Chapitre 23 - Où elle en fait trop ✓

Ce lundi matin, très tôt, Berthie frappe à la porte de la prison de Lustofborough. Ce n'est pas la première fois qu'elle vient assurer un transfert, mais le dernier remonte à plus de deux ans, si bien qu'elle ne reconnaît pas l'homme qui vient lui ouvrir.

Exceptionnellement, elle a revêtu son uniforme, comme l'exige la situation, et elle se surprend à apprécier son reflet en le croisant dans la vitre donnant sur le box du gardien. Si elle avait un jour pensé ressentir de la nostalgie à l'évocation de ses premières années dans la police.

Le boulot qui lui incombe aujourd'hui est censé être une punition, même si ses collègues ignorent ce qui a pu la provoquer.
Un rictus se dessine sur les lèvres qu'elle a pris la peine de maquiller. Bien sûr, elle refusera de le leur expliquer quand ils lui poseront la question et se contentera de les laisser se délecter des rumeurs qui circulent déjà. Rumeurs où cette conne de Delauney joue le rôle de la méchante belle-mère.

— Vous êtes en avance, grogne un second maton quand elle est introduite dans leur salle de pause.

Elle ne lui accorde même pas un regard, pose son sac sur la table au milieu de la pièce et s'assied enfin, droite comme la justice, en face de lui.

— Ça circulait bien.
— Évidemment, à cette heure...

L'homme la dévisage comme s'il n'avait jamais vu personne d'aussi stupide, mais le regard impénétrable de l'inspectrice qui ne cille pas, fini par avoir raison de lui et il se lève.

— Je vais pisser, annonce-t-il en se défilant. J'irais chercher le détenu après.
— Bonne idée, je vais faire pareil.

Berthie bondit sur ses pieds et le suit jusqu'à la porte où il se retourne vers elle, confus.

— Pisser. Je vais pisser aussi, s'agace-t-elle avant de le contourner pour se diriger droit vers les toilettes des femmes jouxtant la salle des visites par laquelle elle est passée quelques minutes plus tôt.

La prison est petite et vieillissante, et c'est ce dernier point qui va lui permettre d'exécuter sa mission sans mettre sa précieuse carrière en danger.

Quand elle revient, le maton a mis sa veste et patiente, un trousseau de clefs à la main.

— Vous pouvez attendre en salle des visites, je vais arriver.

Il est déjà en train de s'éloigner quand elle l'interpelle.

— On est en avance, vous l'avez dit vous-même. On a commencé du mauvais pied, vous et moi, mais on va devoir se supporter toute la semaine, peut-être plus. Ce procès va être interminable, il y a plus de cent victimes. Laissez-moi vous offrir un café.
— L'est dégueulasse, le café, ici.
— Mais le mien est excellent.

Devenue ingénue, elle lui sourit en lui désignant la salle de pause.

L'homme est tout ce qu'elle exècre ; crâne rasé, tatouage sur les avant-bras, large autant de gras que de muscles et visiblement sensible à son cinéma de minette. Elle maîtrise tellement ce rôle et le trouve si ridicule que toute personne y succombant peut oublier à jamais l'espoir d'être considérée avec sérieux, ou même respect. Elle n'en montre rien, pourtant, et verse dans les deux tasses qu'il lui tend, l'excellent café qu'elle a préparé ce matin même.

— Il est très bon, approuve-t-il au bout d'un temps de réflexion qu'elle trouve insultant.

Très bon, quelle mascarade. Il est divin, oui.

Berthie déteste gâcher son Kona de Hawaï pour un abruti incapable de l'apprécier à sa juste valeur, mais que pouvait-elle espérer de plus de ce gros plein de soupe ?

À 6 h 30, sur une petite route de campagne à proximité de la prison de Lustofborough, Shiloh remonte la tirette de sa veste noire aussi haut qu'elle le peut. Ce mouvement a aussi bien pour but de la protéger du froid que de camoufler son visage. Ses cheveux, détachés pour la même raison, la dérangent, tout comme le képi qu'elle porte bas sur le front.

— Ce serait un miracle que ça marche, entend-elle marmonner l'officier qui lui tourne le dos, tirant une barrière au milieu de la route. C'est tellement stupide. Il y a mille choses qui peuvent déraper...

L'homme se retourne, pose les poings sur ses hanches, l'air contrarié.
Habillé comme elle, dans cette tenue d'agent ordinaire, Grant est méconnaissable.

Comme elle l'a fait quelques secondes plus tôt, il rabaisse le képi sur ses yeux et remonte son col, puis il se détourne vers le pick-up de la police qu'il a emprunté quelques heures plus tôt et qui lui a permis de transporter les lourdes barricades.

Grant risque gros. Bien plus qu'elle, qui estime déjà risquer tout ce qu'elle a, ou presque. Et ce, pour un gamin qu'il n'a jamais rencontré.
Non, bien sûr que non. Ce n'est pas pour Aaron si son chef se met hors la loi de la sorte, elle en a conscience.

Mais alors, pour quoi ? Éviter un mouvement de panique de la population ? Ça ne tient pas la route, pas complètement. Il aurait pu prévenir ses chefs et les laisser décider entre eux de ce qu'il convient de faire dans une telle situation. Jamais ils n'auraient pris le risque de mettre le peuple au courant de leur découverte.

Pour en finir avec l'enquête qui lui a été retirée vingt ans plus tôt, alors ? Peut-être, mais ça reste étrange.

Pour elle ? C'est stupide.

Se renfrognant, elle enfonce les poings dans ses larges poches et tourne la tête en direction de la route serpentant entre les arbres dénudés qui s'étend devant elle.

Elle a passé la nuit en solo chez elle, Elijah lui ayant assuré qu'il pouvait gérer seul une nuit de plus chez Aaron, et elle se demande si son humeur maussade peut venir de là.

— Ils approchent.

Levant la main droite, Shiloh fait signe à la camionnette noire roulant dans sa direction de s'arrêter. La vitre coté conducteur se baisse et une voix familière s'élève, méprisante.

— Qu'est-ce qui se passe ?

Au volant du véhicule, Berthie Smith se penche à demi par la fenêtre et fait mine de regarder au loin.

— Un arbre en travers de la route, inspectrice, baratine Shiloh. Il faut faire un détour par Grantham.

Berthie fronce le nez comme si elle était soudain environnée d'odeurs nauséabondes. Je suis sûre qu'elle n'a même pas à se forcer, peste Shiloh pour elle-même.

— C'est que j'ai un client qu'est attendu au tribunal, là derrière. Passer par Grantham nous fera arriver avec vingt minutes de retard.

Shiloh fait semblant d'hésiter, sautillant d'une jambe sur l'autre puis part en courant vers Grant, qui leur tourne toujours le dos.

— Attendez deux minutes !

À trente mètres de la camionnette, tous deux discutent un moment puis Grant sort sa radio et, après quelques échanges avec un collègue imaginaire, il renvoie Shiloh d'un mouvement de la main tandis qu'il fait glisser la barrière sur le côté.

— C'est bon, vous pouvez passer.

Sans même lui répondre, se contentant d'un clin d'œil discret, Berthie passe la première et fait remarquer à l'homme assis côté passager et à moitié endormi que, sans elle, il aurait dû se taper tout le détour. Réveillé en sursaut, l'employé du centre pénitencier, approuve alors que, déjà, ses yeux se referment, insensibles au décor moite et gris de l'autre côté du pare-brise.

— J'avais jamais vu quelqu'un faire un clin d'œil en donnant l'impression d'y être forcé...
— Comment ?
— Non, rien, c'était peut-être juste une poussière, tout bien considéré. Dépêchons-nous.

Empoignant chacun un côté de la barrière, les policiers la déplacent une nouvelle fois au milieu de la route, bloquant cette fois toute sa largeur. Un panneau de déviation a été placé bien en évidence, normalement personne ne se risquera à désobéir. En tout cas, ils l'espèrent.

Remontant dans le pick-up, tous deux se lancent sur les traces de la camionnette où Berthie commence doucement, mais sûrement, à piquer du nez.

Car dans son café, délicieux malgré tout, elle a versé un somnifère puissant.

Intelligente, elle s'est absentée en même temps que le maton en laissant son sac, et le thermos qu'il contient, seul dans la petite salle de repos qui n'est pas surveillée par des caméras, tout comme le couloir y menant.

Se faisant, elle s'est assurée qu'en cas d'enquête, et il y en aura une, elle sera couverte. Car n'importe qui aurait pu empoisonner son café, et le gardien, aussi bien que l'enregistrement de la salle des visites où on la voit entrer et sortir des toilettes, pourront confirmer qu'elle s'est absentée les mains vides.

La suite du plan implique une sortie de route contrôlée, un choc raisonnable avec une clôture et un endormissement tranquille, pendant que Grant et cette abrutie de Delauney font évader le criminel.

Une heure ou deux plus tard, davantage que le temps nécessaire à ce qu'on remarque leurs absences au tribunal et qu'on envoie une patrouille pour retracer leur trajet, elle sera réveillée par un policier inquiet et fera mine de paniquer en découvrant que le détenu s'est fait la malle.

Berthie ne sait pas exactement pourquoi Grant et l'autre débile tiennent tant à recevoir l'aide de ce type. Pire, elle trouve cette histoire exagérément louche, mais elle est persuadée que s'il lui a proposé de participer à cette mission hors norme, c'est parce que Grant lui fait confiance.

Elle sait aussi que c'est une information fantastique qu'elle pourra réutiliser un jour, au besoin. Et comme tout cela ne peut être que bon pour sa carrière, elle a accepté d'y être mêlée.

Au pire du pire, si l'histoire vient à être découverte, elle pourra toujours endosser son rôle de petite mignonne et supplier le juge en lui expliquant, des larmes plein les yeux, que Grant l'a forcée à collaborer.

Bien sûr, elle espère n'en être jamais réduite à ça, mais tout restera préférable à la perte de son statut chéri.

On approche, se dit-elle en dépassant un arbre mort sur sa gauche, encore trois cents mètres et...

Sans qu'elle n'ait la moindre idée de la façon dont cette chose s'est retrouvée là, une jeep défoncée surgit dans son champ de vision. L'instant d'après, elle est sur la route, juste devant elle, et Berthie freine, braque et se dirige à une vitesse bien plus élevée que prévu droit dans une clôture où la camionnette termine sa courte course folle.

— C'est quoi ce bordel ? bondit Shiloh en découvrant la camionnette dans la barrière et la jeep juste derrière. C'était prévu, ça ?
— Pas du tout.

Appuyant sur le champignon, Grant fait vrombir le moteur alors que, devant eux, un individu encapuchonné tente de forcer la portière arrière avec un pied-de-biche.

— Police ! hurle Shiloh en sautant de la voiture toujours en marche. Éloignez-vous de cette camionnette.

À ce moment, la portière lâche et l'individu se retourne. Malgré les manches amples de son hoodie cachant ses bras tatoués et la capuche dissimulant son crâne rasé, Shiloh reconnaît la vendeuse qui l'a conduite jusqu'à la cuisine de la boulangerie, des mois plus tôt.

— Vous ?
— Laissez-nous partir et nous disparaîtrons sans qu'il y ait de blessé.

La voix, bien trop douce pour se discourt, vient de l'autre côté de la fourgonnette. Shiloh quitte un instant la fille au crâne rasé des yeux et découvre avec une surprise moindre que la nouvelle venue n'est autre que la seconde boulangère, la blonde à l'air timide à qui il manque un bras.

Sauf qu'il n'y a plus trace de timidité en sa personne à cet instant et qu'elle la tient en joue avec une sorte de petite arbalète maniable d'une seule main.

— Je ne peux pas, répond-elle calmement tandis que Grant sort à son tour de leur véhicule.
— Il le faudra bien, pourtant.
— Non, je...

Avant qu'elle n'ait eu le temps de terminer sa phrase, la porte côté conducteur s'ouvre avec fracas et Berthie, vacillante, en sort l'arme au poing, braquée sur la fille à la capuche.

— NON ! crie Shiloh en tendant les mains dans sa direction alors que la fille au hoodie se retourne vers l'avant du véhicule, mais la détonation retenti et elle s'écroule.

— Siobban ! hurle la fille à qui il manque un bras alors qu'elle contourne la fourgonnette en courant, son bras valide toujours tendu devant elle, tenant fermement l'arbalète.

— Berthie, nom de Dieu ! gronde la voix de Dunn en agrippant Shiloh par l'épaule et en la balançant contre le flanc de la jeep. À couvert !

Arrivée de l'autre côté de la camionnette, la fille pointe son arme vers la policière à demi sonnée par le choc avec la clôture et le tranquillisant coulant dans ses veines, mais celle-ci à juste le temps de se jeter à l'intérieur du véhicule avant de se retrouver dans son angle de tir.

Grant, qui a commencé à reculer pour se cacher derrière la jeep avec Shiloh, profite du fait que l'assaillante lui tourne le dos pour lui fondre dessus. Il va la ceinturer, quand elle se retourne vivement et le met en joue.

Grant cesse de bouger, Shiloh de respirer.

— Un mouvement de plus et il est mort. Ça vaut pour chacun et chacune d'entre vous.

Le bras tendu devant elle, le bout de la flèche ne se trouve plus qu'à quinze centimètres du front de Dunn. La fille ne tremble pas, sa voix est claire, et si elle a eu l'air paniquée en voyant sa partenaire s'effondrer, elle semble désormais parfaitement maîtresse d'elle-même.

À ses pieds, Gwynfor, désormais libre, s'est agenouillé et il compresse le trou béant qu'à ouvert la balle de Berthie dans l'abdomen de la jeune femme au hoodie.

— Aucun de nous n'a rien à gagner d'un affrontement. Laissez-nous partir et vous vivrez, continue la blonde.
— Tu es la seule à être armée et en état de te battre, tu ne sauras pas tous nous neutraliser, articule Grant avec une lenteur excessive.
— Tu veux parier ?
— Dans tous les cas t'as aucune chance de t'en tirer, souffle dans un rictus la fille allongée au sol en renversant la tête en arrière pour le regarder. Brie te raterait pas à 200 mètres, alors à bout portant...

La fin de sa phrase se noie dans un feulement moite alors qu'une flaque de sang s'étale peu à peu sous elle.

— Elle a besoin de soin, énonce Grant sans lâcher des yeux celle qui le menace.
— Elle en recevra. Alors, vous choisissez quoi ? Je tire ou vous dégagez ?

Sortant de sa cachette protectrice, Shiloh avance de deux pas, s'assurant d'être dans le champ de vision du boulanger.

— On a besoin de vous, Mr Gwynfor.
— Je me demande bien pourquoi, raille-t-il sans même la regarder, trop occupé à veiller sur la fille.
— On a capturé la vampire.

Grant décèle une hésitation dans l'attitude de la tireuse et il est tenté d'agir, mais elle s'en rend compte avant qu'il ait pu bouger un muscle. Elle désapprouve alors du chef tout en caressant la gâchette du bout de l'index.

— J'éviterais, si j'étais toi.

— Qu'en avez-vous fait ?

Les yeux enfin posés sur Shiloh, Gwynfor semble aussi intéressé qu'inquiet.

— Nous l'avons cachée.
— Impossible. Vous n'avez pas les moyens pour la maîtriser.

Une fraction de seconde, Shiloh s'imagine lui mentir, mais ce qu'elle veut, c'est son aide, et leur hypothétique collaboration a déjà assez mal débuté comme ça, inutile d'y ajouter un mensonge stupide.

— Elle s'est... comme qui dirait... momifiée.
— Vous lui avez transpercé le cœur ! Vous m'impressionnez.

Son exclamation de surprise et son approbation sont honnêtes, ce qui sonne comme une anomalie dans sa bouche.

— Est-elle morte ?
— Non.
— C'est ce que je craignais.

— Berthie, interrompt soudain Grant. J'aimerais assez continuer à vivre, alors évite tout autre mouvement stupide. C'est un ordre.

Dans la fourgonnette, Berthie recule sur son siège, vexée, son flingue à la main. Elle était sur le point d'abattre Gwynfor d'une balle dans le dos.

— Toi là, Delauney, c'est ça ?

La fille aux cheveux blonds lui jette un coup d'œil puis fait un pas de côté sans cesser de menacer Grant.

— Belle mémoire.
— J'ai étudié tes prouesses. Va chercher l'arme de cette petite conne et rapporte là moi.
— Je ne peux pas faire ça.
— Je te conseille de trouver un moyen. Ce n'est pas moi la méchante, insiste-t-elle en voyant que Shiloh ne bouge pas, c'est ta copine, là. Si elle évitait de vouloir jouer les héroïnes, il n'y aurait aucun problème.

Contournant Gwynfor et la fille de plus en plus pale allongée sur le sol, Shiloh se rend à l'avant de la fourgonnette. Le maton est blessé à la joue, mais dort plutôt paisiblement, surtout au vu des événements. Berthie, elle, lute pour garder les yeux ouverts. La main qui tient son arme est agitée de tremblements à cause des somnifères.

Shiloh tend la main dans sa direction, mais Berthie écarte la sienne, et l'arme par la même occasion, et lui lance un regard plein de dégoût.

— Donne, insiste Shiloh. Tout va bien se passer.

— C'est toi le boss, c'est ça ? demande la fille à Dunn. Fais-la obéir. Ma copine a besoin de soins et on ne restera pas ici plus longtemps.

Grant soupire.

— Nous vous accompagnerons.
— Et puis quoi encore ?
— Nous avons besoin des connaissances de Gwynfor pour tuer la vampire, insiste Shiloh.
— Le flingue d'abord. Dépêchons.

Shiloh et Grant échangent un regard, aucun d'eux ne sait quoi tenter de plus, mais en effet, s'ils attendent plus longtemps la blessée risque de mourir.

— Vous nous accompagnez, confirme soudain Gwynfor, à bout. Alors partons, maintenant.
— Pas la pouffiasse, conclu la dénommée Brie.
— Berthie, remet ton arme à Shiloh, c'est un ordre, tonne enfin Grant.
— Non, geint-elle, à moitié sonnée.
— Active, insiste la blonde, à deux doigts de lui tirer dans la tête.
— Si tu n'obéis pas, improvise Grant, à court d'idées, tu peux oublier toute idée de promotion ou d'enquêtes intéressantes, Berthie. Ta carrière sera faite de querelles de voisinage et de vols à l'arraché.

Un gémissement leur parvient, mais une seconde plus tard, Shiloh revient, l'arme à la main. La fille a oublié d'exiger qu'elle tienne l'arme par le canon et elle soupire quand elle la voit arriver en la tenant par la crosse, persuadée qu'elle va la pointer sur elle.

— Ne complique pas les choses, s'énerve-t-elle, et donne moi...

Mais Shiloh est plus rapide. Devant elle, elle expulse le chargeur ainsi que la balle engagée et elle balance les trois morceaux dans le champ de l'autre côté de la clôture.

— Berthie ira les chercher quand elle se réveillera, explique-t-elle. Je la supporte aussi peu que toi, mais je ne peux pas confier une arme de la police à une civile. Encore moins quand celle-ci menace mon chef.

La fille hoche la tête.

— Ça me va.

Et baisse le bras.

Encore une fois, Grant est tenté de lui sauter dessus, mais avant qu'il ait pu bouger une oreille, la pointe de la flèche lui entaille le gras du ventre et la bouche de la fille murmure si prés de son oreille qu'il en ressent des chatouillements.

— Ts-ts-ts. J'ai l'habitude d'ennemis plus dangereux et vicieux que tu n'en as jamais rencontré, alors part du principe que je serais toujours plus rapide que toi.

S'écartant de lui, elle attache son arme à sa ceinture, s'agenouille auprès de la blessée et lui caresse la joue en souriant.

— T'en as vu d'autres.
— Bien sûr.
— Ça va aller.

Elle se penche, l'embrasse sur les lèvres et se remet debout. Dans la seconde qui suit, elle est devant la portière ouverte de la camionnette, là où Berthie s'est retranchée alors qu'elle a de plus en plus de mal à rester éveillée. Le premier coup qu'elle met explose le nez de la policière. Le deuxième lui ouvre la pommette et lui laissera un coquard plusieurs jours.

— Tu t'en sors bien, connasse.

Intérieurement, Shiloh approuve, même si elle sent qu'elle ne le devrait pas. Mais tout aurait pu se passer si mal à cause du manque de sang-froid de Berthie, qu'elle aurait aimé lui administrer elle-même cette correction.

— On ne peut pas laisser les barrages et le pick-up sur place, fait remarquer Grant.
— C'était vous, les barrières ? interroge Siobban en serrant les dents alors que Gwynfor l'aide à se relever.
— Vous pensiez qu'elles étaient arrivées toutes seules ? ironise Dunn.
— Plutôt que c'était un heureux hasard.
— Prenez votre caisse, mais on n'a pas le temps pour les barrages, coupe Brie avec un regard sur la blessure sanglante.
— Mais si on n'ouvre pas la route, ils ne seront pas trouvé avant des heures, reprend Grant en pensant à Berthie et au garde.
— Pas mon problème.

Grant et la fille se scrutent en silence quelques instants, mais un râle de douleur de Siobban met fin à leur bataille de regards et sa compagne monte en voiture après l'avoir installée aussi confortablement que possible sur la banquette arrière en compagnie de Robert Gwynfor.

Montant seul dans le pick-up, Grant les suivra, alors que Shiloh s'installe sur le siège passager de la jeep avant même d'y avoir été invitée.

— Vous avez un endroit discret où le cacher ? demande-t-elle en bouclant sa ceinture.
— On a que ça, des endroits discrets où se cacher, t'en fait pas. Au fait, moi, c'est Brianna.

***

Hey les gens !

J'ai sorti une nouvelle un peu (très ?) loufoque pour un concours, hier.
Elle est dispo sur mon profil et s'intitule "Gang de Dindes Sauvages". Elle est complète, donc si vous voulez aller jeter un coup d'œil, voilà quoi.  ;)

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