Les suicides de Breckenridge
- Evy Markins, lycéenne de 17 ans.
Elle vivait chez ses parents avec sa petite sœur, dans la ville de Breckenridge, dans l'État du Colorado aux États-Unis.
Un soir, alors qu'ils rentraient d'une grande fête chez des voisins, ses parents l'ont retrouvée pendue dans sa chambre, un tabouret tombé à ses pieds et des petits sachets de drogue posés par terre.
La police avait été très rapide sur la conclusion de cette enquête:
Elle s'était tuée, parce que les autorités allaient bientôt découvrir que c'était elle qui vendait de la drogue aux lycéens de la ville.
Conclusion: Morte par suicide.
Alors que je fais tranquillement mes exercices de mathématiques, je les vois, à travers la fenêtre de ma chambre. Dans un uniforme bleu, ils discutent activement avec mes parents qui semblent lassés de tout ça.
Mon sang se fige dans mes veines en les apercevant, et puis, en retrouvant ma contenance habituelle, je souris.
Je savais que ça allait arriver.
- Diana Alfonss, lycéenne et meilleure amie d'Evy.
Quelques heures après avoir été invitée à une grosse soirée où elle y avait emmené la jeune sœur d'Evy, un passant la retrouva morte d'une surdose de médicament dans un parc au petit matin. La police n'avait pas laissé planer de doute: Diana Alfonss n'avait pas supporté le suicide d'Evy Markins, sa meilleure amie, et en avait fini avec la vie à son tour.
Conclusion: Morte par suicide.
Je sors de ma chambre en vitesse, consciente que chaque seconde est comptée. Je n'ai pas de temps à perdre, et me je rends directement dans la chambre de mes parents. Ils sont arrivés plus tôt que je ne l'aurais pensé.
Sous le lit de mes géniteurs, dans une petite boîte à bijoux, se trouve une clé. Je la récupère et la serre dans ma main, me relève du sol où je m'étais accroupie et me dirige d'une démarche décidée dans la salle de bain.
- Georgia Alfonss, la petite sœur de Diana.
Deux jours après le verdict de la police sur le suicide de sa sœur, ses parents la retrouvèrent allongée dans son lit, inerte.
Elle avait terminé, elle aussi, la boîte de médicament prise par sa grande sœur. Les enquêteurs en déduisirent un refus du décès de Diana.
Conclusion: Morte par suicide.
Avec la clé, j'ouvre le placard à pharmacie soigneusement condamné d'accès par ma mère...
Enfin, c'était sans compter cette clé dont la cachette était très facile à trouver. Je commence à sortir tous les médicaments du placard, et tombe rapidement sur ceux qui m'intéressent. J'en prends trois grosses poignées, et les lancent dans un bol rempli d'eau.
- Poly Hedmund, pharmacienne.
Après sa pause déjeuner, ne revenant pas pour prendre la relève, son associé est venu la retrouver et a découvert qu'elle n'était plus de ce monde. Les policiers ont retrouvé une dose mortelle de médicaments dans son verre d'eau, et ont compris que Poly avait été la pharmacienne qui avait vendu les médicaments à Diana et Georgia, et qu'elle se sentait responsable de la mort des deux sœurs.
Conclusion: Morte par suicide.
Je sens un goût de bile me monter dans la gorge lorsque je commence à boire l'eau du bol où sont dissous les médicaments. Malgré mon dégoût et mon envie de tout recracher, j'avale tout jusqu'au bout.
De nombreux bruits de pas répétés dans l'escalier m'indique qu'ils sont entrés. Mes parents doivent sûrement attendre au rez-de-chaussée.
Je range tous les médicaments avec vitesse, mais je sais que de toute façon, plus personne ne pourra rien faire.
- Hanna Juliet, à l'école primaire, la belle-fille de Poly.
Comme toutes les autres, elle vivait à Breckenridge. Elle souffrait de dépression, mais son père n'a jamais voulu qu'elle voit un médecin, et elle, elle s'en fichait de tout et surtout de vivre.
Après tous les autres suicides, elle a affirmé dans son journal être du même avis que toutes les autres femmes, et que vivre était inutile. Sa voisine l'a vue sauter de son toit, et s'exploser le crâne au sol.
Conclusion: Morte par suicide.
Lorsque les policiers rentrent dans la salle de bain, une arme braquée sur moi, je ne bouge pas.
Ils m'indiquent de les accompagner, et je le fais sans aucune résistance. Un petit sourire nait sur mon visage, et je crois que l'un d'eux l'aperçoit parce qu'il me lance un regard horrifié.
C'est trop tard, ils n'ont plus aucune chance de maîtriser la situation.
Elise Jolan, la voisine d'Hanna.
Après la vision de la jeune fillette sautant de son balcon et celle de son crâne détruit au sol, la vieille femme s'est elle aussi pendue dans sa chambre.
La boucle est bouclée, elle est morte comme Evy.
Conclusion: Morte par suicide.
Ils me font assoir brusquement dans la voiture de police, après m'avoir menottée.
Ils le font parce que de tous les meurtres que je viens de vous raconter, aucuns deux n'étaient des suicides.
Oui, je vous l'ai dit...
De tous les meurtres... c'était tous des meurtres.
Evy Markins, ma grande sœur, n'a jamais vendu de drogue.
Elle en a retrouvé dans ma chambre, parce que c'était moi qui en fournissais aux lycéens.
Et pour éviter qu'elle n'aille le dire à la police, je l'ai pendue dans sa chambre alors que mes parents étaient à une fête chez nos voisins. Quand je suis entrée dans la pièce, elle m'a demandée de partir parce qu'elle devait appeler son copain.
Je l'ai étouffée dans son oreiller, elle s'est débattue comme une folle, et m'a même griffé les bras jusqu'au sang.
Une fois qu'elle n'a plus bougé, je lui ai disposé une corde autour du cou, et je l'ai suspendue à une poutre de sa chambre. J'ai posé un tabouret sous ses pieds, et des sachets de drogue à côté.
Diana Alfonss m'avait emmenée à une fête de lycéens pour que je surmonte le "suicide" de ma sœur Evy. Elles étaient meilleures amies, et j'étais donc naturellement très proche de Diana. Au cour de la soirée, ayant trop bu, je lui ai révélé la vérité au sujet de la mort de ma sœur.
Diana aussi était complément bourrée, mais j'ai pensé judicieux de lui administrer une dose de médicament un peu trop élevée dans son verre de bière, et de la déposer sur un banc pour qu'elle y meurt, évitant ainsi de laisser en vie une personne qui en savait beaucoup trop.
Georgia Alfonss était la petite sœur de Diana. Elle m'avait vue emmener sa sœur dans le parc et lui déposer la boîte de médicament dans sa poche de veste.
Je ne pouvais pas laisser de témoin potentiel...
Elle était dans ma classe au collège, je lui ai mis à la cantine une bonne dose de médicament à elle aussi.
Elle s'est endormie pour toujours le soir dans son lit.
Poly Hedmund était la pharmacienne qui m'avait vendu les boites de médicaments, ceux qui m'ont permis de tuer les sœurs Alfonss. Je savais qu'elle hésitait à aller dire qu'une gamine, dont la sœur avait été la première à se "suicider", d'ailleurs, était venue par deux fois lui acheter des médicaments dangereux en trop grande quantité, avec une ordonnance douteuse.
Je lui ai glissé ces mêmes médicaments dans son verre d'eau, tandis qu'elle réchauffait sa nourriture durant sa pause déjeuner.
Hanna Juliet m'avait dit tout savoir sur les meurtres.
Elle était la belle-fille de Poly, et avait découvert dans le téléphone de la jeune femme les suspicions que la pharmacienne avait sur moi.
Je suis allée chez la petite fille qui n'était même pas encore au collège, tandis que son père était parti en rendez-vous médical.
En me voyant dans sa chambre, elle s'est réfugiée sur son balcon. Je l'ai tournée face à la route, et poussée.
Je savais qu'elle était en dépression et que la mort de sa belle-mère n'avait fait qu'accentuer le mal.
En fait, tout le monde savait qu'elle était en dépression mais que son père ne voulait rien faire pour la guérir, même pas aller voir un médecin pour être sûr qu'elle portait bien cette maladie en elle.
J'ai écrit quelques lignes dans son journal intime disant qu'elle souhaitait se suicider comme toutes les autres femmes avant elle. J'ai ainsi éloigné tous les doutes.
En sortant de chez Hanna, j'ai vu sa vieille voisine qui fixait à travers sa fenêtre le corps détruit au sol de la petite fille. Élise Jolan a tourné la tête, et nos regards se sont croisés.
Je lui ai souri.
Je pense qu'elle a pris peur, et que c'est pour ça qu'elle n'a dit à personne qu'elle m'avait vu sortir de la maison de la fille défunte.
Quelques jours plus tard, j'étais chez Élise, et elle, pendue dans sa chambre.
La boucle est bouclée.
De tous les suicides que je viens de vous raconter, aucun n'en étaient vraiment.
Tous étaient des meurtres, et j'en étais la meurtrière.
Oui, effectivement, aucun n'étaient des suicides, sauf le mien.
Parce que la dose de médicament que je viens d'ingurgiter est six fois plus grande que celle que j'ai glissé dans les verres de Diana, Georgia et Poly.
Et je souris parce que les policiers, même s'il y avait des caméras dans la maison d'Elise qui ont tout filmé, ne sauront jamais ce qu'il s'est vraiment passé pour les six femmes décédées.
J'emporterai dans une heure au plus les secrets sur tous les "suicides" de Breckenridge, avec moi, dans ma tombe.
L'affaire fera le tour du pays.
Les six femmes que j'ai assassinées pour une petite histoire de drogue seront à la une des journaux, et moi, la seule véritable personne qui s'est suicidée, deviendra célèbre dans tous les États-Unis pour longtemps encore.
Mes parents me dévisagent avec effroi, leur fille, qui a tué sa sœur, tandis que la voiture de police démarre.
Des comprimés tombent de ma poche, et je les désigne au policier à côté de moi.
— Vous en voulez un peu ?, demandé-je. Diana, Georgia et Poly les ont bien aimés. J'ai aussi une corde, Evy et Élise en ont été friande... À moins que vous ne préfériez terminer écraser au sol comme Hanna ?
Le policier me dévisage avec terreur.
Un paquet de drogue tombe alors à son tour.
— Le même que ceux qu'il y avait à côté de ma sœur, affirmé-je avec un sourire carnassier.
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde...
Conclusion ? Morte par suicide.
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