Où elle minaude ✓
— Elle a oublié ses papiers, fait remarquer Jed en les faisant glisser dans sa direction.
— Voyons voir ce que ça dit.
Face à face, la tête plongée dans ce fatras d'informations que Shiloh n'a pas eu le temps de leur expliquer, les garçons découvrent des listes interminables de parfums, après rasage, shampoing et autres savons industriels.
— On dirait un inventaire de ta salle de bain, analyse Jared.
— N'exagère pas.
— Non, je t'assure, regarde les trois premières lignes. C'est ton parfum, son déo et ton after-shave.
Ce n'est même pas une question. Après des mois passés l'un sur l'autre en tournée et même quelques années à vivre ensemble lors de leurs débuts dans la vie active, ils se connaissent mieux qu'un vieux couple.
— C'est vrai, approuve finalement Elijah en faisant glisser la feuille de papier devant lui. Et il y a les ingrédients à côté, deux sont surlignés. Ambre et bois de Cèdre. Ils sont présents dans quasi tous les produits de la liste, ajoute-t-il en feuilletant les pages suivantes.
— Il y a des notes en bas de cette feuille, écoute : « Toutes les victimes en avaient pour au moins vingt minutes de marche entre l'endroit qu'elles venaient de quitter et leur domicile ou véhicule. L'odeur de transpiration est aussi, très probablement à prendre en compte. »
Rapidement, ils parcourent les autres papiers, découvrent des listes de boissons, nourriture et vêtements. Dans chacune, les ingrédients présents dans tous les produits ou presque sont surlignés. Les deux dernières pages reprennent toutes les informations en quelques graphiques.
— On dirait qu'il n'y a que l'ambre qui est présent chez toutes les victimes.
— Alors elle pense réellement que l'agresseur a une sorte de super pouvoir ?
Elijah hausse les épaules et s'apprête à répondre quand une ombre recouvre soudain leur table. D'un mouvement rapide, il rassemble le dossier devant lui, le tasse et pose ses bras par-dessus pour en cacher le texte.
— Salut, glousse la nouvelle venue. Désolée de vous déranger, mais j'ai vu que vous discutiez avec Shiloh. On travaille ensemble et je m'inquiète pour elle, elle reste tard au poste tous les soirs depuis un moment, elle fait trop d'heures sup', c'est pas bon pour la santé. Puis comme vous aviez l'air proches, je me demandais si vous saviez sur quoi elle bosse pour le moment. Enfin, je sais sur quoi elle travaille, bien sûr, on est tous plus ou moins sur cette affaire, mais si elle est sur une piste, eh bien, peut-être que je pourrais l'aider...
— Pourquoi ?
La fille, dont le regard papillonnait jusqu'à lors de l'un à l'autre, s'arrête sur Jed et, pendant une fraction de seconde, il lui semble y déceler un éclair de haine pure. Un battement de cils plus tard, elle a pourtant retrouvé son air de jolie nunuche un brin mutine. Elle lui sourit, ce qu'elle n'a d'ailleurs pas cessé de faire depuis son arrivée, et entortille une mèche de ses longs cheveux bruns autour de son index.
Jed est certain de l'avoir vue coiffée d'un chignon et portant un chemisier boutonné jusqu'au cou quand elle et Shiloh se sont affrontées du regard, mais la jeune femme qui se tient devant lui en cet instant à les cheveux détachés et ondulés, les yeux et la bouche maquillés, ainsi que le chemisier ouvert sur un t-shirt blanc sans manche. Elle se tient en appui sur une seule jambe, donnant à sa posture une allure plus fragile et instable.
Habitué à se faire draguer, il la sait en représentation, le tout étant de savoir ce qu'elle cherche en les accostant de la sorte. Une nuit avec une célébrité ou quelque chose de plus important ?
— Hem, eh bien, pour l'aider. Si j'en suis capable...
— Dans ce cas, demandez-lui directement en quoi vous pouvez lui être utile.
Se tournant cette fois vers Elijah, l'inspectrice baisse la tête et son sourire se fait plus discret.
Pour un peu, elle serait tout à fait à mon goût, réalise Jed. Non, elle est tout à fait mon goût.
— En fait, je crois qu'on a commencé du mauvais pied, elle et moi. C'est peut-être de ma faute... J'aimerais corriger ça, mais jamais elle ne m'accordera sa confiance si je me contente de la lui demander. Mais si je l'aide à avancer dans son enquête...
— Je doute qu'elle apprécie que vous fouiniez dans ses affaires sans son autorisation, coupe court Elijah d'un ton qui ne souffre d'aucune contestation. Si vous voulez vraiment l'aider, dites le lui, je suis sûr que vous aurez plus de succès comme ça qu'en faisant les choses dans son dos.
Vaincue, la jeune femme quitte leur table en s'excusant et s'éloigne l'air penaud. Jed la suit du regard jusqu'à sa table où elle s'assoit trop droite et trop fière pour qu'il ait encore le moindre doute quant au fait qu'elle tentait bien de les embobiner.
— Tu n'as pas été très cordial, fait-il remarquer.
— T'as pas écouté Shiloh ? Elles ne s'entendent pas.
— Et ? Depuis quand on ne doit plus fréquenter que les gens qu'elle apprécie ?
Soupirant, Elijah coule un regard dans la direction prise par la fille.
— Si tu veux te la faire, vas-y. Elle sera ravie.
Son ton est lourd de reproches, mais Jed choisi de l'ignorer. A-t-il vraiment envie de s'amuser avec elle ? Pourquoi pas, après tout. Il tâte sa poche, s'assure qu'il a bien ce qu'il lui faut pour se donner du courage.
— Ma foi. Je passe aux chiottes puis à l'attaque.
Avant qu'il n'ait pu s'extraire de sa place, Elijah le retient par le poignet. Ses poils se hérissent au contact de sa peau et son pouls s'accélère.
— Elle est flic, Jed. Évite de te défoncer devant elle. Elle n'est pas aussi naïve qu'elle essaye de le faire croire.
Retournant son bras, toujours prisonnier de celui d'Elijah, Jared lui effleure l'intérieur du poignet du bout des doigts. Il sent la main de celui-ci se contracter sur son propre avant-bras puis se détendre sous les caresses. La fille n'a jamais eu aussi peu d'importance à ses yeux qu'en cet instant. Paradoxalement, c'est aussi pour ça qu'il la veut dans son lit cette nuit.
Il murmure :
— Si elle sait qui je suis, elle sait à quoi s'attendre. Elle ne nous a pas sorti le grand jeu juste pour me coffrer, si ?
En se relevant, il se penche en avant, pose son front contre celui d'Elijah. Les yeux fermés, il l'écoute respirer. Qui a besoin de coke quand il peut avoir ça ?
— On se voit demain, conclu-t-il en s'arrachant à lui. Et joyeux Noël.
Debout sur la petite terrasse menant à l'entrée du bar, Elijah frisonne et se frotte les bras avant de démarrer. L'hiver est désormais bien installé, et il regrette pour son empreinte carbone, mais la prochaine fois, il viendra en voiture.
Jed n'est finalement pas passé par les toilettes avant de retourner voir l'inspectrice. Elijah préfère ça, même s'il aurait préféré qu'il n'y aille pas du tout. Le voir se perdre encore et encore dans des histoires sans lendemain l'irrite sans qu'il comprenne tout à fait pourquoi. À moins que ce ne soit l'éventualité qu'une de ses passades se transforme en quelque chose de plus sérieux qui l'angoisse ?
En descendant les marches qui mènent au vaste parking, il remarque que le nombre de voitures encore sur place est dérisoire. Dégainant son téléphone, il tape quelques mots qu'il envoie sur-le-champ à Jared avant de ranger l'appareil dans son blouson et de cacher ses mains dans ses poches pour les protéger du froid.
« Commande un taxi avant de partir. Ne pars PAS seul à pied ! »
La ville n'est pas vraiment loin du pub, rien n'est vraiment loin de rien à Tregarta, mais le Castle on Sand doit être au moins à 45 minutes de marche. Même si un psychopathe ne se promenait pas dans les rues de la petite ville en cet instant précis, un tel froid couplé au taux d'alcoolisation de Jed ne pourrait faire que des dégâts. Au moins, s'il rentre avec la fille, il ne sera pas seul, se rassure-t-il. Jamais le pseudo-vampire ne s'en est pris à des gens en groupe, même fortement alcoolisés.
Sautant la clôture menant au pré vidé de ses animaux, ceux-ci ayant été rentrés à l'étable pour l'hiver, Elijah se demande s'il est bien prudent que lui-même rentre seul de nuit.
Bah, j'en ai pour moins de quinze minutes si je marche vite, relativise-t-il. Et presque tout le trajet se fait à l'écart des routes. Pressant le pas, le dossier de Shiloh coincé sous le bras, il se met à espérer qu'elle soit rentrée à la maison et non au commissariat. Pourvu qu'elle ne soit pas partie confronter Aaron, seule.
***
Hey les potos !
J'ai la date de publication du dernier chapitre...
Je vous dis ça dans deux secondes, mais avant, je vous fais un petit topo de la situation.
J'ai terminé la rédaction de DK vers le milieu du mois, ça, vous le savez déjà, mais entre temps, j'ai aussi eu le temps de faire deux relectures/réécritures des chapitres à venir, j'ai chassé beaucoup trop de fautes (Toutes ? J'y crois pas une seconde, même si j'aime rêver que c'est effectivement le cas) et presque tous les chapitres sont prêts en brouillon, je n'ai plus qu'à appuyer sur un bouton pour les publier (Wattpad n'offre pas la possibilité de les programmer, sinon je l'aurais fait).
Comme j'ai envie de vous offrir la fin au plus vite et qu'il reste encore pas mal de matière, on va partir dés aujourd'hui sur une base de trois publications par semaine, les lundis, mercredis et vendredis. Il me reste six chapitres à corriger et mettre en page pour Wattpad, ce qui sera fait demain au plus tard, vu le rythme que j'ai tenu ces derniers jours, et un des deniers à écrire, parce que je me suis rendu compte qu'il manquait, même s'il n'était à l'origine pas prévu.
Une fois que ce sera fait, je crois que je laisserai reposer tout ça un bon mois (le temps de boucler un petit projet annexe qui m'est cher, n'a totalement rien à voir et que je repousse depuis des mois) avant de reprendre l'histoire depuis le début pour une ultime réécriture avant de me mettre à la recherche de béta-lecteurices (d'ailleurs, si le rôle t'intéresse, n'hésite pas à te faire connaître;) ).
Bon, j'ai bien fait monter la sauce, là ? C'est bon ? Vous êtes chauds comme des baraques à frites ?
OK.
Le dernier chapitre sera publié...
le...
28 juillet.
Voilà.
Trois chapitres par semaine, le dernier le 28 juillet, oui, il reste 25 parties avant la fin de l'histoire. C'est beaucoup et peu à la fois, non ?
J'espère qu'elle vous plaira, vous surprendra, vous envoûtera, vous... Enfin, qu'elle sera à la hauteur, quoi.
En attendant, on est encore ensemble pour deux mois, alors à mercredi.
La bise.
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