Où ils descendent d'un certain gentleman cambrioleur

Dans les heures qui suivent, Brianna est déposée à la boulangerie, où elle emprunte la voiture de Robert, un 4x4 semblable au sien, mais plus récent et moins cabossé, pour les rejoindre, lui et Siobban, dans la forêt. Grant rallume son téléphone et découvre, sans surprise, la masse d'appels manqués concernant la découverte de l'évasion, tandis que Shiloh rentre chez elle pour dormir quelques heures avant l'expédition prévue aux petites heures de la nuit.

Juste avant de retourner en forêt, Brianna s'arrête dans une supérette et achète un peu de nourriture qu'elle compte partager en deux pour en garder une partie et apporter l'autre aux garçons restés avec Aaron.

Elle ignore combien de temps ils devront camper là et a bien remarqué que le peu de vivres trouvés chez l'adolescent et qu'ils ont emportées, ne leur tiendra pas longtemps. Or, si le groupe chargé d'accompagner Carmen pourra toujours prévoir une sortie ravitaillement au cas où la situation s'éterniserait, il n'en sera rien de celui missionné à la surveillance d'Aaron, l'ancienne usine se trouvant dans une zone en friche à des kilomètres de la première bourgade.

En rangeant ses sacs remplis de fruits, biscuits et plats à passer au micro-ondes dans la jeep, elle ressent tout à coup un certain malaise. Son instinct de chasseuse lui souffle qu'une chose anormale est en train de se produire.

Refermant les portes comme si de rien n'était, elle s'assied au volant et se met à observer les environs. Rapidement, son regard s'arrête sur deux hommes au comportement étrange. Un petit blond à l'allure de dandy et un grand brun assez ordinaire. Tous deux se déplacent furtivement en longeant le côté du magasin. Ils ne cessent de lancer des regards à la ronde, semblant chercher quelque chose ou quelqu'un et très vite elle comprend ce que son cerveau a analysé avant qu'elle n'en ait conscience. Les deux hommes chassent. Ou plutôt, ils font du repérage, cherchant plus que probablement une victime à leur goût qu'ils suivront ensuite jusque chez elle où ils pourront l'attaquer en paix.

Tandis qu'elle observe la scène à travers son rétroviseur, elle les voit se faufiler entre deux bâtiments, dans une impasse où les employés stockent les poubelles, et craignant qu'ils y aient acculé une victime, elle saute hors de sa voiture et gagne la ruelle aussi vite que possible, la main armée et cachée par les pans de sa veste.

Elle trouve les deux hommes embusqués près d'une porte de service, en train de se disputer. Dès qu'elle apparaît, ils se retournent dans sa direction et elle met en joue le plus proche des deux, le grand aux cheveux bruns, avec son pistolet-arbalète.

— Vous n'avez pas eu la note ? On ne veut plus de vampires dans cette ville.
— Du calme... réagit aussitôt le petit blond. On est dans le même camp.
— Je me permets d'avoir quelques doutes.
— C'est bien normal, renchérit le brun en levant les mains devant lui pour appeler au calme à son tour.

— Nous venons de Londres, ajoute le petit. Nous avons été envoyés pour faire cesser les attaques.
— Je croyais que Londres avait d'autres soucis, se méfie Brianna sans ciller.
— C'est vrai, reprend le grand, mais autant d'attaques représentent un risque pour notre société. Le Conseil est trop occupé à gérer la succession, mais nos supérieurs estiment qu'on ne peut pas laisser les choses dégénérer davantage.

Brianna fronce les sourcils. Pour connaître un peu l'organisation vampire, elle sait qu'une désobéissance au Conseil peut valoir au contrevenant des peines pouvant aller jusqu'à l'exécution.

— Vous risqueriez autant juste pour quelques humains ?
— On ne désobéit pas, reprend le blond. Il n'y a aucune interdiction concernant cette ville. Nous sommes libres d'y venir et d'interagir avec les vampires de passage ou y habitant.

— Vous avez dit être venus sur ordre d'un de vos supérieurs, leur rappelle la chasseuse qui ne les croit toujours pas.
— C'était plus simple à expliquer ainsi, soupire le brun qui a toujours les mains en l'air. Ne pourrait-on pas discuter comme des gens civilisés ?

— Pas encore. Vous étiez en train de chasser. Ce n'est pas mal vu, ça, par le Conseil ? Ou vous pensiez que ça ne se saurait jamais puisque la ville a déjà un problème de vampire ?
— On ne chassait pas ! se défend le plus petit avec une moue outrée. On a retrouvé plusieurs victimes de votre vampire et on croit avoir trouvé ce qui le pousse à attaquer, alors on cherchait simplement la suivante.
— Pour pouvoir la protéger, et mettre la main sur le déviant, complète son acolyte.

Incertaine, Brianna les prie de continuer et elle apprend qu'ils ont reconnu la même odeur sur les victimes qu'ils ont retrouvées, bien qu'ils ignorent à quoi elle est due. Elle est tentée, une fraction de seconde, de leur donner le nom de la substance dont Shiloh lui a parlé durant le trajet en voiture, mais ce serait reconnaître qu'elle en sait bien plus qu'elle ne souhaite en dire.

— On pourrait collaborer, propose le blond qui estime avoir donné assez de preuves de leur bonne foi pour pouvoir faire ami-ami. Je m'appelle Adam.
— Et moi Simon.

Acceptant de les croire, au moins pour un temps, Brianna baisse son arme et décline à son tour son identité. Quelques minutes plus tard, ils s'échangent leurs numéros et se promettent de se tenir au courant avant de repartir chacun de leur côté.

À 2 h du matin, Shiloh, Grant, Robert, Brianna et Siobban se retrouvent dans le champ, au bord de la falaise, prêts à sortir Carmen de sa grotte, et accessoirement de son sommeil.

— C'est stupide ! grommelle Robert pour la centième fois alors que Grant s'assure que son baudrier est bien en place. C'est la chose la plus stupide que j'ai jamais faite, et j'en ai fait des choses stupides.
— On ne va pas encore revenir là-dessus, la coupe Shiloh, lasse. Si on s'en tient au plan, tout devrait bien se passer.
— Mais bien sûr, c'est pas comme si on allait réveiller un vampire furax.

Pour éviter d'avoir a gérer une nouvelle fois une Shiloh au bord de la crise de panique, que Siobban est blessée et que Brianna n'a qu'un bras, il a été décidé que Robert serait le deuxième alpiniste. Ainsi, alors qu'ils s'élancent tous deux dans le vide, les trois filles s'assurent que tout est en place pour pouvoir décamper dés qu'ils auront remonté la vampire momifiée.

— On aurait dû choisir une autre planque, celle-là est appréciée et on va devoir y foutre le feu.
— On n'avait pas trop le choix, c'était la dernière dans un périmètre acceptable. Et puis on n'aura peut-être pas besoin de la détruire.
— Ce serait trop dangereux, tu le sais.

Brie, terminant de rabattre le siège arrière de la voiture de Gwynfor, se redresse et fait face à sa compagne à qui elle caresse la joue avec une tendresse immense.

— Si elle meurt avant la fin de la mission, on n'aura pas à le faire partir en fumée.

Siobban lui prend la main et la porte à ses lèvres pour l'embrasser. Oubliant la présence de Shiloh, elle dévoile une part tendre et incongrue de sa personnalité.

— Ce n'est pas ce qui est prévu. Mais si elle fait un pas de côté, c'est ce qui l'attend.

S'éloignant des deux femmes tout en restant à bonne distance de la falaise, Shiloh contemple la lune se refléter dans la mer calme. Le ciel teinté d'orange par endroit malgré l'heure tardive, lui rappelle celui où tout a commencé, en cette soirée de fin d'été. En a peine quatre mois, sa vie a pris une tournure tout à fait inédite. Soupirant, moitié d'aise, moitié de lassitude à l'idée de la nuit qui l'attend, elle tente de se souvenir de celle qu'elle était en arrivant dans la petite ville balnéaire et se surprend à ne pas y parvenir. Que de chemin parcouru en si peu de temps.

Quarante minutes plus tard, le corps de Carmen est enveloppé dans un drap et installé dans la vieille jeep. Robert se plaint toujours, mais s'installe au volant alors que Siobban boucle sa ceinture côté passager et que Brianna s'assied au côté de la momie.

— Si on se fait pincer, se sera pour vol de matériel archéologique. Quelle blague.
— Râle pas. Au moins, t'es sorti de prison.
— Mais pour combien de temps ? Avec leur plan à la con...

Dans l'autre voiture, Grant et Shiloh attendent qu'ils se mettent enfin en route pour les suivre jusqu'au nouvel abri.

— Leur réseau doit être énorme. Trois planques dans cette seule juridiction... Même nous, on n'en a pas autant.
— En même temps, on n'en a pas besoin.

Arrêtant de pianoter d'impatience sur le volant, Grant tourne la tête vers son inspectrice.

— Tu m'as compris, se justifie-t-il. Des endroits sécurisés pour les témoins ou les victimes.

Choisissant de ne pas répondre, Shiloh détourne le regard vers la jeep. Non, elle n'avait pas compris, elle n'y avait même pas pensé, et elle en est un peu honteuse.

— Ils démarrent, fait-elle remarquer, heureuse de pouvoir détourner la conversation à peu de frais.

Peu avant 6 h, alors qu'ils s'approchent de Coventry et qu'ils ont déjà changé deux fois de conducteur, le 4x4 met son clignotant et entre dans un champ. Il contourne une étable vieillissante, s'enfonce de deux cents mètres dans un petit bois et, enfin, coupe le moteur devant une seconde étable, plus branlante encore que la première.

En baillant, Shiloh ouvre sa portière et se glisse dans l'air froid du petit matin.

— Tu me rappelles ce que tu disais à propos de leurs si nombreuses planques dans la région ? Presque trois heures de route... Comme si on ne pouvait pas enfermer cette saloperie plus près. Et j'ai pas pris ma journée, moi. Je vais devoir appeler et dire que je suis malade.

S'extirpant à son tour de derrière le volant, Grant s'étire, content d'être enfin arrivé à destination.

— Pas la peine, je laisserai une note disant que tu es sur la piste de l'agresseur.
— On me reprochera d'être partie seule, remarque la flic.
— C'est toujours mieux qu'un blâme pour une journée d'absence non justifiée.
— Pas faux.

Avec des gestes lents, toute l'équipe étant épuisée, la vampire est sortie du véhicule et traînée dans l'espèce de grange aux murs noircis.

— Vous êtes sûrs que c'est le bon endroit ? s'enquiert l'inspectrice en découvrant un intérieur vide ayant plus ou moins survécu à un incendie.
— Ouais, ouais, lui répond Brianna en s'approchant d'une poutre à demi carbonisée.
— Il faut cacher les bagnoles, note Siobban alors que sa compagne déverrouille une porte cachée qui s'ouvre avec un léger cliquetis sur le mur du fond.

Robert pose les jambes de Carmen par terre et lui lance son trousseau de clefs.

— Tu t'en occupes ?

La jeune femme approuve d'un simple hochement de tête.

— Vous déconnez, là ?!

Déposant à son tour les épaules raides de la vampire, Shiloh se tourne vers la porte jusque-là invisible.

— C'était Arsène Lupin le premier chasseur de vampires ? C'est quoi votre délire avec les portes dérobées ?
— Tu crois qu'on peut faire ce qu'on fait au grand jour ? répond sèchement Siobban qui attend, plantée devant Grant, qu'il lui remette aussi ses clefs.

— On bouge beaucoup, explique Brianna, parce que les créatures à problèmes bougent aussi. Mais aucun de nous n'est très riche et camoufler nos abris est le seul moyen qu'on a pour être sûrs de pouvoir dormir quelque part.
— C'est aussi à ça que sert l'argent du syndicat, complète le vieux chasseur, aménager de nouveaux endroits safe, parfois même les acheter.
— Ce qui nous empêche pas de pioncer dans nos caisses deux fois sur trois, ajoute Siobban en s'enfonçant dans la nuit.

Hochant la tête en guise d'approbation, Robert et Brie n'ajoutent rien de plus et tous se remettent en mouvements.

***

Update du 15 septembre 2021

Bon, les gens, j'ai un aveu à vous faire.
Depuis la mi-août, à peu près, je bosse sur une énième réécriture de DK. Je prends en compte tous les commentaires qui m'ont été faits, et en particulier celui qui est revenu chez toustes mes lecteurices : la mise en page. Pas du tout adaptée à Wattpad, sur lequel il faut faire des paragraphes de cinq lignes grand max. (je caricature, parce que je suis de mauvaise foi, mais à peine)

Au départ, ça m'a cassé les fouilles.
Pas tellement les commentaires, qui partaient d'une bonne intention (cœur sur vous, qui vous reconnaîtrez 💖), mais le fait de devoir changer toute ma mise en page. Sur 250 pages word.

Parce que tout le bousin était écrit pour être lu sur un bouquin papier tout ce qu'il y a de plus traditionnel, ou sur une liseuse, à la rigueur.

Les supports sur lesquels je lis le plus, en fait.

Mais bon, le fait de ne pas pouvoir laisser de commentaires très régulièrement déplaisait. Je sais que ça a aussi refroidi certaines personnes, qui n'ont pas été plus loin que les premiers chapitres à cause de ça.

Donc, j'ai adapté. J'ai scindé tous les paragraphes en plusieurs morceaux en même temps que je réécrivais, et si mon fichier word est maintenant dégueulasse, la lecture sur Wattpad, elle, est grandement facilitée, et ça, c'est cool.

Sauf que, et ça n'a pas vraiment de rapport, mais vous aviez besoin de cette intro pour comprendre la suite, depuis une semaine, je bloque. Je trouve ce que je relis vraiment très mauvais. Autant les chapitres que je savais devoir retravailler que ceux qui me plaisaient quand je les ai écrits.
Tout me semble à chier.
À jeter.

Mais bon, dans quinze jours, il sera trop tard pour m'inscrire aux Wattys... Or, moi, j'ai envie de m'y inscrire. Je sais pas si j'ai vraiment une chance de passer les premières sélections (et honnêtement, vu comme je hais les parties que je relis pour l'instant, je dirais plutôt non, aucune), mais j'ai quand même envie de participer.

Et puis, ça fait un mois que j'ai la date du 31 septembre comme deadline, un mois que je me dis qu'à cette date-là, je dois avoir une version satisfaisante de DK en ligne. Pas la version définitive, pas même celle que j'enverrais à mes bétalecteurices, mais quelque chose de propre et quand même intéressant.

Sauf que, comme je l'ai dit, j'y arrive plus, et la date approche...

Donc, je vais faire un truc qui ne me satisfait pas vraiment, qui est loin d'être parfait.
Je vais juste corriger la dizaine de parties restantes, adapter leur mise en page pour Wattpad et proposer mon histoire telle qu'elle.

(Bon, je dis pas que je réécrirais pas un ou deux passages, si l'inspiration vient me percuter de plein fouet, mais si j'en crois la méga flemme de ces derniers jours, c'est peu probable.)

Je compte donc sur vous pour aller lire Degenerate Kings et m'indiquer les endroits qui, selon vous, ne fonctionnent pas (ou au contraire, ceux qui fonctionnent) pour pouvoir m'appuyer sur quelque chose, début 2022, quand je reprendrais une nouvelle fois cette foutue histoire.

Entre temps (en octobre et ce qui restera de septembre), je vais préparer la petite histoire de Noël qui sortira en décembre et le Nanowrimo.
Est-ce que je suis une nouvelle fois en train d'en faire trop ?
Je me pose la question. On verra si je finis encore l'année complètement à sec...

Est-ce que je suis stupide d'attendre un tel événement pour m'en rendre compte ? Ça ne fait aucun doute.


À propos du Nano, j'hésite encore entre deux, peut-être même trois histoires.
Je n'écrirais pas le tome 2 de DK à ce moment-là, parce que je veux vraiment terminer en novembre ce que je commencerais en novembre. Il faut que ce premier jet tienne en 50 000 mots, ce qui ne sera pas le cas de DK2.
Et puis, j'ai besoin de voir d'autres gens que Shiloh et toute sa clique pendant au moins une poignée de semaines, même si je les aime d'amour, ces dégénérés.

Mais du coup, vous, vous préférez la SF ou l'horreur ?
Les murs de chairs qui pulsent ou les princes d'une galaxie très lointaine qui se font enlever ?

Celleux qui me suivent depuis 2019 au moins, devraient avoir les deux références, pour les autres, vous les trouverez sur mon profil insta et dans le recueil l'Avent Tuera sur Wattpad ;)
(Oui, je me fais de la pub, rolala, c'est maaaal)

Enfin voilà.
Des bisous, les gens.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top