Chapitre 5 : Le culot

Puisque le Dynamight est fermé le lundi, c'est donc le mardi midi que Katsuki se rend au restaurant. Le service ne commence que dans la soirée, il a, de ce fait, largement le temps de faire ce qu'il a à faire. C'est-à-dire, rabattre le caquet à son client rabat-joie. Il a passé tout son jour de congé à cuisiner, refaisant ses plats, en élaborant de nouveaux afin d'en mettre plein la vue à ce Shoto. Mettant son côté maniaque de...côté, sa cuisine personnelle est devenue un vrai champ de bataille culinaire le temps d'une journée. Mais cet homme allait voir ce qu'il allait voir !

Avant d'arriver, il est tout de même passé par le marché ce matin très tôt afin de faire quelques emplettes bien fraîches et à présent, il prépare méticuleusement la cuisine en attendant l'arrivée de son "invité". Chose qui ne serait tarder au vu de l'horloge digitale qui affiche 12h03. Enfin s'il vient finalement, vu qu'il a trois minutes de retard, pense-t-il en tapotant du pied.

Le discret carillon de l'entrée résonne alors au loin et il quitte la cuisine pour retrouver son invité dans la salle. Les mains dans les poches, celui-ci se tient au beau milieu de la pièce vide de tous clients, ses yeux hétérochromes se baladant d'une décoration à l'autre. Cette fois, il est habillé plus simplement : un pantalon cargo noir accompagné d'un T-shirt blanc et de boots noires. Ce style est loin, très loin du costume/cravate d'il y a deux jours, mais Katsuki doit bien avouer que cela lui va surprenamment bien. Il en est même carrément bandant.

Quand il l'entend arriver, le client tourne la tête vers lui, faisant vibrer quelques mèches de cheveux laissés naturels, et son regard rencontre le sien. De nouveau, c'est la confrontation, limite, le choc thermique. L'impassibilité contre l'explosivité, le chaud contre le froid. Physiquement, ce gars est son idéal : atypique et qui dégage un putain de truc.

Tandis qu'en son for intérieur, Katsuki doit tout faire pour contrôler ses pensées, son invité le sonde lentement.

- Bonjour.

- Bonjour. Vous êtes en retard, ne peut-il s'empêcher d'ajouter.

L'homme jette alors un coup d'œil à sa montre avant de le regarder de nouveau.

- Il faut savoir se faire désirer.

Katsuki ne peut s'empêcher de rire jaune. Nan mais il ne se prend pas pour de la merde celui-là !

- Vous manquez pas d'culot ! Mais, pour ça, il faudrait déjà qu'vous soyez désiré.

Le sourcil délicat de son vis-à-vis se soulève sous le pique puis ses lèvres se pincent en une moue visiblement amusée.

- Certes. Vous marquez un point.

- C'est trop d'honneur, raille Katsuki, sentant l'énervement commencer à pointer le bout de son nez.

L'invité ne relève pas et tourne alors légèrement sur lui-même, avisant les tables vides.

- Où puis-je m'installer ?

- Là où ça vous chante, vous avez l'embarras du choix.

Son regard vient de nouveau rencontrer le sien, intéressé.

- Vraiment ? Où je veux ?

Katsuki plissent des yeux, suspicieux. Pourquoi a-t-il l'impression que c'est une question piège ?

- ...ouais, finit-il par dire, en laissant traîner la syllabe.

- Très bien, répond son interlocuteur avec aplomb. Alors je veux manger en cuisine.

- Pardon ?

Le chef en tombe des nues. A-t-il bien entendu ? C'est quoi encore cette demande sortie de nulle part ? Jamais un client n'a voulu manger en cuisine tel un employé du restaurant. Généralement, ils préfèrent le confort et l'ambiance feutrée de la salle plutôt que le fond sonore bruyant des cuisines.

Ce type sort complètement de l'ordinaire.

- Je souhaite vous regarder cuisiner.

Nan mais déjà que ce client le fait chier à critiquer sa cuisine, à venir l'emmerder alors que le restaurant est fermé, voilà que maintenant, il veut carrément s'imposer dans ses cuisines pour...pour quoi en fait ? Le superviser ? Le garder à l'œil ? Il n'a pas besoin d'une baby-sitter !

- Ça va pas être possible, ça.

- Et pourquoi donc ?

Face à lui, ce Shoto reste imperturbable face à son énervement, qui commence sans doute à se lire sur son visage, et semble vraiment curieux de connaître la réponse. Ce qui énerve Katsuki au plus au point.

- Bah parce que c'est comme ça ! Point.

Les mains toujours dans les poches de son pantalon, son invité penche la tête, visiblement perplexe.

- Et vous suivez toujours les règles ?

Il détourne le regard et avance un pied en direction d'une table.

- Je ne vous pensais pas comme ça.

S'il n'avait pas été aussi impassible depuis le début, Katsuki aurait juré que cette phrase aurait été bourrée de dédain. Néanmoins, même si elle n'en a aucune trace, cette attaque vient tout de même faire éclater la bulle de retenue qu'il s'est efforcé de maintenir jusqu'à présent.

Il est peut-être son type physiquement, mais, niveau caractère, il craint !

- Vous êtes un connard de naissance ou vous vous êtes entraîné ?

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