Chapitre 11 : L'aveu

Toujours assis l'un à côté de l'autre sur le banc du parc, Katsuki fronce les sourcils tandis que Shoto continue de triturer son gobelet de ses doigts, le regard fuyant. Il a un aveu à lui faire ? Qu'est-ce que ça peut être pour qu'il soit si...perturbé, lui qui est si inébranlable d'ordinaire ?

Soudain, le fait que tout cela ne soit qu'une mascarade lui tombe dessus telle une douche froide. Cet homme se serait-il joué de lui depuis le début ? Toute cette semaine ne représentait-elle rien à ses yeux ? Et comme un con, il serait tombé dans le panneau, y laissant, par la même occasion, un morceau de son cœur...Mais, alors, pourquoi lui faire cette déclaration à peine voilée quelques instants plus tôt ?

L'incompréhension, la colère et, sans doute, une pointe de déception viennent influer dans ses veines, lui coupant la respiration. Néanmoins, il n'a pas le temps de lui cracher à la gueule ce qui lui vient à l'esprit que Shoto reprend déjà.

- Il y a quelques années, le Hakamata employait un jeune homme prometteur, malgré son tempérament dira-t-on...explosif et qui en faisait voir de toutes les couleurs à son chef.

Une seconde douche froide s'abat sur lui quand Shoto tourne la tête et qu'il tombe dans son regard lorsqu'il comprend que cet homme est en train de parler de lui. Le Hakamata est le restaurant de son enfance...

- Je me rappelle avoir pris le seul plat préparé par ce garçon que proposait le menu. Peu de personnes osaient le choisir, mais, moi, je voulais goûter quelque chose fait par un garçon de mon âge. Je trouvais cela inspirant.

Complètement pendu à ses lèvres, Katsuki n'ose l'interrompre. Il retient même son souffle, ne le lâchant pas des yeux, tandis que Shoto préfère détourner le regard, mal à l'aise.

- Il y avait du travail à faire, c'était certain, mais, sa cuisine avait un énorme potentiel. Puis, il est entré à l'académie de cuisine de Tokyo pour se perfectionner et en est ressorti premier de sa promotion quelques années plus tard. Il est alors retourné travailler au Hakamata, en tant que chef cette fois, se faisant connaître petit à petit. C'est à cette époque que j'y suis moi-même retourné et que je suis tombé amoureux de sa cuisine.

Katsuki ne sait quoi penser, son esprit tourne à plein régime sous les révélations de Shoto qui continue de maltraiter son gobelet. Doit-il être énervé ou bien flatté ?

- Elle était belle, savoureuse et innovante. Ce que j'ai ressenti à ce moment-là dépassait tout ce que j'avais déjà ressenti pour un plat. Vous mettiez toute votre passion dedans, sans fioritures ni faux-semblants. Elle était à votre image et c'est ce qui me plaisait. Malheureusement, juste après ça, j'ai dû partir pour l'étranger durant quelques années, je n'ai donc pas suivi votre évolution.

Cette fois, son regard accroche le sien pour ne plus le lâcher.

- Mais, il y a une semaine, en goûtant votre plat à nouveau, je n'ai pas retrouvé ces....émotions de l'époque. J'ai eu l'impression que vous aviez perdu ce qui vous définissait en tant que chef et, en égoïste, j'ai voulu les retrouver.

Donc, s'il l'a approché, c'est pour son propre intérêt et non dans le sien, c'est ça qu'il est en train de lui dire ?

- Je vous prie de m'excuser, ajoute-t-il, les traits déformés par la tristesse et la culpabilité, je n'ai pensé qu'à moi. Je savais que si je vous mettais au défi, vous ne pourriez pas refuser. De même pour mes...piques, j'étais certain que vous y répondriez. Mes intentions étaient purement égocentriques...du moins, au début.

Il se tait, laissant s'étirer quelques secondes de silence pesant. Katsuki n'a toujours pas ouvert la bouche alors, toujours gêné, Shoto se pince les lèvres et baisse la tête.

- Je comprendrais que vous soyez en colère contre moi et que vous vous sentiez trahi. Néanmoins, sachez que la relation qui s'est installée entre nous ne m'est pas indifférente, loin de là. Inattendue, certes, mais appréciable. Tout au long de cette semaine, j'ai appris à vous connaître vous, pas seulement votre cuisine, et...vous me plaisez vraiment.

Il marque une pause avant de reprendre.

- Cependant, si vous souhaitez mettre un terme à...

- La ferme.

Katsuki n'a pas pu s'empêcher de le couper. Sa voix grave et cette insulte sur le ton d'un ordre fait sursauter son vis-à-vis qui lève la tête dans sa direction, l'air plus que surpris. Le blond sent ses joues chauffer, mais sans vraiment pouvoir définir si cela est dû à la colère d'avoir été dupé ou par l'embarras de la nouvelle déclaration qu'il vient de recevoir. Lui qui se pensait franc, il a trouvé quelqu'un qui l'est bien plus encore.

Cependant, à présent, c'est à lui de parler avec le cœur et il croit bien savoir ce qu'il va lui répondre. 

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