que vous nous avez trahis pour l'Ordre ?
– En aucun cas je ne trahirait Danatal ! rugit le général. Croyez-moi, si ça ne tenait qu'à moi, je passerai par le fil de mon épée ces vermines si je le pouvais, mais vous savez aussi bien que moi que nous ne sommes pas en position de leur résister ! Et je ne parle pas simplement de la présence de cette immonde crapule...
La cour suivit son regard et dévisagea Valence qui tiqua sur cette remarque et empoigna son arme, une veine battant sur son front.
– Il semblerait que vous avez besoin d'une bonne leçon en étiquette...
– Il suffit, le calma un des prêtres. Nos ordres sont clairs, la violence doit être notre dernier recours. Nous sommes enfin en présence d'une déesse d'or, ne souillons pas ce jour avec du sang.
– Et pourtant, vous m'en donnez bien envie... cracha Sieg qui commençait à tirer son arme du fourreau malgré la menace. Si vous pensez que je vais vous laisser...
Une main stoppa son geste. Sidéré, Sieg fixa sa partenaire qui luttait pour contenir sa panique et rester calme.
– Attends, il y a un truc que je veux savoir, expliqua la démone avant de se tourner vers Jodin. T'as dis que vous avez pas le choix. Me dis pas qu'ils ont menacé d'attaquer le pays ?
De la part de ces fanatiques, je ne serais pas étonnée...
– Si tu ne nous accompagnes pas, nous serons obligé de faire un exemple de ce pays, oui, acquiesça Artra en joignant ses mains ensemble. Cependant, dans sa grande générosité, sa Sainteté a accepté de céder quelque chose en échange de ta bonne volonté ma fille.
– Désolée, mais y a rien que vous avez qui m'intéresse ! En clair, j'ai seulement le choix entre me sacrifier ou voir un pays remplis d'innocents être détruit ! Et tu crois encore que tu es encore du bon côté de...
Artra leva une main pour couper la jeune femme et soupira.
– Nos consignes sont claires. Si d'ici la fin de la journée, Raya nous rejoins, nous libérerons les otages qui ne sont pas de sang royal. J'ose espérer que tu comprennes ce que ça impliquerait...
La barbare fronça les sourcils. Même s'ils promettaient de libérer une partie de leurs otages, elle ne comprenait pas pourquoi cette proposition mettait dans un tel état d'excitation une partie de la cour. L'écarlate grogna en comprenant l'implication de cette offre.
– Le camp de Xardar... Vous nous proposez de libérer les otages qui ne vous garantiront pas le contrôle de leur patrie... Vous garderez la main mise sur ceux que vous pouvez plier à votre volonté tout en calmant la rage des autres nations. En clair, vous nous proposez de mettre un terme à la guerre que vous êtes en train de provoquer.
La bande d'enflures ! Comme si la guerre était un simple jeu pour obtenir ce que l'on désir !
– Et moi qui croyais que vous étiez un sot... ricana un prêtre. On dirait bien que nous vous avons sous-estimé. Quel dommage que la question de votre sort est encore en suspend...
– Comment ça ? s'inquiéta Nolasia dans l'assemblée. Que voulez-vous dire ?
– Vous l'ignorez sans doute, mais il y a quelques années, nous avons failli réussir à récupérer une déesse d'or et la libérer. Cependant, la présence de... Rotsala, ponctua Artra avec un regard appuyé sur le bretteur qui serra les dents, à au contraire causé la mort de sa porteuse. Un crime équivalent à un déicide, vous en conviendrez...
Un murmure se propagea dans l'assemblée. Seule une partie de la cour avait été mise au courant de la véritable identité de Sieg, alors la mention du nom d'un des Neuf Sauveurs provoquait autant d'émois que d'incompréhension.
– J'avoue que j'ai été étonné d'apprendre que vous étiez un des héros de la guerre du Crépuscule, déclara Valence avec un regard rempli de respect. Si j'avais su que vous dissimuliez un tel secret, et donc votre véritable talent, je vous aurais invité à rejoindre mon groupe. Après, c'est encore possible...
– Et le prix d'entrée est la vie de la femme que j'aime ? hurla Sieg en dégainant pleinement son arme pour la pointer vers l'aventurier. Vous ne pensez tout de même pas que je manque autant d'honneur ?
Les prêtres se mirent à rire en secouant la tête. Artra se calma le premier et s'adressa au bretteur.
– Vous semblez ne pas bien comprendre... Une fois les dieux d'or ressuscités, la paix reviendra sur le monde pour l'éternité. Ceux qui seront sacrifié pour leur gloire seront ramenés à la vie, surtout s'ils sont liés à leurs loyaux serviteurs. Vous parlez de faire vos adieux à Bélial, mais non seulement elle nous reviendra, elle sera adulée par tous. En tant que porteuse qui permettra le retour d'une déesse, elle sera autant célébrée que sa Sainteté en personne ! Un hommage que...
– Arrêtes de délirer ! cria Bélial en faisant un pas vers son père. T'as déjà parlé à un dieu d'or ? Non ? Bah moi oui, et Raya m'a prévenue que si les autres reviennent, non seulement il seront pas assez puissants pour ramener quelqu'un à la vie, ils vont tout détruire pour se venger ! Ils se sont pas sacrifiés pour sceller les déchus, les mortels ont trahis les dieux et les ont utilisés pour se sauver !
Sieg remarqua l'hésitation dans le regard des prêtres. Leur foi avait semblé inébranlable jusqu'à cet instant, n'ayant pas été confrontés à une preuve tangible qui pourrait démentir leurs croyances. Mais maintenant qu'ils parlaient à une personne qui pouvait entendre la voix d'une de leurs déités, qu'elle leur affirmait qu'ils avaient tort sur toute la ligne, une ouverture semblait s'ouvrir à eux.
– Si vous doutez de ce que nous disons, qu'on nous amène un miroir ! clama l'écarlate. Un sceau de l'œil absolu interdit tout mensonge et vous permettra d'entendre la vérité de la part votre déesse en personne !
– Vous voulez parler de sa mise en garde ?
Le bretteur sursauta et adressa un regard noir à Valence qui demeurait confiant. Sieg avait oublié que le guerrier avait entendu toute la conversation de quelques jours avant, et donc l'avertissement de Raya. Il savait tout ça, mais il ne semblait pas s'en soucier. Se régalant de l'inquiétude de l'écarlate, l'aventurier fit signe aux prêtres qui se ressaisirent.
– N'oubliez pas, sa Sainteté avait envisagé que les dieux d'or auraient été corrompus par le pouvoir des Déchus pendant leur scellement. En prévision de cette possibilité, nous avons mis au point un sceau qui permettrait d'affaiblir leur volonté. Si leur rage leur empêche de voir combien les mortels se sont repentis au cours de ces millénaires, nous pouvons leur offrir le calme et la clarté d'esprit requis pour comprendre...
Comment ça ? Ils veulent nous mettre une laisse et nous apprendre à donner la patte ou quoi ?
– Vous voulez les traiter comme des esclaves ? hurla Bélial avec de grands yeux. Mais... Mais putain, vous êtes des monstres !
Artra s'approcha d'avantage de sa fille qui ne put s'empêcher de reculer avec un expression de dégoût.
– Ce n'est qu'une précaution. De toute façon, il semblerait que le retour des dieux d'or est plus impératif que nous l'imaginions. Si ce Saga projette d'acquérir le pouvoir des sept Déchus, les mortels sont condamnés. Un seul pouvoir peut les arrêter.
– Pouvait ! s'écria Sieg. Vous n'avez pas compris ? Le pouvoir des dieux d'or leur a été arraché ! Si vous les libérer, ils ne seront plus que l'ombre d'eux même ! Même s'il leur restait une bribe de leur puissance, je doute qu'ils puissent terrasser un seul Déchu à eux cinq !
– Oui, nous avons aussi envisagé cette possibilité, reconnut un prêtre en hochant la tête. Cependant, nous avons une option pour non seulement leur rendre tous leurs pouvoirs, mais aussi obtenir le soutien de plus d'alliés.
Sieg resta dubitatif, ne voyant pas à quoi ils pouvaient faire allusion. Bélial attrapa sa manche et le tira à elle.
– Raya pense... qu'ils veulent utiliser leur aura divine... pour forcer ouvert la porte... entre le monde de la lumière et le domaine divin...
Les bras de l'écarlate tombèrent. Quand il pensait que la situation ne pouvait pas empirer, le destin semblait plus que ravi de lui donner tort. On parlait de laisser des déités qui n'avaient que peu d'égards pour la vie des mortels descendre dans leur monde. La destruction qu'un tel acte pourrait engendré dépassait la compréhension humaine. Comment l'Ordre pouvait-il encore clamer que l'avenir serait meilleur avec le retour des dieux quand ils ne feraient que tout réduire en cendres pour un rien ?
– Enfin, ça ne sert à rien de s'inquiéter de ce qui pourrait arriver si loin dans le futur... soupira Valence en haussant les épaules. De toute façon, nous avons des plans en place au cas où tout ne se déroule pas exactement comme prévus. Ce qui est important pour le moment, c'est savoir si Danatal va nous résister et partir en guerre avec l'Ordre ou non. Nous savons que vous n'avez pas les troupes pour repousser un assaut.
Même le roi affichait une mine sombre. Sa nation était pied au mur, incapable de répliquer en cas d'attaque. Ça l'écorchait de l'admettre, mais il ne voyait qu'une seule solution pour sauver son pays.
– Je suis sincèrement désolé... Mais je ne peux pas m'inquiéter de l'avenir du monde dans le futur quand celui de Danatal aujourd'hui est compromis...
Je... Non, je ne peux pas accepter ça ! Il doit exister un moyen ! Je ne veux pas que Bel soit sacrifiée pour ces conneries ! Sieg, pitié, trouve une solution !
Pris de panique, Sieg scruta chaque recoins de la salle du trône en quête d'une issue. Mais où que son regard se posait, il ne voyait que des murs qui se refermaient sur eux. Il n'avait plus d'alliés, que des ennemis qui n'hésiteraient pas à sacrifier sa partenaire pour leur propres intérêts.
– Hors de question ! Je refuse de...
– C'est foutu...
L'écarlate sentit son cœur se briser en mille morceaux en entendant la voix de la barbare. Il se tourna vers elle et fut enlacé par lé démone qui tremblait.
– Je veux pas... Je veux pas te perdre... Mais... Je peux pas laisser ce pays être détruit à cause de moi... Je veux plus avoir de sang d'innocents sur les mains... J'en ai déjà trop, tu le sais... Alors Sieg...
Bélial se recula et retira son collier d'un coup sec, révélant sa véritable apparence à une assemblée qui se doutait pour la plupart de ce secret. Elle posa ses mains sur les joues de son partenaire, essuyant les larmes qui y coulaient sans pouvoir contenir les siennes.
– Merci de m'avoir aimé. Ces mois passés avec toi... Rien que pour eux, je suis contente d'avoir survécu jusqu'ici. Tu es ce que j'ai de plus précieux. Alors je t'en supplie, vis. Vis et essaye d'être heureux. C'est ma dernière volonté.
Sieg tomba à genoux en poussant un cri animal qui résonna dans la salle du trône. La barbare le prit dans ses bras, le laissant déverser toutes les larmes de son corps. Il venait de tout perdre, il le savait pertinemment. Jamais la démone se pardonnerait de survivre au prix du sacrifice d'un pays qu'elle avait appris à aimer. Elle faisait ça par amour de ce monde qui lui avait pourtant infligé tant de souffrances. Sa pureté d'âme l'interdisait d'en faire moins.
L'écarlate avait beau retourner le problème dans tous les sens, il ne voyait qu'une seule issue à cette situation.
Oui, une seule.
– Un miroir.
Bélial fronça les sourcils et détailla le visage peiné de son amant qui la regardait droit dans les yeux.
– Si nous devons nous dire adieux... Je veux le faire proprement. Et ça implique d'avoir Raya aussi.
Valence resta silencieux quelques secondes avant de faire signe à Lanis. Comprenant ce qui était attendu d'elle, la prêtresse gela le sol sous les deux amants, créant un miroir de glace dans lequel ils se reflétaient. Abasourdi, Sieg se tourna vers l'aventurier qui détourna le regard en croisant les bras.
– Vous avez raison, vous méritez l'occasion de vous dire au-revoir. Faites vite.
Avec un sentiment de reconnaissance qu'il n'aurait jamais cru avoir envers le guerrier, Sieg hocha la tête et plongea sa main dans une de ses poches. Il se coupa la main sur son épée et se servit de son sang pour dessiner un sceau et permettre à Raya de se manifester.
Pitié, ne les laisse pas faire ! Je ne... Je ne le supporterais pas... J'ai déjà fait le malheur de tant de mes porteuses... Je ne peux pas sacrifier Bel rien que pour regagner ma liberté... Elle est trop...
– C'est mon choix, Raya... murmura la jeune femme. S'te plaît, essaye de comprendre... Et surtout, rappelle toi que c'est pas ta faute... Je suis si contente de t'avoir connue. D'avoir eu une grande sœur qui veillait sur moi. Je regrette pas de t'avoir eue dans ma vie...
Sieg prit la main de sa partenaire dans la sienne et colla son front contre le sien.
– Tu sais que je ne t'ai pas toujours portée dans mon cœur, sale parasite... Tu m'as déjà coûté un être cher et tu vas m'en arracher un second. Pourtant, je n'arrive plus à te détester. À toi aussi, on a arraché des personnes précieuses. Je sais que tu tiens à Bélial, alors je veux que tu me fasses le serment de toujours veiller sur elle, quoi qu'il arrive...
C'est un serment que je ferais sans hésiter, mais je ne peux rien faire... Si je reviens, nous allons la perdre pour toujours. Il 'y a rien...
– Si, tu le peux, souffla le bretteur si bas que seuls Bélial et raya l'entendirent. Parce qu'il me reste une dernière carte...
La démone réalisa qu'un objet se trouvait entre leurs mains. Une pierre qui semblait commencer à chauffer.
– Chez les sylvériens, j'ai trouvé un prototype de pierre de pierre d'exorcisme. Un objet défectueux qui peut seulement transférer un esprit dans un autre corps. Et seulement si ils sont tous les deux d'accords.
– Qu'est-ce que tu racontes ? s'inquiéta la barbare. Tu me fais peur là... Tu vas pas...
Fais le ! Par pitié, je n'ai pas le droit de t'en demander autant, mais fais le !
La violente supplication interpella Valence et les prêtres. Comme la cour du roi, ils avaient décidé de rester en retrait pour laisser aux deux amants faire leurs adieux, mais ils réalisaient qu'ils avaient peut-être fait une erreur. L'aventurier se précipita vers Sieg quand il serra entre ses deux mains celle de Bélial et se concentra.
Une impulsion d'énergie se dégagea d'eux, repoussant Valence qui ne garda que difficilement l'équilibre. Sidérée, l'assemblée ne put qu'assister impuissante à ce qui se passait.
Comme s'ils étaient en transe, le bretteur et la démone brillaient d'un lueur intense qui aveuglait ceux qui osaient poser les yeux sur eux. Quand la lumière se dissipa, Bélial se sentie complètement vidée et vacilla. La dernière chose qu'elle vit fut le visage souriant de Sieg.
Qui brillait d'un éclat doré.
– Vis et continues d'apporter un sourire au monde... fut la dernière chose qu'elle entendit avant de perdre connaissance.
L'écarlate serra le corps de la jeune femme contre lui et embrassa son front. Il allongea son corps sur le sol le plus délicatement possible et se leva. L'épéiste regarda la pierre dans sa paume qui se désagrégeait en une petite pile de poussière. Il secoua la main avec un sourire satisfait.
Je suis...
– Je sais et ne le sois pas... souffla Sieg. Cela fait déjà un moment que je ne te blâme plus pour rien...
L'écarlate inspira un grand coup et son visage devint un masque de résolution. Il se tourna vers mes prêtres tétanisés, n'arrivant pas à croire ce qu'ils venaient de voir. Le roi était avachi sur son trône, désespéré de voir un homme qu'il respectait aller aussi loin au nom de l'amour. Valence restait immobile, la bouche ouverte.
– Vous voulez Raya, c'est bien ça ? demanda Sieg d'une voix tremblante de rage. Vous devez bien vous moquer de son emballage...
Avec une fureur qui fit frémir ceux qui l'observaient, l'écarlate scintillant d'or se désigna et hurla comme s'il voulait injurier les dieux eux-même dans leur dimension.
– Et bien elle est là ! Si vous la voulez, venez la chercher ! Mais si vous vous en prenez à Bélial ou que vous cherchez à nous duper en ne respectant pas vos engagements, croyez moi, ce n'est pas ma colère que vous devrez craindre !
Absolument ! Mettez-moi en colère, et même vos misérables sceaux ne vous protégeront pas ! Faites du mal à Bel ou insultez la détermination de mes deux derniers porteurs en les trahissant, et je vous jure de consumer ce monde dans la lumière, bande de misérables larves !
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