Chapitre 3 : Mission diplomatique
– Des elfes ? s'étonna Cédric en haussant un sourcil. Pourquoi donc ?
Dans le bureau du roi, Sieg soupira avant de reprendre l'exposition de leur plan de route.
– Quand nous étions à Port-Écume, j'ai croisé la route d'un elfe que je connaissais... Il travaillait pour Saga, et il semblerait que ce dernier voulait l'utiliser comme médiateur pour parler avec un des clans de la forêt. J'ai déjà une assez bonne idée des relations qui existent entre les différentes factions elfiques, alors je sais avec quels clans il aurait pu négocier.
– La politique elfique... grommela Panaros en se couvrant les yeux. Il serait plus facile de remonter une cascade à la nage sans magie et avec une enclume attachée aux pieds...
– Hé, ça a l'air intéressant comme technique d'entraînement ! Faudra que je l'essaye !
Alors je trouve plusieurs failles à ce plan... Premier point, apprendre à nager...
L'auditoire dévisagea un moment Bélial qui souriait en rayonnant d'honnêteté, laissant comprendre que ce n'était pas un trait d'humour de sa part.
– Passons... esquiva l'écarlate. À Taouy, nous avons fait la rencontre d'un homme qui a mémorisé la position de six des sept portes. En recoupant ses informations avec les miennes, j'en suis arrivé à la conclusion qu'il y a une porte dans le territoire des elfes Sylveria.
Les yeux de Panaros s'écarquillèrent pendant que son majordome palissait.
– De tout les clans... Il s'agit d'un des trois plus influents... Et de ceux-là, ils détestent les autres peuples le plus...
– Oui, je me doute que c'est pour ça que Saga voulait un intermédiaire elfique... marmonna Sieg. Malheureusement, comme je ne connais aucun autre elfe qui pourrait m'aider, je suis coincé...
Bélial et son partenaire le remarquèrent tout les deux. Un échange de regard avait eu lieux entre leurs deux interlocuteurs, le genre qui indiquait qu'ils avaient tout les deux eu la même idée mais qu'ils étaient réticents à la partager avec autrui.
– Oh, si vous savez quelque chose tout les deux, faut causer ! éructa la barbare. Si vous aviez pas compris, si on arrête pas Saga, c'est le monde entier qui peut disparaître ! Croyez moi, les déchus, c'est pas de la rigolade ! Et celui qu'on a maravé était tout faiblard en plus !
Panaros et Cédric scrutèrent la démone avec effarement avant de se ranger de son côté. Avec de tels enjeux, bien des choses semblaient superficielles.
– Nous avons bien quelque chose qui pourrait vous aider... admit le monarque. Cependant, en échange, nous ne pouvons qu'insister pour vous demander de l'aide...
– Mouais... grogna la brute. Si c'est pas trop long, on veut bien y réfléchir... C'est quoi ?
Sieg soupira toute son exaspération en secouant la tête. C'était soit ça, soit laisser la démone accompagner Farca dans un repaire de bandits au sang chaud...
– Ce qu'elle essayait de dire, c'est que si ce service est dans la mesure de nos moyens, ce serait un honneur pour nous de vous servir, majesté...
Panaros dévisagea Bélial plusieurs secondes de trop avant de faire face à Sieg avec un air sérieux.
– Vous ne devriez pas être trop retardés, car nous aurions besoin de vos services à Hydralia...
Un tel hasard... On dirait presque que quelqu'un tire les ficelles pour que ce soit plus simple...
– Voyez-vous, la fête des sept fleuves se déroulera demain. Il s'agit de l'un des plus grands événements de ce continent et chaque monarque se doit d'au moins y envoyer un représentant de haute lignée pour présenter ses respects à la nation de Menora...
– Serais-je présomptueux de supposer que la princesse Finora représentera Danatal cette année ?
Panaros laissa un sourire lui échapper en voyant que l'écarlate était toujours aussi perceptif.
– Vous avez vu juste... C'était prévu depuis des mois que ce soit elle qui nous représente. Plusieurs nations nous ont fait part de leur impatience d'enfin la rencontrer durant une réception officielle. Ce sera ses premiers pas sur la scène internationale...
– Et il y a une semaine, le roi a décidé de changer les plans et la garder ici... commenta Cédric.
Ce fut au tour du bretteur d'être surpris et dévisager les deux hommes.
– Mais... Si soudainement ? Modifier à la dernière minute l'envoyé pour la fête des sept rivières, surtout quand il s'agit d'un membre de la famille royale... Si les autres nations ne se sentiront pas insultées, elles vont très certainement s'imaginer que quelque chose ne tourne pas rond !
– Et c'est le cas... soupira Panaros. Avant que je ne prenne cette décision, nos espions nous ont rapportés qu'une organisation que nous surveillons ourdissait un complot pour enlever des membres de la royauté et de la noblesse de diverses nations pendant la fête...
Jamais Bélial avait vu un tel état de stupeur chez Sieg alors que son visage se décomposait.
– Un plan d'une telle ampleur... Même imaginer l'enlèvement d'une personne de sang royal serait ardu, mais s'attirer ainsi les foudres de tant de pays... Quel groupe serait assez fou pour tenter une telle chose ?
Panaros grimaça, sachant qu'il en avait déjà trop dis, mais qu'il ne pouvait plus faire marche arrière. Il devinait déjà les conséquences de ses prochaines révélations, mais il n'avait pas le choix.
– Ce groupe dont nous suivons les actions depuis trois ans maintenant... C'est l'Ordre de la Première Vérité...
Oh non... Non, tout mais pas ça...
Bélial reconnut immédiatement ce nom, si étroitement lié à une partie du passé de Sieg. Elle le fixa pour le blanc qui avait pris possession de ses traits virer au cramoisi.
– J'espère que je vous ai mal entendu... articula le bretteur en faisant tout son possible pour garder son calme. Vous n'êtes pas en train de me dire que vous aviez retrouvé la trace de ces vermines il y a trois ans alors qu'il n'y même pas six mois, vous m'avez assuré ne rien savoir d'eux... Que vous ne saviez rien sur les ordures qui ont tué...
L'écarlate serra les poings et détourna le regard de rage. La barbare vit sa détresse et s'approcha de lui. Elle prit tendrement une de ses mains dans les siennes et la caressa. L'acte sembla tirer le bretteur de sa rage et il leva les yeux vers sa partenaire. Il y découvrit deux yeux étincelants d'inquiétude et de compassion qui chassèrent une partie des ténèbres qui commençaient à brouiller sa vison. Sieg soupira en fermant les yeux avant de s'adresser au roi.
– Sauf votre respect, j'espère que vous aviez une bonne raison de me cacher une telle chose...
Le comportement de Sieg et Bélial n'échappa au monarque qui décida de ne pas commenter. À la place, il décida de jouer cartes sur table.
– Veuillez me croire que j'avais au début prévu de vous parler de nos découvertes, mais plus nous en apprenions, plus il était clair que nous ne devions pas ébruiter nos découvertes, même avec vous... L'Ordre est une secte religieuse qui a pris de plus en plus d'ampleur depuis quelques années... Ce qui n'était avant qu'un simple regroupement de quelques fidèles est maintenant une vaste organisation qui a ses griffes dans plusieurs pays du continent et peut-être même d'autres... Ce qui m'effraye le plus, c'est que certains souverains se sont ralliés à eux...
– Vous plaisantez ? explosa Sieg. L'Ordre a... Mais alors...
– Vous avez bien compris ce qui me lie pour le moment les mains... Dans des nations comme Zanica, loin au nord-est, l'Ordre de la Première Vérité n'est pas loin de devenir une religion majeure reconnue par l'état... Cette église est peut-être récente, elle a gagné tant d'influence que je ne peux pas me risquer à m'attaquer à eux sans risquer une crise internationale... Dans le pire des cas...
– ... vous pourriez même déclencher une guerre... murmura Sieg. Et même chose si vous préveniez les autres pays qui pourraient être la cible de l'enlèvement... Si ça venait à se faire savoir qu'une religion étroitement liée à des gouvernements prévoyait d'enlever la famille de leurs voisins, le continent entier pourrait être ravagé par un conflit désastreux...
– Putain, mais c'est grave ça ! s'inquiéta Bélial. On peut pas les arrêter ?
– Je ne vois pas comment... grommela Panaros. Pour être tout à fait honnête avec vous deux, des prêtres de cet Ordre ont essayé de prendre contact avec nous par le passé. Ils désiraient nous inviter à embrasser leur foi, mais j'ai préféré garder mes distances avec eux. Je ne les ai pas chassés pour autant, car je désirais les garder à l'œil. Mes recherches m'ont par la suite permis d'apprendre que que je n'étais pas le seul souverain qui a eut droit à leur visite...
– Je pense que je commence à comprendre... intervint Sieg en prenant un air songeur. Ils veulent enlever les héritiers des pays qui ont refusé de les accepter afin de faire pression sur eux... Risqué, mais s'ils ont déjà plusieurs nations sous leur coupe, ils doivent se dire que le jeu en vaut la chandelle... En cas de réussite, l'Ordre aurait pour ainsi dire le plein contrôle sur la majorité du continent...
– La seule que je pouvais faire pour déjouer un tant soit peu leurs plans, c'était de ne pas envoyer ma fille. Malheureusement, quand j'ai cédé et lui ai expliqué mes raisons...
Sieg grogna en levant les yeux au ciel.
– En effet, vous connaissez la princesse... soupira Cédric. Elle a été indignée de la situation et est partie sur le champ pour Hydralia avec sa garde rapprochée. Elle a clamé qu'une menace aussi pitoyable ne devait pas nous forcer à couvrir la nation de déshonneur en brisant nos engagements... Elle n'avait pas tort, mais...
– Mais c'était incroyablement inconsidéré de sa part... résuma Sieg. Vous voulez donc que nous la protégions et nous assurions qu'elle rentre saine et sauve à Danatal, n'est-ce pas ?
– Je sais que je vous en demande énormément, mais croyez-moi, vous y trouverez votre compte... Dans l'escorte de ma fille, nous avons un soldat elfique qui nous a été prêté par le clan Waldia en gage de bonne entente. Je vous passerais les détails que ce que nous leur avons donné en échange, car ce n'est pas le plus important...
– Non, c'est sûr que ce n'est qu'un détail comparé au fait que vous pouvez nous mettre en relation avec quelqu'un d'un des deux autres clans majeurs... analysa Sieg. Est-il noble ?
– Il s'agit de Rinorin, deuxième neveu de leur chef actuel... acquiesça Cédric. Assez bas dans la hiérarchie pour être envoyé comme un argument politique, mais toujours assez haut pour vous ouvrir des portes chez les sylvériens...
– Je vais lui écrire un nouvel ordre de mission que vous lui remettrez à Hydralia. Il vous accompagnera dans votre quête une fois la princesse rentrée pour vous épauler.
– Nous vous remercions pour votre aide... répondit Sieg en s'inclinant, vite imité par Bélial qui le mima gauchement. Si je ne me trompe pas, la fête prendra fin dans trois jours à l'aube ?
– Et ma fille aura pour ordre de rentrer immédiatement, alors vous n'aurez à la surveiller que pendant deux jours et autant de nuits. Sieg, vous nous avez démontré plus d'une fois que vous étiez un homme de ressources sur qui je pouvais compter. Quand à vos compagnons, leurs exploits à Port-Écume nous a prouvé qu'ils sont eux aussi fiables. Je ne confierait jamais une telle tache à des individus en qui ma confiance n'était pas absolue.
– T'inquiètes pas, vieux, on va te la ramener, ta fille ! s'exclama Bélial en claquant le dos du roi qui manqua de tomber en avant.
– Oui, merci... balbutia Panaros en essayant de garder l'équilibre. Je vous demanderais juste de faire preuve de plus de... tact à Hydralia, Bélial... Je m'accommode sans mal à votre tempérament, mais les autres monarques ne seront pas aussi réceptifs que moi...
Bélial fronça les sourcils et se tourna vers Sieg.
– Heu, traduction ?
Sieg soupira et lui indiqua qu'elle ne devait pas parler ou toucher aux personnes qu'elle rencontrerait si on ne lui en donnait pas la permission.
Pas besoin de kidnappeurs pour causer un incident diplomatique à grande échelle, tu vas t'en charger toute seule...
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